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15/04/2008

Benoît XVI aux Etats-Unis : l'espérance et les réalités nouvelles

Le pape à Washington et à New York :


Benoît XVI arrive aux Etats-Unis, pour une visite pastorale sur le thème : Christ, notre espérance.  Commentaire du cardinal secrétaire d'Etat Tarcisio Bertone aux médias américains : « On a choisi un thème qui, selon moi, est connaturel avec l'esprit de notre pape, qui est un pape non pessimiste, un pape qui donne confiance...  Il a choisi ce thème justement parce que la société moderne et le monde, en général, risquent de perdre confiance dans les hommes et dans les femmes elles-mêmes, confiance dans le sens de la vie, devant tous ses défis, tous les problèmes qui pèsent sur l'humanité. Et alors, il a voulu donner une forte injection de confiance ». Sans négliger le problème du déboussolage des sociétés riches,  qui se pose aux Etats-Unis comme en Europe : « Il est clair que le pape est préoccupé par la défection de membres ou de couches de l'Eglise catholique aux Etats-Unis, ou dans d'autres nations. Le pape lance un message avant tout de caractère, je dirais, intellectuel... Avant tout, les raisons de la foi, et les raisons de l'espérance, une espérance bien fondée et fiable... Le pape présente toujours la beauté et la joie d'être chrétiens, d'appartenir à cette grande communauté qu'est l'Eglise, qui nous aide, nous défend, nous protège, nous soutient .»

 

Quelques jours plus tôt, à Radio Vatican, le cardinal James F. Stafford (ex-archevêque de Denver) avait donné un éclairage sociologique : arrivant aux Etats-Unis, « Benoît XVI trouve une Eglise plus ‘‘plurielle’’ du point de vue culturel que lors de la venue de Jean-Paul II. Le nombre des Vietnamiens a augmenté, et il y a une croissance exponentielle des Hispaniques au sud des Etats-Unis. C'est une chose sans précédent dans ce pays protestant ».  (Phénomène dont les médias européens ne tiennent guère compte dans leurs commentaires, polarisés qu’ils sont sur les questions de mœurs – alors que  l’obsession des « nouvelles mœurs » est l’un des marqueurs psychologiques de l’ancienne population américaine, blanche et aisée…).

 

Le flottement des médias envers les faits religieux s’exprime de façon exemplaire dans cette dépêche d’agence du 13 avril [les passages soulignés en rouge sont commentés plus bas] :

 

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NEW YORK - Alors qu'elle recevra pour la première fois la visite du pape Benoît XVI la semaine prochaine, l'Amérique catholique, secouée par les scandales des prêtres pédophiles, s'interroge également sur son identité, notamment entre tenants de la modernité et de la doctrine ancienne.

Fondés par des protestants, les Etats-Unis n'en sont pas moins le plus grand donateur du Vatican. Le pays compte 64 millions de catholiques, soit près d'un quart de la population, ainsi que 250 universités et grandes écoles rattachées à cette confession.

Si le tiers des catholiques américains est désormais d'origine latino-américaine, les divisions existent d'abord entre catholiques âgés et jeunes.

De manière générale, le nombre de catholiques qui disent assister à la messe le dimanche a baissé ces dernières années. Un tiers des catholiques ne s'y rendent jamais, un quart seulement quelques fois par an, et la majorité ne se confesse jamais ou moins d'une fois par an, selon un sondage réalisé par le Centre de recherche de l'apostolat de l'Université de Georgetown. Une cassure générationnelle est évidente: environ la moitié des catholiques nés avant 1960 se rendent à la messe au moins une fois par semaine, contre 10% parmi ceux qui sont nés après 1980.

Or, un des objectifs de Benoît XVI est précisément de raviver les rites catholiques, même s'il ne devrait pas se montrer trop strict sur la doctrine lors de cette première visite aux Etats-Unis depuis son élection en 2005. Ce voyage apostolique de six jours, qui débute mardi, le mènera à Washington et New York.

La fracture générationnelle est également apparente en terme de vision du monde. Les catholiques âgés se rappellent encore du Concile Vatican II, où une série de réformes furent adoptées pour moderniser la pratique religieuse et débattent toujours de son bien-fondé.

Alors que le pape actuel, réputé conservateur, a ravivé certaines traditions, les jeunes catholiques américains semblent, eux, en avoir tout simplement assez de ce débat. "Ils sont devenus très impatients, et probablement à juste titre, vis-à-vis des vieilles générations, qui voient tout en termes de conservateur/libéral, libéral/conservateur", selon le sociologue des religions James Davidson, de l'Université de Purdue. Les jeunes soupçonnent même les plus âgés de "prendre plaisir à cette bataille idéologique, même si elle ne les mène nulle part", selon lui.

