14/11/2007
Panne de foi chez les catholiques français ?
C’est ce que laisserait croire un sondage de La Croix :
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Intitulée Les nouvelles voies de la foi à l’horizon 2020, une enquête de La Croix veut « observer en quels sens le christianisme est en train de bouger : des infléchissements dans l’image qu’il a de lui-même, des ruptures dans ses fonctionnements et ses logiques d’institution, des mutations dans son rapport au monde… ».
En ouverture de cette enquête, Michel Kubler présente [numéro du 11 novembre] un sondage qui semble, reconnaît-il lui-même, mettre au jour un sérieux problème : « les catholiques engagés ne pensent guère différemment que leurs contemporains quant à l’indifférence religieuse : toutes les religions semblent se valoir à leurs yeux, même s’ils ne doutent évidemment pas d’une pertinence particulière de la leur. »
Selon le sondage, 63 % des catholiques pratiquants disent que « toutes les religions se valent ». Ils sont même plus nombreux à professer cette idée que… les non-pratiquants (60 %) !
Et contrairement à ce que souhaiterait Kubler, ils n’ajoutent pas que le catholicisme aurait à leurs yeux une particulière pertinence. Ils disent seulement : « le message et les valeurs du christianisme sont toujours d’actualité. » Affirmation très faible, qui ne change rien à l’idée que « toutes les religions se valent »…
Les paroissiens de base sont-ils ravagés à ce point ?
On peut tempérer cette impression en se disant qu’ils n’ont pas osé répondre que leur religion est la voie du salut. Cette réponse eût demandé un non-conformisme voisin du courage… Or ces honorables personnes sont comme tout un chacun : formatées par les médias, conditionnées par une fausse notion de la tolérance, alignées sur le consensus ; elles ont appris à croire qu’aucune vérité n’existe, que seule vaut la sincérité, et qu’on n’a pas le droit de préférer une « culture » à une autre. (C’est ce que tout le monde est censé penser aujourd’hui).
D’autre part, ces paroissiens n’ont souvent aucune formation religieuse. Ils connaissent très mal leur propre foi*. Bien peu font partie des fameux groupes de « partage d’évangile » ou d’études bibliques.**
Dans ces conditions, on comprend qu’ils fassent des réponses pareilles aux sondages.
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LES FORTES PAROLES DE Mgr DAGENS
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Interrogé par La Croix, à propos de cette enquête, Mgr Dagens, naguère auteur principal de la Lettre aux catholiques de France (1996), dit :
« Quels que soient les difficultés et les obstacles, nous sommes appelés à nous déterminer, non de l’extérieur, mais de l’intérieur de la foi, à partir du premier appel de Jésus à ses disciples : ‘Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde’… Dans la pauvreté actuelle, se réalise pourtant une recomposition intérieure du tissu de la foi et de l’Eglise… Nous avons peut-être été trop occupés par la réforme des structures régionales et nationales de l’Eglise. Avec d’autres, je crains que ces réformes nous aient éloignés d’un autre horizon, celui des conditions et des exigences de l’évangélisation. Les conditions, c’est que, même en étant moins nombreux, les chrétiens forment l’âme du monde… »
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Mgr Dagens ajoute :
« Quant aux exigences de l’évangélisation, elles pourraient tenir en deux mots : intériorité et combativité… La rédemption et l’évangélisation n’arrivent pas de l’extérieur mais passent à travers nous-mêmes, et à travers les gens qui viennent frapper à la porte de l’Eglise… Le défi est de ne pas nous résigner à n’être que l’Eglise des catholiques pour les catholiques, mais à devenir davantage l’Eglise catholique du Christ qui n’a pas peur de vivre et d’annoncer le mystère du Christ à tout être humain en attente spirituelle. »
Fortes paroles. Elles ne peuvent qu’annoncer une « ré-information », une « re-formation », du peuple catholique par ses pasteurs...
Comment ce peuple « annoncerait-il le mystère du Christ », s’il reste, comme les sondés de La Croix, dans l’idée que le Christ n’est pas la voie universelle du salut ?
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(*) Tous les observateurs factuels reconnaissent la réalité de ce problème et l’urgence d’y remédier. Je pourrais remplir des colonnes entières de ce blog avec des anecdotes montrant la débâcle doctrinale du peuple catho, ou de ce qu’il en reste. La signaler n’est pas du pessimisme, encore moins du mépris envers les gens (Dieu nous en garde) : c’est simplement de la lucidité. Le terrain de la formation a été laissé en friche pendant plusieurs dizaines d’années. Le trésor des connaissances religieuses a été enfoui au lieu d’être monnayé et distribué. Nous avons le résultat. Il n’est que temps de faire quelque chose, tous tant que nous sommes ; c’est même un devoir !
