17/04/2008
"L'absurdité au service de la finance"
...dénoncée par Marc Fiorentino, pdg d'EuroLand Finance et spécialiste des marchés financiers :
À lire sur http://www.fiorentino.fr/ledito-du-jour :
<< La crise n'a rien changé. Les banques continuent leurs opérations de haute voltige et poussent l'absurdité à l'extrême.Les banques américaines et européennes les plus exposées ont décidé de vendre leurs portefeuilles de prêts pour réduire leur risque. Aprés Citigroup la semaine dernière, c'est Deutsche Bank cette semaine et nul doute que la plupart des banques vont suivre. Je me suis dit que même si le sujet était de prime abord un peu hermétique et technique, il fallait que j'explique cette opération car elle illustre dans toute sa splendeur la créativité et l'absurdité du système financier actuel. A l'origine il y a donc des banques qui ont prêté de l'argent dans la phase d'euphorie de 2005 et 2006 à des fonds de private equity pour leur permettre de racheter à crédit des entreprises. Ca c'est simple. C'est ce qu'on appelle un LBO, un leveraged buy out. Traduisez une acquisition d'entreprise avec effet de levier. Et quel effet de levier, puisque les banques étaient prêtes à financer parfois l'intégralité de l'acquisition dans des conditions ultra préférentielles.
On imagine qu'avec la crise, ces crédits deviennent problématiques.
Aprés les subprimes, les banques voient arriver à grand pas le spectre d'une crise des crédits de rachats d'entreprises. Avec la crise financière, et la crise économique, les entreprises rachetées dans ces conditions sont surendettées et ne pourront probablement pas rembourser leurs dettes intégralement. Et les banques vont devoir provisionner.
Et c'est pour cela qu'elles vendent ces portefeuilles de crédit. Quel est le problème?
On pourrait se dire qu'elles font une opération intelligente. Plutôt que prendre des pertes liées à des provisions et de conserver ce risque sur leurs bilans, elles cédent ce risque à des fonds. En leur accordant bien évidemment un discount important. Mais c'est là que cela devient trés trés drôle. D'abord elles revendent ces crédits aux mêmes fonds de private equity qui ont contracté ces crédits et qui menacent de ne pas les rembourser. Un crédit de 100 est donc vendu 80 par exemple. Mais le plus hilarant, ou le plus déprimant, au choix, c'est que les banques reprêtent à ces fonds l'argent pour leur permettre de racheter leurs crédits. Ce tour de passe passe est le summum de l'absurdité d'un système et prouve, à ceux qui croyaient que la crise allait permettre de provoquer une véritable prise de conscience des risques, que le monde de la finance ne changera jamais. >>
17:08 | Lien permanent | Commentaires (14)
Commentaires
LES RAVIS
> Et aux ravis de la crèche qui disent que le système est très bien et que ceux qui le critiquent sont des trotskistes, qu'est-ce que ça apprend ? Mais rien non plus, mon pauvre monsieur ! Ils mourront satisfaits d'eux-mêmes : inconditionnels de l'enseignement à la con reçu dans leurs écoles.
Écrit par : Ygist | 17/04/2008
TOUCHE PAS AU RAVI
> Le ravi de la crèche est un personnage sympathique qui lève les bras au ciel devant l'Enfant Jésus, ce qui n'est pas une attitude inadéquate.
Les ultralibéraux ne sont pas sympathiques, et ce qu'ils vénèrent est le contraire de l'Enfant Jésus.
Alors stp, touche pas au ravi.
Écrit par : Boufareo | 17/04/2008
LIBERALEMENT
> Ben l'argument des ultra-libéraux, il est clair, si ces banques font des betises pareilles, elles vont faire faillite ou seront rachetées. C'est quoi le problème ?
L'absurdité en guise de stratégie n'aide pas vraiment à survivre, si les banques ont décidé de se tirer une balle dans le pied, rien ne les y empêche.
Au fait, on pourrait avoir une vision des choses assez simple en affirmant que c'est justement l'obligation faite aux banques d'être hyper contrôlée qui les a poussés à camoufler et à se réfugier derrière ces techniques décriées. Mais si les Etats n'avaient pas souhaité contrôler à tout prix les banques, il est possible que les choses aient été beaucoup plus claires, donc plus saines.
Écrit par : Liberal | 17/04/2008
AU NOMBRE
> Peut-être que s'ils prêtaient leur propre argent, ils le feraient d'une façon plus sensée. Mais puisqu'il s'agit de l'argent des clients de la banque... Je suppose qu'ils sont rémunérés au nombre de transactions effectuées.
Écrit par : Barbara | 17/04/2008
LA FINANCE BOUSILLE TOUT
> En somme, après avoir bousillé l'économie réelle (cf tout ce qui se passe en ce moment), la finance est en train de bousiller la finance. Et les libéraux sont contents ! Ils sont à interner... Si c'est ça la droite, je vais à gauche. À gauche de la gauche.
Écrit par : Ritorno | 17/04/2008
SYNONYMES
> Libéral et demeuré seraient-ils synonymes ?
