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07/02/2007

Ségolène Royal n'a pas lu Jean Jaurès

medium_jaures_1_.jpgJaurès ne croyait pas à la fatalité de toutes les "ruptures", en dépit de ce que raconte en ce moment le PS.  Témoin ce texte :


 

 

 

Voici un texte peu connu de Jean Jaurès. Je l'extrais de sa monumentale Histoire socialiste de la Révolution française, publiée en fascicules chez Jules Rouff (Paris) en 1898. Pourquoi exhumer ce texte ? Parce qu’il est question de Jaurès en ce moment.

Sarkozy l’invoque au bénéfice de sa conception synthétique de l’histoire de France.

Ségolène Royal proteste que Jaurès est de son côté, parce que « La France n'est pas la synthèse de l'Ancien Régime et de la Révolution : c’est la rupture opérée par la Révolution qui explique la France d’aujourd’hui ». 

Mais Jaurès avait-il le culte des ruptures ? C’est moins évident que Mme Royal n’a l’air de le croire. Cet homme avait le sens de la continuité. Sa pensée procédait par élargissements, non par ruptures… Certes il était avec les jacobins, a posteriori. Cependant, voici ce qu’il aurait aimé entendre Louis XVI dire à son procès :

 

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Ce que Louis XVI aurait dû plaider

par Jean Jaurès

 

 

« Vous voulez me juger, et sans doute vous me frapperez demain. Je ne crains pas la mort, et je ne viens pas vous disputer ma tête. L’histoire m’a appris que la mort des rois apparaît aux peuples comme la solution des crises terribles.

 

« Je ne vous contesterai donc pas le droit de me juger. Vous êtes la force, comme j’étais la force ; vous êtes les maîtres d’aujourd’hui, comme j’étais le maître d’hier ; et, si le peuple que vous représentez avait le droit d’envahir les Tuileries au 20 juin et au 10 août, s’il avait le droit de suspendre mes fonctions de roi, d’abolir la royauté, de proclamer la République et de m’enfermer au Temple, il a aussi le droit de m’arracher la vie et de donner à l’exécution capitale qu’il prépare une apparence de jugement. Mais pourquoi suis-je ici ? et d’où vient le conflit qui m’amène, moi, le roi d’hier, devant les représentants révolutionnaires de la nation ? C’est moi, moi seul que vous accusez. C’est à moi seul, c’est à ce que vous appelez mes trahisons, que vous imputez la responsabilité des agitations dont souffre la France. Et c’est sur la tête d’un seul homme que vous faites porter le poids d’événements immenses. Prenez garde, vous qui vous croyez républicains ! penser ainsi, c’est être encore monarchiste, car s’il est vrai qu’un seul homme détermine, en bien ou en mal, la marche de l’histoire, le droit de la royauté est fondé. La nation accusatrice d’un côté, et un individu accusé de l’autre : c’est la monarchie retournée, mais c’est encore la monarchie. Et moi, qui devrais avoir de la puissance des rois une plus haute idée que celle que vous en avez vous-mêmes, je vous dis qu’en résumant sur la tête d’un seul homme la responsabilité d’une crise aussi vaste et d’un conflit aussi profond, vous cédez, plus qu’il n’est raisonnable, au prestige séculaire de la royauté.

 

 

« Le passage de la monarchie absolue, que je représentais, à la démocratie extrême que vous voulez fonder, ne va pas sans difficultés et sans périls. Ce n’est pas ma faute si depuis des siècles il n’y avait pas en France des institutions de liberté et si tout le pouvoir était concentré aux mains des rois. Ce n’est même pas la faute à mes ancêtres.

 

 

« Croyez-vous que c’est la volonté seule des rois qui, en France et en Angleterre, a pétri différemment les institutions ? Peut-être, en France, fallait-il cette centralisation du pouvoir royal pour abattre ces grands feudataires, ces despotes féodaux qui foulaient le peuple et morcelaient la nation. Vous croyez avoir abattu la féodalité ; mais il n’en restait plus que l’ombre ; ce sont les rois qui lui avaient enlevé d’abord sa force et sa substance. Et si cet effort royal ne vous a pas légué une France libre et habituée à la liberté, il vous a légué, du moins, une France unifiée, et où la souveraineté de la nation peut se déployer plus largement qu’en aucun pays du monde. Peut-être le mouvement populaire, qui me menace et qui va m’emporter, aurait-il été ajourné d’un demi-siècle si, moi-même, je n’en avais pas donné le signal par la convocation des Etats généraux et par le doublement du Tiers.