(**) Et quand ils en font partie, reste à savoir ce que le conférencier (ou la conférencière) communiquent : leur opinion, ou la pensée de l'Eglise universelle ?
00:00 Publié dans Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (32) | Tags : Eglise catholique, christianisme, foi
Commentaires
SONDAGES
> Oui, l'enseignement de la foi est un terrain en friche de nos jours. Oui, le relativisme des valeurs a pu contaminé et corrompre l'espérance de biens des catholiques. Et même, je sais que certains prêtres âgés pensent leur religion et leur foi comme interchangeables. Mais la réalité dépeinte par cette enquête, je ne la perçoit pas autour de moi.
Je pense qu'il serait bon, d'ailleurs, de ne pas porter aux sondages un intérêt trop grand. On ignore le taux de personnes qui ont refusé de répondre à l'enquête, par exemple. Aux Etats-Unis, une personne sur dix seulement accepte de répondre aux sondages. Pour moi, ces chiffres sont douteux et ne parlent pas du réel.
Quentin
[ De PP à Q. - Espérons-le. Mais contrairement à vous, j'ai eu de nombreuses expériences confirmant ce sondage. Telle cette dame catéchiste dans une paroisse très chic, me disant d'un air sombre : "Ce qui ne va pas dans l'Eglise, c'est tous ces dogmes."
On ne peut pas se dissimuler le problème. Bien sûr, si vous fréquentez une paroisse de choc tenue par l'Emmanuel ou la communauté Saint-Martin, vous ne ressentez pas la situation ; mais allez donc ailleurs et parlez avec les gens : vous serez informé.
De toute façon, voir clair ne pousse qu'à une seule chose : nous décarcasser pour redresser la situation. Pourquoi ne pas le faire ? Pour se rassurer à bon compte ? Ca ne mènerait à rien, dans aucun cas de figure. ]
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Écrit par : Quentin | 14/11/2007
THEOLOGIENS
> Panne de foi chez les théologiens aussi. Sinon pourquoi Bernard Sesboüe parle-il dans Croire de "révélation continue", alors que la révélation est close avec la mort du dernier apôtre ? Si les idées ne sont pas claires au plus haut niveau, comment voulez-vous que le chrétien de base puisse annoncer la foi correctement ?
"Mes yeux se sont usés d'attendre le Salut", comme dit le psaume. Comment redonner vigueur à des mots vieux de deux mille ans ?
Sébastien
[ De PP à S. - Ces mots ne sont pas "vieux". Ils sont nouveaux chaque matin. Ce qui est vieux, c'est la psychologie de beaucoup de catholiques français. Les seniors d'aujourd'hui ont grillé leurs énergies follement en 1970-1980, dans une sorte de flambée autodestructrice, où la revanche contre l'éducation d'autrefois a joué un rôle décisif et inavoué. Du coup, rien n'a été transmis aux générations suivantes. Une partie d'entre elles ont dû tout retrouver par elles-mêmes (cf par exemple le travail de Paray-le-Monial dans les années 1980-90), mais la plupart des gens sont restée orphelins de culture religieuse. On ne peut donc pas leur en vouloir d'être formatés par les slogans médiatiques. Que faire ? Justement : leur montrer que les paroles de l'évangile sont un explosif aujourd'hui comme il y a deux mille ans... (Et bien entendu, s'abstenir de parler un langage passéiste, du genre "c'était mieux au temps de nos trisaïeux" ; le passé sociologique n'évangélise pas. D'autant que, si c'était si bien naguère, comment cela a-t-il pu s'effondrer si vite ? L'effondrement a causé de terribles dégâts, mùais ça n'enlève rien au fait qu'il fallait procéder à l'aggiornamento en 1962. Et aujourd'hui aussi). ]
Écrit par : Sébastien | 14/11/2007
EFFRAYANTE INCULTURE RELIGIEUSE
> « Les catholiques engagés ne pensent guère différemment que leurs contemporains quant à l’indifférence religieuse : toutes les religions semblent se valoir à leurs yeux [...]"
Constat parfaitement vérifiable dans nos paroisses, hélas ! L'inculture religieuse est effrayante et LA foi se limite trop souvent à UNE foi dans les "valeurs" chrétiennes : partage, solidarité, etc.
En ce qui concerne la formation, responsable pendant une dizaine d'années de la bibliothèque paroissiale j'ai constaté que 99% des catéchistes ne la fréquentaient jamais. Parce qu'ils avaient ce qu'il fallait chez eux ? Que nenni ! Les ouvrages catéchétiques de base (dont Pierres Vivantes ...) leur suffisaient. A ce jour, il semblerait que peu de choses ont changé.
