Ours et Pyrénées : Jean Lassalle acquitté, Mme Olin déboutée

Nelly Olin poursuivait en justice le député Jean Lassalle. Celui-ci a été acquitté hier par le tribunal de Pau. C'est une décision importante, étant donné l'enjeu symbolique :

Photo : Balou près de Toulouse, 2006.

 

Jean Lassalle, député maire de Lourdios-Ichère (Pyrénées-Atlantiques), avait osé déclarer : "L'introduction d'ours slovènes dans les Pyrénées est un viol  et  devrait  être puni comme tel". Mme Nelly Olin, ministre de l'Ecologie du gouvernement Villepin, avait réagi à ce diagnostic par une colère et par des menaces, envers Lassalle en particulier et les Pyrénéens en général - dont elle parle avec mépris. Lassalle avait répliqué : "Mme Olin doit démissionner, ses méthodes sont indignes du rôle qui est le sien, elle a une attitude vichyste qui rappelle le régime policier de la pire période."  La colère de la ministre était alors devenue violente. Elle avait porté plainte contre le député pour diffamation.

Résultat  hier, jeudi  18 janvier :  le tribunal correctionnel de Pau a  acquitté  Jean  Lassalle. Le député avait simplement "fait usage de son droit de critique", ont constaté les juges...

 

L'ETRANGE ZELE DE Mme OLIN

 

Pour comprendre l'importance symbolique de ce jugement, il faut savoir que Mme Olin déploie en faveur des ours (et contre les Pyrénéens mécontents) un zèle amer qui répand le malaise :

-  au printemps 2006, les médias sonnent le tocsin : l’ours Balou, animal slovène installé dans les Pyrénées par l’Etat français, a « disparu ». Son radio-émetteur (greffé à grands frais) reste silencieux. Qu’est devenu Balou  ? Mme la ministre de l’Ecologie n’hésite pas : elle conclut au pire. Balou a été tué. Elle en est sûre !  Et Mme Olin ne dit pas « tué » : elle dit « assassiné », comme  pour  un  être  humain. Elle déclare à la radio : « Si je retrouve Balou assassiné, d'abord il y aura un dépôt de plainte et, si nous retrouvons les coupables, je peux vous assurer qu'ils seront sévèrement  punis ».  Elle ne parlerait pas autrement s’il s’agissait d’une personne. 

 En réalité Balou était parti faire une excursion du côté de Toulouse !

Mme Olin va néanmoins agiter le même soupçon quelques semaines plus tard, à propos du trépas de l’ourse Palouma, retrouvée morte le 25 août au pied d’une barre rocheuse à 2100 mètres d’altitude.  Malgré de coûteuses recherches médico-légales pour découvrir des traces de poison dans l’estomac du plantigrade, Mme Olin  devra se rendre à l’évidence une nouvelle fois : l’ourse a simplement fait un faux pas et s’est tuée en tombant dans le précipice. La malveillance humaine n’y est pour rien.

 

-  Balou et Palouma, comme tous leurs congénères implantés par le gouvernement français dans les Pyrénées, étaient deux animaux de plaine forestière, inaptes à la vie en haute montagne.  D’où l’excursion toulousaine de l’un, et la chute de l’autre.   Leur installation  pyrénéenne était une aberration zoologique : un "viol"  de l'écosystème, comme le dit Lassalle.

 

-  Les réactions dispoportionnées de Mme Olin, sa promptitude à diaboliser les hommes, sont caractéristiques de l'idéologie animalitaire qui se répand aujourd'hui dans les médias. Cette idéologie se fonde sur une surinterprétation (très déformante) de comportements animaux, et sur l'idée (très marketing) que les animaux et les hommes c'est la même chose puisque les uns et les autres ont "des émotions". On en déduit que les animaux ont des "droits de l'homme". C'est ne rien comprendre, ni aux animaux, ni aux hommes...

 

- ...mais c'est surtout nier la dignité spécifique et unique de l'humanité.

 

 

UNE CONVERGENCE INATTENDUE

 

 

- Si l'humain n'a plus la singularité mystérieuse et exceptionnelle qui le séparait des bêtes, cette "déclassification morale" fait l'affaire d'un autre courant de notre société : l'industrie biotechnologique, qui est en train de transformer l'humain en matériau !

 

- ...et c'est ainsi que l'ultra-écologie s'allie involontairement à l'hyper-technologie, contre l'anthropologie. "Culture de mort", disait Jean-Paul II... Ce mot n'était pas exagéré, puisque cette culture "tue" dans tous les sens du terme : moralement, elle supprime le sens de la vie humaine. Physiquement, elle supprime un nombre croissant d'humains en gestation.

 

- Rapprocher ces divers courants peut surprendre. Pourtant c'est un fait : dans notre société, les adversaires apparents convergent en réalité, parce qu'ils sont d'accord pour ôter à l'homme sa profondeur de mystère. Faisons l'effort d'aller au delà des apparences. C'est à la jointure qu'il faut porter la lame de la parole de Dieu, dit l'épître aux Hébreux.

 

P.P.

 

 

Voir ma note du 14. 12. 06, sur ce blog.