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24/02/2007

Le libéralisme totalitaire, expliqué au congrès du Vatican

D'où vient la pression, de plus en plus lourde, exercée au nom d'une pseudo "tolérance" :


 

ROME -  A la conférence de presse du congrès Conscience chrétienne et droit à la vie (23-24 février), remarquable explication de Mgr Jean Laffitte (Académie pontificale pour la vie) sur l’instrumentalisation de la notion de « tolérance » par les pouvoirs d’aujourd’hui :

 

 « L'acte de refuser en conscience d'obéir à une loi injuste se réalise aujourd'hui dans un contexte de ‘‘tolérance’’ idéologique qui n'est pas disposée à le supporter  […]  La société idéologiquement ‘‘tolérante’’ ne peut tolérer l'objection de conscience, car celle-ci échappe par quelque manière à son empire  […]  (Cette société) ne tolère pas l'idée qu'il y ait une vérité à chercher ; elle ne tolère pas qu'une telle vérité puisse avoir un caractère universel ; elle impose d’évacuer tout débat de fond. En effet, dans un débat de fond, les interlocuteurs peuvent n'être pas d'accord, mais ils ont en commun le désir d'une vérité valable pour toutes les parties du débat. Dans la société idéologiquement ‘‘ tolérante’’, on évacue la question de la recherche de la vérité et, ce faisant, on transforme le débat de fond en échange d'idées relatives. Chaque interlocuteur informe l'autre de ses propres idées et doit s'interdire de les considérer comme valables éventuellement pour l'autre. Elles cessent d'être des idées de fond. Il n'y a pas d'enjeu au débat ; [cette société] ne supporte pas les implications éthiques des idées de fond ; elle se place toujours au dessus des débats de fond et revendique le droit, le bon droit, de juger les parties en présence ; ce faisant, d'ailleurs, elle n'exerce pas de véritable arbitrage - ce qui s'entendrait d'un authentique pouvoir politique - car son attitude ‘‘tolérante’’ la situera toujours pratiquement du côté des positions […] les moins dérangeantes pour l'équilibre consensuel qu'elle prétend maintenir. […] En somme, la société ‘‘tolérante’’ impose une pensée unique. »

 

Mgr Laffitte indique comment sortir de cette impasse :  « La seule réponse au totalitarisme est philosophique : c’est l’affirmation de la dignité de l’homme comme vérité valide pour tous. Une telle attitude est authentiquement tolérante, si l'on peut dire, au sens classique : elle est respectueuse et patiente, mais elle ne se situe pas dans la tolérance idéologique, en ce qu'elle suppose et affirme une vérité universelle : la dignité de tout homme ».

 

D’où vient l’idéologie de la pseudo-tolérance aujourd’hui ? Objectivement, d’un état social issu du néolibéralisme (le « libéralisme totalitaire »*, dit Schooyans), qui ne reconnaît rien d'autre que les pulsions de l'individu consommateur : « La tolérance idéologique est toujours liée à une conception individualiste de la conscience morale, selon laquelle l’individu décide d’agir en totale autonomie. »


Selon Mgr Laffitte, l’objection de conscience exprime la liberté du croyant. Elle se structure selon 5 principes :

 « 1. Les lois divines priment ;

2. ce n'est que lorsque la loi humaine contredit formellement la loi divine que le croyant peut être dans la situation de désobéir ;

3. le témoignage est une transmission d'une vérité précise sur Dieu : enseigner au nom de Jésus;

4.  le témoignage est rendu possible par la force et l'aide de l'Esprit Saint ;

5. le croyant ne peut se dérober: l'objection est un devoir de conscience, justement parce que le Don de l'Esprit Saint lui est fait. »

 


Mgr Laffitte étudie sur le terrain le problème de l’IVG et de la dérive technobiologique, approuvée par la classe politique et les médias :   « Nous observons souvent l'existence d’un enchaînement des responsabilités dans le mal accompli. On le retrouve dans la question de l'avortement : préparation de la loi, lobbying auprès des mass media, œuvre du législateur avec diverses contributions de juristes, participation des députés qui votent les lois, mise en place des conditions matérielles qui encouragent et orientent les personnes, enfin exécution de l'acte, avec tous les aspects de coopération immédiate et médiate à l'action abortive »…

« Le cas de l'avortement est paradigmatique: l'idéologie qui l'a établi et encouragé […] a privé la société de toute possibilité de réfléchir sereinement sur la question fondamentale du statut de l'embryon, par crainte justement que ne soit remis en question ce choix législatif. Ce faisant, elle n'a plus la capacité de faire face éthiquement aux défis que représentent un certain nombre de pratiques médico-chirurgicales et de manipulations liées à la recherche biomédicale. Comment, et en vertu de quoi, pourrait-elle manifester une réserve de principe envers des procédés qui impliquent la destruction de plusieurs embryons, si elle n'a pas accepté jusqu'ici d'affronter objectivement le problème à propos de l'acte d'avorter ? ».

 

Mgr Laffitte diagnostique aujourd’hui « une volonté juridique d'évoluer vers l'abolition de ce droit de l'homme » (l’objection de conscience), avec cette raison invoquée : «l'objection exprimerait un moyen d'échapper à la loi, et elle violerait le principe de l'égalité de tous devant elle ».

 « S'accomplirait alors ce qui a été notre thèse de départ : la société de tolérance ne peut tolérer que s'exerce en son sein un droit d'objection de conscience, car elle n'est plus en mesure d'accepter en les honorant les valeurs supérieures qui s'expriment en son sein ».

 

(Source : ZENIT)

____

(*)  Michel Schooyans, La dérive totalitaire du libéralisme, Mame 1995.  Un classique. A lire et relire, pour comprendre que les problèmes actuels ne viennent pas des mêmes causes qu’autrefois !

 

 

 

Commentaires

> Très bonne analyse en effet, sur un concept clé de la subversion des esprits. Cf. l'analyse qui en est donné sur http://www.hermas.info/article-5892131.html

Écrit par : gerson | 05/03/2007

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