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04/11/2007

Une historienne islamique (et l'ultragauche française) contre... Vatican II

Polémique intéressante :


Lu sur le site d’extrême gauche Bella Ciao (3 novembre) : un long texte de polémique exégétique musulmane contre le christianisme, signé du "Dr Zeinab Abdelaziz" qui  est une historienne égyptienne. Présenté sous forme de lettre ouverte à Benoît XVI, ce  texte s’ouvre sur les considérations suivantes :

 

<<  A l’occasion de la clôture du mois d’octobre, mois de la Mission, et de la Journée mondiale de la Mission, célébrée le 21 octobre, et du colloque de la Mission, tenu du 21 au 23 octobre à Naples, dans le cadre de "l’évangélisation du monde" imposée par Vatican II en 1965, permettez-moi honorable Père d’aborder un sujet, fort délicat, dont nul n’ignore les effets négatifs, ni les actions qui prennent les envergures d’une hystérie obsessionnelle..

Que ce soient des colloques, des congrès, des tables rondes, des journées mondiales de jeunesses ou sous d’autres appellations, des jeux olympiques, des missions dans les quatre coins du monde, ou mêmes fourrés dans les accoutrements militaires des envahisseurs, les missionnaires ne passent plus inaperçus. L’obsession d’évangéliser le monde dépasse toute logique,- d’ailleurs vous ne faites que le répéter, dans presque tous vos textes, que l’Eglise est d’abord missionnaire. Missionnaire par obéissance au verset 19, dans le dernier chapitre de l’évangile selon Mathieu, disant : "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit".

C’est tout le monde chrétien qui a été mobilisé, par Vatican II et son document Ad gentes pour participer à l’évangélisation du monde. Tout un arsenal d’institutions, d’organisations officielles ou non gouvernementales, des groupes, des jeunes, même des enfants missionnaires, des cellules paroissiales d’évangélisation, tous les moyens dans tous les domaines de la société ont été placés comme arme d’évangélisation ! Si cela est passé inaperçu juste au début, Jean-Paul II l’annonça nettement, en 1982, à Saint Jacques de Compostelle. Et depuis, jamais furie n’a été plus empressée, plus hystérique, pour diaboliser l’islam et christianiser le monde !

Là, permettez-moi de vous montrer, honorable Père, que les textes du Nouveau Testament contredisent ce verset sur lequel vous vous basez, et, par là même dénoncent tout ce qui en découle : la vraie cause du terrorisme, provoqué par cette évangélisation… >>, etc.

 

 

 

Commentaire - Ceux qu’intéresse la polémique antichrétienne musulmane liront la suite de ce long argumentaire **.   Pour moi, je souligne juste 4 points :

 

1.  Mme le Dr Abdelaziz (contrairement aux intégristes catholiques) a lu Vatican II – et  l’a compris comme un appel à l’évangélisation mondiale. D’où la vigueur de sa réaction.

 

2.  Cette vigueur (et le confusionnisme propre aux islamistes)  lui fait écrire :

a) que l’évangélisation « diabolise » l’islam, ce qui est faux,

b) qu’elle inclut des invasions militaires : ce que tentent de confirmer GWB et ses (rares) séides français chrétiens, ainsi que les chroniqueurs religieux parisiens ; mais que réfutent massivement les prises de positions du Saint-Siège à l’encontre des aventures belliqueuses américaines.

m

3.  Les catholiques croyants respectent les musulmans en France (selon le voeu du cardinal Ricard : cf note précédente de ce blog). Il serait souhaitable que les musulmans, de leur côté, respectent  le christianisme. C'est-à-dire ne regardent pas l’apostolat chrétien comme une « furie » et une « hystérie », selon les mots de Mme le Dr Abdelaziz, qui semble exprimer le point de vue d’un certain islam érudit. Rappelons que le Vatican, depuis 2005, demande régulièrement aux Etats musulmans un minimum de réciprocité envers les catholiques.*

m

4.  Un texte d'exégèse musulman, mis en ligne par un site d’extrême gauche français : cette incohérence irrite quelques vieux internautes communistes. Ils le disent dans les commentaires publiés sous la note de BellaCiao. C'est pour eux une entorse au laïcisme... J'y vois une autre contra-diction : BellaCiao relayant la religion coranique, alors qu’il ne cesse de pourfendre la religion catholique ! Comment interpréter ça ?

