Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/01/2007

Se libérer de la société matérialiste marchande, est-ce possible ?

Quand  Benoît  XVI  appelle  à  un  nouvel  art  de vivre, il ne prêche pas dans le désert !  L'idée fait son chemin, et l'on en parle des deux côtés de l'Atlantique :


 

Chronique de Michel Dumay (Le Monde, 6.01.07):

 

Vivre pour consommer ? 

 

 

<<  Au Nouvel An 2006, une poignée de riverains de la baie de San Francisco ont formé un voeu particulier : ne plus rien acquérir de neuf durant toute une année. Vivre ainsi seulement du troc, du marché de seconde main, en achetant d'occasion ou en empruntant à son voisin. A quelques exceptions près : la nourriture, les sous-vêtements, les produits de santé et, comme l'on dit, de première nécessité. Pari tenu (à un ou deux objets près). Douze mois plus tard, une bonne partie d'entre eux ont même décidé de remettre ça pour un an [...]

 

Baptisé The Compact, ce groupe de techniciens, cadres, enseignants ou étudiants californiens expliquent les fondements de leur promesse par un ras-le-bol de la société de consommation qui, selon eux, "détruit le monde" plus qu'elle ne le fortifie.  

 

[…]  Le "consommer autrement" ou le "consommer responsable" (voir le guide d'Elisabeth Laville et Marie Balmain Achetons responsable, Seuil, 2006, ou le site Web canadien Ethiquette) ont le vent en poupe dans nos sociétés d'abondance.  Sur Internet, le site Freecycle, sorte d'EBay gratuit et écologique, dont l'objectif est "d'alléger les décharges municipales et de ralentir le consumérisme galopant",  impressionne par sa croissance.  Parti de Tucson, dans l'Arizona, en 2003, cet "outil communautaire de don" annonce aujourd'hui 3 millions de membres à travers le monde, inscrits dans 3900 groupes locaux de recyclage d'objets usagés, dont une dizaine en France.

 

Aller vers une vie où l'être prime sur l'avoir, opposer le durable à l'éphémère, l'authentique au virtuel, le fondamental au secondaire, revenir, en somme, à l'essentiel - sujet sur lequel le mensuel Psychologies faisait son dossier en décembre: voilà le message que sous-tendent la plupart de ces initiatives. Au Québec, on citera encore ce réseau prônant le recours à la "simplicité volontaire" : "une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l'argent, de la vitesse et moins gourmande des ressources de la planète" .

 

Depuis Jean Baudrillard, notamment, l'on sait que la consommation n'est pas qu'un acte destiné à combler des besoins, mais représente aussi un lieu d'échanges symboliques : les usagers ne consomment pas seulement des produits, ils achètent tout autant le sens de ces produits, ou leur image, qui, à leurs yeux, peut faire une différence. La consommation permet aussi  - et c'est là tout son attrait moderne -  de vivre toutes sortes d' "expériences", surtout émotionnelles ; tout bon responsable marketing sait ainsi que notre vie est désormais faite d'une multitude d' "expériences de consommation". Achat après achat, dit-on, celles-ci pourraient même construire une identité.

 

Le sociologue Zygmunt Bauman a perçu lui aussi ce changement de paradigme : "Alors que les philosophes, les poètes et les moralistes du passé se demandaient si l'on travaille pour vivre ou si l'on vit pour travailler, le dilemme qui préoccupe nos contemporains se formule le plus souvent ainsi : doit-on consommer pour vivre ou vivre pour consommer ?"     >>

 

 

 

 

Commentaires

COUDRE UNE ROBE

> Au hasard du net, j'avais trouvé il y a quelque temps ce site (www.littlebrowndress.com/...désolée, je ne sais pas insérer le lien ) où une jeune femme chorégraphe de Seattle raconte son expérience: coudre une robe et la porter une année durant... Elle y explique sa démarche, comment elle a été reçue, et y tient le journal quotidien de son aventure... Ces démarches, parfois un peu anecdotiques, ont le mérite de poser néanmoins une brûlante question...

Écrit par : cristiana | 08/01/2007

FAMILLES NOMBREUSES

> Ces stratégies de recyclage de nos objets sont connues quand on est une famille nombreuse. Nous nous passons sans cesse les vêtements, meubles et autres objets que nous n'utilisons plus et qui font le bonheur d'autres familles. Dans notre cas, nous "tournons" à quatre ou cinq familles.Nous ne pouvons pas nous permettre de jeter et d'acheter sans cesse , en dehors du fait que c'est souvent stupide car il s'agit, la plupart du temps, de rester à la mode. Quant à ces initiatives venant des USA, elles me font parfois penser à ces communautés utopistes des années 60/70 (Hippies,etc.)qui ont fini par se dissoudre. A propos du "faire soi-même", observer l'exemple du bricolage à la maison: au-départ c'est un soucis d'économie et parfois de plaisir et quelques années plus tard, c'est récuperé par le sytème des grandes enseignes (Leroy merlin=Auchan etc.). Dans certains cas, en voulant échapper au système, on l'enrichit et on y participe. A moins de rentrer dans un sytème complètement alternatif comme le SEL (sytème d'échange local: une sorte de troc).

Écrit par : VF | 09/01/2007

NO LOGO

> Une idée qui semble revenir sur la scène: lutter contre l'arme principale du matérialisme marchand c'est à dire la publicité. Sans reprendre les méthodes musclées style agit'prop des comités anti-pub, il faudrait arriver à faire adopter par l'U.E un projet plusieurs fois repoussé: l'interdiction de la publicité dans les émissions, journaux ou rassemblements de jeunesses. Il faudrait aussi inclure la publicité ciblant les enfants pour atteindre les adultes. Certaines études affirment en effet que les enfants orientent l'achat des adultes dans beaucoup de domaines (alimentaire, vestimentaire, etc. même la voiture!). C'est de la véritable propagande. Si l'on veut changer les choses, commençons par protéger les enfants. Bien sur, on peut supprimer la télé chez nous, mais je pense aussi à tous ces enfants seuls devant leur poste par absence des parents à la maison.Ce sont des cibles de choix du marketing. Sans parler de la pub qui commence à envahir doucement nos établissements scolaires et certains manuels.
P.S: Je n'ai toujours pas de réponse de Mr Fenech à propos de sa déclaration sur la "propriété des enfants".
Je ne pense pas en avoir un jour!.

Écrit par : VF | 10/01/2007

Les commentaires sont fermés.