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20/09/2006

Benoît XVI persiste, signe, et explique...

medium_3182668270_1_.2.jpg...dans son discours à l’audience générale d’aujourd’hui :


 

 

 

 

Revenant sur la journée de Ratisbonne, il rappelle ses trois moments importants :

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- la messe, avec l’homélie sur « l’humanité que le Père veut rassembler en une seule famille » ;

- la prière oecuménique ;

- la leçon devant les professeurs et les étudiants de l’université (photo ci-dessus). Loin de prendre ses distances avec cet événement, le pape le qualifie d’ « expérience très belle ».  Son discours, souligne-t-il, portait sur les rapports de la foi et de la raison. Puis il explique : pour introduire ce thème de réflexion, « j’ai cité quelques mots d’un dialogue entre chrétiens et musulmans au XIVe siècle », dialogue au cours duquel l’un des interlocuteurs (l’empereur de Byzance) avait ouvert son raisonnement d’une façon « incompréhensible pour nous ». Il s’agit là des quelques lignes d’un texte médiéval où Manuel II, évoquant la violence islamique, en parle… violemment.  Benoît XVI souligne qu’il ne voulait en aucune façon « s’approprier » cette phrase du Byzantin, et qu’il regrettait d’avoir été mal interprété : son discours, rappelle-t-il, ne s’appuyait pas sur la partie polémique (et datée) du propos de l’empereur,  mais sur la suite de ce propos, dans laquelle Manuel II explique que la foi doit être guidée par le raisonnable ; cette idée sert le dialogue des cultures et des religions dans le monde actuel. Ainsi la leçon de Ratisbonne encourage à un dialogue positif, « autocritique », entre la raison moderne et la foi des chrétiens…

 

Voilà donc la mise au point attendue. Elle a soulevé les applaudissements de la foule considérable qui s’était massée sur la place Saint-Pierre. Elle a désappointé nos médias, qui avaient fabriqué le « scandale » pour mettre le feu à l’opinion islamique (ça c'est de l'info, coco) - et qui escomptaient maintenant que le pape vienne demander pardon.

 

Les médias ne comprendront jamais que le pape ne se soucie pas d’eux – même quand les journalistes se voient en oracles de la Sociologie des Religions, discipline  aussi suffisante qu'insuffisante. C’est pour cette paisible liberté (entre autres) que « nous aimons le pape », comme l’écrivit Jean-François Kahn en 2005 à propos de feu Jean-Paul II.

 

Chose plaisante, les péremptoires médiatiques occidentaux se font désavouer, depuis quarante-huit heures, par des voix musulmanes. Ainsi le président sénégalais Abdou Diouf : il souhaite que les islamistes cessent de « donner raison à l’empereur byzantin » en brûlant des églises et en hurlant qu’ils tueront ceux qui les accusent de violence.

Ainsi également Tariq Ramadan, selon la dépêche ci-dessous :

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<<  GENEVE, 20 sept 2006 - Tariq Ramadan dénonce "l'instrumentalisation" des propos du pape

 

L'intellectuel musulman Tariq Ramadan a dénoncé mercredi "l'instrumentalisation" des propos du pape sur l'islam par certains gouvernements, tout en critiquant l'approche "réductrice" de Benoît XVI qui tend à exclure la religion musulmane de l'identité européenne (*). Dans une tribune publiée par le quotidien genevois Le Temps, l'universitaire suisse juge d'une "intensité surprenante" les réactions aux déclarations du souverain pontife de la part de gens  dont "la plupart n'avaient pas lu le texte". "Certains gouvernements instrumentalisent ce type de crise pour laisser s'exprimer les frustrations populaires", écrit-il. "Quand on a privé le peuple de ses droits fondamentaux et de sa liberté d'expression, il ne coûte rien de laisser ce dernier exprimer sa colère". Tariq Ramadan regrette que "ces masses en ébullition donnent l'impression qu'on ne débat pas chez les musulmans". Sur les propos de Benoît XVI, l'intellectuel reconnaît qu'on "peut effectivement s'interroger sur le raccourci de la réflexion sur la relation de l'islam et de la violence". Mais "est-il sage que les musulmans s'offusquent (...) et fassent mine d'oublier que depuis cinq ans ils sont quotidiennement questionnés sur le sens du jihad et de l'usage de la violence", rappelle le petit-fils du fondateur des Frères musulmans égyptiens, en référence aux attentats du 11 septembre 2001...  >>

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 (*)  Que l’islam fasse partie de « l’identité européenne » est un dogme laïque récent, dénué de fondements historiques connus, et dont les politiciens et les éditorialistes usent sans modération.

