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14/11/2007

« Suicide business » en Suisse : le PS est contre, mais Blocher est pour !

c21e54285052b244ca71fa459c0531c6.jpgLe vrai visage du "populiste" :


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De quoi faire réfléchir, à droite, les thuriféraires de Christoph Blocher ? Le leader populiste, conseiller fédéral et « ministre de justice et police » à Berne, refuse de durcir la réglementation sur le suicide assisté. Ce serait contraire au libéralisme…  

Et c’est le parti socialiste zurichois qui demande des mesures énergiques pour faire cesser les agissements des sociétés de mort commerciales*. Par exemple la firme Dignitas, qui en est à organiser des « suicides » dans des voitures en stationnement (ainsi à Maur, ZH).

Pourquoi ce repli sur les parkings ? Parce que les voisins des appartements et des hôtels où ces sociétés « exercent » ne peuvent plus le supporter et portent plainte en justice.

Le gouvernement zurichois, d’accord avec le PS et d’autres partis, réclame maintenant une législation confédérale pour faire cesser ce business de mort, qui fonctionne selon les règles de la libre entreprise mais qui fait honte aux citoyens helvétiques. D’autant que le suicide assisté attire des « clients » de toute l’Europe, ce qui ternit l’image de la Suisse.

Y aura-t-il une législation ? Pas tant que Blocher pourra s’y opposer. Déjà au mois d’août, il a mis son veto à un durcissement de la réglementation de la vente du principal produit léthal (le natrium pentobarbital) ! Ce milliardaire ne plaisante pas avec l’argent. Le business de mort fait partie des activités lucratives ; ce n’est donc pas Blocher qui lui mettra des bâtons dans les roues… Il dispose d’ailleurs maintenant d’un argument de poids : le PS ayant déclaré la guerre aux firmes comme Dignitas ou Exit, les populistes vont pouvoir dire que ces « entreprises » doivent être défendues contre le « socialisme ».  

Si Blocher persiste dans son attitude, le gouvernement zurichois tentera de convaincre les parlementaires, à la session de décembre. Et en dernier recours, d’obtenir « des lignes directrices contraignantes pour les orga-nisations d’aide au suicide », auprès de la conférence des directeurs des départements cantonaux de justice et police…

Vraiment une étrange Suisse, que celle de M. Blocher.

 

____

(*)  Ne rêvons tout de même pas : le PS admet le principe du suicide assisté, à condition qu’il soit réservé à certains cas et réalisé en milieu hospitalier. A la différence de Blocher, qui récuse toute mesure « dirigiste » ! On est ultralibéral ou on ne l'est pas.

 

 

 

Commentaires

LES PARTISANS

> On trouve de tout chez les partisans de l'aide active à mourir, du suicide assisté ou de l'euthanasie, car la culture de mort traverse, au nom de la "liberté" (pas celle qui libère, celle qui asservit !), tous les bords politiques, et la ligne de fracture se trouve à l'intérieur même de chaque parti.
Ainsi on trouve en France parmi les responsables ou anciens responsables de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) :
- Henri Caillavet, sénateur radical-socialiste et vieil anticlérical athée
- Jacques Pohier, ancien dominicain qui a quitté l'Ordre des Prêcheurs
- Jean-Luc Roméro, député UMP et militant gay bien connu (Gaylib)
Les auteurs du livre "Suicide mode d'emploi", Claude Guillon et Yves le Bonniec, étaient des anarcho-libertaires qui étaient aussi des révisionnistes convaincus (et par ailleurs, dans leur haine de l'Eglise catholique, ils affirmaient que le fondateur du christianisme était St Paul) !

Écrit par : Michel de Guibert | 14/11/2007

LE PS SUISSE

> Je vous remercie d`avoir précisé que le PS suisse, s`il veut supprimer le commerce de la mort,souhaite en réalité que l`assistance au suicide soit introduite et pratiquée dans les hôpitaux. Exit qui prétend avoir un label de qualité par rapport à Dignitas est déjà autorisée à "exercer" son triste mandat au CHUV de Lausanne,hôpital universitaire et n`a pas l`intention de s`arrêter là.... ses dirigeants,très actifs conseillent même aux personnes âgées de changer de EMS ou de médecin,pour être sûr que leur suicide puisse se faire grâce à exit.

