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08/01/2007

L'affaire de l'archevêque de Varsovie : pas si simple

Vers  1967,  une partie de la  presse parisienne jugeait  "positives"   les  ingérences du régime polonais dans la vie de l'Eglise catholique :


 

 

L’archevêque de Varsovie démissionne le jour de son intronisation, parce qu’une campagne d’opinion a divulgué ses contacts de naguère avec la police du régime communiste…

Commentaire du P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège : « Mgr Wielgus n’est pas le premier (et ne sera sans doute pas le dernier) cas d’attaque à l’encontre de personnalités ecclésiastiques sur la base de documents des services secrets de l’ancien régime… Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un matériel produit par des fonctionnaires d’un régime oppressif ».

Mais surtout, le P. Lombardi s’interroge sur la nature de la campagne qui vient d’être menée contre l’éphémère archevêque. « Etrange alliance entre les persécuteurs du passé et d’autres adversaires de l’Eglise polonaise… » 

En clair, c’est une alliance entre :

-  les postcommunistes (se vengeant de l’Eglise d’hier, qui joua un rôle-clé dans la chute du régime Jaruzelski)

-  et les bobos varsoviens (en guerre contre l’Eglise d’aujourd’hui, qui résiste au matérialisme mercantile occidental).

 

On retrouve un peu l'équivalent de cette alliance dans les commentaires des médias parisiens sur l'affaire Wielgus. « Le  Vatican  prend  une  claque »,  semble  se  réjouir  Libération du 8 janvier…  Or on connaît la saga de ce quotidien : fondé par d’ex-révolutionnaires, puis média de la néo-bourgeoisie des années 1980-1990, il a résumé le passage « du rouge au doré » qui  caractérisa la génération de 68.

 

Il faut aussi savoir une chose  que les jeunes générations ignorent :

>  certains des journaux qui se montrent aujourd’hui les plus sévères à l’encontre de Mgr Wielgus, sont loin d’être innocents à propos de la Pologne communiste.

Dans les années 1960-1970, ces journaux* soutenaient avec obstination ce que l’on appelait le « catholicisme progressiste » en Pologne. Notamment un mouvement intitulé Pax, qui avait été créé par la police politique communiste de Varsovie…  Le mouvement Pax comptait des amis influents dans des groupes de presse parisiens. A tel point que les conférences publiques de ces amis furent perturbées, avant 1968, par des groupes de dissidents de l’Est réfugiés à Paris.

En 2006, ces journaux reprochent à Mgr Wielgus ce qu’ils approuvaient autrefois. 

A ceci près que le jeune abbé Wielgus vivait sur place, en Pologne, sous l’étau d’un régime totalitaire avec lequel il était impossible de ne pas faire la part du feu ; excuses que n’avaient pas les éditorialistes parisiens des années 1960-1970.

P.P.

 

>  Sur les méthodes de la police politique polonaise : 

http://www.la-croix.com/afp.static/pages/070109134612.5nn...

 

______________

(*)  Fondé en 1973, Libération  n’en fit partie que tard et marginalement.

 

 

Commentaires

> Bis idem Elkabbach et les blogs

Écrit par : Qwyzyx | 08/01/2007

LA SAGESSE ET L'AVENIR

> Gérard Leclerc (éditorial de "France catholique" de cette semaine) fait de son côté la même analyse que votre blog :

" L'ouverture des archives, de Moscou à Berlin, en passant par Varsovie, a non seulement rappelé que la surveillance policière structurait toute la vie sociale des régimes anciens, mais aussi que la règle d'un tel système supposait la complicité la plus vaste possible d'individus dévolus, contre leur gré, à un rôle d'indicateurs. Que l'Eglise polonaise ait été victime de telles pratiques et que son clergé ait été particulièrement utilisé à de telles fins ne saurait étonner. Ce jeu avait d'ailleurs des subtilités qui pouvaient se retourner contre le régime. Dans quelle mesure Mgr Wielgus fut-il victime et coupable ? Peu de gens sauraient vraiment le dire, à un moment où l'utilisation du passé permet les règlements de comptes anciens et des coups justifiés par l'anticléricalisme d'un nouveau genre qui sévit à Varsovie, avec l'appui de quelques publicistes parisiens, peu soucieux de se mettre au net avec leur propre passé totalitaire.
La décision prise par l'éphémère successeur du cardinal Glemp, et aussitôt ratifiée par Benoît XVI, est dictée par la sagesse. L'avenir du catholicisme dans la patrie de Stefan Wyszynski et de Karol Wojtyla ne doit pas être grevé par l'apurement indéfini du passé. Il doit largement s'ouvrir à des perspectives créatrices, à des projets missionnaires proportionnés aux enjeux d'un âge qui bouleverse toutes les données. Il faut sortir des pièges où on voudrait enfoncer le christianisme de ce début de millénaire, pour lui permettre, conformément à sa vocation, de féconder un avenir à visage humano-divin."

Anna


[De PP à A. - Nous sommes en effet sur la même longueur d'ondes : catholique, sans adjectif.]

Écrit par : Anna | 09/01/2007

> Je vous remercie de votre prise de position droite et nette, en vous referant a la source.
Dorota

Écrit par : Dorota Sliwa | 09/01/2007

Mgr GLEMP DEFEND Mgr WIELGUS

> Dans le sens de votre analyse, les paroles du cardinal Glemp dimanche dernier :
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ROME, Mercredi 10 janvier 2007 (ZENIT.org) – Au lendemain de la démission de l’archevêque de Varsovie, Mgr Stanislas Wielgus, le cardinal Jozef Glemp rappelle le fonctionnement des anciens services secrets communistes. Ces services, rappelle-t-il, visaient surtout le clergé, “qui était perçu comme le milieu le plus indépendant et le plus patriotique” et ont soumis le prêtre à de fortes menaces. Il déplore en tous cas que Mgr Wielgus ait été condamné sans autre forme de procès, et sans possibilité de défense.
Le cardinal a en effet dénoncé les anciens persécuteurs de l’Eglise dans son homélie de dimanche dernier, lors de la messe d’action de grâce pour son ministère, célébrée en lieu et place de la messe d’installation de son successeur, nommé le 6 décembre, entré en fonction le 5 janvier, et démissionnaire le 7, Mgr Wielgus.

