24/05/2007
Pédophilie / Eglise : une mise au point et un commentaire
"Fab" nous fait part de cette mise au point - Elle est suivie de notre commentaire :
> Sur ce sujet, il faut absolument se reporter à la vaste enquête menée par le John Jay College of Criminal Justice sur plus de 1000 cas et qui se trouve à l'adresse suivante : http://usccb.org/nrb/johnjaystudy/
On y découvre que les cas d'abus sexuels par des prêtres aux Etats-Unis ressemblent à ceci : bien que révélés en 2002 en majorité, ils ont eu lieu dans les années 1970, perpétrés par un prêtre de 35 ans en moyenne, sur un jeune garçon ( 81% des cas) âgé de 13 ans ou plus pour moitié, sans qu'il n'y ait eu ni violence physique, ni menace psychologique (86% des cas).
Pour mémoire, il y eut en France dans les années 1970 un procès envers plusieurs hommes (non prêtres) d'une trentaine d'années pour abus sexuels sur des garçons de 12-13 ans. Lorsqu'ils furent condamnés, une pétition prenant leur défense circula, arguant qu'il n'y avait eu aucune menace pour obtenir ces relations sexuelles, et que de telles relations, dans ces conditions, devaient êtres dépénalisées. Cette pétition fut publiée par le journal Le Monde. Parmi les signataires, quelques hommes politiques toujours en fonction aujourd'hui, et beaucoup d'intellectuels de la mouvance gay d'alors.
Fab
Commentaire
M 1. Pour évaluer un problème, il faut d’abord le situer dans son contexte : ce que fait la mise au point de Fab. (On aimerait la faire lire au journaliste du Figaro, s’il lui arrive de s’informer autrement que par la télé). Ensuite, il faut examiner toutes les dimensions de l’affaire. S’agissant de catholiques en général, la pédophilie est un double crime : sur le plan pénal et sur le plan de l’éthique chrétienne. Et s’agissant de prêtres, le crime s’aggrave encore sur le plan religieux : c’est un contre-témoignage atroce, et une trahison envers le Christ (auquel le prêtre catholique est « configuré », dit la théologie).
2. D’où est venue la pédophilie parmi le clergé américain, irlandais et (beaucoup moins) français, durant les années 1970 ? Faut-il incriminer la crise de l’identité sacerdotale, née de la tempête postconciliaire et dans le climat d’érotomanie post-68 ? Répondre à cette question serait présomptueux faute de données. Une chose est certaine : des prêtres ont été impliqués, ce qui est atroce. Le clergé ne fut pas seul atteint (la pédophilie a sévi autant dans tous les milieux), mais ce n’est pas une excuse, et plusieurs évêques ont fauté en escamotant les coupables plutôt que de les mener à se dénoncer. Certains ont feint de croire que c’était moins grave qu’autre chose. Non, ce n’était pas « moins grave » ! L’Eglise en paie le prix aujourd’hui. Les dégâts dans le grand public sont gigantesques. Les médias enveniment le problème mais ne l’ont pas inventé.
3. L’air du temps dit que l’éthique sexuelle catholique est « un refoulement », « donc une cause de comportements comme la pédophilie ». C’est doublement inexact, dans la mesure où : a) l’éthique sexuelle catholique n’est pas un refoulement ; b) la pédophilie ne naît pas de l’existence de normes, mais de tout autres causes.*
4. Si quelqu’un est conscient de la gravité rétrospective de la vague de pédophilie de la fin du XXe siècle, et de ses effets dramatiques sur le catholicisme occidental, c’est bien le pape Ratzinger. Ses paroles et ses actes à ce sujet sont sévères. Des « journalistes » londoniens (et des militants gauche-bobo en Italie) lui cherchent querelle faussement à ce sujet. Il est donc juste de rétablir la vérité des faits, comme nous le faisons ici ; on ne peut qu’approuver Benoît XVI quand il dit, par exemple aux évêques irlandais, que les affaires de pédophilie furent d’une gravité terrible.
