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07/09/2006

La « rentrée » de Benoît XVI

medium_pape2_1_.jpgsous le chapeau de Jean XXIII…

 

 

Résumé de la note :  Chapeau d’été – Voyage en Bavière – Merkel et les « racines chrétiennes » -Voyage turc – Fermeté envers l’islam - Dialogue interreligieux ? oui, mais...


Le 6 septembre, sous un soleil de plomb et devant 25 000 pèlerins massés sur la place Saint-Pierre, le pape Benoît XVI, coiffé du chapeau pontifical d’été [1], a donné sa catéchèse du mercredi. Il avait été fidèle à ce rendez-vous hebdomadaire durant le mois d’août, se faisant héliporter de Castelgandolfo au Vatican (et retour) chaque mercredi ; mais cette semaine avait un goût de rentrée :

 

>  samedi, Benoît XVI atterrira à Munich pour un voyage bavarois de six jours : messes en plein air, entretiens avec le ministre-président de Bavière Edmund Stoiber, le président allemand Horst Köhler, et la chancelière Angela Merkel... Celle-ci rencontrera donc  le pape pour la deuxième fois en quinze jours : le 28 août déjà, elle était venue à Castelgandolfo discuter avec Benoît XVI.  Au programme de cette première entrevue : le Proche Orient.  Et la question des « racines chrétiennes de l’Europe », sujet  sur lequel Mme Merkel pense le contraire de M. Chirac. (Fille de pasteur, elle estime que ces racines devraient être mentionnées par le préambule d’une constitution européenne [2]).

 

>  Déjà les ambassadeurs européens au Saint-Siège évoquent, entre eux, un autre voyage de Benoît XVI (nettement plus névralgique). Du 28 au 30 novembre, le pape doit se rendre en Turquie : pays que l’opinion publique européenne ne veut pas voir entrer dans l’U.E., mais auquel Bruxelles a promis le ticket - pour des raisons auxquelles Washington n’est pas étrangère.  La Turquie est aussi le pays où les « islamistes modérés » sont au pouvoir, et où les islamistes moins modérés assassinent des prêtres.

 

> On rapproche cette perspective turque des propos tenus par Benoît XVI le 5 septembre, à Assise, lors de l’assemblée annuelle de la communauté de Sant’Egidio (mouvement catholique aimé des médias, qui se veut impliqué dans les relations internationales et le « dialogue interreligieux »). Le pape a clarifié les choses.  A l’adresse de l’islamisme : « Il n’est permis à personne de prendre argument de la religion comme présupposé ou prétexte d’une attitude belliqueuse à l’égard d’autres êtres humains. »  A l’adresse des catholiques : « La rencontre interreligieuse de prières ne doit pas prêter à des interprétations syncrétiques, fondées sur un relativisme qui nierait le sens même de la vérité et la possibilité de l’atteindre ». Le message du pape est clair : de la part de chrétiens, dialoguer est nécessaire, mais renoncer à l’universalité de la foi chrétienne serait le contraire d’un dialogue [3]. On  se souvient qu’en février 2006 Benoît XVI a rattaché  le « conseil  pontifical pour le dialogue interreligieux » au « conseil pontifical pour la culture » (cardinal Poupard) : indice d’une reprise en main, et d’une plus grande fermeté dans les relations avec les pouvoirs musulmans dans le monde.

 

 

[1] chapeau que portait volontiers Jean XXIII  (comme le bonnet camauro d’hiver, rouge et bordé de fourrure blanche). Jean-Paul II l’avait délaissé.

[2] Mais faut-il une constitution à l’Europe ? C’est une autre affaire, à ne pas confondre avec la controverse sur le christianisme.

[3]  Certains milieux issus du christianisme veulent que les colloques interreligieux remplacent l'évangélisation.

 

 

 

 

Commentaires

[de : Qwyzyx]

MARGINALE "LAICITE FRANCAISE"...

> Ne serait-il pas utile que l'opinion publique française sache le caractère marginal en Europe de la position de Jacques Chirac à propos de l'héritage ou des racines chrétiennes de l'Europe ?
La France semble nourrir en effet l'illusion - ou la prétention - que sa laïcité est la règle alors qu'elle n'est qu'une exception - de plus - comme le Mexique, la Turquie et la Syrie. je crois que l'Irak l'était aussi... Un véritable succès.
Jacques Chirac développe une argumentation spécieuse qui n'est encore qu'un moyen de s'isoler un peu plus des autres et du projet européen qui a été initié par trois... chrétiens-démocrates. Personne ne s'en était offusqué à l'époque... Et la Turquie réclame d'y entrer tout de même.
Pour répondre à l'interrogation de votre note 2, je veux être européen. J'attends cela depuis des années, de vivre dans un ensemble politique qui sublime le principe d'Etat Nation responsable des massacres du 20° siècle (et dont la France fut les des principaux promoteurs), pouvoir bénéficier de droits et de libertés qui me permettent de me déplacer et de m'installer partout en Europe. Cette mise en concurrence des pays obligera le nôtre à s'améliorer plutôt que de se recroqueviller.
J'attends donc avec impatience une constitution européenne, qu'elle se fasse avec ou sans la France. Je préfèrerai avec. A elle de choisir.
Cette position peut choquer la fibre nationale de certains. Je ferai remarquer cependant qu'on permet bien en France de divorcer d'un conjoint qu'on a librement choisi, pourquoi alors ne pas pouvoir le faire d'un pays dont on a acquis la nationalité par le hasard de la naissance ? Qui peut le plus, peut le moins.

Écrit par : Qwyzyx | 07/09/2006

[de : M. Gros]

PATRIE ET REFUS D'OBEISSANCE

> Le catholicisme admet le refus d’obéissance aux autorités civiles (« lorsque leurs exigences sont contraires à celles de la conscience droite »), mais il prescrit « l’amour et le service de la patrie » (au nom du « devoir de reconnaissance » et de « l’ordre de la charité ») : Catéchisme de l’Eglise catholique, 2242 et 2239.

Écrit par : Michel Gros | 08/09/2006

[de : Jérôme]

BENOÎT XVI ET LE "KNOW HOW"

Benoît XVI a été ADMIRABLE sur les deux dimensions de l'éducation - connaître et aimer, résumerais-je. Superbe extrait (La Croix, 8/9, p. 5) : "Mais si on se limite à propager uniquement le know-how, si on enseigne seulement la façon de construire et d'utiliser les machines, et le mode d'emploi des contraceptifs, alors il ne faut pas s'étonner si on finit par se retrouver avec des guerres et des épidémies de SIDA. Nous avons besoin de deux dimensions : il faut dans le même temps la formation des coeurs, si je peux m'exprimer ainsi, qui permet à la personne humaine d'acquérir des repères et d'apprendre aussi à employer correctement sa technique." Et paf !

Écrit par : Jérôme | 08/09/2006

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