Écrit par : Luisa | 14/11/2007

PARADOXE

> Singulier paradoxe que le pendant mercantile de l'idéologique "Exit" s'appelle "Dignitas"...
La perversion du langage précède celle de l'action et est très révélatrice d'une manière de faire où le mal prend les apparences du bien, jusques-et-y compris dans le termes même : "Dignitas"; "Association pour le droit de mourir dans la dignité".
Quelle dignité dans ces sinistres oeuvres de mort !!!
Et quel mépris pour la personne humaine vieillissante, diminuée, dépressive, etc.

Écrit par : Michel de Guibert | 14/11/2007

UN SOPHISME DE L'U.D.C.

> Je me permet de m'opposer à votre raisonnement. Christoph Mörgeli a donner une explication dans les colonnes du Nouvelliste du pourquoi Blocher s'oppose à cette légifération.
En ce qui me concerne la position défendue par Mörgeli m'a convaincu: franchement depuis quand le PS se fait-il le défenseur de la vie? N'y a t'il pas là derrière une logique plus subtile qui est en jeu? C'est ce que je crois personnellement;

Stev


[ De PP à Stev - J'ai lu l'article de M. Mörgeli (16 octobre 2007). Il me paraît d'une hypocrisie monumentale. Le voici :

" Mortelle S.À r.l.

par CHRISTOPHE MÖRGELI, historien et conseiller national UDC

" Parfois, on souhaiterait voir apparaître un Georg Kreisler suisse. «Allons empoisonner des pigeons dans le parc», chantait ce cabarettiste viennois d'une voix doucereuse, teintée d'ironie et de sadisme. «Allons tuer des gens dans le quartier résidentiel», ainsi pourrait s'intituler une version actualisée de cette chanson...

«Dignitas» s'appelle l'organisation d'aide au suicide qui veut tuer... euh... endormir paisiblement... euh... soulager de leurs souffrances... bref, renvoyer «dignement» à leur créateur des personnes gravement malades. Dans un quartier résidentiel de Stäfa, cette procédure se déroulait ainsi: arrivée en chaise roulante, bref séjour en chambre, sortie en cercueil. Deux heures de travail brut, dignité inclue. Puis le cadavre était évacué discrètement entre les haies de lilas et la pluie dorée des forsythias.

Depuis, la chambre de la mort a été évacuée, la serrure changée. Le patron de «Dignitas» ne peut plus se rendre dans ses locaux de transit sans accompagnement policier. Les voisins se sont en effet défendus avec succès contre son commerce avec la mort. D'après la «SonntagsZeitung», la fortune imposable du sieur Minelli est passée de 0 à 1 381 000 francs depuis la fondation de Dignitas. Malgré cela, la «NZZ» critique la «sensiblerie déplacée» des opposants de ce douteux commerce et les accuse d'un «syndrome à la saint Florian». Et le journal d'expliquer qu'une majorité de Suisses sont favorables à un libre choix de l'heure blême.

Pauvre saint Florian. Voilà que lui, le sauveur des chrétiens persécutés et des martyrs est décrété saint patron de l'hypersensibilité philistine. La résistance des voisins de Dignitas ne serait donc qu'hypocrisie: aide au suicide, d'accord, mais pas devant notre porte d'entrée, pas entre la place de jeu des enfants et le couvert à vélos. Et si c'était plutôt le commentaire journalistique qui simplifie les données? Car enfin, il n'y a pas de question plus existentielle que celle touchant à la vie et à la mort.

Depuis, c'est l'Etat qui est invité à régler le problème. A travers différentes interventions parlementaires, des politiciens d.c., radicaux et socialistes demandent l'élaboration d'une réglementation de l'aide au suicide. Selon eux, il faut soumettre celle-ci au contrôle de l'Etat. Mais Christoph Blocher, le ministre de la Justice, refuse la création d'une loi. Car légiférer sur la mort, c'est permettre de tuer. Rien de moins. Or, donner la mort est interdit. Point. En relativisant ce principe, c'est l'Etat de droit que l'on met en danger. Bien plus qu'en ouvrant le débat sur un arrêt du Tribunal fédéral ou en se séparant d'un procureur de la Confédération incapable."


