José Bové : un candidat de la « France invisible » ?

Le faucheur d’OGM se présente à la présidentielle. Avec un curieux discours :

 

« Il existe une France citoyenne, une France qui bouge, dans les quartiers, dans les villages, un peu partout. C’est pour tous ces gens-là, cette France invisible, que j’annonce ce matin que je suis candidat. »  Voilà ce que dit Bové. Et c’est curieux.  La « France invisible » mais qui « bouge », qu’est-ce que c’est que cette notion ? Rien d’autre que la théorie du « pays réel », qui fit les beaux jours du maurrassisme avant 1914 ! Voilà qui ne rajeunit pas José, même s’il ajoute que la France des villages doit aller à la rencontre de celle des quartiers : « Les gueux vont fraterniser avec les racailles », déclarait-il à la télévision hier soir…

Encore faudrait-il savoir si l’idée de « pays réel » a encore une substance en 2007, à l’ère où toutes les couches de la société vivent dans le même climat mental audiovisuel : climat sécrété par le système économique, donc englobant tout un chacun depuis les managers jusqu’aux consommateurs de base,  « gueux » et « racailles » compris.

Toujours est-il que le propos de Bové a une résonance qui ne manque pas de surprendre : le côté « terroir + banlieues » est insolite. On verra bien s’il produit quelque chose dans les urnes, ou s’il était purement rhétorique.

Ses deux autres priorités, annonce-t-il, sont « l’écologie et la lutte contre la mondialisation libérale ». Il a de quoi débattre avec les chrétiens.  Benoît XVI et les évêques catholiques insistent sur ces deux thèmes. Chico Whittaker, fondateur du Forum de Porto Alegre (que Bové connaît bien), soulignait en 2005 que la lutte pour la justice sociale ne pouvait se passer des catholiques.  Nous serons intéressés de savoir ce qu’en pense Bové. Posons-lui la question dès qu’il sera en campagne ! Comme le soulignait Philippe de Saint-Germain à Versailles hier soir, les catholiques ont beaucoup à dire aux candidats…

 

P.P.