 

___

(*) Les procédés de certaines « missions » religieuses US peuvent choquer les musulmans. Ils devraient savoir qu’entre ces religieux-là et les catholiques, il y a une différence de nature.  Mais  ils préfèrent s’en prendre aux catholiques, qui n’ont pas le parapluie du Pentagone.

(**)   http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=54513

Commentaires

ANECDOTE

> Peut-être que les postmarxistes de bellaciao croient que l'islam est progressiste, étant une "culture mondiale" et le progrès se réduisant aujourd'hui au multiculturalisme ?
Cf l'anecdote de Richard Millet (Gallimard) dans son entretien avec J. de Guillebon ("La Nef", novembre) :
- une lectrice dit à Millet :
"Je ne suis pas chrétienne, je suis pour le mélange des cultures, le métissage."
Désarroi de Millet :
"J'ai laissé tomber", raconte-t-il.
C'est vrai : devant une telle confusion mentale, il n'y a plus de discussion possible.

Écrit par : Pierre-Louis Miro | 04/11/2007

MANIPULATION

> C'est encore la manipulation du religieux par le politique (c'est bon pour bellaciao comme pour GWB).
A qui profite le crime ? Au politique, pas au religieux. Le politique se sert de ce dernier se maintenir en vie par la polémique.
L'islam compte de nombreux croyants qui valent mieux que ce à quoi les réduit Bellaciao. Je vais faire connaître ce texte à mes amis musulmans. Beaucoup savent déjà à quoi s'en tenir des propagandistes.

Écrit par : Qwyzyx | 04/11/2007

CATHOPHOBE, ET JUDEOPHOBE

> Voici ce que je trouve sur Google (Dépêche française - MEMRI) :

Antisémitisme et propagande anti-chrétienne

L’historienne égyptienne Zaynab Abdel Aziz: Le Vatican a délégué les Etats-Unis pour perpétrer les attentats du 11 septembre

Le 26mai 2005, Iqra TV a diffusé une interview de l’historienne égyptienne Zaynab Abd El-Aziz . Celle-ci affirme que le Concile de Vatican II de 1965 a décidé d’imposer le christianisme au monde entier et d’éradiquer l’islam, dans le cadre d’un plan en cinq ans mis au point par Jean-Paul II . Ce plan n’ayant pas été exécuté, le Conseil mondial des églises aurait assigné la mission de christianiser le monde et d’éradiquer l’islam aux Etats-Unis en janvier 2001. Pour ce faire, les Etats Unis auraient mis au point «le show»du 11 septembre. Elle cite notamment L’Effroyable imposture de Thierry Meyssan pour appuyer son propos. Elle précise: «On pouvait sentir que l’opération [du 11 septembre] était préméditée à cause de tout ce qui a été révélé les jours suivants. Par exemple, 4000 Juifs ont attrapé la grippe ce jour-là exactement.» Voir le clip n° 708 (durée00:04:35)

Michel Bruneau

Écrit par : Michel Bruneau | 04/11/2007

RECIPROQUE ?

> En plus de la confusion entretenue entre la politique américaine et Vatican II, je vois également dans cette "lettre ouverte" un reflet du rapport aux chrétiens entretenu par la pensée musulmane orthodoxe : celle-ci nous tolère à condition que nous acceptions d'être une survivance du passé. A l'inverse, un musulman se doit de propager l'islam.

Un exemple de ce "deux poids, deux mesures", tiré de la "Déclaration islamique universelle des droits de l'homme", initiative du Conseil Islamique d'Europe datant de 1981:

- "les Musulmans ont l'obligation de faire parvenir à tous les humains l'invitation à embrasser l'Islam pour mieux se conformer à l'ordre de leur Seigneur" (Préambule ; quant à l'Art. 14, il s'intitule "Le droit d'appeler à l'Islam et de faire connaître son Message")

- "Chaque personne a le droit de penser et de croire, et donc d'exprimer ce qu'elle pense et croit (...) aussi longtemps qu'elle s'en tient dans les limites générales que la Loi islamique (...) Personne, en effet, n'a le droit de propager l'erreur ou de diffuser ce qui serait de nature à encourager la turpitude ou à avilir la Communauté islamique" (Art. 12.a)

On comprend alors l'appel à la réciprocité lancé par Benoît XVI aux pays musulmans !

