24/01/2007
« Soif de gagne » et « envie de désir »
Un brouillard verbal menace le débat politique :
Marie-George Buffet, en meeting au Zénith (à Paris) le 23 janvier, nous fait part de sa « soif de gagne ». C’est un emprunt au coaching sportif.
Ségolène Royal, à Canal+ le 21 janvier, nous dit que le pays a « envie d’un désir d’avenir ». C’est un pur emprunt à la pub : « envie de désir » est une formule digne de feu Coluche (« l’augmentation de la recrudescence »)*, mais pléonasme et marketing sont dans le même bateau.
Le vocabulaire « désirant » se substitue au vocabulaire du débat et des arguments. Peu de candidats osent dire : « La réalité est que… ». Ils diront : « J’ai envie de dire… » C’est le moyen d’envelopper les propos électoraux dans une brume d’émotionnel, et de leur donner une légitimité venue de la télé-réalité. Le problème est que la brume est peu propice aux idées claires. Contrairement à ce que croient les publicitaires, les émotions personnelles ne sont pas partageables. Que Mme Buffet se sente des soifs, et Mme Royal des envies de désir, est tout à fait humain. Mais en quoi cela nous concerne-t-il ?
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(*) « Désir d’avenir » aussi.
18:20 Publié dans Idées | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : politique, campagne, Buffet, Royal, marketing, sport
Commentaires
> MDR comme on dit en langage de djeun's!!
Pardonnez cette contribution assez peu contributive mais j'avais envie d'un désir d'épancher ma soif de rire publiquement à voix haute, parce que franchement c'est Ma vérité vraie, quoi...
Écrit par : Giurgiu | 24/01/2007
L'envie d'un désir ....
> Il est temps de relire les auteurs cisterciens qui ont creusé le thème du désir... de Dieu, cela s'entend. Je les crois très actuel : les thèmes qu'ils utilisèrent pour parler de Dieu aux hommes de leur temps et pour traduire leurs expériences spirituelles furent très en phase avec ceux de l'expérience propre à la nature humaine et des hommes de leurs temps. On connait leur impact.
G.
[De PP à G - La différence entre le "désir de Dieu" et "l'envie de désir", c'est que désirer Dieu nous sort de nous-même, alors que "l'envie de désir" nous y enferme. Néanmoins les deux s'adressent à notre capacité de désirer. Mais le désir de Dieu la guérit, alors que "l'envie de désir" la rend pathologique...]
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Écrit par : Gégé | 24/01/2007
SANS COMPLEXE
> Il y a des femmes intéressantes. Trouvé dans "La Croix" d'aujourd'hui : "Une jeune femme raconte sa rencontre avec Dieu" (1) page 13. "A 30 ans une romancière est saisie à son insu par une expérience de Dieu qu'elle raconte sans complexe dans une langue qui parle à tous."
Une information qui nous change du marketing politique, qui s'affirme de plus en plus comme la science du vide.
(1) "Dieu est avec vous (sous certaines conditions)" de Stéphanie Janicot, éditions Bayard, col. "Qui donc est Dieu ?" 92 p. 11.80€.
Écrit par : Qwyzyx | 25/01/2007
" N'IMPORTE QUOI "
> J'ai toujours été frappé par la vacuité des débats politiques lors des élections présidentielles. Mais depuis les deux ou trois dernières, on perçoit une aggravation de ce phénomène, l'aggravation étant de plus en plus rapide.
On a vraiment l'impression que l'homme (ou la femme) politique compte les voix qu'il gagne à chaque fois qu'il ouvre la bouche. Alors on dit n'importe quoi du temps qu'on a l'impression de faire plaisir.
De vérité, point. Là n'est pas le problème. Puisqu'on vous dit qu'on est dans une société de com-mu-ni-ca-tion ! En attendant, on cause, on cause, mais on ne communique que du vent (et dans un sabir de plus en plus affreux. Au moins Mitterand, lui, savait parler dans un français soigné, ce qui est bien la moindre des choses lorsqu'on est censé représenter la France).
Écrit par : kelkin | 26/01/2007
SUBJECTIF
> Très drôle : une campagne éléectorale parle assez peu de faits, mais de ressenti subjectif. De plus en plus d'électeurs s'en rendent compte et ne se déplacent plus. L'avertissement de 2002 ne semble pas avoir été perçu.
Écrit par : luc | 28/01/2007
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