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01/05/2008

L'Ascension : "Vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre"

2011703535.gifLe Christ envoie ses apôtres embraser le monde,           il ne les adoube pas Gardiens de la Restauration :


En marge d'Actes 1, 6-8, trois réflexions :

>  Jésus annonce la venue de l’Esprit sur les apôtres. Ceux-ci ne comprennent pas. Ils lui posent une question politique obtuse : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ?  Ils ne pressentent pas ce que Dieu attend d’eux*. Ils persistent à raisonner avec leur paléocortex, leur cerveau de vieil-homme tribal n’ayant pas encore reçu l’Esprit. À leur piètre question, Jésus ne répond pas. Il répond autrement : en développant ce qu’il vient de leur dire. « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. » Alors, dit-il, « vous serez mes témoins » : non seulement dans le cadre de la nation (« à Jérusalem et dans toute la Judée »), mais aussi chez les gens-de-l’extérieur (« dans la Samarie »), et, mieux encore, « jusqu’aux extrémités de la terre ».  Ce ne sont pas les nations qui ont les promesses de la vie éternelle. C’est l’Eglise en tant que Corps du Christ : « Jésus-Christ répandu et communiqué », dira Bossuet. Et les millions d’individus qui font partie de ce corps.

> On dira : il n'y a pas que les individus et l'Eglise. Il y a les nations. C'est-à-dire les sociétés. Où il faut agir... Agir dans la société est en effet indispensable. Mais en cohérence avec la démarche chrétienne : des chrétiens qui tourneraient en rond  dans  leurs  griefs  et doléances, criant au scandale quand on les contredit (voire quand on les diffame), ce serait anti-évangélique**. Ce serait vouloir supprimer les contradictions et rêver d’une société « favorable » : une société dont la pression sociologique s’exercerait en faveur des chrétiens plutôt qu’à leur détriment. Cette société « favorable »  serait une machine à trahir l’évangile. Alors qu’une société hostile est une pépinière de saints.***

> Quant aux fruits de l'action... Sur le plan social, ils sont aléatoires comme tout ce qui est dans l'histoire ("le monde de la durée présente"). Sur le plan spirituel, c'est encore autre chose : en Matthieu 28,18, le Christ déclare : « Tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la terre ». La leçon de cette parole, dit l’exégète, c’est que « dans la mesure où notre engagement n’est pas le nôtre mais celui de Jésus, nous n’avons pas de raisons de nous inquiéter des résultats. » Ce n’est pas sur leurs « résultats » ni sur leurs fantasmes que les chrétiens seront jugés au dernier jour: mais sur leur fidélité à l’évangile.

 

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(*)  Vingt siècles après, certains croiront que Dieu veut en 2008 que l’on restaure la France d’avant 1789.

(**)  Il faut répondre aux contradictions : mais avec pertinence (en connaissant son sujet) et avec objectivité (sans confondre le noyau de la foi avec nos opinions personnelles ou familiales).

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(***) Si la Providence fait vivre les chrétiens d'Europe dans une société (quelque peu) hostile, ce n'est pas pour qu'ils se barricadent entre eux, mais pour qu'ils témoignent mieux de la foi parmi les multitudes. Oui, c'est difficile. Ca demande de la confiance et de la formation. Une formation adéquate...

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Commentaires

FORMATION ADEQUATE

> Une formation adéquate, cela implique une formation radicalement évangélique, axée sur la capacité d'innovation radicale que rayonne l'évangile à tout moment de l'histoire.
Capacité de contestation radicale, aussi.
Et là on entend tousser ceux qui voudraient que l'engagement chrétien dans la société se confonde avec les intérêts du patronat. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de patrons chrétiens, mais que le patronat comme structure nationale, en 2008, est un échelon de la structure "globale" d'un capitalisme financier devenu fou, dont les effets sont radicalement contraires à l'évangile - ainsi que l'Eglise ne cesse de le répéter à sa façon.
Donc, une formation "adéquate" donnerait aux chrétiens socialement engagés un langage décapant, capable de répondre aux appels au secours lancés par les victimes de plus en plus nombreuses de l'économie-casino : les salariés jetables, les régions victimes du désinvestissement et de la délocalisation.
Merci à ce blog qui dit souvent ces choses dérangeantes.