Écrit par : Ren' | 04/11/2007

Mme ABDELAZIZ

> La haine anti-chrétienne de Mme Abdelaziz apparaît encore dans cette attaque sur le "genocide des Amérindiens" :
(petit extrait d'un long article)

Par Zeinab ABDELAZIZ Professeur émérite de civilisation française

"Après s'être illustré à Ratisbonne, en septembre 2006, en confirmant la supériorité absolue de la religion chrétienne et de sa Raison, en diffamant l'Islam et son Prophète, le pape Benoît XVI piétine les amérindiens dont il légitime l'extinction et met sous le boisseau un génocide sans pareil ! "

Michel Bruneau


[De PP à MB - Notons que la polémiste musulmane s'exprime ici comme n'importe quelle salle de rédaction occidentale. Ni elle ni nos journalistes ne savent ce que fut en réalité l'histoire de l'Amérique latine : ils répètent la "Légende noire", devenue fausse évidence depuis deux siècles. Cette légende avait été fabriquée à l'origine par des polémistes protestants britanniques. Mme Abdelaziz, Egyptienne, se fait ainsi l'écho de bobards répandus naguère par la puissance qui... colonisa l'Egypte, et elle le fait contre l'Eglise catholique, dont l'Egypte n'eut jamais à souffrir ! ]

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Écrit par : Michel Bruneau | 05/11/2007

> Il semble que l'article n'est plus en place...

Écrit par : Dominique | 05/11/2007

> Il semblerait que l'article en question est été retiré de Bella Ciao. Dommage.

Mickaël

[De PP à M. - Si c'est le cas, sans doute est-ce le fruit des protestations "laïques" dont je vous parlais.]

Écrit par : Mickaël | 05/11/2007

> pourriez-vous nous éclairer sur Bella Ciao?

françois


[ De PP à F - Je ne sais pas exactement qui sont les animateurs du site. Si vous y jetez un coup d'oeil, l'impression que vous en retirez est celui d'un groupe de néomarxistes relookés, dont le côté "trendy" agace les anciens du Parti. Mais je peux me tromper. ]

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Écrit par : françois | 05/11/2007

INTEGRISTES

> " Mme le Dr Abdelaziz (contrairement aux intégristes catholiques) a lu Vatican II "
Je suis surpris de cette petite pique. Ce n'est pas le sujet principal de votre fil d'information, mais je ne puis m'empêcher de rappeler que :

- le mot intégriste est impropre pour qualifier les catholiques traditionnels. L'intégrisme est une démarche de retour aux sources, à une pureté originelle. Telle n'a jamais été l'objectif du catholicisme traditionnel, il ne s'agissait que d'une volonté de conserver l'existant (la messe de rite Saint Pie V), et d'un rejet de la nouvelle forme de la messe (dite de Paul VI), laquelle, du reste, pourrait tout à fait être qualifiée d'intégriste, la plupart des nouveautés y étant introduites l'ayant été au nom d'un retour à une forme de pureté originelle.
En fait, le mot intégriste, ayant une connotation très négative (arriéré, extrême droite, etc.) fut rapidement utilisé pour qualifier ceux qui ne sont que des catholiques traditionnels, mais totalement rejetés par le politiquement correct.

- Les premières figures du catholicisme traditionnel avait lu les textes du concile Vatican II, et les ont brillamment commentés. Naturellement, il existe des fidèles de cette mouvance qui, quoique les rejetant bruyamment, ne les ont jamais lus. Mais ce n'est pas une raison pour jeter l'anathème sur tous les fidèles proches de cette mouvance.

Ysengrin


[ De PP à Y. - J'ai écrit : "intégristes", je n'ai pas écrit : "catholiques de sensibilité traditionnelle".
L'intégrisme consiste à figer une vision de l'Eglise à un stade antérieur, comme si l'Esprit Saint ne relançait pas la pensée chrétienne d'âge en âge ; dans le cas évoqué ici, l'intégrisme consiste à rejeter Vatican II.
Vous connaissez forcément des gens qui sont dans ce cas. J'en connais aussi. C'est d'eux (et d'eux seuls) que j'ai parlé, en employant le substantif qui permet de les définir.
Or il se trouve qu'ils refusent de lire les textes du concile, ayant adopté une fois pour toutes le système facile consistant à dire : "Vatican II a tout démoli" ; ce qui dispense de réfléchir. D'autant qu'ils appliquent la même attitude aux questions politiques et sociales, et que le tout se mélange dans leur tête.

ps/ Non seulement Mgr Lefebvre avait "lu" les textes du concile, comme vous le dites, mais il les avait votés. Ce qui ne l'a pas empêché de les rejeter par la suite... ]

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Écrit par : Ysengrin | 05/11/2007

"INTEGRISTES"

> Bonjour monsieur,

Je suis surpris a chaque fois que je vous lis de la facon obsessionnelle que vous avez de placer une petite pique aux "integristes" dans la plupart de vos articles.
- Pensez vous vraiment qu'une plus grande proportion de "modernistes" a lu Vatican II ?
- Lire Vatican II signifie t'il l'avoir compris et en comprendre les consequences ?