Écrit par : Flore | 14/11/2007
UNE PAROISSE "EMMANUEL"
> Je suis dans une paroisse « de l'Emmanuel » dans laquelle sont organisées 15 soirées dans l'année sur les fondements de la foi, soit une reprise des bases fondamentales.
Ça fait plusieurs années, et ces soirées ne désemplissent pas, preuve qu'il y a une soif de comprendre et d'apprendre.
Combien de curés osent se lancer là-dedans? pas assez...
J'observe en revanche que les paroissiens «lambda » pas spécialement engagé dans la vie de la paroisse ne sont pas beaucoup mieux formés qu'ailleurs. Bien sûr, les homélies sûres leur enseignent beaucoup, et les convaiqnuent du bien fondé des dogmes de l'Église, mais cela ne suffit pas, une formation complémentaire - conférences, lectures personnelles, etc. - est indispensable!
Renaud
PS: je considère la lecture de votre blog comme un aspect de ma « formation continue », continuez à nous informer et à nous enseigner!
Écrit par : Renaud | 14/11/2007
DEBÂCLE
> je partage complètement votre appréciation..."débâcle doctrinale" c'est ça...
Un mot sur l' un de ses aspects: la disparition des librairies catholiques au sens large.
Dans la sous-préfecture où je travaille...plus une librairie catho, plus un rayon catho....aucune chance que quiconque sorte de la culture dominante, sauf quelques derniers paroissiens qui commandent par correspondance.
l'installation du réseau "la procure" comme un monopole avec un magistère de fait (mon bon libraire de La Procure a plus d'influence que mon évêque, j'en suis persuadé), celle de la ville où je vis, (agglo de 400 000 habitants) a été longtemps tenue par des catho partisans du grand feu de joie dont vous parlez si justement....disparition des moyens concrets de formation ou de la meilleure doctrine.
Aujourd'hui la dite Procure est tenue par un couple de meilleur aloi, plus ouvert sur une foi authentique...mais aucune conscience du débat d'idées de fond, de sa dimension philosophique, universitaire, de la dialectique christianisme-modernité, de l'importance énorme de la pensée chrétienne du XX° siècle ( MARITAIN, GILSON, DAUJAT, VERNEAUX, DANIELOU, DE LUBAC, etc. etc.) rayon philo creux, totalement banal...comme si l' Eglise n'avait pas de pensée en dehors du commentaire du Credo et du témoignage personnel...presque plus personne ne se doute de la richesse du christianisme savant d' il y a quelques décennies...ouvrez le DTC par exemple...
ceci pour dire que je suis convaincu que cette veine de qualité oubliée est une aussi chance pour nous aujourd'hui, que nos jeunes veulent comprendre, ont soif d' une pensée qui affronte l'ensemble de la culture actuelle ( contre la méthode de la Foi toute nue qui ne tire aucune conclusion, ne dégage aucune culture, ne fonde aucune civisation, rien qu' une croyance isolée dans une société qui s'en moque)...je suis persuadé de cela...j'ai pour ma part fait à domicile un petit cours de philo chrétienne fondé sur Saint-Thomas( inspiré de MARITAIN, DAUJAT et VERNEAUX, mes maîtres)...j'ai été surpris du nombre de jeunes que j'arrivais à réunir sans pub, sans caution...ils ont été passionnés, ils aimaient qu' on leur critique DESCARTES ou KANT ou le POSITIVISME à la lumière d' un intellectualisme réaliste confiant dans notre capacité à connaître les plus hautes vérités, en devinant qu' on était enfin dans les vrais débats qui commandent la compréhension de la situation actuelle.
Nous ne voulions plus affronter la société, nous nous sommes terriblement appauvris.
Écrit par : vicenzo | 14/11/2007
RESISTANTS
> Un éditeur de la génération 68 (mais qui a lui résisté aux sirènes relativistes) m'a dit un jour "nous avons manqué de fermeté". Je l'ai compris dans sa bouche comme un "on a voulu être gentil, on s'est fait avoir par le terrorisme intellectuel".
Soyons donc des résistants, et même si la situation est difficile, je suis rempli d'espérance car de nombreuses initiatives ont émergés, comme par exemple les parcours Alpha dans lesquels l'annonce de Jésus vrai Dieu, mort et ressuscité pour nous est au centre des enseignements.
Écrit par : Ludovic | 14/11/2007
CAS PAR CAS
> "le cas par cas" pour la grande majorité des évêques c'est qu'ils manquent de charité malheureusement !
Pouvez vous me donnez votre avis sur le texte de mr l'abbé de Tanoüarn qui pour autant qu'il soit constructif n'en est pas moins réaliste
Par avance, je vous remercie.
PD
Écrit par : dehollain | 14/11/2007
CRITERES
> Votre commentaire me fait réfléchir sur deux points: quels sont les critères de "sélection" d'un catholique pratiquant, et une réflexion sur la définition de l'oecuménisme.
