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16/04/2008

Benoît XVI aux Etats-Unis (2) : le terrible dossier des prêtres pédophiles

Le pape poursuit sa tâche d’assainissement :


À propos des drames de pédophilie de la fin du siècle dernier, et de la visite de Benoît XVI aux Etats-Unis : trois pistes de réflexion à l’intention de mes confrères journalistes.

 

1. L’Eglise catholique ne s’abrite pas derrière le fait que la pédophilie est –  atrocement – distribuée dans toute la société civile. Certes, plus de pédagogues laïques que de prêtres sont tombés dans ce gouffre en Amérique du Nord. Mais comme le dit le pape, l’incompréhensible est que des prêtres du Christ aient pu céder à cela. Les délires à connotation sexuelle font sans doute partie de la pression sociale à notre époque : mais les prêtres ont mission de résister à cette pression  en  témoignant  d’une  autre  vision de la vie, et nul ne peut servir deux maîtres. C’est là qu’est l’épouvantable singularité des prêtres pédophiles : leur mystère d’iniquité.  Les catholiques sont soulagés d’entendre le pape dire que les pédophiles sont désormais « exclus absolument » du sacerdoce.

 

2. L’Eglise catholique ne cherche pas non plus à attribuer les dérives sexuelles de prêtres à une défaillance de  leur orthodoxie. Certains commentateurs disent que la pédophilie a sévi surtout dans les milieux les plus touchés par le relativisme soi-disant postconciliaire, dans les années 1970-1980. Mais aucune enquête sociologique disponible n’étaie cette assertion. Et quoi qu’il en soit, l’Eglise est responsable de ce qui survient en son sein, quelle qu’en soit la cause… Si l’hypothèse en question était fondée (ce qui reste à démontrer), ce serait un argument de plus en faveur de l’entreprise de clarification interne menée par Benoît XVI.

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3. Or cette entreprise est l’objet de l’hostilité des médias occidentaux, qui la taxent de « conservatisme ». Je me permets de faire observer à mes confrères que le « conservatisme » serait de préserver le statu quo, c’est-à-dire le flou hérité des années 68 et à la faveur duquel on accepta d’ordonner prêtres des hommes qui n’auraient jamais dû l’être. En dissipant ce flou, le pape n’agit pas en « conservateur », mais en réformateur. Mes confrères pourraient se rendre compte que c’est aussi le cas dans les autres domaines de son action.

 

 

Commentaires

&ç-_

> Les soixante huitards ont perdu la mémoire. Ils ont oublié que la dépénalisation de la pédophilie faisait partie du cortège de leurs revendications et de leurs combats. Il faut rappeler un certain nombre de "produits culturels" des années 1970 et du début des années 1980:
- la chanson "Lemon incest" de Gainsbourg,
- le film "Beau Père" avec Patrick Dewaere,
- la chanson "Ma lycéenne" qui est en fait un détournement de mineure mis en musique,
- les chroniques de Gabriel Matzneff qui, pendant plus de dix ans, ont étalé leur ambiguité dans le journal le Monde,
- la fameuse pétition protestant contre la condamnation par la justice de pédophiles, pétition signée par le "tout mai 68" dont un ministre actuel du gouvernement et un ancien ministre de l'éducation nationale,
- le livre de Cohn-Bendit où il décrit certaines de ses "pratiques" éducatives (il a du s'en expliquer péniblement il y a quelques années),
- certains articles de la revue branchée "Autrement" qu'il vaut mieux oublier aujourd'hui....