Monseigneur Lefebvre a bien vote tous les textes du concile et les a effectivement rejete par la suite. Ce n'est pas etonnant. Il a toujours reproche aux textes du concile d'etre intentionnellement equivoques, et avait deja emis de nombreuses critiques (dont vous trouverez les textes sur le site DICI, rubrique "articles de fond") et ete a l'origine de modifications importantes pendant les sessions du concile. Il n'avait sans doute pas imagine les consequences de ces "equivoques" en signant les textes.

Chacun peut donner a sa guise une definition de l'integrisme, qui est devenu un mot fourre-tout, et l'appliquer a ceux dont il rejette les choix et les opinions. Cela dit votre definition, "figer une vision de l'Eglise à un stade antérieur" ne me parait pas totalement fausse. La FSSPX applique en fait ce que conseillait St Ignace a ses retraitants, en cas de desolation spirituelle; se refermer sur ses acquis, ses habitudes de priere en attendant des temps de consolation (c'est un peu plus subtil que ca mais l'idee est la). La FSSPX attend donc que le brouillard (dont on peu contester l'existence ou l'epaisseur) se dissipe en maintenant, sans innovations, la messe et la doctrine tels qu'elles etaient avant le concile. Rien de plus.
Il faut aussi noter que la FSSPX croit bien sur encore au Pape, prie pour le Pape et en appelle a lui et a personne d'autre pour resoudre la crise de l'Eglise.

J'espere ne pas avoir ete trop long et decousu.
Cordialement,

Gonzague



[ De PP à GP - Vous m'écrivez sur un ton courtois et visiblement sincère, mais votre adhésion à l'esprit d'Ecône rend la discussion difficile : tant le système d'interprétation FSSPX est lisse et clos pour ne pas tenir compte de ce qui lui est extérieur. (Comme me l'avait dit Mgr Lefebvre lors d’une entrevue en 1987 : "Je ne veux plus écouter que ceux qui sont de mon avis.").
Permettez-moi pourtant de vous poser six questions :

1. Etes-vous sûr que mon usage du mot "intégriste" soit "obsessionnel" ? Pourquoi ne pas envisager qu'il puisse être motivé ?

2. Ou m’avez-vous vu écrire que les «modernistes » aient lu Vatican II ? J’ai souvent écrit qu’ils ne l’ont pas lu. Pas plus que les « intégristes » ! (C’est le problème : les « modernistes » ont fait le contraire de Vatican II tout en se réclamant de lui, et les «intégristes » les ont pris pour les instruments de Vatican II).

3. Pour comprendre, ne faut-il pas avoir lu ? Ceux qui ont lu « Lumen gentium » ou le texte conciliaire sur la liturgie ne peuvent plus admettre les affirmations d’Ecône sur le concile… (Entre autres celles-ci : « Vatican II a refusé d’être dogmatique », alors qu’il y a deux constitutions dogmatiques dans Vatican II).

4. Croyez-vous que l’argument de l’ « équivoque » résume le problème ? Il ne le résume pas. Ceux qui ont commis des ravages après le concile (et en son nom) ne se sont pas servis d’équivoques textuelles. Ils ont simplement tourné le dos aux documents conciliaires, et ont fait autre chose ! Comme me l’a dit un de leurs épigones lors d’un débat contradictoire : « Il ne faut pas lire les textes du concile, il faut lire les journaux. » (sic : deux cents personnes peuvent en témoigner).

5. Pensez-vous vraiment qu’un chrétien puisse « se figer à un stade antérieur » sans cesser ipso facto d’être chrétien ? Croyez-vous que saint Athanase se soit « figé à un stade antérieur » ? Ou saint François de Sales ? Ou Newman ? Ou Mgr Romero, le martyr, pris entre les atrocités des oligarques et l'apostasie des christomarxistes ? Excusez-moi de vous le dire, mais cette idée d’une « bonne fermeture » est le pire de tous les pièges spirituels. Ce n’est pas parce que les «modernistes » ont voulu supprimer la vie intérieure, qu’il faut, pour leur «résister », confondre âme et bunker. D’autre part c’est l’Eglise qui nous sauve, ce n’est pas nous qui la sauvons ; se retrancher et se clore sur soi-même, c’est désespérer de l’Eglise, donc de l’Esprit Saint : le péché contre l’Espérance.