Pouvez vous m'éclairer sur ce terme de catholique pratiquant, que recouvre-t-il? Personnellement, je trouve que ce terme n'a pas lieu d'être: on est catholique (c'est à dire qu'on croit au Credo et on suit la doctrine de l'Eglise), ou on ne l'est pas. J'ai plusieurs fois entendu des réflexions du type: "je suis catholique, j'ai été baptisé et ai fait mes 2 communions!" Certes, par le Baptême, nous entrons dans l'Eglise mais le catholicisme ne se résout pas à l'obtention de "certificats". On n'est pas catholique comme on est bachelier. Etre catholique, comme le rappelle ce blog, c'est mettre le Christ au coeur de sa vie, chaque jour (à la fois en priant, source de la vie intérieure et en aimant à notre prochain, par des actions concrètes) (cf compendium du CEC, "est pleinement incorporé à l'Eglise catholique celui qui, ayant l'Esprit du Christ, est uni à elle par les liens de la profession de foi, des sacrements, du gouvernement ecclésiastique et de la communion). Sur le ton de la plaisanterie, au sujet de l'expression "catholique pratiquant", un ami m'avait dit: "moi, je suis naturiste, mais non pratiquant...;)
Ma deuxième réflexion tourne sur l'oecuménisme, expression que beaucoup de médias ont galvaudée (probablement parce que ne comprenant pas le terme) et qu'ils résument en simplifiant: "toutes les religions se valent, tout dépend du lieu où l'on naît". Beaucoup de catholiques pensent effectivement qu'on peut être sauvé hors de l'Eglise (dans le bouddhisme, l'islam...)., alors que le salut vient du Christ, par l'Eglise qui est son Corps (Compendium du CEC). D'où des incompréhensions des médias lorsque le Pape réaffirme que c'est par l'Eglise que vient le salut, en parlant de "recul oecuménique". Il est important de bien connaître sa foi, pour partir en mission derrière.
Écrit par : Alexandre Calendreau | 14/11/2007
PERPLEXE
> J'ai acheté le numéro de lundi et les sondages m'ont laissé perplexes. Le panel se divise en catholiques pratiquants, non pratiquant, athées. Il ne précise pas ce qui disitingue un pratiquant d'un non pratiquant, quant aux athées je me demande à quoi cela sert de leur demander leur avis sur la religion. Tout cela est bien insipide. Le journal ferait mieux de soutenir l'Eglise dans l'affirmation du caractère confessionnel de l'enseignement privé catholique.
Écrit par : Qwyzyx | 14/11/2007
INCULTURE
> L'inculture religieuse est actuellement grande...mais était-ce vraiment mieux avant ? Je ne suis pas sûr que le catholique des années 30 ait été plus au fait des fondements et implications de sa foi que le paroissien "lambda" de ce début de vingt-et-unième siècle...
Écrit par : Feld | 14/11/2007
QUESTION
> Simple question: pourquoi ne pas autoriser plus facilement les vilains catholiques traditionnels laisser occuper des églises abandonnées par manque de prêtres ?
relativement à lire un texte de l'abbé de Tanoüarn de l'Institut du bon pasteur:
http://revue.objections.free.fr/PROV_objection_11.htm
dehollain
[ De PP à D. - Posez la question aux diocèses. Ils doivent avoir des réponses. Au cas par cas. ]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : dehollain | 14/11/2007
@ DEHOLLAIN
> Je viens de lire l'article que vous me signalez. Je ne suis pas très enclin à discuter ses divers arguments : cela demanderait une connaissance "interne" des diverses situations locales dont il parle (on connaît trop ce genre d'affaires pour ne pas se douter qu'il y a, par derrière, des données dont il ne parle pas).
Et en réalité, il faudrait commencer par clarifier un point crucial : COMBIEN Y A-T-IL EU DE DEMANDES ? Si vraiment elles ont été aussi peu nombreuses que le dit la rumeur dans tous les diocèses, alors l'attitude des évêques à Lourdes s'appuie sur une situation objective. (Je comprends que les traditionalistes soient déçus, mais les faits sont les faits...).
Et s'il y a eu plus de demandes qu'on ne le dit, il faudrait le prouver.
Quand ce problème aura été éclairci de façon indiscutable, on pourra aborder les autres volets de la question.
Je me permets de vous rappeler que le pape n'a pas dit : "Il faut des messes de 1962 dans toutes les paroisses". Il a dit : "là où existent des groupes stables de fidèles"...
Que ces groupes fassent la preuve de leur existence. ]
Écrit par : PP | 14/11/2007
63 % !
> "Selon le sondage, 63 % des catholiques pratiquants disent que « toutes les religions se valent »."
