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28/12/2006

Le cas Welby : ce qui s'est passé en réalité

Avant de juger trop vite, regardons les faits :


 

A Rome et dans les médias européens, la semaine dernière, le cas de feu Piergiorgio Welby a rallumé (une fois de plus) la polémique antireligieuse.  Welby, malade incurable, réclamait qu'on le fasse mourir. Un médecin a fini par débrancher son respirateur. A la suite de quoi le diocèse de Rome a refusé des obsèques religieuses.

Aussitôt, déchaînement politique et médiatique : "Les portes fermées de l'Eglise de Rome devant le corps de Welby sont celles qu'elle ferme devant la modernité", proclame notamment le parti de l'Olivier.

Que s'est-il passé en réalité ?  Ceci :  ni le défunt, ni personne de sa famille, n'avait de foi religieuse. Welby est mort en écoutant du Bob Dylan*. Sa femme confirmait cela dans l'heure qui suivit le décès : "Nous ne sommes pas chrétiens".  Elle ajoutait :  "Mais  les  funérailles  à l'église sont une tradition."   Autrement  dit   : elles sont  un  "droit",  y compris pour ceux qui ne se reconnaissent pas dans le christianisme.

Cette revendication d'obsèques religieuses n'avait donc aucune sincérité.

D'autant  que  la  "cause de Welby"  (obtenir qu'on le débranchât) était brandie depuis des semaines, par des partis politiques et des lobbies, comme un symbole de la lutte anticatholique...  L'Eglise, en effet,  est très ferme sur ce terrain : "la valeur de toute vie humaine, de son premier instant à son crépuscule", comme l'a dit Benoît XVI à la messe de minuit. Phrase critiquée par les médias, qui estiment**  que toute vie humaine n'a pas forcément de valeur.

Voilà quel fut le contexte de l'affaire Welby.  C'est une controverse pénible. L'Eglise savait qu'on allait la huer  - comme d'habitude. Mais elle n'avait pas le choix. Et de toute manière, le lobby  aurait  tourné  la  situation  contre  elle... Si le diocèse avait cédé en ouvrant une église à ces funérailles, le cri des médias aurait été : "L'Eglise renonce à son interdit contre la mort volontaire !"

La leçon de cette douloureuse histoire, Benoît XVI la tirait d'avance en soulignant que la foi chrétienne n'est PAS une collection d'interdits. C'est une promesse de bonheur infini, que chacun reçoit avec la vie. Car la vie est un don du Créateur...  et non une propriété de la créature. Comment expliquer cela, alors que les chrétiens croyants***  sont une toute petite minorité en Europe ?  "La position de minorité n'a rien d'infamant ; elle devient très honorable, pourvu qu'elle puisse définir par raisons et arguments ce qui la sépare de la majorité", écrivait le philosophe Jean-Luc Marion en 1992.  Notre époque fait comme si l'Eglise (pauvre et minoritaire) opprimait les médias (massifs et richissimes) ;  raison de plus pour expliquer encore et encore, inlassablement, pourquoi les chrétiens donnent tant de prix à une existence humaine.

P.P.

-----------

(*)   Excellent chanteur par ailleurs. Mais Welby a donné un sens explicite de non-religiosité au choix de ce type d'accompagnement musical pour mourir.

(**)  De quel droit ?

(***)  Il y a aussi des "chrétiens" incroyants ; ce sont ceux-là qui s'expriment le plus souvent à la télé.

 

Commentaires

> Bonjour,
Vous serait-il possible d'indiquez les journaux dans lesquelles madame Welby a dit qu'il n'étaient pas chrétiens? Merci
Félicitation pour votre blog très utile.
Cordialement,

T.

[De PP à T. - Nombreuses dépêches et commentaires radio en Italie. ]

Écrit par : Thierry | 28/12/2006

ACHARNEMENT ?

> Qu'en est-il toutefois du fond de la question: l'Église ne défend-elle pas ici un cas d'acharnement thérapeutique?

Arist

[De PP à A. - Si c'était le cas, elle irait contre ses propres principes. La réponse est plutôt à chercher dans les éléments que fournit ci-dessous le message de Luisa Buhler. La "mise en scène" de sa propre mort par Welby (et le lobby environnant) était destinée à piéger l'Eglise ou à lui lancer un projectile. Elle ne s'est pas laissée faire. A mon humble avis, sa communication aurait pu être meilleure ; ce n'est pas la première fois qu'elle expose mal une décision difficile, mais il serait urgent qu'elle se dote de meilleures méthodes d'explication.

ps/ Pardon du coq-à-l'âne, mais je suis heureux de ce dialogue à trois : Arist qui est au Canada, Luisa Buhler qui est en Suisse, et moi-même qui suis à Paris. Ce blog a une vocation francophone. ]


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Écrit par : Pierre Tremblay | 28/12/2006