 

 

« Que votre orgueil ne s’irrite pas si je vous dis que c’est moi qui ai mis dans vos mains l’instrument de la Révolution qui va me frapper. Je ne l’ai point fait par une sorte de complaisance généreuse : il n’y a guère d’exemples, dans la vie déjà longue des sociétés humaines, d’un pouvoir qui sacrifie spontanément une part de ses prérogatives. J’avais besoin de la nation pour rétablir les finances, pour obtenir des ordres privilégiés des contributions devenues nécessaires à l’Etat et que leur égoïsme imprévoyant m’avait refusées. Tel est le mystérieux enchaînement des choses, que c’est peut-être pour avoir endetté la monarchie en soutenant l’indépendance de l’Amérique, que j’ai été obligé de faire appel en France aux Etats généraux et d’ouvrir la Révolution. Mais j’avais bien le droit de penser que des précautions étaient d’autant plus nécessaires que le peuple de France n’avait pas été accoutumé à se gouverner lui-même. Une transition trop brusque pouvait tout perdre. C’est pourquoi j’ai surveillé, pour la contenir, la Révolution commençante et, là, où vous avez cru voir intrigue et complot, il n’y avait que l’accomplissement de mon devoir de roi envers la royauté et envers la Révolution elle-même.

 

 

« La noblesse et le clergé, malgré leurs fautes, étaient les appuis séculaires de la monarchie. J’ai tenté, tout en limitant leurs privilèges, de les sauver, comme ordres, d’une destruction totale. Avez-vous le droit de m’en faire un crime ? Mais, si c’est un crime d’avoir tenté d’arrêter la Révolution à tel ou tel degré, pourquoi les révolutionnaires n’ont-ils pas demandé d’emblée l’abolition de la royauté ? Pourquoi ont-ils essayé de concilier la tradition royale et la souveraineté populaire ? C’est l’Assemblée constituante qui a inscrit la royauté dans la Constitution.

 

 

« Aujourd’hui, vous vous dites ou vous vous croyez tous républicains, et, à vous entendre, on croirait que la monarchie est une sorte de monstre antique, dès longtemps enseveli, et dont le souffle même ne vous a pas effleurés.

 

 

« Or, il y a deux ans encore, il n’y avait peut-être pas un républicain parmi vous. Même quand j’eus quitté Paris pour aller chercher dans l’est de la France un point d’appui contre les factions qui m’opprimaient, nul n’osa, dans l’Assemblée, demander nettement la fin de la monarchie. Ceux mêmes qui proposaient la suspension de l’inviolabilité et la mise en jugement semblaient penser à un autre roi ; et les pétitionnaires du Champ-de-Mars furent désavoués par tous les partis de la Révolution. J’avais laissé pourtant, dans la lettre qui fut lue à l’Assemblée, un témoignage décisif de ma vraie pensée ; et à ceux qui m’accusent de les avoir trompés, je réponds qu’ils ont tenu à se tromper eux-mêmes. Ils avaient peur de la République et, tout en dénonçant ma perfidie, ils se plaisaient à me supposer plus révolutionnaire que je ne pouvais l’être, pour échapper à la nécessité redoutable ou de limiter la Révolution ou d’abolir la royauté. S’il y a eu mensonge, il est là ; s’il y a eu tromperie, elle est là. C’était se tromper soi-même et tromper la nation qu’imaginer qu’on pourrait pousser à l’extrême la démocratie sans abolir la royauté, et dépouiller l’arbre de toutes ses feuilles sans l’abattre. C’est moi qui pourrais me plaindre d’avoir été utilisé par l’instinct de ruse de la Révolution pour faciliter le passage de la monarchie à la République. On gardait un semblant de royauté pour rassurer les esprits simples et c’est sous l’abri de la monarchie qu’on travaillait à la destruction de la monarchie.

 

 

« Et, s’il n’y a pas eu là de calcul, si la France a cru sincèrement à la nécessité de la monarchie dans l’ordre nouveau, comment peut-on faire un grief au roi d’y avoir cru, lui aussi, et d’avoir voulu maintenir les étais sans lesquels, à mon sens, elle ne pouvait durer ? J’ai gémi de la lutte engagée par vous contre le clergé et il est vrai que j’ai usé du droit de veto que me donnait la Constitution pour amortir les coups que vous lui portiez. C’est que la religion, en même temps qu’elle est la consolation et le besoin de mon cœur, est, selon moi, la garantie de l’ordre et la règle nécessaire des mœurs et de la liberté. Or, j’ai pensé que les attaques trop véhémentes et trop violentes contre le clergé ébranleraient la religion elle-même. Me suis-je trompé ? Dans les premiers temps de la Révolution, il y avait chez les révolutionnaires eux-mêmes une sorte d’empressement pieux et jamais on ne parla plus dévotement du Dieu de l’Evangile qu’à l’heure où on en dépouillait les ministres. Aujourd’hui encore, vous vous appliquez à ne pas découvrir au peuple la philosophie impie d’un grand nombre d’entre vous. Quand un imprudent, pour des raisons d’économie (car vous avez à votre tour des embarras financiers : ils vous perdront comme ils m’ont perdu), propose la suppression du traitement des prêtres, vous vous soulevez contre lui parce qu’il indispose les peuples [allusion à la proposition de Cambon, le 13 novembre 1792, de supprimer le budget des cultes]. Mais, qui aurait osé prévoir, il y a deux ans, que cette proposition serait faite ? Qui aurait prévoir qu’un jour, à votre tribune, un audacieux dirait : « Je suis athée », et serait applaudi par un grand nombre d’entre vous ? c’est donc bien la lutte contre le christianisme qui s’annonce et, si je l’ai pressentie, si j’ai voulu protéger le clergé contre des passions qui s’étendraient insensiblement à la religion elle-même, j’ai été prévoyant et j’ai servi la Révolution qui périra le jour où il apparaîtra à tous qu’elle est incompatible avec le christianisme.