Dîtes moi au passage, qu'est-ce qu'un catholique? Difficile à cerner non? Parce pour moi, à la base, dans le fait d'être catholique, il y a non seulement la foi dans le Christ unique Rédempteur de l'Homme, mais aussi un "je crois à l'Eglise, une sainte catholique et apostolique". Ceci m'inciterait donc à dire : 63 % des catholiques ne sont.... pas catholiques. Mais ne suis-je pas un peu dur ou trop simplificateur?
Ca m'amène au deuxième point : je me rappelle le titre d'un livre : "Comment évangéliser les baptisés ?". Ce titre -bien que je n'aie jamais lu ce livre- me revient souvent à l'esprit. Dans ma paroisse, je suis certain que la lecture du catéchisme de l'Eglise catholique ferait découvrir un monde complètement nouveau à la plupart des [pratiquants] réguliers; et je ne suis pas certain que la plupart soient d'accord . J'en entends tellement dire :"Oh, JP II disait cela (ici on évoque n'importe lequel de ses enseignements sur la morale, en particulier sexuelle ou sur la défense de la vie) parce qu'il était Polonais ; quand à Ratzinger, c'est un théologien : il n'est pas en phase avec la vraie vie (et ici on cite bien évidemment la controverse de Ratisbonne)."
Je suis en fait toujours doublement étonné : de la résistance à n'importe quel prix ou prétexte aux enseignements du Magistère d'une certaine frange (très diverse d'ailleurs ) de l'Eglise (vous vous en faites souvent l'écho ici) ; et à la fois la force de rénovation qu'un évangile ou un catéchisme de l'Eglise catholique peuvent avoir sur les gens simples (ce qui n'est pas nécessairement synonyme d'intellectuellement limité) et ouverts d'esprit.
Finalement je crois que la vraie opposition dans l'Eglise n'est pas celle des tradi extrêmes contre les progressistes, mais celle des orthodoxes (fidèles au Magistère) contre les hétérodoxes (toujours en train de pinailler sur des petits articles, faits pour pouvoir expliquer qu'ils ont raison et que contre l'Eglise, eux ils représentent "la vraie foi").
Écrit par : Gégé | 15/11/2007
Pour Alexandre Calendreau,
> je pense à ce que disait André Frossard (belle réplique au relativisme) :
"On m'a dit souvent : - Et votre libre arbitre ? On fait décidément de vous ce que l'on veut. Votre père était socialiste, vous êtes socialiste. Vous entrez dans une chapelle, vous voilà chrétien. Si vous étiez rentré dans une pagode, vous seriez bouddhiste ; dans une mosquée, vous seriez musulman.
A quoi je me permets parfois de répondre qu'il m'arrive de sortir d'une gare sans être un train."
Et du même André Frossard : "Les chrétiens d'aujourd'hui ont si peur de communiquer leurs croyances qu'ils finissent par parler de leur christianisme comme d'une maladie, en jurant qu'ils ne sont pas contagieux."
Écrit par : marianne | 15/11/2007
DRAMATIQUE
> D'accord pour relativiser l'importance du sondage....mais la situation est dramatique sur le terrain ! faut-il que l' Eglise de France soit si mal en point pour que nos Evêques montent aux créneaux ? Au nom de " l'esprit du concile "( mais de quel concile parlons nous ?) nous avons opposé la Tradition à la charité, la Tradition à la tolérance, la Tradition à l'ouverture. Nous avons développé des concepts de foi creux et fumeux imbibés de sociologie et de psychologie, nous avons fait de la psycho-sociologie et de la socio-psychologie...nous avons laissé les brebis que le Seigneur nous confiait seules et sans discernement dans un monde hostile à la Révélation... Pourtant de nombreux témoins avaient averti les évêques des conséquences de telles pratiques....
Ce monde a soif, là est notre espoir et notre chance mais nous devons occuper sans complexe le terrain de l'évangélisation.
Écrit par : froissart | 15/11/2007
PAS D'ACCORD
> Merci de votre réponse à lire le texte de l'abbé. Je ne suis pas d'accord avec vous, avec votre approche, relisez donc:
"Ce que les évêques pris en corps n'ont pas compris, c'est que cette politique d'exclusion, manifestement concertée, est révoltante et contraire au sens commun. Lorsque le bateau coule, demande-t-on à ceux qui se présentent pour écoper s'ils font partie du personnel embauché au départ ?"
cordialement.