INSTRUMENTALISATION

> J`ai suivi cette triste "affaire" de très près,à travers la télévision et la presse. Monsieur Welby a mis en scène sa mort, avec conscience ,( son épouse l`a défini metteur en scène) il a été accompagné ou instrumentalisé par l`extrême gauche italienne , laïciste, qui en a fait en combat contre l`Eglise catholique et les valeurs qu`elle défend comme la sacralité de la vie de son début jusqu`à sa fin naturelle. Dans ce monde dominé par les émotions et par le "c'est mon désir donc mon droit", il leur a été très facile d'agir sur une opinion publique très influençable , réactive , qui ne prend plus le temps de la réflexion et qui se contente des raccourcis médiatiques, qui la font sentir importante, surtout quand on fait appel aux bons sentiments! Mme Welby qui contrairement au désir exprimé par son mari l'avait fait "attacher" au respirateur, a déclaré qu'elle était de famille catholique mais qu'elle ne pouvait imposer ses valeurs à qui ne les voulait pas. Son mari ayant à plusieurs reprises exprimé le désir de mettre fin à ces jours savait qu'il se mettait là contre l'Eglise. Le Vicariat de Rome, au vu de la publicité faite autour de Mr. Welby, ne pouvait , à mon avis, prendre une autre décision,au risque sinon de passer un message permissif qui pouvait être interprété comme un consentement.Ce qui n'a pas empêché de prier pour lui dans les paroisses romaines.
C'était d'ailleurs symptomatique de voir ces funérailles laïques transformées en meeting politique avec des phrases démagogiques du style: " tous ceux qui sont ici aiment la vie!". Le Saint Père leur a répondu à Noël durant le message Urbi et Orbi en disant:" que penser de ceux qui choisissent la mort croyant élever un hymne à la vie?".

LB

[De PP à LB - Des radios italiennes, puis françaises, ont fait écho à une déclaration de Mme Welby se définissant comme non chrétienne... Quoi qu'il en soit, feu Welby lui-même n'était pas chrétien, et la mise en scène politico-médiatique de son trépas était un acte de "propagande par le fait" dirigé ouvertement contre l'Eglise. Dans ces conditions, des obsèques religieuses étaient impensables.]

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Écrit par : Luisa Buhler | 28/12/2006

OU ETAIT LE PROBLEME

> Merci pour les précisions que vous apportez. Le fait de débrancher un respirateur n'est pas, en soi, contraire à l'enseignement de l'Église, contrairement au fait de cesser d'alimenter et/ou d'hydrater le malade. Je me doutais bien que c'était l'association avec le "droit à l'euthanasie" qui faisait problème. Vous me le confirmez.

Écrit par : Elise Bonnette | 28/12/2006

PAS D'ACHARNEMENT

> Je partage votre analyse. Aussi dans le fait que si j`approuve dans le fond la décision du vicariat de Rome, dans la forme j`aurais préféré un ton moins froid pour ne pas dire glacial ! L`Eglise ne défend pas l`acharnement thérapeutique, mais dans le cas présent les autorités compétentes avaient décidé, qu`il ne s`agissait pas d`acharnement. Effectivement beaucoup de persones souffrant du même mal réclament le respirateur. Le médecin qui a débranché l`appareil va passer devant la commission de surveillance des médecins et il a déclaré qu`il a voulu aller au bout de ses convinctions mais qu`il ne recommencerait pas ! Cela doit soulager les personnes qui sont confiées à ses soins dans l`hôpital de Novara!

Écrit par : Luisa Buhler | 28/12/2006

UTILES BLOGS

> Merci pour votre note! Je vous en suis très reconnaissant... Quelle efficacité!
Je constate, une fois de plus, que les médias traditionnels ne nous transmettent qu'une partie des informations nécessaires à un bon jugement personnel et qu'ils oublient (volontairement ou pas, mais je pense qu'ils le font volontairement) de dire, par exemple, que M. Welby n'est pas croyant ou d'autres "détails" du genre...

Écrit par : Yves Thétaz | 29/12/2006

PRECISION

> M.de Plunkett, il faut être plus précis dans cette grave affaire, au-delà de la "mise en scène médiatique", la récup politique de gens "douteux", le fait que ce malade n'était pas chrétien, etc. il y a cette question réelle : débrancher un respirateur est-il un refus de s'acharner ou de l'euthanasie? Merci de répondre avec une précision rigoureuse.


[De PP à P. - Selon l'autorité médicale, les soins donnés ne relevaient pas de l'acharnement thérapeutique. Tel n'a pas été l'avis du médecin soignant, qui a débranché... Par ailleurs, il y a eu une injection : selon certaines rumeurs, en dose léthale ; selon d'autres, en simple anesthésiant.
Seul le personnel médical concerné et la police de Rome savent à quoi s'en tenir.
Je n'ai fait qu'examiner les faits publics (l'exploitation politique et la volonté - revendiquée - de "piéger" le diocèse dans cette douloureuse affaire).
Quant aux commentaires mis en ligne, ils sont libres, comme vous le savez. ]

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Écrit par : PARISOT | 29/12/2006

Merci pour cet article

> Cette info est précieuse car je ne comprenait pas le refus de l'Eglise de l'enterrer religieusement. Maintenant tout s'explique : les Welby sont athées. Un éclairage que les médias français auraient dû apporter...