De leur côté, les jeunes séminaristes seraient en phase avec une partie du discours traditionaliste, tout en souhaitant tourner l'Eglise vers la société.

"Il y a une conscience aigüe des besoins pastoraux de la population de nos paroisses -les malades, les mourants, les gens qui vivent des tragédies dans leur vie", selon Mgr Thomas Nydegger, vice-recteur du Séminaire de l'Immaculée conception de l'Université de Seton Hall. Les futurs prêtres "souhaitent tendre la main et leur faire savoir que l'Eglise les inclut en son sein".

Cependant, le nombre de séminaristes a fortement baissé également. Sur 18.600 paroisses américaines, plus de 3.200 n'ont pas de prêtre attitré. Et les finances de l'Eglise n'ont pas la santé. Les catholiques américains, bien que plus importants donateurs au Vatican, sont moins généreux envers leur église locale que leurs compatriotes protestants, deux fois plus dispendieux, selon le professeur Chuck Zech de l'Université de Villanova. L'état des églises elles-mêmes laisse parfois à désirer aussi, et nombre de diocèses ont eu du mal à s'ajuster à la perte de main-d'oeuvre gratuite que représentaient les soeurs et les prêtres.

Mais au-delà des dépenses quotidiennes, les plaintes pour abus sexuels contre des prêtres ont coûté à l'Eglise catholique américaine plus de deux milliards de dollars (1,3 milliard d'euros) depuis 1950. Des centaines de millions de dollars ont été déboursés pour dédommager les victimes depuis le début de la récente crise en 2002, qui avait notamment conduit à la démission de l'archevêque de Boston Bernard Law.

Dans un entretien à l'Associated Press mardi dernier, le cardinal Tarcisio Bertone a souligné que le pape entendait porter un message de "confiance et d'espoir" lorsqu'il rencontrera le clergé américain. Benoît "tentera d'ouvrir la voie de la guérison et de la réconciliation", a ajouté le N°2 du Vatican.

"Tant de souffrance pour les victimes, pour les familles des victimes et avant tout pour l'Eglise, car ce fut une contradiction de la grande mission pédagogique de l'Eglise", a regretté le cardinal Bertone. >>

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La correspondante new-yorkaise auteur de cette dépêche ne voit pas que « les jeunes catholiques », puisqu’ils « en ont assez » du débat entre « conservateurs » et « libéraux », sont exactement sur la même longueur d’ondes que Benoît XVI (*). Pourquoi ne le voit-elle pas ? Parce qu’elle a entendu dire que Benoît XVI était « réputé conservateur ».  Raisonnement factice puisque ne reposant que sur des mots creux ; la notion de conservatisme n'ayant aucun sens en matière de foi. La journaliste ne sait pas en quoi consistent les problèmes internes de l’Eglise catholique : pour elle, tout  doit se réduire à une opposition entre tenants de « la modernité » et de « la doctrine ancienne », dichotomie qui n’a aucun sens dans la perspective catholique…  La journaliste nous dit un mot de Vatican II, dont elle a eu ouï-dire ; visiblement elle ignore que ce concile a parlé de la Tradition de l'Eglise dans le contexte de l'évangélisation du monde moderne.

 

Ne critiquons pas la New-Yorkaise. Combien de Français sont aussi mal informés qu’elle, alors qu’ils se réclament plus ou moins du catholicisme ?

 

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(*) D'autant que "les jeunes séminaristes" - reconnait la journaliste -sont en phase avec la Tradition apostolique tout en "souhaitant tourner l'Eglise vers la société" !  Donc il n'y a pas d'opposition entre la fidélité à la Révélation et l'ouverture au social...  Donc la dichotomie médiatique ne tient pas debout...  etc.

 

 

 

 

 

Commentaires

SUITE

> Excellente suite à 'la vieille dame, le pasteur et Benoît XVI'.

Écrit par : Gérald | 15/04/2008

PATAQUÈS

> J'attends avec beaucoup d'intérêt le discours de Benoit XVI aux Nations-Unies. Et l'inévitable pataquès médiatique ! Comme chaque fois.

Écrit par : Fred | 15/04/2008

LE SIÈCLE

> "Il faut sauver l'espérance. C'est le grand problème de ce siècle".

Julien Green,

merci.

Écrit par : philippe | 16/04/2008

DE SOI

> Jeunes catholiques, nous sommes traditionnels (dans le sens où nous respectons la parole de l'Eglise) et en même temps ouverts sur la société. Cela va de soi pour nous.
Pour les médias, c'est tout simplement contradictoire. Ce sont eux qui sont prisonniers des vieux préjugés, le chroniqueur religieux du Monde en tête.

Écrit par : Ludovic | 16/04/2008

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