PD
[ De PP à D. - Pardon, mais relisez aussi ce que j'ai écrit : il y a d'autres données en jeu, dont l'article ne parle pas. Si on réduit le problème à la présentation qu'en fait l'abbé de T., c'est lui qui a raison ; mais le problème se réduit-il à cela ? N'y a-t-il pas beaucoup d'autres éléments ? Dont... la réception du concile Vatican II, tout simplement ? Comment veut-on être en communion avec l'Eglise si l'on dit que le concile est à effacer ? Il n'est pas du tout à effacer, mais à étudier et à appliquer... ]
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Écrit par : dehollain | 15/11/2007
PLUS FACILE ?
> Il y a l'Eglise , une et unique et l'abbé ne dit pas autre chose. IBP n'est pas contre V2.
Un exemple de plus: l'abbé cherche un prêtre du diocèse de Paris qui accepte de servir d'intermédiaire entre son institut du Bon Pasteur et l' évêché de Paris et bien il n'a encore trouvé à ce jour.
Que l'abbé eût été musulman ou boudiste que cela eût été, me semble t' il, beaucoup plus facile ?
PD
Écrit par : dehollain | 15/11/2007
@Marianne,
> merci de cette citation de Frossart, toujours aussi croustillante.
J'aime bien aussi celle de Chesterton :
"Ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est d’un déplacement vicieux de l’humilité. La modestie a cessé tout rapport avec l’ambition pour entrer en contact intime avec la conviction, ce qui n’aurait jamais du se produire. Un homme peut douter de lui-même, mais non de la vérité, et c’est exactement le contraire qui s’est produit. Aujourd’hui, ce qu’un homme affirme, c’est exactement ce qu’il ne doit pas affirmer, c’est-à-dire lui-même ! Ce dont il doute est précisément ce dont il ne doit pas douter : la Raison Divine.
Ainsi nous aurions tort de nous presser de dire qu’il n’y a pas d’humilité propre à notre époque. La vérité est qu’il en existe une, très réelle, mais pratiquement plus morbide que les farouches humiliations de l’ascète. L’ancienne humilité était un aiguillon qui empêchait l’homme de s’arrêter et non pas un clou dans la chaussure qui l’empêche d’avancer, car l’ancienne humilité faisait qu’un homme doutait de son effort et cela le poussait à travailler avec encore plus d’ardeur. Mais la nouvelle humilité fait que l’homme doute de son but, ce qui l’arrête tout à fait.
Nous sommes en train de créer une race d’homme d’une tournure d’esprit trop modeste pour croire à la table de multiplication ! Le danger est de voir des philosophes qui doutent de la pesanteur comme d’une simple fantaisie de leur cerveau. Les railleurs d’autrefois étaient trop orgueilleux pour être convaincus, mais ceux-ci sont trop humbles pour l’être. Les doux posséderont la terre mais les [chrétiens] sceptiques modernes ont tant de douceur qu’ils ne veulent même plus réclamer leur héritage."
Écrit par : Gégé | 15/11/2007
VATICAN II
> Pourriez-vous m'indiquer un livre expliquant le contenu de Vatican II et cette période historique ? J'ai les textes et ai lu les plus importants, mais ne sachant pas très bien ce qu'il en était avant (née en 78), je n'ai pas tous les éléments en main pour comprendre la portée de ce concile. Cela me serait bien utile pour comprendre ce qui se passe en ce moment... Merci !
Écrit par : Pimousse | 15/11/2007
LE CAS DE LYON
> L'abbé de Tanouarn écrit : "Le slogan des évêques est simple : « On a les mêmes à la maison ». Simple et pas vraiment nouveau. C'était déjà au nom d'un tel slogan que l'archevêque de Lyon, Mgr Barbarin, avait unilatéralement dénoncé le contrat qui liait son diocèse à la fraternité Saint Pierre, en incardinant lui-même trois prêtres dissidents de cette fraternité et en leur donnant l'église que le cardinal Albert Decourtray avait naguère mise à la disposition de la fraternité Saint Pierre. Ce coup de force épiscopal se justifiait suffisamment aux yeux du jeune et nouveau leader de la chrétienté lyonnaise par ce simple bénéfice : désormais ces prêtres traditionalistes sont tout à moi !"
C'est la version de l'abbé de Tanouarn…
Or ce qui s’est passé à Lyon n’est pas du tout ça.
Je peux vous en parler : je suis Lyonnaise !
Le cardinal Barbarin a été très ouvert envers les prêtres de la fraternité Saint-Pierre ; il est allé dans leur chapelle célébrer une messe selon le rite extraordinaire. Puis il leur a demandé des services dans son diocèse. Cas de conscience pour ces prêtres ! Ils savaient que leurs supérieurs leur interdisaient de mettre un orteil dans le circuit diocésain, de crainte d’on ne sait quelle contamination ! Ils leur en ont donc référé. Et la réponse est tombée comme un couperet : niet, pas question, vous finiriez par concélébrer à la messe chrismale, quelle horreur.
Que pouvait faire le cardinal devant ce mur ?