Écrit par : kaliman | 17/04/2008
PAS LA PEINE
> À Ritorno : pas la peine d'aller à gauche ou à la gauche de la gauche, il y a bien assez de critique radicale du libéralisme dans la doctrine sociale de l'Eglise ! Cf Centesimus Annus.
Écrit par : gentiane | 17/04/2008
MERCI GENTIANE
> Inutile d'aller se perdre à gauche de la gauche.
Détruire les riches pour multiplier les pauvres ne mène à rien de bon.
Quel dommage que l'ultra-libéralisme discrédite l'économie de marché.
Relire, effectivement Centesimus Annus.
Et continuer à espérer, ce qu'on ne fait plus aux rivages de l'ultra gauche...
Écrit par : rackam | 17/04/2008
D'ACCORD
> D'accord avec boufareo, on touche pas au ravi. Lui,dans sa simplicité, il est émerveillé par le Christ. Il est vrai, pas les E.......s des écoles de commerce qui se pensent intellectuels et qui mènent le monde au conflit généralisé car chaque grande crise capitaliste libérale (je ne critique pas le capitalisme mais sa version libérale) s'est finie par une conflagration mondiale (au plus grand profit de nos amis libéraux qui, loin s'en faut, ne vont pas dans les tranchées mais financent le conflit et s'en mettent plein les poches. (Oui, je sais, je suis crypto-marxiste ou anar-trotskiste -ce qui est plus dur philosophiquement-).
Écrit par : vf | 17/04/2008
BANQUEROUTES
> Sans être du tout expert, il me semble constater que les Etats libéraux renflouent les banqueroutes. Cela ne me semble pas très éducatif...
Écrit par : François | 17/04/2008
SE DEGAGER DES VALEURS BANCAIRES
> C'est un paradoxe mais heureusement que les états libéraux ( en l'occurence GB) ont agi ainsi : la faillite d'une banque aurait eu des conséquences particulièrement néfastes .Ceci étant nous allons devoir faire face à une crise des LBO qui peut réserver autant de mauvaises surprises que celle des subprimes , et dans laquelle les grandes banques européennes seront beaucoup plus impliquées Le procédé utilisé par les banques de recéder leurs propres créances à valeur actualisée aux fonds de Private Equity n'est cependant pas absurde : des compensations de créance pourront être opérées et l'endettement final qui en ressortira sera moins élevé , ce qui augmente les probabilités de remboursement .Ce qui est certain c'est qu'il vaut mieux se dégager pour le moment des valeurs bancaires sur les principales bourses .
Écrit par : horus | 18/04/2008
PAS LIBERAL
> Puisqu'on en est à défendre le ravi de la crêche, je tiens aussi à défendre le diplômé d'école de commerce que je suis. Non, nous ne sortons pas lobotomisés par un enseignement ultra-libéral. D'ailleurs l'enseignement en ESC est plus tourné vers la technique que le théorique, les théories libérales (aussi bien que marxistes) ayant déjà été servies en classe préparatoire...
Arrêtons de faire croire que c'est la formation qui cadre l'opinion (encore une conséquence de l'école moderne qui se veut lieu de l'éducation, ce qu'elle n'est pas), nous sommes des esprits libres et c'est consciemment que la majorité des élèves d'ESC choisissent ou non de défendre le libéralisme.
Pour ma part j'attaque vigoureusement ses méfaits et j'essaie de critiquer au maximum ses manquements, pour référence je me permets de vous soumettre mon mémoire portant sur l'économie solidaire. Mémoire écrit au sein d'une ESC...
http://photomaniak.com/upload/out.php/i233946_MmoireLeconomiesolidaireenjeuxetdveloppement.pdf
Amicalement
Vincent
Écrit par : Vincent | 18/04/2008
LE CHRETIEN EST LIBRE
> Effectivement, c'est évidemment trop simple d'accuser les écoles de commerce. Il y a des ultralibéraux partout: cf l'universitaire Kerviel, les financiers issus de l'X....
Mais sortant de l'X, il y a aussi des chercheurs, des prêtres (dans une proportion qui dépasse largement la moyenne nationale d'ailleurs).
En revanche, d'accord pour dire les méfaits de l'ultralibéralisme et son idole l'argent. Le Christ nous avait prévenu: vous ne pouvez avoir deux maîtres...
C'est bien pour cela qu'il est inutile d'aller voir du côté de la gauche de la gauche, dont le XXème siècle a clairement montré l'inanité des solutions.
Le Christ est le vrai chemin. Aucune utopie humaine ne montre la bonne route. D'où la nécessaire liberté du chrétien engagé dans la vie politique par rapport à des consignes de parti par exemple.
Écrit par : Ludovic | 20/04/2008
ATTERRANTS
> Il existe en effet d'atterrants crétins de droite qui hurlent au communisme contre quiconque critique le capitalisme hystérique actuel. Ce qui fait qu'en ce moment ils hurlent tout le temps. Si vous leur dites que les banques américaines ont déclenché une catastrophe mondiale avec leurs subprimes qui ont affolé le système bancaire, puis les marchés, puis maintenant toute l'économie réelle, les crétins vous traitent de bolchevik. Comme disait Dante, il y a un degré de bêtise auquel on ne peut répondre qu'avec des coups. Tragala perro !
Écrit par : Carolan | 20/04/2008
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