Mon commentaire - Le raisonnement de M. Mörgeli (membre du même parti que M. Blocher) me semble irrecevable. Refuser de faire la seule chose faisable, sous prétexte de trop respecter la mort pour légiférer sur elle ! On connaissait les sophismes socialistes, mais voilà un exemple effarant de sophisme libéral.

ps / cela dit, je tiens à souligner que Le Nouvelliste est un excellent journal. ]

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Écrit par : Stev | 14/11/2007

MATERIALISME

Très intéressant, vraiment !

1) Ce débat entre le droite populiste et le PS est surréaliste, et préterait à rire si le sujet n'était pas aussi grave.

2) Mais surtout il ne fait que confirmer la logique du matérialisme qui est la même dans deux camps qui de manière superficielle s'opposent.

Écrit par : Ludovic | 14/11/2007

BLOCHER - LE PEN ?

> Juste une question: je connais très mal la Suisse. Mr. Blocher est-il le JM Le Pen helvétique? Si oui, ils se rejoignent, car il me semble que Mr Le Pen a affirmé qu'il n'était pas obstinément contre l'euthanasie, surtout si l'on considère le nombre élevé de vieillards qu'il faudrait prendre en charge dans l'avenir, compte tenu de la réalité démographique de notre pays. Si je me rappelle bien, c'est durant la campagne présidentielle et lors d'un entretien donné à je ne sais plus quel journal parisien. Comme quoi, espérer quelque chose de la politique ou des hommes (et des femmes bien sur mesdames) qui la font est plutôt vain et stérile.

VF

[ De PP à VF - Je ne sais pas dans quelle mesure la comparaison Le Pen-Blocher tient. ]

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Écrit par : vf | 14/11/2007

> Cette parenté explique peut-être le silence de sites catho mais lepénisants sur l'affaire Blocher ? C'est bien dur d'être catho dans un parti bourré de païens qui se foutent de votre gueule à tout bout de champ. Tu l'as voulu, Georges Dandin.

Écrit par : Alba Dutangon | 14/11/2007

> Alba, vous avez remarqué sans doute que les catho du parti ne critiquent jamais les païens du parti, avec lesquels ils devraient pourtant être en conflit dramatique puisque sur l'essentiel ! Voilà où mène l'esprit de parti. (C'est-à-dire nulle part, quand on voit les résultats).

Écrit par : Soledad | 14/11/2007

Tactiques médiatiques et politiques

> La question "Dignitas" a été lancée par les médias au moment des élections fédérales, mais les partis sont restés extrêmement discrets, car le sujet est chaud (enfin si l'on veut). Sytématiquement nos médias refusent de parler des soins palliatifs. Ils ne présentent qu'une option, l'assistance au suicide. Un choix libre est toujours un choix pour la mort et de sa mort dans leur optique. La goire de l'individualisme et du libéralisme et du consumérisme! Leur Credo : Dieu n'existe pas.

Écrit par : Dominique | 14/11/2007

PARADOXE

> Quel paradoxe puisque les plus heureux heureux seraient les Danois et les Suisses (Lu dans "I comme info" - N°3 novembre 2007)

Adrian White, docteur britannique en psychologie, a tenté de mesurer le taux de bonheur sur la planète. A partir de diverses statistiques de l'Unesco, de la CIA, de l'OMS, etc., il a déduit que les Danois et les Suisses sont les plus satisfaits, les Français se situant au 64° rang (sur 178 pays) au même niveau que le Salvador, l'Indonésie ou le Kirghizistan. En Allemagne (35° rang) on dit pourtant "heureux comme Dieu en France"

Une présentation de l'étude d'Adrian White est consultable ici en français

http://www.holambecomores.com/public/article727.html

Dignitas et Exit travaillent pour l'étranger, ça fait des devises, et en plus, la matière première s'importe d'elle-même. Ne nous garons pas n'importe où quand on va en Suisse...

Écrit par : Qwyzyx | 14/11/2007

SUFFISANT ?

> Permettez-moi de renouveler mon désaccord: le fait d'amener un sujet dans l'agenda politique n'est pas innocent et a un certain nombre de conséquences. Si vous légiferez aujourd'hui sur l'assistance au suicide, c'est que vous acceptez le débat. Cela entraine que dans un deuxième temps on va commencer à trouver des exceptions, puis avec une évolution des mentalités que certain essaient de savamment diriger, la phase trois c'est carrément légaliser. Je suis d'avis que certains sujets n'ont pas leur place dans l'agenda politique. Un meurtre est un meurtre, une assistance au suicide est au minimum une non assistance à personne en danger. Il me semble que les dispositions du droit pénal actuel suffisent largement dans ce sens non?