Etant jeune (je le suppose) vous avez le temps de découvrir que la fidélité catholique ne consiste pas à former un clan de purs, mais au contraire à laisser l’Esprit Saint modifier nos petites idées : même celles que nous croyons très nobles et très exigeantes. Et même surtout celles-là, car le pire mal est le mal sous apparence de bien. En l’espèce le mal n’est pas de vouloir être fidèle : il est de transformer la fidélité en idole, sans s’en rendre compte. A quoi voit-on qu’elle devient une idole ? Au fait qu’elle vous retranche de l’Eglise. On n’est pas fidèle à l’Eglise… hors de l’Eglise. On ne « défend » pas Dieu sans lui demander son avis.

PS/ Je vois très bien de quoi vous me parlez : j’ai connu le Pointet il y a vingt-deux ans. ]

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Écrit par : Gonzague | 05/11/2007

LE MOT

> Pourquoi ne pas employer le mot "dissident" plutot que celui "d'intégriste"? sans toutefois tomber dans la langue de bois et la mode du non sens, cela refléterait, à mon avis, un peu plus la réalité.

charles


[ De PP à C. - Je préfère employer le mot techniquement exact. Dans le contexte de l'Eglise catholique, "intégriste" a une signfication très précise, historiquement située ; on sait quand et pourquoi est apparu le phénomène, comment il s'est développé, les tournures qu'il a prises... Si l'on se servait du mot "dissident", il pourrait s'appliquer aussi bien à Ecône qu'à Leonardo Boff, voire aux dominicains postchrétiens des Pays-Bas : et ce ne serait pas satisfaisant pour la logique ni la précision.
Je sais bien que le mot "intégriste" est utilisé à tort et à travers par les médias, d'une façon qui le vide de tout sens articulé. Mais je ne vois pas quel autre mot pourrait le remplacer, dans l'acception décrite ci-dessus.]

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Écrit par : charles | 05/11/2007

"INTEGRISTE"

> Pour revenir sur le même point, le fait est que le mot "intégriste" comme le mot "moderniste" (dans le contexte catholique) comporte en son sein une condamnation !
Cela rend alors difficile toute discussion fructueuse, toute démarche de clarification et d'approfondissement. Or il me semble qu'aujourd'hui c'est plutôt l'ignorance, la mauvaise volonté, qui sont sources de divisions.
Ne serait-il pas possible de réserver ces mots à la qualification d'idées, de thèses ?
Pour qualifier l'attitude générale, la démarche, le comportement de tel ou tel, on pourrait préférer "intégrisant", "modernisant"...
Pour qualifier les individus eux-mêmes, je conseillerais dans tous les cas, l'emploi du mot "catholique".
Tout ceci me paraitrait plus en phase avec la pastorale du Saint Père, les proclamations du dernier Concile et plus généralement la Foi chrétienne.

Quand au Concile lui-même, il faut bien sûr le faire lire, le faire comprendre. et ne pas chercher à l'enchâsser dans un contexte trop historiquement daté (ne pas s'en dire propriétaire).
Pour m'exprimer de façon maladroite, je dirais que l'aggiornamento voulu est civilisationnel, non générationnel.
Il s'agit de tenir compte de l'évolution philosophique de l'humanité (sciences, politique, ...) dont le développement de l'athéisme, mais aussi dont une meilleure compréhension de la Révélation. Il ne s'agit pas de figer les problématiques propres aux générations d'après les guerres de 1914 et 1940 (obsession du maurrassisme ...), car ces problématiques appartiennent au passé et ne relèvent pas d'un Concile oecuménique.
Personnellement j'ai bon espoir pour l'avenir proche de l'Eglise !

