26/02/2008
Flambée des prix : le bûcher du laisser-faire
Echec du gouvernement ? Pas spécialement. C'est plutôt l'échec de l'idéologie des années 1990 :
Selon 60 millions de consommateurs, les prix des produits laitiers et céréaliers se sont enflammés entre novembre et janvier : jusqu’à 48 % d’augmentation dans certains cas. Hier, François Fillon a convoqué Christine Lagarde (Economie), Michel Barnier (Agriculture) et Luc Chatel (Consommation) pour lancer des « mesures ». Enquête à la clé. Car la hausse du coût des matières premières ne suffit pas expliquer la flambée des prix dans les supermarchés.. La Direction générale de la concurrence et de la consommation évoque « une éventuelle entente ou un abus de position dominante » dans le circuit de l’industrie alimentaire et de la grande distribution. Luc Chatel : « Le prix du lait a augmenté de 30 % à la production. Il pèse pour environ 20 % à 30 % dans la fabrication d’un yaourt. Donc l’augmentation du yaourt n’aurait pas dû augmenter de 10 %. » Ni de 40 %, comme c’est le cas pour certaines marques, selon l’enquête de l’Institut national de la consommation… « Nous sommes dans un système aberrant qui fait que les distributeurs et les industriels se partagent le gâteau au détriment du consommateur », ajoute Chatel. C’est avouer l’échec de la réforme de décembre dernier, censée inciter les distributeurs à baisser leurs prix en abaissant le seuil de revente à perte.
Et les distributeurs n’annoncent aucune accalmie. Au contraire : selon Michel-Edouard Leclerc, les prix vont augmenter de 4 % chaque mois au cours du premier semestre. Les « prix bas » des hypermarchés n’existent plus que dans les messages publicitaires.
Interrogé ce matin à France Inter, un professionnel reconnaissait que le circuit tout entier est laissé à la merci des profits privés : « industriels, distribution, chacun se confec-tionne une jolie marge et on se fout de la gueule du consommateur… » Ceci s’appelle la loi de la jungle – et c’était supposé nous ouvrir un futur radieux (disait-on il y a dix ans).
07:43 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : prix, distribution, matières premières
Commentaires
DISCOUNT
> Le consommateur français est, en principe, un adulte responsable et informé. Il peut donc modifier ses habitudes d'achat en fonction des prix des produits qui lui sont offerts. Pour ma part, je ne remarque pas d'augmentation substantielle de mes dépenses d'alimentation. Il est vrai que, père de famille nombreuse, il y a bien longtemps que mes achats sont guidés par les étiquettes des prix plutôt que par les étiquettes de marque et que je fréquente de préférence les magasins "discount". Enfin, il ne me parait pas normal qu'un bien aussi essentiel que l'alimentation ne représente que 15% du budget des ménages français et je me réjouis de voir les agriculteurs rémunérés par leur production plutôt que par des subventions.
Écrit par : Flouriot Jean | 26/02/2008
@ Jean Flouriot:
> je suis d'accord avec vous, si les agriculteurs étaient effectivement plus remunérés. Si c'est le cas pour les céréaliers, je m'étonne que le prix du porc payé au producteur n'ait pas bougé (1.10 euros au Kg hier, ce qui est une valeur moyenne depuis 5 ans), lorsque le prix du jambon blanc augmente de 44%. Ceci, dit, il est vrai que les couts de production d'un kilo de porc ont augmenté, mais sans répercussion sur le prix payé a l'éleveur. Certains acteurs en profiteraient ils?
Écrit par : Alexandre Calendreau | 26/02/2008
@ Jean Flouriot:
> sauf que les céréaliers sont payés par les subventions et non par leur production, qui de toute manière est régulièrement détruite.
L'été 2007 par exemple, du fait des pluies, a empêché la récolte en temps et en heure des céréales.
De ce fait, elles étaient plus riches que les normes (européennes ?), donc inutilisables en usine et dans l'industrie.
Pourtant, je suis persuadé que n'importe qui aurait pu faire un pain aussi bon que les autres années avec le blé de 2007 !
Écrit par : Boris | 26/02/2008
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