Écrit par : B.H. | 16/04/2008

AUCUN SENS

> L'expression prêtres-pédophiles est inexacte. On ne peut pas rester prêtre en étant pédophile. Comment en est-on arrivé à créer ce néologisme qui n'a aucun sens. Benoît XVI l'a bien dit, ils ne doivent plus être prêtres! Mais le Pape a surtout parlé des victimes: « Lorsque je lis les histoires de ces victimes, il m’est difficile de comprendre comment ces prêtres ont pu trahir de cette façon leur mission. ». Face à cette trahison, les Papes, que cela soit Jean Paul II ou Benoît XVI, ont toujours eu une attitude ferme, claire et vraie, Dieu merci! Une fois leur culpabilité prouvée, ces hommes ne doivent plus être prêtre. Ceci dit, le célibat n'est pas en cause, ni l'enseignement de l'Eglise catholique qui reste experte en humanité. L'Eglise est sainte, mais non sans pécheurs. Face aux pédophiles ce sont aussi des hommes qui ont manqué de force et de courage, pour exclure du sacerdoce et mettre ainsi hors d'état de nuire ces pédophiles et qui n'ont donc pas réussi à protéger les enfants et les jeunes. C'est là aussi que réside le scandale. Il faut rappeler que c'est le Saint-Siège qui a permis de sortir de cette horrible crise ( Motu Proprio de Jean Paul II de 2001 ). C'est la Congrégation de la doctrine de la foi qui est désormais la seule compétente en cette grave matière. On pourra ainsi passer d'un complexe anti-romain à un réflexe romain, qui deviendra salutaire. Le Cardinal Schönborn l'a dit une fois ( en substance ): "c'est la Papauté qui garantira la solidité de l'Eglise catholique".

Écrit par : dominique rimaz | 16/04/2008

ESPRIT SAINT

> Quand l'Esprit saint a choisi Mgr Ratzinger il ne s'est pas loupé.
Le seul regret est qu'il arrive au gouvernail de l'Eglise au soir de sa vie alors que le redressement exige du temps pour aboutir à l'intérieur du périmètre "orthodoxe".
Les Américains ne s'y trompent pas qui devinent un pape du droit canon plutôt qu'une star humanitaire de plus.

Écrit par : Catoneo | 16/04/2008

BEANCE

> D'accord avec vous sur le triste constat des années 68 et suivantes. Sans doute qu'il n'y a pas de lien de causalité entre célibat ecclésiastique et la pédophilie. Cependant s’il y a un lien de cause à effet à souligner, comment ne pas évoquer le vide moral et la béance ascétique de l’Eglise latine contemporaine… ? Le relativisme éthique qui s’est greffé sur le vide doctrinal ne pouvait que laisser les passions croîtrent !
Les media ne voient dans l’affaire des prêtres pédophiles que les dommages abominables causés aux enfants, et ils ont raison de les dénoncer ; mais il faudrait aussi que les hiérarchies, notamment les hiérarchies diocésaines et congréganistes se remettent en question à la lumière des Evangiles… pour faire depuis des années la promotion du prêtre-gentil-organisateur ! Combien ont fermé les yeux ?

Écrit par : leo | 16/04/2008

LE DIAGNOSTIC

> Le climat laxiste des années 60 et 70 explique une certaine passivité face aux affaires de pédophilie mais il y a également un problème de diagnostic. Il y avait tendance dans l'Eglise à interpréter ces comportements en termes de péché alors qu'il s'agit fondamentalement de perversion. Dès lors que le pédophile est passé à l'acte, la récidive est quasiment inévitable. Si l'on ne raisonne qu'en termes de faute, on prendra pour argent comptant les promesses du pervers qui jurera se tenir tranquille à l'avenir.
Ceci dit BH a entièrement raison (il aurait pu citer Guy Hocquenghem vantant le tourisme sexuel pédophile dans une émission littéraire) car l'atmosphère délétère de la libération des moeurs a justement favorisé les passages à l'acte. Dans une société qui baigne constamment dans la stimulation des sens, chez certains les pires perversions viennent à la surface au lieu de rester enfouie dans l'inconscient. A cet égard, il faut rappeler l'argument invoqué systématiquement aux débuts de la libération des moeurs: face à ceux qui s'inquiétaient des risques de cette évolution, il était répondu que c'était le refoulement et la continence qui étaient la cause des perversions ; la liberté devait permettre au contraire l'épanouissement et l'équilibre. C'était l'époque où certains prétendaient qu'il valait mieux montrer aux enfants des films pornographiques plutôt que des films de guerre. Qui oseraient avancer de tels arguments aujourd'hui ?