Tels sont les faits. On pourrait citer de nombreux exemples.
Alors, la version de l'abbé de Tanouarn…
Mais j'ai envie de dire qu'on n'a pas de temps à perdre avec ça. On secoue la poussière de ses sandales et on continue.
Écrit par : Laurence Fuzier | 15/11/2007
TOTUS TUUS
> Sans compter que l'interprétation que cet abbé donne de "Totus tuus" ("tout à moi", dans l'esprit de Barbarin) est inadmissible : tout le monde - et surtout chaque prêtre - sait que "Totus tuus" était la devise mariale de Jean-Paul II.
Écrit par : Mary Zanon | 15/11/2007
@ Qwyzyx:
> À propos de ce qu'est un « catholique » et un «pratiquant », il me semble que c'est le sondé qui se déclare catholique ou non (c'est donc son appréciation qui compte).
Quant à un pratiquant, je crois avoir lu il y a déjà pas mal de temps que, pour un sondage, c'est une personne participant au culte au moins une fois par mois...
Mais je ne sais pas si ce genre de définition est normalisée chez les différents sondeurs.
Écrit par : Renaud | 15/11/2007
AUSSI L'EGLISE
> Admirable esprit d'Eglise,
Laurence et Mary l'Eglise et Une !!!
La FSP et l'IBP sont indépendantes des évêques et c'est légal, prévu par Rome. C'est cela aussi l'Eglise !
L'idée, c'est que les évêques qui ont la responsabilité des bâtiments puissent (pour la gloire de NSJC!) rendre ces derniers disponibles aux communautés "tradi" rattaché à Rome.
D'une certaine manière : c'est de la responsabilité d'un évêque que de faire le maximum pour éviter la perte de la foi sur son secteur.
Cordialement
PD
Écrit par : dehollain | 15/11/2007
Proposer la foi... ou annoncer le Christ !
> Ravi de lire les propos de Mgr Dagens. Mais au niveau des instances officielles de l'Eglise en France on a perdu une dizaine d'année. Et quand on invitait les catholiques à "proposer la foi dans la société actuelle", on aurait mieux fait déjà de leur demander d'annoncer le Christ unique Sauveur. Heureusement que de nombreux fidèles entendaient déjà Jean-Paul II leur demander d'annoncer l'évangile sur les toits et d'être les sentinelles de l'aube. Plus motivant que de proposer la foi...
Écrit par : Arnaud de Guibert | 15/11/2007
@ Arnaud
> Curieusement c'est le même Mgr Claude Dagens qui avait publié le rapport sur "Proposer la foi dans la société actuelle" il y a une dizaine d'années et qui parle clairement aujourd'hui des exigences de l'évangélisation et du défi de vivre du Christ et d'annoncer le mystère du Christ à tout être humain en attente spirituelle.
Car, comme le dit St Paul et comme le chante la liturgie : "Nous tous qui avons été baptisés en Chrit, nous avons revêtus le Christ !"
Écrit par : Michel de Guibert | 16/11/2007
D'UN EVANGELIQUE
> Bonjour,
Je suis protestant évangélique et opposé au relativisme. De fait, sur la forme du raisonnement de Benoît XVI concernant la supériorité de l'église catholique, je suis d'accord avec lui et trouve sa position logique, même si sur le fond, je ne la partage pas.
Lors d'un séminaire que j'animais, au cours de mon DEA, je disais que je partageais, sans être catholique, le refus ratzingerien du relativisme. Face à moi, un Musulman exprimait son désaccord (alors que tout le monde sait que l'islam est une religion relativiste) ; mais plus choquante était la position d'un prêtre qui contestait mes propos. Je leur ai brièvement exposé que si toutes les religions se valaient, il ne devait y avoir aucun problème à en changer. Silence... Certains prêtres, pasteurs et autres ne réfléchissent pas sérieusement à la logique de leurs propos.
Si en tant qu'Evangélique, je crois être dans la vérité, il m'est impossible de prétendre que les religions sont interchangeables. Dès lors, logiquement, je ne peux reprocher à des Catholiques comme MM. Plunkett, Ratzinger et autres croyant aussi être dans la vérité, de refuser le relativisme. Sinon je ne pourrais que renier la force et le bon sens de ma conviction, autrement dit, je serais malhonnête (et perdu).
Votre refus de la facilité me fait apprécier votre blog que je visite régulièrement, même si je ne suis pas d'accord avec un pan de la doctrine catholique, ni avec certains de vos commentaires sur les Evangéliques. Je ne peux que, sur la forme du raisonnement, saluer votre position logique que reflètent tous vos articles dépassionnés et sérieusement construits ! M. Tincq devrait en prendre de la graine...
Amicalement !