Nous publions quelques extraits de l’homélie du cardinal :

"Mgr Wielgus mérite de faire partie de ces personnes que nous considérons serviteurs de Dieu. Oui ! Mgr Wielgus est un serviteur de Dieu. Dans sa vie, il a dû affronter des situations difficiles, mais ces péripéties servent à former l’homme, car celles-ci lui donnent la possibilité de mieux comprendre notre dépendance vis-à-vis de Dieu et, en même temps, de mieux voir le mal. Du curriculum vitae de l’archevêque de Varsovie il ressort que Mgr Wielgus aimait les sciences, surtout la théologie, la science de l’Eglise. Et les superbes résultats qu’il obtenait dans ce domaine attiraient aussitôt l’attention des services secrets de l’Etat communiste. Qu’étaient ces services secrets ? […]. Il s’agissait d’une organisation très importante qui pénétrait dans toute la société, surtout dans le clergé, qui était perçu comme le milieu le plus indépendant et le plus patriotique.

L’idéologie communiste passait, tel un rouleau compresseur, sur les consciences des Polonais pour tout aplatir au niveau du socialisme. En Pologne ce rouleau compresseur n’était pas aussi dur que dans les autres pays communistes, mais il était omniprésent et touchait surtout les personnes les plus sages, dotées d’une grande intelligence, tentant alors de les dominer.

Malheureusement aujourd’hui on ne connaît plus, si ce n’est à travers les récits historiques, les méthodes de travail et les stratégies employées par les services secrets.

Mgr Wielgus est tombé dans le cyclone car c’était un prêtre plein de zèle. Et un prêtre plein de zèle ne plaisait pas. Il recevait donc de nombreux reproches. Aujourd’hui, avec un peu trop de légèreté on peut dire qu’il a été impliqué dans ces affaires, mais nous ne savons pas quel type de pression était exercée sur lui, quelles étaient les méthodes utilisées pour l’obliger à signer un acte, un acte sans aucune valeur légale s’il a été signé sous le coup de la menace ou après avoir subi des intimidations. Alors aujourd’hui on se limite au fait sans penser aux circonstances. De plus, nous ne savons pas comment les services secrets se sont débarrassés du serviteur devenu inutile pour eux. Sur cette affaire les documents ne disent rien.

Aujourd’hui un jugement a été porté sur la personne de l’archevêque de Varsovie. Mais de quel type de jugement s’agit-il s’il est fondé sur des morceaux de papier et des documents copiés trois fois ? Nous ne voulons pas de ce genre de jugement ou de ce genre de tribunal ! Si l’on a des accusations à porter contre quelqu’un, il faut les formuler et donner à l’intéressé la possibilité de se défendre. Mais, avant toute chose, il doit y avoir des défenseurs, des témoins, des documents dont l’authenticité à été vérifiée.

Dans le cas de Mgr Wielgus cette procédure n’a pas eu lieu. Le jugement porté contre lui n’a pas été prononcé par un tribunal ! L’évêque fut obligé de collaborer sous menaces et attaques verbales. Alors pourquoi son persécuteur ne témoigne-t-il pas aujourd’hui ? On estime qu’il y a des dizaines de milliers de membres des anciens services secrets qui aujourd’hui ont un bon emploi. Pourquoi aucun d’eux n’est aujourd’hui invité à témoigner ?

Aujourd’hui, face à des cas comme celui-ci, il est difficile de croire au sérieux de l’IPN (Institut de la Mémoire Nationale où les services secrets conservent leurs archives ndlr). Le matériel rassemblé et préparé par les services communistes ne doit pas être considéré comme un oracle ; il ne peut et ne doit pas être la seule et unique source d’informations sur les citoyens. Cela serait trop superficiel et malhonnête."

Écrit par : Zofia | 11/01/2007

> à lire sur le blog d'Isabelle de Gaulmin le commentaire d'un prélat polonais à Rome
http://blog.la-croix.com/rome/2007/01/lespagne_lirlande_et_maintenan.html

Écrit par : Anne | 11/01/2007

MENAGE A FAIRE

> Sur cette question, le ménage est encore à venir dans la société française et ses cadres (journalistes, artistes, hommes politiques, hauts fonctionnaires, industriels....). Jean-Baptiste Duroselle, historien reconnu, déclarait dans ses cours à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, au début des années 70, la chose suivante: les archives de la Gestapo de Paris ont été récupérées en 1944 par l'URSS. L'URSS a ainsi été en possession d'informations sur des "correspondants" de la Gestapo non identifiés à la fin de la guerre. Elle a pu, après-guerre, exercer des chantages et s'assurer ainsi de nombreux collaborateurs et sympathisants dans tous les milieux français. La chute du communisme a dû provoquer chez certains des sueurs froides: on a vu un début d'opération vérité très vite interrompu (on se souvient d'informations sur un acteur célébre, "compagnon de route du parti communiste", qui avait fréquenté la "bande de la rue Lauriston" pendant la guerre).
La cardinal Lustiger, dans son livre "le Choix de Dieu", déclare quant à lui qu'en Allemange de l'Est, le régime nazi n'a pas été détruit, mais rattrapé en vol par le comunisme.

Écrit par : B.H. | 13/01/2007

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