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02/03/2007

Le discours de Benoît XVI à la Suisse

Le Centre romand des vocations  (liens propose à la réflexion le « discours à la Suisse » de Benoît XVI, lors de la visite des évêques helvétiques  au  Vatican,  en novembre dernier. Ce discours concerne toute l'Europe :


<<  Résumé :

 

 >  La foi est la chose la plus importante. Etre co-croyants avec l’Eglise, avec la foi du Credo.

>  La formation théologique des futurs prêtres est capitale, en vue de l’annonce de l’événement du Christ. La foi n’est pas une idée, mais une personne.

>   Célébrer la messe de l’Eglise et pas s’auto-célébrer. S’ouvrir au don...

>  Redécouvrir la confession individuelle comme "une rencontre émouvante avec l’amour du Christ".

>  Garder l’unité de l’unique Eglise, avec Pierre et les évêques.

>  Dans la priorité pour l’oecuménisme, bien que le partage de tous les sacrements ne soit pas encore possible, s’engager dans des rapports personnels d’estime pour garder ensemble l’héritage chrétien en Europe.

 

EXTRAITS DU DISCOURS DE BENOIT XVI :

Primauté de la foi

<< Dans mon homélie, j’ai cherché à dire que, dans toute notre époque tourmentée, la foi doit vraiment avoir la priorité. Deux générations auparavant, celle-ci pouvait être présupposée comme quelque chose de naturel : on grandissait dans la foi ; d’une certaine manière, elle était simplement présente comme une partie de la vie et ne devait pas être recherché de façon particulière. Elle avait besoin d’être façonnée et approfondie, elle apparaissait cependant comme une chose évidente. Aujourd’hui, c’est le contraire qui apparaît naturel, c’est-à-dire qu’au fond il n’est pas possible de croire, et qu’en fait Dieu est absent. Dans tous les cas, la foi de l’Eglise semble quelque chose qui appartient à une passé lointain. Ainsi, des chrétiens actifs ont également l’idée qu’il convient de choisir pour soi, dans l’ensemble de la foi de l’Eglise, les choses que l’on considère encore aujourd’hui comme "défendables". Et surtout, on s’efforce d’accomplir à travers l’engagement pour les hommes pour ainsi dire, également son propre devoir envers Dieu. Cela est cependant le début d’une espèce de " justification à travers les oeuvres ". l’homme se justifie lui-même, ainsi que le monde dans lequel il exerce ce qui semble clairement nécessaire, mais il lui manque la lumière intérieure et l’âme de tout. C’est pourquoi, je crois qu’il est important de prendre à nouveau conscience du fait que la foi est le centre de tout chose - "Fides tua te salvum fecit" dit le Seigneur à plusieurs reprises à ceux qu’il a guéris. Ce n’est pas le contact physique, ce n’est plus le geste extérieur qui décide, mais le fait que ces malades ont cru. Et nous aussi, nous ne pouvons servir le Seigneur de manière vivante que si la foi devient forte et devient présente dans son abondance.

Dans ce contexte, je voudrais souligner deux points cruciaux.

Le Christ est pour ainsi dire physiquement avec nous

Premièrement : la foi est surtout la foi en Dieu. Dans le christianisme, il ne s’agit pas d’un énorme fardeau de choses différentes. mais tout ce que dit le Credo et que le développement de la foi a accompli existe un uniquement pour nous faire apparaître plus clairement le visage de Dieu. Il existe et Il vit ; nous coyons en Lui ; c’est devant Lui, vers Lui, en étant-avec Lui et de Lui que nous vivons. Et en Jésus-Christ, Il est, pour ainsi dire physiquement avec nous. Cet aspect central de Dieu doit, selon moi, apparaître de manière complètement nouvelle dans toute notre façon de penser et d’agir. C’est cela qui anime les activités qui, dans le cas contraire, peuvent facilement tomber dans un simple activisme et devenir vaines. Telle est la première chose que je voudrais souligner : que la foi est en réalité décidément orientée vers Dieu, et qu’elle nous pousse nous aussi à regarder vers Dieu et à nous mettre en mouvement vers Lui.

