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13/12/2006

Le sapin est-il un symbole religieux ?

medium_capitoletree_1_.jpgMini-polémique US  autour de sapins de Noël !  Mais il y a un détail que personne n'a noté...

(+ ma réponse à Eric, sur le rapport entre le sapin et le christianisme) :


 

 

 

 

 

 <<  SEATTLE (Etats-Unis) – agences – 12 déc. 2006  :  Le sapin de Noël, la Ménorah, le rabbin et l'avocat

L'installation de 14 sapins de Noël à l'aéroport de Seattle (nord-ouest) a provoqué une polémique entre communautés religieuses sur fond de craintes d'un procès contre les autorités aéroportuaires. Après la plainte d'un rabbin demandant la pose d'un chandelier géant à sept branches - une Ménorah -, au titre de la célébration de la fête juive d'Hanoukka, les sapins ont été dans un premier temps remisés par les responsables de l'aéroport pour échapper à une action en justice.

Le rabbin Elzar Bogomilsky, qui avait fait cette demande via une lettre de son avocat, a ensuite fait savoir qu'il n'avait pas souhaité l'enlèvement des sapins. Entretemps, il avait reçu un flot d'e-mails et des lettres haineuses.

Lundi soir, les autorités de l'aéroport ont indiqué que le rabbin n'avait pas l'intention de faire de procès et les arbres de Noël ont été réinstallés. "Le rabbin ne nous a jamais demandés de retirer les sapins, c'était une décision de l'aéroport", a indiqué Pat Davis, gérant de l'aéroport.

Pour les décorations de l'aéroport à la fin 2007, les responsables de l'aéroport ont promis de travailler avec le rabbin et d'autres communautés religieuses.

En novembre, c'est le géant américain de la distribution Wal-Mart qui avait choisi de remettre Noël en vedette cette année et de prendre ses distances avec le plus consensuel "Joyeuses Fêtes" qui lui avait valu l'an dernier les foudres de groupes religieux américains. >>

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Cette anecdote peut s’interpréter de deux façons :

-  comme le ferait le Canard, en ironisant sur « toutes les religions » ;

-  d’une façon plus subtile, en soulignant un détail qui paraît avoir échappé à tout le monde dans cette histoire  :  le sapin d'aéroport n’est PAS un symbole religieux. Ou si c’en est un, c’est le symbole du gloubiboulga émotionnel qui tient lieu de religiosité aux Occidentaux !  On peut déplorer qu’un rabbin* croie que le sapin d'aéroport ou de grands magasins est un symbole religieux. Tant que ce genre de malentendus persisteront, le dialogue théologique entre judaïsme et christianisme aura du mal à exister.

« Noël »  – à Paris comme à Seattle –  est devenu une saison commerciale, qui commence début novembre et s’achève à la mi-janvier, et qui n’a plus aucun sens. Sauf celui-ci : faire marcher la consommation. C’est à ça que correspondent les sapins sur la voie publique.

Les musulmans le voient bien. Ils nous trouvent affligeants.

Et les chrétiens, que font-ils  pour mettre en circulation autour d’eux le vrai sens de Noël ? L’exemple lyonnais est à méditer. (Ma note du 11. 12. 06).  Ou celui du sapin de la place Saint-Pierre.  Quand une tradition vide existe, donnons-lui le sens dont elle manque ! C'est ce que l'Eglise a fait quand elle s'est emparée du 25 décembre, il y a bien longtemps...  C'est ce qu'elle fait lorsqu'elle attribue une dimension symbolique chrétienne à la très tardive coutume du sapin, fabriquée au XIXe siècle par la bourgeoisie victorienne.

Le signe catholique de Noël, c'est la crèche !

 

(*) probablement Loubavitch, à cause du chandelier géant de Hanoukka.

 

 

 

Commentaires

> Très juste remarque !

Écrit par : Emmanuel | 13/12/2006

Merci de dénoncer l'utilisation commerciale de fêtes religieuses!

Pour faire suite à votre billet, il y a l'explication historique du sapin de Noël dans le numéro de décembre de la revue Il est Vivant.

Écrit par : Renaud | 13/12/2006

>>Le signe catholique de Noël, c'est la crèche !

C'est ce que je propose de partager sur le blogue :
http://noelsurmonbureau.blogspot.com/
qui propose des fonds d'écrans autour de la Nativité.

Écrit par : Renaud | 14/12/2006

YGGDRASILL, TANNENBAUM, URWALD u.s.w.


1. Le commentaire d'Eric :

> Dans les pays de langue germanique, on explique la tradition de l'arbre de Noël, comme l'arbre du Sauveur par opposition à l'arbre d'Adam qui causa la chute de l' humanité... Il s' agit donc bien d' une coutume locale chrétienne, avec la pédagogie du Nouvel Adam Rédempteur du monde.
Cette coutume fut importée en France par les princesses allemandes au XIXème siècle et répandue durant le XXème siècle dans toutes les classes de la société(surtout après la dernière guerre)...

E.


[2. Ma réponse à Eric :

- En effet, coutume locale ! Mais bien plus vieille que le christianisme... Le culte de l'arbre est carrément païen et paléogermanique, issu de l'Urwald (la forêt originelle) : Yggdrasill-Irminsul, c'est l'Arbre-du-Monde toujours vert, siège du dieu Odhinn autour duquel tous les dieux tiennent leur assemblée. Pendu à cet arbre durant "neuf nuits", Odhinn acquiert "la science magique des runes"... Source vitale, source du savoir, révélateur du destin, cet Arbre est le canal par lequel le sacré païen façonne les existences humaines. Cela se passe au sein de la tribu, du clan, de la communauté close... Cet arbre sacré est "l'idéogramme de la mythologie scandinave" (Mircea Eliade).
Cf Adam de Brême décrivant le temple païen d'Uppsala : "Près de ce temple se tient un arbre gigantesque qui étend largement ses branches ; il est toujours vert, tant en hiver qu'en été. Il y a là aussi une source où les païens apportent leurs offrandes. Un homme y est jeté vivant ; s'il ne reparaît pas, c'est que le voeu du peuple est exaucé."

Les païens scandinaves se sont christianisés avec une facilité déconcertante dès les Xe-XIe siècles. Une partie de leurs traditions ont pu être recyclées par les missionnaires, comme ce fut la règle partout ailleurs. (Remplacement de Thorr et de son marteau par saint Olafr et sa hache, etc).
Régis Boyer : "Le Scandinave a d'emblée senti, compris, que la force vive était ailleurs que dans ses dieux anciens, et en ce domaine comme en tant d'autres, il s'est adapté."

C'est ce qui est arrivé au culte de l'arbre, dans tout l'espace germanique. Il a survécu ça et là sous des formes faibles, très locales, dont le "tannenbaum" était sans doute une expression. D'autant que ce culte de l'arbre pouvait, à la rigueur, être assimilé à la vénération de l'Arbre de la Croix.
Puis le XIXe a vu se répandre le sapin "de Noël", par des milieux allemands, dans la haute société française et surtout anglaise. Et, de là, aux Etats-Unis.
Ceci pour dire qu'en 2006, la nouvelle évangélisation, remise en lumière de l'essentiel, passe par l'image de la crèche (l'Incarnation, l'Histoire Sainte) bien plus que par la faible allégorie de l'arbre vert ! ]

Cette réponse s'adresse au commentaire

Écrit par : éric | 14/12/2006

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