Jean
Écrit par : Jean | 17/11/2007
DIABLE
> Bonjour,
le propos du Père Alain Bandelier - Famille chrétienne n°1555, 3-9 novembre 2007, p. 57 - est intéressant:
A la question "Qu'en est-il du Diable? Son existence, aujourd'hui, est souvent niée. Le prêtre que j'ai interrogé m'a dit: on ne sait pas d'où vient le mal..."
... le Père Bandelier répond: "Cela pose la question de la formation des prêtres. [...] Moi-même, en six ans d'études au séminaire et à la faculté de théologie, je n'ai jamais eu un cours ni même une conférence sur le Démon et la démonologie. Le peu que je sais sur la question, je l'ai appris par quelques livres, par le témoignage des mystiques (saint Padre Pio et Marthe Robin en particulier), et par l'expérience pastorale". Il continue en répondant à la question posée.
Savez-vous donc s'il est question de proposer des cessions-conférences plus ou moins obligatoires par les diocèses pour remédier aux lacunes de leur clergé? Si les directions de séminaires ont prévu de revoir leurs enseignements prochainement? Merci.
Écrit par : Paulo | 17/11/2007
> Les commentaires c'est 4 par personnes maximum ?
dehollain
[De PP à D. - Non, il n'y a pas de règle ! ]
Écrit par : dehollain | 19/11/2007
PRATIQUANT
> Je lis souvent la question : qu'est-ce qu'un catholique pratiquant.
Selon le code de droit canon, c'est un catholique qui va tous les Dimanches et fêtes de préceptes à la Messe, qui communie au moins une fois l'an de préférence à Pâques, idem pour la Confession.
Selon les sondages, ce sont ceux qui mettent les pieds dans une église au moins une fois l'an.
Pour l'opposition entre "tradis" et autres :
le problème est toujours le même : la lecture et l'acceptation du Concile V2.
On voit bien que le plus souvent ni les uns ni les autres n'ont lu le Concile.
C'est d'ailleurs la remarque de Pimousse qui comme moi est née 10 ans après ce Saint Concile.
Or lorsqu'on lit les textes, il n'y a pas de quoi s'offusquer ! Ils font considérablement référence à tout ce qui a précédé le Concile V2. Voir même, ils ne font que ré-exprimer ce qui a déjà été dit en le reformulant.
On voit bien alors que la pastorale appliquée de puis les années 50 va à l'encontre du Concile.
Écrit par : Boris | 19/11/2007
@ Arnaud
Curieusement c'est le même Mgr Claude Dagens qui avait publié le rapport sur "Proposer la foi dans la société actuelle" il y a une dizaine d'années et qui parle clairement aujourd'hui des exigences de l'évangélisation et du défi de vivre du Christ et d'annoncer le mystère du Christ à tout être humain en attente spirituelle.
Car, comme le dit St Paul et comme le chante la liturgie : "Nous tous qui avons été baptisés en Christ, nous avons revêtus le Christ !"
(nouvel envoi pour correction d'une faute d'orthographe sur Christ !)
Écrit par : Michel de Guibert | 19/11/2007
@ PD dehollain
> Il vaut mieux avoir l'esprit d'Eglise que l'esprit de chapelle !
Le problème, c'est cette propension permanente que vous avez à opposer le pape et les évêques de France "qui manquent de charité"...
Comment parler d'unité en dénigrant toujours les évêques de France (un autre intervenant les rendait ailleurs responsables de l'apostasie) !
Écrit par : Michel de Guibert | 19/11/2007
@ Boris
Selon les sondages, les catholiques pratiquants sont ceux qui mettent les pieds dans une église au moins une fois par mois (et non une fois l'an)... ce qui n'est pas plus conforme aux préceptes de l'Eglise (déjà aménagés puisque selon les pays certaines solennités sont reportées au dimanche qui suit : par exemple l'Epiphanie et la Fête-Dieu en France, l'Ascension au Canada !)
Vous dites encore : "On voit bien alors que la pastorale appliquée de puis les années 50 va à l'encontre du Concile."
Si certains déformaient dans les années 50 un Concile qui n'avait pas encore eu lieu, ce devaient être des anticipateurs de la déformation !
Cela dit, je suis d'accord avec vous pour dire que le Concile Vatican II ne marque pas une rupture avec ce qui a précédé et qu'il s'inscrit dans la continuité de la Tradition de l'Eglise.
Il en va de même pour ce qui concerne la réforme de la liturgie en 1969.
C'est ce que dit et répète Benoît XVI, et les extrémistes des deux bords qui voient le Concile Vatican II en termes de rupture ne sont que les deux faces d'un même miroir déformant, que ce soit pour le rejeter en le voyant de travers ou pour le déformer.
Écrit par : Michel de Guibert | 19/11/2007
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