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(*) Le passage à l’acte est d’ailleurs facilité par le déclin des normes dans la société, plutôt que par l’existence de celles-ci. (D’où peut-être l’explosion pédophile des années 1970 ?).
08:55 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : Eglise catholique, Benoît XVI, catholicisme, christianisme, pédophilie, 1968
Commentaires
MILITANTS
> L'un ou l'autre des signataires de ces fameuses pétitions est aujourd'hui membre du gouvernement français. Dans les années 70 on a laissé entrer au séminaire et ordonné prêtre, dans les pays anglo-saxons, des militants de la cause gay bien décidés à ne pas s'interroger, ni se laisser interroger, sur cet aspect de leur vie.
Écrit par : BH | 24/05/2007
HEUREUSEMENT
> Heureusement en Italie des voix se lèvent pour démasquer cette nouvelle manoeuvre qui montre avec évidence comment les médias sont dans les mains et au service d`une idéologie minoritaire mais hélas dominante.
Pour ceux qui lisent l`italien je signale l`article de M. Introvigne qui démonte cet édifice construit sur et avec du sable dans la seule intention de nuire à Benoît XVI
http://www.cesnur.org/2007/mi_05_22a.htm
Écrit par : Luisa Buhler | 24/05/2007
TERRIBLE
Je partage votre appréciation: les dégâts sont immenses en terme de crédibilité et d'amabilité de l' Eglise...terrible contre-témoignage...
On peut ajouter à ce que vous dites qu' à ma connaissance , il est très remarquable qu' il n'y ait pas (ou fort peu, moi, je n'en connais pas) d'affaires de pédophilie chez les prêtres traditionalistes: indice puissant de ce que c'est plutôt le laxisme que la rigueur qui est cause de ce laisez-aller.
On peut nuancer en précisant qu' il s'agit d' un laisser-aller totalement inadmissible objectivement mais compréhensible subjectivement à cause de la puissance de l'instinct sexuel dans sa phase pulsionnelle.
Dans mon exercice professionnel j' ai eu à connaître de l'affaire d' un prêtre ayant pratiqué sur d'assez longues années des attouchements occasionnels sur des jeunes qui lui étaient confiés (plutôt des garçons)...il est apparu qu' il ne faisait plus que de l'humanitaire et non plus du religieux, et qu' il ne se confessait jamais ( il n'avait jamais parlé à quiconque de ces passages à l'acte qui le faisaient pourtant tant souffrir, alors que la confession l'aurait obligé à affronter et aidé à surmonter progressivement cette faiblesse)
Écrit par : Vicenzo | 24/05/2007
AUCUNE EXCUSE
> Il n'y a absolument aucune excuse a de tels agissements et surtout lorsqu'il s'agit de prêtres.
C'est abominable. Ils trahissent le Christ et ils trahissent tous les fidèles de l'Eglise. Le clergé se doit d'être exemplaire.
Effectivement le clergé traditionnel n'est pas pour l'instant affecté par de tels péchés. Cela prouve que
là où le célibat est le plus strict, les dérives sont nulles. Donc aucun rapport de cause à effet, bien au contraire!
D'autre part, le plus l'Eglise sera exigente, le plus elle témoignera avec efficacité.
Écrit par : Gentil Loup | 25/05/2007
FAIBLESSE HUMAINE
> Les circonstances du passage à l'acte d'un prêtre sont mystérieuses, et on ne peut que s'interroger sur deux choses :
- quel a été le degré de discernement des supérieurs du séminaire face à un jeune qui peut être très perturbé dans sa vie affective ou avoir subi des traumatismes profonds sur lesquels il serait peut-être opportun de se renseigner ?
- Et également la notion de solitude. Loin de moi l'idée qu'il faut pour autant marier les prêtres ! Il y a plus de pédophiles chez les gens qui ont une vie conjugale ou "maritale" que chez nos clercs. Mais un curé, écrasé de travail, doit se trouver profondément isolé s'il ne fait pas l'objet d'un accompagnement permanent de la part de son évêque, du vicaire général, etc. Une sorte de "management" spirituel, qui prendrait avantageusement la place de l'humanitaire bêta qu'on leur assène à longueur d'année.
