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13/08/2007

Le cardinal Lustiger, Benoît XVI et l'article de Marek Halter

Réponse à Laetitia Molin, sur une tribune libre dans  Libération :


 

 

Réagissant à l’article de Marek Halter (Libération du 10.08), Laetitia Molin nous écrit :

 

 

<<  Qu'écrirait-il contre la Lettre aux Hébreux antique, qui dit (v.29) que le Christ est une espérance "meilleure" que l'ancienne Loi ? S'il estime que cette idée est "anti-juive" selon son article de Libération, il va devoir dire que l'auteur de la Lettre était "anti-juif", quoique juif lui-même... Ce serait une incohérence contre laquelle le cardinal Lustiger nous met en garde par sa propre existence : devenu chrétien pour une "espérance meilleure", il restait juif "comme les Apôtres" (texte de la plaque qui va être posée à Notre-Dame de Paris, lu dans votre blog). Donc Marek Halter exagère quand il invoque Lustiger contre Benoît XVI.
D'autant plus que le missel de Jean XXIII ne contient pas d'attaque anti-juive, contrairement à ce qu'affirme Halter ! Le pape ne l'aurait pas toléré. Et de toute manière, les anciennes prières [chrétiennes] pour la conversion des juifs, maladroites voire arrogantes, n'étaient pas des attaques contre les juifs, puisqu'elles souhaitaient qu'ils entrent dans la famille chrétienne ! Mais pour comprendre cela il faut savoir ce qu'est une foi religieuse, ce qui n'est pas le cas des journalistes. Toute cette affaire repose donc sur une incompétence médiatique (*). Dommage que Halter n'ait pas résisté à l'envie de s'en servir pour un coup de pub. Lui dont le bon coeur est bien connu, il ne devrait pas déraper ainsi.


(*) Au moment du Motu proprio, quand des journalistes ont voulu trouver quelque chose à dire sur la "messe en latin", ils n'ont rien trouvé d'autre dans leurs archives qu'un vieil article du Canard enchaîné sur un reprint de missel d'autrefois contenant une prière médiévale du Vendredi Saint pour la conversion des juifs : prière qui comportait un mot polémique. Le Canard et les journalistes de 2007 ne savaient pas que cette prière avait été abolie par Jean XXIII, et que le missel en question n'était donc pas conforme aux prescriptions de l'Eglise catholique.
>>

 

 

 

Réponse à L.M. – Oui sur le principe. Mais dans la pratique, on ne peut pas nier que des chrétiens, au cours des siècles, se sont écartés plus ou moins gravement de cet idéal. L'ancienne situation de « chrétienté » favorisant une confusion entre foi religieuse et convention sociale, la tentation était de ne pas regarder les juifs comme des personnes dont il fallait souhaiter (si Dieu voulait) qu’elles adoptent librement la foi chrétienne, mais comme des gens qui n’adhéraient pas au pacte social. On connaît la suite.

Cette confusion est une hérésie par rapport à la doctrine catholique.

Elle engendre un dérapage du religieux dans le conflictuel.

Dérapage évitable, de la part de chrétiens ? Sans doute. Mais il a souvent eu lieu. La nature humaine étant ce qu’elle est, il y a même des manières antichrétiennes de « défendre »  le christianisme, et des façons hérétiques de « défendre » l’orthodoxie catholique. Déguiser en « christianisme » des instincts tribaux en est une.  (On ne naît pas chrétien, on le devient).

C’est donc de cela  – entre autres –  que Jean-Paul II a fait repentance à Dieu lors du jubilé du deuxième millénaire. Je ne vois pas qu’on puisse le lui reprocher, sauf si l’on est soi-même dans la confusion entre « identité » close et appartenance au Christ. C’est une confusion funeste. La prolonger contrecarrerait la nouvelle évangélisation.

 

P.P.