Nous sommes co-croyants, avec l’Eglise

L’autre chose est que nous ne pouvons pas nous-mêmes inventer la foi en la composant avec des morceaux "défendables" mais que nous croyons avec l’Eglise. Nous ne pouvons pas comprendre tout ce qu’enseigne l’Eglise, tout ne doit pas être présent dans chaque vie. Il est cependant important que nous soyons co-croyants dans le grand Moi de l’Eglise, dans son Nous vivant, nous trouvant ainsi dans la grande communauté de la foi, dans ce grand sujet, dans lequel le Toi de Dieu et le Moi de l’homme se touchent vraiment ; dans lequel le passé des paroles de l’Ecritures Sainte devient présent, où les temps se pénètrent réciproquement, où le passé est le présent et , s’ouvrant à l’avenir, laisse entrer dans le temps la splendeur de l’éternité, de l’Eternel. C’est cette forme complète de la foi, exprimée dans le Credo, d’une foi en et avec l’Eglise comme sujet vivant, dans laquelle le Seigneur agit - cette forme de la foi que nous devrions chercher à placer véritablement au centre de nos activités.

Nous le voyons également aujourd’hui de manière très claire : le développement, là où il a été promu de manière exclusive sans nourrir l’âme produit des dommages. Alors, les capacités techniques s’accroissent en effet, mais de celles-ci naissent surtout de nouvelles possibilités de destruction. Si en même temps que l’aide en faveur des pays en voie de développement, en même temps que l’apprentissage de tout ce que l’homme est capable de faire de tout ce que son intelligence a inventé et que sa volonté rend possible, son âme n’est pas également illuminée et que la force de Dieu n’arrive pas, on apprend surtout à détruire. C’est pour cela, je le crois, que la responsabilité missionnaire doit à nouveau devenir forte en nous. : si nous sommes heureux de notre foi, nous nous sentons obligés d’en parler aux autres. C’est de Dieu que dépend ensuite la façon dont les hommes pourront l’accueillir.

L’Education catholique

 

La formation théologique

Une chose qui, je le pense, suscite en nous tous une "préoccupation" dans le sens positif du terme est la formation théologique des futurs prêtres et des autres enseignants et annonciateurs de la foi doit être soignée ; nous avons donc besoin de bonnes Facultés de théologie, de grands séminaires adaptés et de professeurs de théologie compétents qui transmettent non seulement des connaissances, mais qui forment à une foi intelligente, de façon à ce que la foi devienne intelligence et l’intelligence devienne foi. A ce propos, je forme un voeu très spécifique.

[...]

L’autre thème est la catéchèse qui, depuis une cinquantaine d’années, a d’une part, accompli de grands progrès méthodologiques mais, de l’autre, s’est cependant beaucoup perdu dans l’anthropologie et dans la recherche de points de référence, si bien que l’on ne rejoint souvent même plus les contenus de la foi. Je peux le comprendre : même à l’époque où j’étais vice-curé _ il y a donc 56 ans - il était déjà très difficile d’annoncer la foi dans l’école pluraliste, avec de nombreux parents et enfants non croyants, car celle-ci semblait être un monde totalement étranger et irréel. Aujourd’hui, naturellement, la situation s’est encore aggravée. Toutefois, il est important que dans la catéchèse qui s’exerce dans les milieux de l’école, de la paroisse, de la communauté etc. la foi continue à être pleinement valorisée, c’est-à-dire que les enfants apprennent vraiment ce qu’est la "création", ce qu’est "l’histoire du salut" réalisée par Dieu, qui est Jésus Christ, ce que sont les Sacrements, quel est l’objet de notre espérance... Je pense que nous devons tous, comme toujours, nous engager profondément pour un renouveau de la catéchèse, dans laquelle le courage de témoigner sa propre foi et de trouver les façons afin que celle-ci soit comprise et accueillie est fondamental. Car l’ignorance religieuse a aujourd’hui atteint un niveau effrayant. Toutefois, en Allemagne, les enfants ont au moins effectué dix ans de catéchèse, ils devraient donc, au fond, connaître beaucoup de choses. C’est pourquoi nous devons certainement réfléchir de manière sérieuse sur nos possibilités de trouver des voies pour transmettre même de manière simple, les connaissances, afin que la culture de la foi soit présente.

