Sarkozy, Joffrin et la corrida

- à Nicolas Sarkozy : ne laissez pas détourner le Grenelle de l’environnement 

- à Laurent Joffrin : n’affublons pas les animaux de « droits de l’homme »

 

 

Soumis à la pression du lobby anti-corrida, Nicolas Sarkozy accepte que « la question des rapports entre la publicité et l’environnement » soit abordée au Grenelle de l’environnement prévu pour octobre.  Or :

 

- cette « question » cache en fait le droit, pour les extrémistes animalitaires, de diffuser à la télévision des spots violemment polémi-ques (aujourd’hui contre la corrida, demain contre tout et n’importe quoi) ;

 

-  si les extrémistes sont présents au Grenelle de l’environnement,  leur catalogue idéologique envahira les débats et éclipsera les sujets d’intérêt collectif : OGM, pollution de la nappe phréatique, etc. C’est ce que craignait Alain Bougrain-Dubourg, militant reconnu de la défense des oiseaux : confondre les sujets et les domaines, disait Bougrain-Dubourg, ne serait pas dans l’intérêt de l’environnement ni dans celui des animaux… Il a exprimé cette crainte au téléphone, le 25 juillet,  à Europe 1, lors de l’émission de Jacques Pradel avec Jean-Marie Meyer et moi-même. Le sujet de cette émission était notre livre  Nous sommes des animaux mais on n’est pas des bêtes* : une enquête qui constate qu’on détruirait les droits de l’homme si on les étendait au règne animal.

 

Je me permets de regretter que Laurent Joffrin n’ait pas pris connaissance de ce livre : il aurait peut-être hésité avant d’écrire (dans Libération  du 18 août) : « Entre les droits de l’homme et ceux de l’animal, il y a une continuité. On ne peut pas assurer des garanties juridiques à l’espèce dominante de la planète et les dénier totalement aux autres. » Non, cher Joffrin : pour protéger l’animal, pas besoin de le confondre avec l’humain. Si l’on tient à interdire la corrida en France, il n’y a qu’à abroger les dérogations qui l’autorisent ;  aucune nécessité de prétendre (comme me l’affirmaient les militants animalitaires à Montpellier au printemps) que « la corrida est contraire à la démocratie ». La démocratie est pour les hommes, non pour les taureaux. Si je me permets d’insister sur ce point, c’est qu’il y a – dans cette question philosophique – le danger d’un dérapage sans précédent. Il est temps d’y réfléchir.

 

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(*) Presses de la Renaissance.