 

 

« Pour m’accuser de trahison, vous êtes obligés d’accuser aussi de trahison la plupart des hommes illustres qui ont servi la Révolution. Car tous, La Fayette, Mirabeau, Barnave, d’autres encore, ont cru que la Révolution devait s’arrêter et se fixer, qu’elle se perdait à dépasser la ligne qu’ils avaient marquée eux-mêmes. Vous pouvez les flétrir et les frapper. Mais vous flétrissez et vous frappez la Révolution elle-même, car le déshonneur de ceux qui l’ont servie se communique à elle. Croyez-vous, de bonne foi, que ces hommes ont cédé à des pensées basses, qu’ils furent à la merci d’une pièce d’or ? Non certes, ils crurent servir encore la Révolution et la liberté en s’opposant aux excès qui pouvaient les compromettre, en cherchant à organiser ou à raffermir la force nécessaire du pouvoir exécutif. Et si des hommes nés de la Révolution et qui n’avaient de force, de crédit, d’espérance que par elle, ont cru qu’il fallait la contrôler et la limiter, qui pourra faire un crime au roi lui-même, descendant des rois et gardien de la royauté par la Constitution comme par la tradition, d’avoir eu la même pensée ?

 

 

« Prenez garde ; en condamnant le roi sous prétexte de trahison envers la Révolution, vous allez vous menacer de mort les uns les autres ; car vous êtes voués désormais à dénoncer et à frapper comme des traîtres tous ceux qui n’entendront pas comme vous les intérêts de la Révolution et qui n’en porteront pas les limites au point arbitraire et vacillant marqué par les passions du jour.

 

 

« J’ai parlé de Mirabeau que vous frapperiez, s’il n’était mort, de La Fayette qui serait captif ici s’il ne l’était en Autriche, de Barnave qui languit dans son cachot, sous l’inculpation d’avoir donné des conseils politiques au roi constitutionnel. Là ne s’arrêteront pas les soupçons. Déjà, ceux-là mêmes qui, de leur parole imprudente et éloquente, ont animé le peuple contre les Tuileries sont traîtres et suspects, parce qu’ils n’ont pas refusé un mémoire politique qui leur était demandé[1]. Et déjà le général, qui dans les plaines de Champagne, a arrêté la marche des armées prussiennes et autrichiennes, est accusé, par les plus véhéments et les plus populaires de vos journaux, d’avoir ménagé dans sa retraite l’armée prussienne et d’avoir combattu, comme on prétend que de Lessart négociait, dans l’intérêt de l’ennemi.

 

 

« Il est étrange, en vérité, qu’on me reproche comme un crime d’avoir songé aux conséquences que pouvait avoir une guerre illimitée et d’avoir voulu les prévenir ! Vous qui m’accusez de n’avoir pas brusqué la rupture avec l’Autriche et de n’avoir pas répondu partout par la guerre à la plus légère offense des cours étrangères, êtes-vous sûrs que la Révolution peut affronter sans péril la guerre avec le monde ? Etes-vous sûrs que la France nouvelle ne laissera dans cette colossale entreprise ni ses finances, ni sa liberté ? Etes-vous sûrs que les incertitudes de la lutte n’exaspéreront point la rivalité des factions au point de déchirer et d’épuiser la Révolution ? Et, si je me suis préoccupé des contrecoups qu’aurait la guerre sur l’état des esprits et sur le destin de la royauté, qui donc m’en a donné l’exemple ? C’est vous ! Ceux qui, au printemps de cette année, vous ont entraînés à la guerre ont dit partout qu’elle était nécessaire pour mettre la royauté à l’épreuve, et pour changer la Constitution. Ils ont fait de la guerre un moyen politique contre le roi ; de quel droit me reprochent-ils de m’être préoccupé, en effet, des conséquences politiques qu’elle pouvait produire et d’avoir, par mes paroles, par mon attitude, cherché à atténuer le plus possible le conflit d’où l’on attendait un bouleversement intérieur et le renversement de la Constitution ? De quel droit me reprocher d’avoir ménagé jusqu’au bout les chances de paix quand vous donnez ouvertement à la guerre un guerre factieux ? Mais, prenez garde, vous avez provoqué l’univers pour abattre la royauté. En cessant de ménager la royauté, vous avez cessé de ménager le monde. Je vous laisse, devant la postérité, la responsabilité des désastres qui peuvent suivre.