 

 

 

Commentaires

> Et si c'était justement ça que refusent nos médias : l'idée que le christianisme est pour le monde entier (universel), pas seulement pour un "territoire" ? Ce qui le désigne à la rivalité de l'islam, qui se veut lui aussi universel ?

Écrit par : Ippolito | 20/09/2006

> Mais comme ils ne le veulent plus non plus sur ce "territoire", ça fait qu'ils ne le veulent plus nulle part.

Écrit par : Zara | 20/09/2006

> A lire vos rubriques jour après jour, cher Monsieur de Plunkett, je comprends mieux pourquoi il était opportun et si actuel que Jean-Paul II ajoute les Mystères Lumineux au Rosaire.
Merci de si bien éclairer l'information pour nos esprits si souvent égarés ou trompés. Vous êtes devenu incontournable.

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 21/09/2006

PAPE OU THEOLOGIEN ?

> La question est la suivante : Benoît XVI est-il pape ou théologien ? La réponse est évidente : maintenant il est pape. Qu'il fasse donc mourir le théologien comme saint Paul appelle à faire mourir le vieil homme.
Pour moi, ce discours de Ratisbonne, c'est le retour du "vieil homme": BenoÎt XVI aura appris, à ses depens, que la foi n'est pas un discours sur le monde - Logos - mais la mort à soi-même pour suivre le Christ - Verbe fait chair.
Jusqu'à présent, il n'avait fait que ce qu'il aimait : de la théologie - et conservatrice de surcroît, puisque les hommes n'allaient pas où il aurait voulu. Maintenant il doit faire le pape, comme disait Jean-Paul II -"fare il Papa". Car voici ce que le Seigneur dit à Pierre : "en vérité, en vérité, je te le dis : quand tu étaos petit, c'est toi-même qui mettait ta ceinture et tu allais où tu voulais. Plus tard, c''est un autre qui te mettra ta ceinture et te feras aller où tu ne voulais pas".
Puisse le Souverain Pontife comprendre ceci à l'occasion de cette affaire de Ratisbonne et, descendu une bonne fois pour toutes, de l'estrade du clerc, devenir un pasteur pour les brebis du Seigneur. Depuis un an, il a prouvé qu'il en avait la capacité. Mais il n'aura pas pu échapper à cette loi qui nous régit tous, je veux dire : ceux qui s'efforcent de suivre le Christ : mourir à soi-même, renoncer à ce que l'on a de plus chair. Et parfois, ce sont "ses idées" propres
"J'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Quand tu seras revenu, affermis tes frères".
"Sois le pasteur de mon troupeau".
Nous sommes un peuple de disciples, pas de théologiens.