 

 

 

 

Commentaires

PEUT-ÊTRE VRAI

> Merci de cet éclairage inattendu mais peut-être vrai. Les "chefs d'Etat chrétiens" (?) ont un peu trop souvent maquillé en décisions religieuses leur realpolitik, ou leur politique irréelle : voir Louis XIV et l'édit de Nantes (de quoi donc se mêlait Sa Majesté ?). Certains ont jeté le masque d'ailleurs, témoin l'infect Léopold II et son discours aux missionnaires, à hurler, plein de mépris envers l'évangile et leur intimant l'ordre de "servir surtout les intérêts de la Belgique" en maintenant les Congolais dans la résignation. Un texte à faire froid dans le dos, qui fait un peu mieux comprendre ce qui arriva par la suite.
Quant aux relations chrétiens-juifs, allez voir un peu sur le Net les réactions à la mort de Lustiger, vous y trouverez de drôles de choses grinçantes. Il y en a qui ont du béton entre les oreilles, chez les catholiques "du bois de la porte" comme disait Chaunu.

Écrit par : paolo | 13/08/2007

UNE CONFUSION QUI CONTINUE

Bonsoir,
J'apprécie votre réflexion sur "la confusion entre foi religieuse et convention sociale" et le lien que vous faites entre cette confusion et "des manières antichrétiennes de « défendre » le christianisme".
Au-delà de la question du Judaïsme et de l'ancienne situation de "Chrétienté", je pense que cette confusion continue à faire beaucoup de tort à l'Eglise catholique et à l'évangélisation. Car envers les "Gentils" aussi, et même dans une Eglise qui devient minoritaire, la bien-pensance et la suffisance des catholiques - comment les qualifier ? vous récuserez autant "de droite" que tradi, pharisiens ou versaillais, et vous aurez sans doute raison de récuser. Et pourtant comme on se sent méprisé par ces catholiques très "comme il faut" quand on n'est pas de ce milieu.
Il y a les chrétiens "autorisés", et puis il y a la masse des sans papiers, des sans quartiers...
Ce n'est pas nouveau, mais ce n'est pas non plus dépassé.
Etonnamment.

Écrit par : Christine | 14/08/2007

UN ENTRETIEN FONDAMENTAL DU CARDINAL AVEC LA PRESSE ISRAELIENNE

www.un-echo-israel.net/article.php3?id_article=4714 -

Écrit par : Christine | 16/08/2007

ANTI-FATALISME

> On lira toujours beaucoup de choses agressives et blessantes. Ce n'est pas d'hier. Caïphe sévit toujours dans les prétoires selon que l'on est riche et puissant ou pauvre et isolé.
Le débat judéo-chrétien est né avec le christianisme. Il est même peut être né avant dans le délitement du judaïsme. Les premiers chrétiens étaient des juifs. Les apôtres étaient esséniens (Jean), zélotes (Judas), etc. C'est saint Paul qui l'a initié avec le "concile de Jérusalem".
Marek Halter sacrifie au sirènes de la renommée. En oubliant que le christianisme est ontologiquement sémite il nie son propre héritage. Ce n'est pas nouveau non plus.
Il y a ceux qui regardent derrière eux et ceux qui regardent devant. Il y a ceux qui regardent le bout de leurs chaussures et ceux qui regardent le ciel. Il y a deux façons de voir les choses, une façon rigide et frileuse qui engendre l'immobilisme et une façon positive et constructive porteuse d'espérance.
Son Eminence le Cardinal Jean Marie Lustiger est une personne rare qui avait opté pour la deuxième façon de voir et de vivre.
Le christianisme ne pose pas un problème en tant que religion. Le problème qu'il pose est qu'il est incompatible, dès le début, avec les apparences sociales qui nous entretiennent dans la fatalité qu'on ne peut que subir, comme les molécules d'eau, l'attractivité terrestre, suivre la ligne de plus grande pente et se laisser entrainer vers le bas. Le christianisme prêche le contraire.
Rester figé sur ses positions, dans ses certitudes, c'est encore une fois démontrer son fatalisme. Tout le contraire de Jean Marie Lustiger.

Écrit par : Qwyzyx | 16/08/2007

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