Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/05/2007

En lisant le livre de Benoît XVI (3)

medium_neusner_1_.jpgLe pape et le rabbin, au coeur du dialogue entre le christianisme et le judaïsme :

m

m

m

< rabbi Jacob Neusner.


 

 

Avec simplicité et clarté, le livre de Benoît XVI prend un à un les préjugés de l’air du temps et montre leur absence de fondement. Par exemple l’idée (ressassée par les médias) selon laquelle la foi chrétienne a été inventée par des goyim qui ne connaissaient rien au judaïsme ; et que, par conséquent, il n’y a pas de dialogue théologique possible entre les chrétiens (croyants) et les juifs (croyants) d’aujourd’hui… Dans son chapitre 4, le livre Jésus de Nazareth montre le contraire.

 

Il s’appuie sur l’ouvrage remarquable A rabbi talks with Jesus*, dans lequel le rabbin Jacob Neusner s’approche au plus près de Jésus dans les évangiles. Le rabbin explique : a)  qu’il ne peut adhérer à la personne et à la pensée de Jésus, b) parce que cette personne et cette pensée, quoiqu'intrinsèquement juives, le sont  d’une façon qui met en question la communauté d’Israël.

 

Neusner et Benoît XVI apportent un enrichissement passionnant à la question du « procès à Jésus » fait par les chefs religieux de Jérusalem au Ier siècle. On comprend l’immense gravité de ce que ces chefs reprochent à Jésus sur le plan théologique : le condamner est légitime à leurs yeux, puisqu’il n'a cessé de parler comme s’il était Dieu ! En fins connaisseurs de la religion juive antique, le rabbin et le pape montrent que ce message (qui révolte les chefs religieux) est constamment sous-entendu par les propos les plus simples de Jésus dans les évangiles...

 

Donc :

 

1. Le « Jésus de l’histoire » et le « Christ des chrétiens » sont bien une seule et même personne. Ceux qui disent le contraire ne le font qu’en écartant les paroles de Jésus : ce qui revient à écarter... le matériel de l’enquête.  Leur démarche se discrédite elle-même.

 

2.  Ce qui unit les juifs religieux et les croyants chrétiens est tellement crucial  que  c’est  aussi ce qui les divise !  Jésus dans les évangiles se présente comme étant en personne la nouvelle Torah. Et comme étant lui-même le chabbat : raison pour laquelle le dimanche de sa résurrection deviendra pour les chrétiens le nouveau « Jour du Seigneur »** (chose dont Fabrice Hadjadj a exposé les résonances essentielles dans son intervention à Notre-Dame d’Auteuil, le 13 mai***). Mais le chabbat est un pilier du judaïsme, et celui-ci a rejeté l’évolution qu’apportait Jésus…

 

Entre juifs et chrétiens, la question théologique ne peut donc être esquivée (comme on essaie de le faire un peu partout aujourd’hui… au nom du « dialogue » ; un dialogue qui n'aborderait pas l'essentiel). Le dialogue ne peut se faire que dans la vérité des deux côtés. Les chrétiens qui veulent dialoguer doivent assumer pleinement leur Credo, sinon ils ne parleront pas d'une chose cruciale : ce qui unit/divise  la foi chrétienne et le judaïsme.

 

 

_______

(*)  Montréal, 2000.

(**)  D’où la p. 134  de Jésus de Nazareth, où Benoît XVI qualifie d’ « inquiétant » le fait que des catholiques d’aujourd’hui veuillent « écarter la fonction sociale du dimanche ».  J’ai connu des catho de droite partisans de l’ouverture de tous les commerces le dimanche ; ces gens-là ne voyaient que « les intérêts de l'entreprise bafoués par le socialo-communisme ». Ils ne se rendaient pas compte qu’en parlant ainsi, ils rejetaient les deux Testaments.

(***) L’autre intervenant était le P. Hennique (ND de Paris et pastorale diocésaine).  J’avais l’honneur d’animer le débat.

 

Commentaires

RACINES

> Béni soit l'Eternel toujours fidèle à son peuple !
Notre foi est d'abord Dieu Lui-même qui prend corps, sang et âme dans un temps précis de la culture juive et si nous avons honte ou mutisme de nombreuses racines juives, notre christianisme -ou plus exactement un certain visage plus ou moins voilé du Christ qui devrait se pressentir à travers tout vrai disciple quelque soit sa confession- est nécessairement anémié...
Jésus est juif, Marie est juive, leur fils (aux yeux des hommes) est juif, les apôtres sont juifs, Paul ....
Béni soit l'Eternel dans son peuple et le peuple de la foi !

Écrit par : Gérald | 19/05/2007

DE QUI

> petite interrogation, je pense qu'une erreur s'est glissée dans le commentaire de gérald: "Racines", quand il dit que leur fils est juif. Le fils de qui ?
Par ailleur, merci pour votre blog.

Écrit par : JP Estivals | 20/05/2007

DE QUI

> petite interrogation, je pense qu'une erreur s'est glissée dans le commentaire de gérald: Racine, quand il dit que leur fils est juif, le fils de qui ?
Par ailleur, merci pour votre blog.

Écrit par : JP Estivals | 20/05/2007

Merci JP,
Joseph est juif, etc.

Écrit par : Gérald | 21/05/2007

RACINES JUIVES

> On dit même que les 5000 premiers chrétiens étaient tous ou presque tous juifs.
Plusieurs papes depuis plus de cinquante ans, n'on pas craint d'affirmer que nous, catholiques, nous sommes des sémites. Et il est très important de le reconnaître. Il faut en vivre pour mieux comprendre la spiritualité fondamentale de notre Église qui jaillit de notre sainte liturgie qui est bel et bien d'origine juive.

R. Beaugrand-Champagne

[De PP à RBC - Après de très nombreux autres travaux (mais avec l'acquis des découvertes récentes), le livre de Benoît XVI souligne que toutes les racines du christianisme sont dans le judaïsme. Les évolutions ultérieures n'ont rien changé à cette donnée essentielle.]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : R. Beaugrand-Champagne | 22/05/2007

Les commentaires sont fermés.