 

 

« Si je vous dis ces choses, ce n’est pas pour défendre ma tête : vous êtes trop divisés pour être justes. Déjà, vous épiez vos moindres gestes, vous commentez vos moindres paroles, afin d’y découvrir l’indice d’une complaisance pour celui que vous appelez le tyran. Il ne suffira pas d’avoir voulu ma mort ; il faudra l’avoir voulue au degré et en la forme marqués par la faction dominante. Vous êtes trop occupés à vous surveiller et à vous dénoncer les uns les autres pour avoir la force de vous élever à de hautes vues et pour faire le partage des responsabilités. Après m’avoir déchiré, vous vous déchirerez à propos de moi. Jusqu’ici, c’est la témérité du peuple qui seule avait versé le sang. Maintenant, c’est la Révolution organisée qui fait œuvre de mort. Vous portez tout de suite la mort à ce sommet qui s’appelait hier la royauté ; elle en descendra aisément. L’échafaud que vous dressez pour moi s’élargira jusqu’à occuper tout le forum. Si vous étiez plus unis, si n’aviez pas peur les uns des autres, vous auriez pu, tout en maintenant et affermissant votre République, mettre la personne du roi hors de cause et réserver l’avenir.

 

 

« J’ai beaucoup lu et médité l’histoire de Charles Ier. J’étais depuis longtemps averti, par un pressentiment, par l’inquiétude générale des esprits et des choses, que moi aussi, j’étais réservé à l’épreuve suprême. J’y suis préparé. Mais ne vous flattez pas que les événements de France se résoudront comme les événements d’Angleterre. L’Angleterre est une île ; ses agitations sont limitées et Cromwell a pu les fixer. Vous êtes ouverts à toutes les forces de l’univers, et cette lutte formidable suscitera ici des passions et des événements tragiques. Vous n’êtes pas sûrs que la France épuisée ne soit pas tentée un jour de redemander un abri à la royauté. J’aurais voulu, si ce retour ces choses doit se produire, que la monarchie ne fût pas rétablie en France par la pitié. La pitié est aveugle et violente : et les rois qui seront ramenés par elle n’auront pas le sens des temps nouveaux. En faisant tomber ma tête, vous mettez en mouvement la force dangereuse de la pitié : il valait mieux réserver l’avenir à l’expérience et à la raison... »

 

 

 

 

 

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Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, tome V, La mort du roi et la chute de la Gironde, (pp.44-51), Editions sociales, Paris, 1968-1973. Edition revue et annotée par Albert Soboul.

 

 

 

 

Commentaires

MEME RESULTAT

> La dame n'a rien lu, pas plus Jaurès qu'autre chose, surtout "L'Histoire socialiste de la Révolution française" ! Quant à son "coup de barre à gauche" d'hier soir qui excite les radios, qui va y croire ? Ces gens ne sont ni à gauche ni à droite, ils sont dans le système postdémocratique médiatique, divisés en deux ou trois syndicats d'appétits : si les uns sont entrés au PS et les autres au RPR à la sortie de l'ENA (Ségo : promo 1980, sortie 93e sur 100), c'est par hasard et le résultat est le même. Donc je n'en veux pas plus à Bécassine qu'aux autres.

Écrit par : Harmodios | 07/02/2007

REPUBLIQUE ET GUERRES

> Deux réflexions :

"Vous qui m’accusez de n’avoir pas brusqué la rupture avec l’Autriche et de n’avoir pas répondu partout par la guerre à la plus légère offense des cours étrangères (1), êtes-vous sûrs que la Révolution peut affronter sans péril la guerre avec le monde (2) ?"

(1) N'est-ce pas ce que la France a fait en 1870 ?

(2) N'est-ce pas ce que les républicains ont fait en favorisant la guerre de 1914 pour mettre définitivement un terme au risque de revoir la monarchie en France ?

La révolution et l'empire ont fait un million de morts en France (sur une population de 24).

Écrit par : Qwyzyx | 07/02/2007

DE JAURÈS À GIRARD

> "La nation accusatrice d’un côté, et un individu accusé de l’autre : c’est la monarchie retournée, mais c’est encore la monarchie." Voilà une phrase qu'aurait pu signer René Girard.

Écrit par : Michel A | 08/02/2007

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