Airbus, Alcatel-Lucent : les politiques ne peuvent plus empêcher de pareilles bombes en pleine campagne électorale

...et c'est un signe :

 

 

 

 

Les politiques se jettent mutuellement à la face la catastrophe d’Airbus. Tous proclament leur compassion envers le sort des futurs licenciés. Chez les experts, la tendance dominante est d’incriminer  « les nationalismes » : en clair, la sauvegarde des intérêts nationaux. (D’après Jean Pierson, patron d’Airbus jusqu’en 1998 et artisan de son succès initial, il faut au contraire une phase de « remise à plat » dans le cadre national pour reconstruire une entreprise européenne sur des bases plus saines). Quant aux médias, pour qui l’idée même d’« intérêts nationaux » est obscène,  leur analyse est plus fruste : si la gestion d’Airbus va si mal, selon eux, c’est parce que « les politiques » s’en mêlaient. Sous-entendu : tout irait mieux si l’on ne péchait pas, c’est-à-dire si on laissait Airbus à une logique de multinationale : a) construisant ses avions en Asie,  b) ouverte à l'idée de se faire racheter après-demain par les Indiens ou les Chinois.

 

Une chose est sûre : on n’avait encore jamais vu une affaire aussi calamiteuse éclater en pleine campagne électorale. (Ce qui suggère que les politiques n’ont pas la main sur Airbus autant qu'on le dit). Le scandale Alcatel-Lucent a explosé avec la même inopportunité. Ce n'est pas surprenant. Et ce sera de plus en plus comme ça, tant que régnera le "modèle global", comme dit Benoît XVI... La logique économique, dictée par la globalisation financière, ne s’encombre plus de précautions et de délais. Elle ignore les petites considérations de pays. Les élections, les emplois, tous ces trucs minables, elle s’en fout  – à supposer qu’une machine puisse éprouver un sentiment.  Reste à savoir l’effet que cela aura dans les urnes, en France.