Écrit par : Louis-Joseph | 21/09/2006

J'ADHERE TOTALEMENT

> POURQUOI tant d'agressivité de la part des uns (toujours les mêmes) à l'égard de Benoît XVI ?
Les médias occidentaux sont coincés dans leur horizon de pensée borné par la frontière. Cette limite dont il tire le prétexte à leur originalité.
Et voilà que Benoît XVI s'affranchit de ces détails et parvient à leur dérober leur auditoire. Concurrence illégale ! Ils n'admettent pas qu'une idée, qu'une pensée puisse apénétrer par effraction dans leur pré carré et malmené leur image de gourou médiatique. Et en plus, il se permet de mettre les pieds dans le plat ! Ca va plus...
Alain Bauer dans son dernier livre dénonce encore l'ultramontanisme de l'Eglise, ce qui témoigne de la persistance de cette obsession chez les laïcs. Il y a moins de francs-maçons en France qu'il n'y a de pélerins sur la place Saint-Pierre en un jour. Il a raison de s'inquiéter.
C'est aussi grâce au discours de gens comme Alain Bauer qu'on mélange tout en France. L'inconvénient de la laïcité (et du programme d'histoire) est d'avoir favorisé la confusion dans les esprits, comme si le religieux et le politique s'attachaient au même domaine de l'esprit.
L'incapacité de la classe politique à motiver, à rassembler, à stimuler et entretenir l'espérance font que les foules se détournent d'elle. Ce qui lui est douloureux c'est que l'opinion aille se réfugier dans la foi. L'affluence de la foule à l'enterrement de Jean-Paul II et le nombre de pélerins qui continuent d'affluer à Rome finissent de la complexer.
C'est - d'une certaine manière - l'échec des Lumières qui leur est difficile d'admettre et le regain de la foi qui rendent la réaction de la presse occidentale aussi agressive.
Si les gens se retournent vers l'Eglise, c'est parce qu'ils aspirent à la sincérité, ce qui n'existe plus dans le débat et la vie politique. La solution existe. La classe politique doit trouver un Jean XXIII pour lancer un Elysée II et ouvrir les fenêtres pour rapprocher les citoyens de leurs élites. Vu comme c'est cloisonné, il y a peu de chances d'en trouver un. Baudelaire disait que les nations n'ont de grands hommes que malgré elles. Alors c'est peut être pour cela aussi que les regards se tournent de plus en plus vers Rome.
http://www.lefigaro.fr/eco/20060224.FIG000000185_un_million_de_jeunes_ont_quitte_la_france.html

On peut comprendre la grogne des commentateurs qui perdent leur auditoire en même temps qu'il se rendent compte qu'ils sont de plus en plus seuls à croire à leurs certitudes.

Benoît XVI offre aujourd'hui au monde une réflexion riche et puissante que personne d'autre ne propose. On lui fait un procès d'intention. J'ai du mal à comprendre Louis Joseph. J'adhère totalement au discours et à la posture du pape en ce qui me concerne.
L'histoire de France atteste que ce pays n'a jamais supporté bien longtemps l'intelligence (Mendès, Rocard, Giscard, etc.). Pas étonnant que le pape puisse y être mal vu. Qui cela peut-il encore étonner finalement ?
Le pompon serait que le successeur de Benoît XVI soit un Français. Mais je ne suis pas pressé, j'aime beaucoup notre pape et lui souhaite une très longue vie.
Tout ceci étant un point de vue très partial et subjectif.

Écrit par : Qwyzyx | 21/09/2006

PAPE ET/OU THEOLOGIEN

> Qu'est-ce que tu racontes, Louis-Joseph, à opposer des choses qui vont ensemble ? Si tu n'aimes pas la théologie, c'est ton problème : n'en dégoûte pas les autres !

Écrit par : marco | 22/09/2006

> Merci Marco. Mauvais procès de Louis-Joseph. Procès d'intention même. Moi qui suis hermétique à la théologie fumeuse j'ai trouvé le texte de Ratisbonne limpide et parfaitement accessible (c'est ce que j'ai aimé chez Maritain). Mais peut-être que justement, ce discours sur foi et raison dérange ceux qui voudraient se dispenser de réfléchir sur leur foi et se bercent dans une foi mêlée d'irrationnel. Un Dieu irrationnel, désincarné, coupé de la nature et de la création, tout compte fait, est plus commode à assumer, surtout aujourd'hui...

Écrit par : Frédéric RIPOLL | 22/09/2006

> Et on dit quoi ?

http://news.catholique.org/laune/11759-trois-catholiques-executes-en-indonesie-vous

Ca me révolte.

Écrit par : Ben | 22/09/2006

> Pauvre et cher Louis-Joseph !

J'imagine que Louis-Joseph est un homme bon et sincère. Mais quelle fragilité dans le raisonnement !
Louis-Joseph n'aime pas la théologie. Faut-il entendre qu'il n'aime pas les convictions ? Faut-il entendre que, pour lui, le chrétien n'a guère à se soucier de la Vérité ? Comme il lui faut "mourir à soi-même', le chrétien doit-il, selon Louis-Joseph, abandonner tout ce qu'il a de plus cher, ses convictions, sa foi... ?
On ne pourrait imaginer contre sens plus absolu.
On ne peut être pape sans être théologien, sans être bon théologien. On ne peut être bon pasteur que si l'on guide ses brebis sur le bon chemin.

Écrit par : Sophrone | 22/09/2006

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