Écrit par : Bienvenu | 01/05/2008

MADELEINE DELBREL

> Je livre aux lecteurs ce texte de Madeleine Delbrel, écrit il y a 65 ans, et qui n'a pas vieilli d'un pouce :

"On nous dit qu’il y a des missionnaires dans l’Eglise. Le sermon de chaque année nous incite à prier, souffrir et payer pour eux.
Nous savons que dans les bateaux de Bordeaux, de Marseille ou du Havre, ils partiront vers des peuples à sauver. Nous pensons qu’ils doivent partir, et que nous devons rester, qu’ils sont appelés, et que nous ne sommes pas appelés ; qu’ils doivent prendre leurs bateaux, et que nous devons lire, au coin du feu, les Annales des Missions étrangères.
Et l’Eglise, en marche depuis deux mille ans, à travers le monde et à travers les mondes, s’étonne de sentir sa marche si pesante, du poids des chrétiens qui ne partent pas.
Nous n’avons pourtant pas le droit de choisir entre partir ou rester.....La présence de l’Eglise dans nos pays, c’est nous qui pouvons la faire. C’est nous qui pouvons y avancer sa frontière. Si elle est absente en tant de lieux, si elle est séparée de ce qu’elle cherche, c’est nous qui la trahissons. Nous qui sommes l’Eglise elle-même, nous ne l’amenons pas où nous allons, nous n’allons pas où elle veut aller. Etre missionnaire, c’est faire cause commune avec l’Eglise pour que, en nous, elle atteigne la multitude....
Le Christ, aujourd’hui, s’est retiré lentement, graduellement de cette terre de France.
Un jour, ce pays que nous nous plaisons à appeler prédestiné dira, lui aussi : « Dieu est mort».
Et nous l’aurons bien laissé mourir.
Peut-être parce que nous n’aurons pas vu dans la France « une terre de Mission », nous n’aurons pas pensé à missionner : qui dans les champs, qui dans son village, qui dans son quartier. Les communautés humaines attendaient leurs apôtres : ces apôtres, c’était nous, et nous avons compté sur d’autres. Pour atteindre ces lieux dont le Christ est absent, dont le Christ est parti, il faut prendre la route. Il n’y a pas de mission sans départ, pas de mission sans franchir la frontière chrétienne où nous sommes. Il faut partir de l’endroit où est Dieu pour aller où Dieu n’est pas.....
Le missionnaire est quelqu’un qui prie, quelqu’un qui témoigne, quelqu’un qui aime...
Voix qui prient dans le désert.....
Désert où l’on est la proie de l’amour.
Cet amour qui nous habite, cet amour qui éclate en nous, est-ce qu’il ne va pas nous modeler ? Seigneur, Seigneur, au moins que cette écorce qui me couvre ne vous soit pas un barrage. Passez. Mes yeux, mes mains, ma bouche, mon coeur sont à vous.....
Témoins....
On ne peut pas être missionnaire sans avoir fait en soi un accueil franc, large, cordial, à la Parole de Dieu, à l’Evangile. Cette parole, sa tendance vivante, elle est de se faire chair, de se faire chair en nous.
Et quand nous sommes habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires...Un missionnaire que je connais et qui croit en la Parole de Dieu a donné à une femme qui ne croyait pas des pages de la Parole de Dieu à taper à la machine, sûr que c’était la mettre en contact avec le Seigneur. Ayons cette foi et cette simplicité. Laissons-nous habiter de plus en plus par la parole et, habitant à notre tour parmi nos frères, croyons que cette proximité les rapprochera de leur Dieu.
Des gens qui aiment... Il nous faut aimer de cette charité qui n’est pas faite de main d’homme, de cette charité qui est divine....La charité ne s’apprend que dans le cœur du Christ et dans la charte de son cœur qui est l’Evangile...La Sainte Eglise attend des Saints et les Saints sont ceux qui La Sainte Eglise tient son grand cœur dans ses mains, le cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ...
Cet amour que Dieu nous demande de lui donner aussi large en nous que le sang de nos veines, il est le plus clair de notre travail missionnaire.....C’est l’amour qui fait les missionnaires, c’est l’amour qui fait les convertis."
Madeleine Delbrel (1943)

Écrit par : bernard | 01/05/2008

À PHILALÈTHE

> Et comme ça ?

Écrit par : PP | 01/05/2008

> Oui, ça se précise ;-)
Merci.

Écrit par : Philalèthe | 15/05/2008

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