L’Eucharistie et la Confession

 

Célébrer la messe de l’Eglise

L’année eucharistique, à ce propos nous a beaucoup apporté. Je peux dire que l’Exhortation post-synodale est à un bon point. Ce sera sûrement un grand enrichissement. En outre, nous avons reçu le document de la Congrégation pour le Culte divin à propos de la célébration correcte de l’Eucharistie, ce qui est très important. Je crois qu’à la suite de tout cela, peu à peu, il devient clair que la liturgie n’est pas une auto-manifestation de la communauté qui, comme on le dit, entre en scène à travers celle-ci, mais représente au contraire pour la communauté le fait de sortir de la condition d’"être elle-même" et d’accéder au grand banquet des pauvres, l’entrée dans la grande communauté vivante, dans laquelle Dieu lui-même nous nourrit. Ce caractère universelle de la liturgie doit entrer à nouveau dans la conscience de tous. Dans l’Eucharistie nous recevons une chose que nous en pouvons pas faire, mais nous entrons en revanche dans quelque quelque chose de plus grand qui devient nôtre, précisément quand nous remettons à cette chose plus grande, en cherchant à célébrer vraiment la liturgie comme la liturgie de l’Eglise.

[…]

Redécouvir la confession individuelle

Le deuxième thème que je voudrais aborder dans ce contexte, concerne le sacrement de la Pénitence, dont la pratique a progressivement diminué au cours des cinquante dernière années. Grâce à Dieu, il existe des cloîtres, des abbayes et des sanctuaires vers lesquels les gens se rendent en pèlerinage et où leur coeur s’ouvre et est également prêt à la confession. Nous devons vraiment apprendre ce sacrement à nouveau. Déjà du point de vue purement anthropologique, il est important d’une part de reconnaître la faute et de l’autre d’exercer le pardon. L’absence diffuse d’une conscience de la faute est un phénomène préoccupant de notre époque. Le don du sacrement e la Pénitence consiste donc non seulement dans le fait que nous recevons le pardon mais également dans le fait que nous nous nous rendons tout d’abord compte de notre besoin de pardon. De ce fait, nous sommes déjà purifiés, nous nous transformons intérieurement et nous pouvons ensuite également mieux comprendre les autres et les pardonner. La reconnaissance de la faute est quelque chose d’élémentaire pour l’homme - il est malade s’il ne la ressent plus - et l’expérience libératrice de recevoir le pardon est tout aussi importante pour lui. Pour ces deux choses le sacrement de la réconciliation est le lieu décisif de leur exercice. En outre, la foi devient une chose tout à fait personnel, elle ne se cache plus dans la collectivité. Si l’homme affronte le défi et, dans sa situation de besoin de pardon, se présente pour ainsi dire, sans défense devant Dieu, alors il fait l’expérience émouvante d’une rencontre tout à fait personnelle avec l’amour de Jésus Christ.

[...]

 

L’oecuménisme

 

 

Mgr Grab a déjà parlé des difficultés de l’oecuménisme ; c’est un domaine que je dois confier à votre coeur à tous. En Suisse, vous êtes quotidiennement confrontés à cette tâche qui est ardue, mais qui suscite également de la joie. Je pense que les rapports personnels dans lesquels nous nous reconnaissons et nous nous estimons les uns les autres de manière immédiate en tant que croyants et où, en tant que personnes spirituelles, nous nous purifions et nous nous aidons également mutuellement, sont importants. D’autres part, il s’agit - comme l’a déjà dit Mgr Grab - d’être les garants des valeurs essentielles, fondamentales, provenant de Dieu dans notre société. Dans ce domaine, tous ensemble - protestants, catholiques et orthodoxes - nous avons une grande tâche à accomplir. Et je suis heureux que cette conscience s’accroisse. En Occident, c’est l’Eglise qui est en Grèce qui, bien qu’ayant eu quelques problèmes avec les Latins, dit toujours plus clairement : en Europe, nous pouvons accomplir notre tâche seulement si nous nous engageons ensemble pour le grand héritage chrétien. Même l’Eglise qui est en Russie le constate toujours plus, et également nos amis protestants sont conscients de ce fait. Je pense que si nous apprenons à agir ensemble dans ce domaine, nous pouvons réaliser une bonne part d’unité également là où la pleine unité théologique et sacramentelle n’est pas encore possible...  >>