Meilleurs voeux pour 2007 !

CV

Écrit par : Charles Vaugirard | 30/12/2006

POST MORTEM

> Cette affaire me rappelle le suicide collectif des leaders de la bande à Baader en Allemagne, il y a une trentaine d'années. Ils avaient organisé cet événement pour en faire une arme idéologique "post mortem" contre la démocratie occidentale.

Écrit par : B.H. | 30/12/2006

UN CAS AU QUEBEC

> Je n'ai pas suivi le détail de l'affaire Welby. Cependant, nous avons connu, ici au Québec dans les années 90, le cas Nancy B., jeune femme atteinte des séquelles d'un Guillain-Barré et qui était condamnée à vivre indéfiniment sous respirateur. Cette dernière avait demandée à être débranchée du respirateur, ce maintien artificiel étant devenu pour elle un fardeau excessif - être prisonnière d'un appareil, angoisse que le respirateur fasse défaut à tout moment et sonnerie d'alarme dès que le respirateur est contrarié, entretien de la canule, infections, etc. Le juge avait reconnu son droit à cette requête parce qu'il s'agissait d'une cessation d'un traitement devenu effectivement pour la patiente un fardeau excessif. Il ne s'agit pas en une telle situation d'une demande d'euthanasie, mais d'une acceptation de la mort en laissant la nature faire son oeuvre alors que la fonction respiratoire n'est plus possible sans ventilation mécanique et que la situation est irréversible.

Michel R. Morissette M.D.

Écrit par : Michel R. Morissette | 14/01/2007

DE BRUXELLES

> Intéressant comme blog, que je découvre via un lien sur la Fondation pour la liberté politique (dites-leur merci maintenant ;-).
Je suis catholique pratiquant, tradi et (ou mais?) papiste. Donc, je suis vraiment le dernier à hurler avec les loups. Sauf que dans l'affaire Welby, je me suis dit que l'Eglise 1) avait manqué de miséricorde 2) avait très mal communiqué, comme souvent malheureusement (et là je rejoins votre point de vue).
Merci de nous avoir appris que les Welby n'étaient pas catholiques. Cela dit, vous ne répondez pas à la question fondamentale: face à un cas comme celui de M. Welby, vous faites quoi, vous?
Si cela vous arrive, vous êtes vraiment sûr de pouvoir supporter cette souffrance nuit et jour jusqu'à la fin? Et si c'est un de vos proches, vous lui tenez ce discours sur le respect de la vie, etc.?
Ou pour rebondir sur le dernier message: si M. Welby avait dit "J'en ai assez du respirateur, qui me fait souffrir (pour les raisons indiquées). Débranchez-le, et mon décès ne sera que la conséquence naturelle de cet acte", alors là, il meurt en bon catholique (qu'il n'est pas) et a droit à des funérailles avec In Paradisum et tutti quanti?
Si par contre il dit: "J'en ai assez de vivre, débranchez mon respirateur pour que je puisse mourir", alors ça ne va plus, parce que tout est dans la finalité de l'acte posé.
Vous ne trouvez pas qu'on est en plein jésuitisme, là?
Bien à vous,
Une âme dans la foule (Bruxelles, comme ça votre blog est un peu plus francophone).

UADF


(De PP à UADF :

- La francophonie est une des caractéristiques de ce blog : Suisse, Québec, Belgique...
- Je ne donne de leçons à personne. Ni aux souffrants, ni à leur entourage, ni à leur médecin. Ni à l'Eglise. (Je suis un catholique sans adjectif : donc je n'ai pas le pli de dialectiser - dans un sens ou un autre - tout ce que fait l'Eglise).
- Donc, svp, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Comme je l'explique dans d'autres réponses à d'autres messages sur l'affaire Welby, je ne me permets pas de parler de ce que j'ignore, et que savent (seuls) les responsables de la clinique romaine et les enquêteurs. La seule chose dont nous ayons le droit de parler, nous qui ne sommes que des observateurs extérieurs, c'est la campagne politico-médiatique qui était armée à l'avance, et qui s'est déclenchée dès la mort de Welby. Objectif : mettre le diocèse de Rome dans une position fausse. D'où la revendication des obsèques religieuses... Si un militant français organisait son trépas de façon à ce que son parti en fasse un casus belli (envers l'archevêque de Lyon ou celui de Paris), que croyez-vous qui se passerait ? Et à Bruxelles ? Ou à Namur ?
- Quant à la position de l'Eglise sur la question en général, les textes sont accessibles à tous. Vous savez qu'elle condamne l'acharnement thérapeutique et qu'elle renvoie chacun à sa conscience. Ce n'est pas du jésuitisme : c'est simplement de l'humanité. ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : Une âme dans la foule | 15/01/2007

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