Stev


[ De PP à S. - Il faut croire que les dispositions actuelles ne suffisent pas, puisque le business de mort se développe sans entraves ! Je ne peux pas comprendre de tels sophismes. Et je sais que pas mal de gens ont quitté l'UDC à cause de ça...]

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Écrit par : Stev | 15/11/2007

@ Stev

> C'est vrai que certains se servent de ces débats pour légaliser progressivement des pratiques condamnables, mais c'est non moins vrai que le laissez-faire n'est pas acceptable.
Alors soit l'arsenal juridique actuel permet de réprimer les activités de Dignitas ou d'Exit, assistance au suicide ou euthanasie, et il faut que le pouvoir prenne sa responsabilité, soit ce n'est pas le cas et il faut que le législateur prenne ses responsabilités.
Avec votre type de raisonnement, il ne faudrait pas non plus qu'il y ait dans le code pénal l'interdiction de tuer puisque cela risquerait d'amener la discussion sur des cas d'exception (légitime défense ou autre...)
En fait, votre attitude de refus de légiférer au nom de la "liberté" revient à donner un permis de tuer !
"Entre le fort et le faible, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui affranchit", disait fort justement Lacordaire.

Écrit par : Michel de Guibert | 15/11/2007

ORIGINE

> Je crois me souvenir que la tolérance sur l’assistance au suicide avait démarré en Suisse suite à une affaire militaire. Un militaire avait prêté son arme de service à une personne qui avait commis un acte grave, pour qu’il ne perde pas son honneur ( selon des conceptions non chrétiennes, faut-il le préciser). L’auteur de ce « prêt » n’avait pas été puni. Ce serait la raison pour laquelle vous trouvez aujourd’hui les termes « sans mobiles égoïstes » aux articles 119 cpm http://www.admin.ch/ch/f/rs/321_0/a119.html et 115 cp http://www.admin.ch/ch/f/rs/311_0/a115.html . Les évêques suisses demandent que les lacunes de la loi soient comblées et pas seulement pour ce tourisme indigne http://www.kath.ch/sbk-ces-cvs/pdf/Mourir_dans_la_dignite.pdf. A cette adresse http://www.nek-cne.ch/media/archive1/fr/publikationen/stellungnahmen/suizidbeihilfe_fr.pdf il y a un avis de la commission d’éthique médicale sur cette question.

Écrit par : Dominique | 19/11/2007

"EXIT"

> J'ai eu la chance d'assister l'année dernière à une table ronde à ce sujet confrontant Mgr Genoux (évêque de Fribourg, Suisse) et la résponsable pour ce canton de la tristement célèbre association Exit. De cette rencontre je me souviens surtout de certains propos tenus par cette dernière:
- A la question "pourquoi ne pas accueillir ceux que l'on appelle désormais les "touristes euthanatiques"?", la réponse a été celle du "manque de personnel".
- Pourquoi ne pas permettre à des adolescents de se suicider? "Ils ont un avenir".
- Réaction: "c'est un homicide, aussi vrai que deux et deux font quatre et que chaque personne est infiniment digne" réponse: c'est vous qui le dites, demander à un scientifique deux et deux ne font pas toujours quatre...
Abherrant!

Écrit par : violaine | 19/11/2007

"DIGNITAS"

> Sans faire de politique, il me semble qu'il y a un enjeu caché: légiférer pour empêcher que les personnes usent des services de Dignitas dans les automobiles ( scandaleux ), mais le fassent alors par la suite en toute légalité dans les hôpitaux. Ainsi, en ayant choqué, on fera passer la solution pour acceptable ( alors que c'est encore grave). Cela me semble un piège. Comme pour l'avortement: autant le faire dans un milieu médical, que clandestinement, avec des dangers pour la santé de la maman. Or, l'avortement demeure. L'euthanasie active est interdite en Suisse. Les personnes ayant recours à Dignitas ou Exit doivent boire eux-mêmes le produit. Le médecin ne peut pas l'injecter.

Écrit par : Dominique Rimaz | 19/11/2007

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