19/02/2007
Abeilles contre multinationales : l'environnement dans la campagne (présidentielle)
Ce matin à France Inter :
Ce blog n’est en faveur d’aucun candidat. Mais il a pour vocation de parler de l’actualité : c’est un blog de journaliste. Et la campagne présidentielle est en première ligne ; le phénomène Bayrou, par exemple, suscite vos réactions et vos interrogations. Il n’y a pas que lui. Ce matin à France Inter (émission Morant), c’était Villiers… Pourquoi signaler sa prestation plutôt qu’une autre ? Parce qu’elle a donné lieu à quelque chose de rare en 2007 chez les politiques : la mise en cause du règne des multinationales. Répétons-le avec l’Eglise catholique : l’abdication du politique est LE problème d’aujourd’hui*, et le politique abdique au profit du big business.
Les auditeurs de cette émission ont été frappés par l’invité de Villiers : Frank Aletru. Porte-parole des apiculteurs, celui-ci a expliqué en termes carrés, clairs et nets :
- comment les abeilles sont nécessaires à l’environnement,
- comment le gouvernement avait d’abord soutenu les multinationales dont les pesticides tuaient les abeilles,
- et comment cette connivence avait été brisée par l’action d’un président de conseil général (Villiers) devant le Conseil d’Etat. Action à laquelle finirent par se rallier, non seulement la Confédération paysanne, mais… le PS et les Verts.
Aujourd’hui les pesticides en question sont interdits. Cette bataille gagnée et cette alliance transversale entre des forces habituellement opposées, c’est le genre de choses dont les Français aiment entendre parler.
D’autant que Frank Aletru en a tiré les leçons : « La mer nourrit la terre, la terre nourrit les hommes ; les hommes doivent combattre ceux qui polluent la terre et la mer au nom du profit ; il s’agit de sauvegarder l’avenir de l’humanité... » Au moment où s’ouvre le procès de l’Erika, l'apiculteur a fait mouche. Si j’ose dire.
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(*) Le fameux « grand naufrage des repères et des valeurs » est un effet, massif et direct, du matérialisme mercantile occidental. Lequel est l'idéologie du système économique global, comme dirait Benoît XVI.
10:50 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : présidentielle, campagne, Villiers écologie, environnement, pesticides, abeilles, multinationales
Commentaires
Complétement d'accord
> Villiers a été très bon sur ce coup là. Dommage qu'il soit autant méprisé des médias. Comme il est triste que les médias ne s'interessent qu'aux deux gros candidats...
Écrit par : Charles Vaugirard | 19/02/2007
VILLIERS ET L'ECOLOGIE
> Merci d'aborder ce sujet, M. de Plunkett, et d'un point de vue concret.
Dès 1999, M. de Villiers s'est engagé sur le front Erika, a aidé les maires à procéder aux constats d'huissiers, et s'est porté partie civile, la difficulté étant que le propriétaire était maltais ou chypriote, l'équipage indien, etc., et le commanditaire Total. La Commission de Bruxelles s'est allié avec les courtiers de Londres et les grands armateurs pour repousser sa proposition d'instauration de la co-responsabilité armateur-propriétaire. Car jusqu'ici seul le transporteur est tenu pour responsable. Les pécheurs eux sont condamnés à pécher du fioul...
Ensuite M. de Villiers se battit contre l'usage intensif d'insecticides, Gaucho, Régent, sur le maïs et le tournesol, s'affrontant à rien de moins puissant que Bayer et BASF ! "Quand les abeilles meurent, les jours de l'homme sont comptés" est le titre d'un livre du candidat du MPF. En Vendée, il a supprimé les subventions qui existaient à son arrivée pour... l'arrachage des haies, qui provoquait l'appauvrissement des sols, tout ça pour accroître la PRODUCTIVITE ! Villiers a développé une vraie pédagogie environnementale, à travers la mise en place d'une "Semaine de l'arbre" dans les écoles, du tri mécano-biologique, la baisse de 20 % de consommation d'eau et d'énergie, un programme de développement de l'énergie végétale (presses à huile de colza ou tournesol).
Au-delà de sa candidature - séduisante aussi pour sa réussite sociale et économique en Vendée (2 fois moins de RMIstes, de chômeurs, qu'ailleurs en France, 2 fois plus de créations d'entreprises) - à l'élection présidentielle, j'ai trouvé sa pensée et la philosophie de son action intéressantes et paradigmatiques. Il dit dans "Une France qui gagne" (dont je tire les renseignements qui précèdent) : "Il faut sauver l'environnement des hommes. Sauver la flore, sauver la faune et finalement sauver l'homme, avant qu'il ne meure empoisonné de sa propre mains."
Le sauvetage selon lui suppose une double intervention, par le haut (protocoles planétaires, appliqués et garantis par les Etats et les continents) et par le bas (mobilisation quotidienne des volontés locales). C'est son concept de "civisme écologique".
Écrit par : Olivier | 19/02/2007
> La politique commence à devenir intéressante...
Écrit par : Michel | 19/02/2007
Bravo pour cet article
> enfin quelque chose d'intéressant dans la campagne au dela du marketing politique dont nous faisons l'objet... Intéressant aussi de remarquer que ce ne sont pas les "grands candidats" favorisés par les médias qui font mouche sur de véritables sujets, vivement que l'on entende plus Villiers dans la campagne...
Écrit par : Mathilde | 19/02/2007
Cet homme a beaucoup de courage et du talent !
Écrit par : froissart | 20/02/2007
> Excellent article ! Pour plus d'information à ce sujet, visitez le blog des semeurs d'avenir :
http://semeursdavenir.hautetfort.com
Écrit par : Léonard | 27/02/2007
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