Écrit par : xb | 16/04/2008

AH NON ALORS !

@ B.H. @ dominique rimaz @ léo

Je ne vous suis pas dans vos commentaires. Dire que le concept de prêtres-pédophiles n'existerait pas en jouant d'une subtilité qui veut que lorsqu'on est pédophile, on ne PEUT pas être prêtre, me semble relever d'une mauvaise casuistique.
Le néologisme a un sens parce qu'il correspond à un fait concret qu'il faut bien habiller d'un mot.
C'est un scandale majeur qui a prospéré à l'ombre d'une hiérarchie complaisante. Celle-ci se ressaisit maintenant et c'est très bien, je ne peux qu'applaudir des deux mains.
Mais il ne faut pas oublier les bienfaits d'une liberté d'expression, postérieure à 68 qu'on le veuille ou non, qui a permis que ce problème soit pointé par d'autres.
Rendre responsable Mai 68 du laxisme de nos clercs est proprement hallucinant. "C'est pas moi, c'est l'autre !" Il n'est pas digne d'une responsabilité que nous devons assumer collectivement en tant que chrétiens.
J'ai été scolarisé chez les jésuites et j'ai été victime d'attouchements (sans gravité je précise) répétés lors de confessions. Comme la confession obligatoire s'est arrêtée lorsque j'étais en cinquième, je n'ai plus eu de problèmes, ce qui ne fut pas le cas de certains de mes copains pensionnaires.
Vide ascétique d'après 68, vous dites ?
Parce que vous croyez que l'exigence ascétique était réelle au début du XX° siècle lorsque Léo Ferré a subi de graves attouchements dans son collège de jésuites qui, liés à la séparation d'avec sa mère, ont provoqués les fractures que l'on connaît chez l'homme !
Ne pas se poser la question des conséquences du célibat, de l'abstinence chez des êtres humains qui ont en charge des adolescents, des "éphèbes" en quelque sorte, c'est rouler sans phares dans la nuit noire !
Je suis enseignant, je connais le trouble que peut provoquer l'enfance, trouble toujours resté totalement maîtrisé, peut-être en partie parce que j'ai eu une vie de famille.
Et, de grâce, arrêtez de mettre Mai 68 à toutes les sauces, et Vatican II par la même occasion.
vraiment rien de bien depuis Mai 68 ?

Écrit par : sombre héros | 17/04/2008

À SOMBRE HEROS

> Je ne mets pas en doute votre témoignage, mais il m'oblige à apporter le mien pour équilibrer. J'ai passé toute ma scolarité chez les jésuites et je n'ai jamais vu le moindre indice de pédophilie chez aucun d'entre eux. Mais, alors que dans mon collège le comportement des jésuites était inattaquable et qu'aucun fait ne justifiait une rumeur, les gamins, eux, parlaient en ricanant de la "pédérastie" (comme on disait à l'époque) des jésuites ! Et je suis obligé de dire que ceux qui en parlaient le plus avaient, eux, des tendances homo, comme cela s'est vérifié ensuite. Je ne juge personne, mais je dis ce que j'ai constaté à cette lointaine époque des années 1960.
J'ajoute que le collège de Léo Ferré (St-Charles de Bordighera) n'était pas un établissement jésuite.
Et que les relations entre Ferré et ses éducateurs n'ont pas été tout à fait ce que vous en dites, ou qu'il en a dit lui-même. Après ses études secondaires, il est devenu prof de français dans ce même collège pendant quelque temps...
Ceci n'enlève évidemment rien à la réalité de scandales de pédophilie arrivés autre part et ailleurs.

Écrit par : Marc-Antoine | 17/04/2008

À MARC-ANTOINE ET SOMBRE HEROS

> Ce problème n'étant pas l'épicentre du voyage du pape (cf. ma note du 17 avril), j'aimerais que l'échange sur ce sujet en reste là, pour ne pas déséquilibrer le débat.

Écrit par : PP | 17/04/2008

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