Vaste débat, qui n'excuse en rien les faits commis, mais qui doit amener à réfléchir sur la manière d'entourer nos prêtres.
En ce qui concerne les prêtres traditionalistes, la réponse n'est elle pas plutôt dans leur très faible proportion dans le clergé français ? Car la faiblesse humaine est la même partout ! Bien sûr une solide formation, doublée d'une vie spirituelle plus charpentée, est sans doute une explication tout aussi valable.
Merci de cette analyse qui contribue à remettre en place les choses, sans s'arrêter aux élucubrations de la presse dite conservatrice !
Écrit par : Edouard | 25/05/2007
UN BEMOL
> Enquête et commentaire très intéressant. Cependant je voudrais mettre un bémol sur les commentaires de Vincenzo et Gentil Loup.
"On peut ajouter à ce que vous dites qu' à ma connaissance , il est très remarquable qu' il n'y ait pas (ou fort peu, moi, je n'en connais pas) d'affaires de pédophilie chez les prêtres traditionalistes: indice puissant de ce que c'est plutôt le laxisme que la rigueur qui est cause de ce laisez-aller."
"Effectivement le clergé traditionnel n'est pas pour l'instant affecté par de tels péchés. Cela prouve que
là où le célibat est le plus strict, les dérives sont nulles. Donc aucun rapport de cause à effet, bien au contraire".
Je trouve que faire cette délimitation est dangereuse.
Il y aurait d'un côté des "purs", de l'autre des "laxistes".
C'est dangereux pour au moins deux raisons :
- d'abord parce que cette vision réductrice de deux camps porte atteinte à l'unité et donc à l'évangélisation,
- d'autre part et pour reprendre l'expression consacrée"comme le disait ma grand-mère","un pur trouve toujours un plus pur qui l'épure". Les hommes restent des hommes quelque soit leur état. Et, pour étayer cela, je connais au moins deux cas certains de prêtres, peu suspects de "progressisme" qui se sont trouvés dans ce cas.
Personnellement, je suis franchement lassé de cette vision "clanique" de la chétienté en France.
Écrit par : le pivain olivier | 25/05/2007
PAS DE PURITANISME
> Effectivement, il faut que l'Eglise et nous autres, catholiques, retrouvions le sens de l'exigence. Nous vivons dans une époque où la seule exigence (le seul devoir?) est de satisfaire tous nos désirs, toutes nos pulsions, sans limites, ou presque. Mais attention, retrouver ce sens de l'exigence ne doit surtout pas nous faire revenir à un puritanisme rigoureux ou à un ritualisme formel et intangible. Relisons Jean-Paul II, par exemple "amour et responsabilité". L'exigence de l'amour conjugal est sans concession, mais ce n'est pas une relation puritaine. Cela rejoint le passage sur l'enfant prodigue dans le livre de Benoît XVI que cite Patrice de Plunkett. Il faut retrouver l'exigence de l'amour et pas la rigueur de la loi.
Écrit par : Vf | 25/05/2007
LE PRIX
> La question n'est pas de dire qu'il y a les purs et les non purs. Il se trouve que dans la période de laxisme des années 60 et 70, ont été encouragées pour des raisons idéologiques des vocations de prêtre à tendance homosexuelle (c'était dans le vent). Bien évidemment, ces vocations n'étaient pas encouragées dans les milieux traditionalistes.
On en paie aujourd'hui le prix.
Les médias qui accusent tant l'Eglise sur ce sujet feraiENt mieux de regarder les origines de ces actes de pédophilie, qui est tout simplement le programme libertaire contre la tradition de l'Eglise, programme qu'ils défendent toujours en traitant l'Eglise de réactionnaire dans le domaine du sexe !!!
Écrit par : Ludovic | 27/05/2007
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