31/07/2007
Réponse à Paul Thibaud, 2 : votre article aurait affligé Emmanuel Mounier
Post-scriptum à la note du 26.07 :
Pardon d'insister, Paul Thibaud, et d'avoir l'air de vous chercher querelle. Ce n'est pas le cas. Mais tout de même ! Vous avez été le directeur de la revue Esprit, fondée par Emmanuel Mounier. Force est de constater que le conformisme (le « religieusement correct ») de votre article du Monde aurait affligé Mounier. Dès les années 1930, celui-ci dénonçait le conformisme de la société de masse. Ce conformisme s’est amplifié de façon exponentielle à la fin du XXe siècle, s’inféodant au « matérialisme mercantile » (Jean-Paul II) et s’étendant à tous les domaines, y compris le spirituel. Ses caractéristiques sont :
a) l’abolition de toute transcendance,
b) l’impossibilité de tout débat,
c) la pensée unique, ou pensée zéro, qui impose une conception unidimensionnelle de l’avenir.
Or - et l'on est navré de devoir le dire - votre article :
a) confond le théologique et le magique (confusion qui ressemble beaucoup à un rejet de la transcendance) ;
b) nie objectivement à l’Eglise catholique le droit d’avoir ses propres façons de voir (il rejette donc le débat) ;
c) accepte l’idéologie dominante comme horizon indépassable (on est donc dans l’unidimensionnel).
Vos lecteurs constatent avec regret que l’ex-directeur d’Esprit contredit, dans cette mesure et dans ce domaine, le fondateur d’Esprit.
10:10 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : Paul Thibaud, Benoît XVI, Eglise catholique, catholicisme, christianisme
Commentaires
DERIVE
> Les postchrétiens d'aujourd'hui ont dérivé très loin du personnalisme de naguère. Ils continuent à donner des leçons à l'Eglise catholique alors qu'en fait ils s'en sont retirés moralement, intellectuellement et spirituellement.
Il y a un détail particulièrement pervers dans la présentation de l'article du "Monde" : Thibaud le signe comme "président des Amitiés judéo-chrétiennes". Manière subliminale de faire croire au lecteur que les chrétiens qui dialoguent avec le judaïsme désapprouvent Benoit XVI (puisque leur président, Thibaud, le désapprouve) ! Il faudrait pour cela que Thibaud parle au nom du christianisme (ce n'est pas le cas dans cet article). Et il faudrait admettre que la bonne façon catholique de dialoguer avec le judaïsme, c'est de nier la théologie et l'ecclésiologie catholiques... On voit la manoeuvre. Elle n'est pas honnête. Et si Thibaud cherche à faire croire aux juifs que l'Eglise de Benoît XVI n'est pas leur amie, c'est spécialement mensonger.
Écrit par : Simon Rédé | 31/07/2007
VRAI ET FAUX HUMANISME
(ce commentaire est destiné en fait au dernier paragraphe de la note sur Michel Serrault)
> Humanisme OUVERT ou bétonné ? L'humanisme bétonné joue à guichets fermés avec des oripeaux reluisants, reluisants de suffisance, d'hypocrisie, de perfection formelle, de goujaterie, de forfanterie... et fait de la megaudience... même au Lido.
Mounier ? Anouilh ? Bergson ? Serrault ? Montaigne ? Claudel ? et les autres...
Bon etc.
Merci Patrice !
Écrit par : Gérald | 01/08/2007
HENRI TINCQ
> Bravo pour votre blog. Dans le genre subversif, il me semble que la série d'été d'H Tincq n'est pas mal non plus. 3 articles (pour l'instant) sur les croisades, le sac de Constantinople et l'expulsion des juifs d'Espagne mettent l'accent sur des faits néfastes des royaumes chrétiens. Les faits historique sont là, ne les nions pas. Mais les sujets traités (uniquement en défaveur des royaumes chrétiens) et la vision du journaliste donne une image peu glorieuse de notre histoire et des chrétiens. Et toujours la même réponse de notre part : "Seigneur pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font"..
françois
[De PP à F. - On peut penser que Tincq sait ce qu'il fait, et qu'il a conscience de juger d'époques très lointaines selon des critères d'aujourd'hui, ce qui est l'inverse d'un travail d'historien. C'est la monomanie des "prescripteurs d'opinion" en Europe occidentale : le procès au passé lointain et aux mondes disparus. Cela dit, les fautes et crimes du passé ont bel et bien existé, et Jean-Paul II en a demandé pardon à Dieu en l'an 2000 ; ne tombons pas dans l'hérésie pure et simple qui consisterait (sous prétexte que l'Eglise en tant que sacrement est de nature sainte) à voiler ou à excuser des forfaits commis par des chrétiens ! Ce serait injecter du paganisme dans l'attitude catholique... "Right or wrong, my country" est un axiome bon pour des colloques d'ultra-droite, mais pas dans l'Eglise catholique.]
Cette réponse s'adresse au commentaire
Écrit par : François | 03/08/2007
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