julius


[ De PP à J. - Je vous comprends, mais votre argument ne s'appliquerait qu'au cas où le mot "intégriste" serait appliqué de façon abusive (au delà des attitudes objectivement "intégristes") à des catholiques simplement "traditionnels". Je ne puis que vous dire - comme je l'ai dit précédemment - que ce n'est pas ici le cas. Je parle d'"intégrisme" à propos d'un état d'esprit qui :
a) refuse le dernier concile oecuménique ;
b) "gèle" sa vision du catholicisme en l'arrêtant à un certain état d'une certaine tendance théologique, remontant au début du XXe siècle (voire au XIXe);
c) lie son parti-pris religieux à des parti-pris politiques (eux aussi très datés).
Cet état d'esprit touche peu de personnes, et c'est heureux. Mais lorsqu'on doit y faire allusion, autant employer le mot propre...
S'exprimer de manière floue ne rend pas service à la vérité. Lisez l'interview de Mgr Ranjith (Congrégation du culte divin) à propos de certaines résistances cléricales au Motu proprio : il en parle avec précision et sévérité. Relisez le discours du cardinal Ratzinger au Sacré Collège, quelques semaines avant son élection en 2005 : c'est aussi d'une grande sévérité. De même que beaucoup de polémiques théologiques au long de l'histoire de l'Eglise. Ne craignons pas de dire ce qui est, sans malveillance mais nettement ; voiler la réalité derrière les euphémismes n'est pas un service à rendre au prochain. Le catholicisme français souffre de trop de brouillards, à l'abri desquels se sont développés les pires malentendus depuis quarante ans.]

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Écrit par : julius | 06/11/2007

> Petite remarque lexicale sur le joli néologisme de julius : moi ce que j'aime bien dans votre blog, c'est justement qu'on y sent une pensée à la fois intègre et grisante, mais vous avez raison, cela ne fait pas un intégriste.

Écrit par : Christine | 07/11/2007

@ PP à propos de l'usage du mot "intégristes"

> Qu'on le veuille ou non, cet adjectif d'intégriste, à une époque où l'Islam radical envoie un peu partout des kamikases répandre la terreur, est chargé d'une symbolique extrêmement négative, qui va bien au-delà de ce que sont les catholiques qui ont suivi Mgr Lefevre.
Dès lors la moindre des choses est de ne pas l'utiliser comme substantif. De même qu'il est très maladroit de parler d'handicapés, d'homosexuels, etc. La charge est déjà moins lourde quand on n'identifie pas la personne à l'une de ses caractéristiques : des personnes handicapées, des personnes ayant une tendance homosexuelle, des personnes intégristes, voire des catholiques intégristes (et non des intégristes catholiques) etc.
Ensuite le contenu précis que vous donnez à ce mot dans vos commentaires ultérieurs ne s'applique pas à l'évidence à toutes les personnes qui ont suivi Mgr Lefevre. Or les media peu regardants ont l'habitude d'enfermer toutes ces personnes, et même au-delà, dans ce qualificatif infamant. Je doute dès lors qu'il soit judicieux de parler "d'intégristes catholiques" comme vous le faites. Spontanément on pense que vous désignez l'ensemble de ceux qui ont suivi Mgr Lefevre, puisque c'est l'usage courant du mot, et du coup votre propos est associé à ceux qui ne font pas dans le détail, et généralement assaisonnent leurs affirmations péremptoires de bien des imprécisions et des injustices.
Dès lors qu'un mot peut être blessant, c'est un devoir de charité et de justice de ne l'employer qu'avec beaucoup de précautions, quitte à devoir faire une périphrase. Sinon on enferme l'autre dans une citadelle et il n'y a plus d'autre alternative que d'en faire le siège...

un prêtre diocésain "ordinaire"


[ De PP à AG. - Je reçois fort bien votre argument sur le mot "intégriste". Et je promets de ne pas faire un usage fréquent de ce mot (d'autant que l'actualité ne ramène pas souvent ce sujet sous les projecteurs).
Mais je maintiens que ce mot, classique dans l'acception que j'ai indiquée, dépeint le problème avec exactitude. Je m'étonne que vous n'ayez pas rencontré (étant prêtre diocésain) des gens qui accusent Vatican II et se retranchent de l'Eglise d'aujourd'hui au nom de l'Eglise des années 1930 ! Quand vous suggérez à ceux-là de s'informer ailleurs que dans des bulletins extrémistes, et par exemple de lire les textes du concile, ils vous répondent avec un haut-le-corps : "Jamais !". Pour définir cette posture, je ne vois pas d'autre mot que : "intégrisme"...
D'autre part il y a un grand intérêt à user de temps en temps de ce mot. C'est un révulsif. Il amène des messages de protestation et des demandes d'explications. Donc il aide à mettre au jour un malaise, à en parler, et éventuellement à en sortir. Je peux vous dire que plusieurs personnes ont évolué de cette façon.
Il est toujours utile de proposer aux gens un autre angle de vision que celui dont ils avaient l'habitude. J'ose dire que c'est un des objectifs de mon blog. Il touche d'ailleurs beaucoup plus de personnes "a-religieuses" que... d'intégristes. ]

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Écrit par : Arnaud de Guibert | 09/11/2007

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