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”La plus grande de toutes les révolutions...”

...c'est la Création, dit Chesterton :

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La Création est la plus grande de toutes les révolutions. C'est pour cela, comme disait le vieux poète, que les étoiles du matin chantaient en chœur. Et les poètes les plus modernes, aussi bien que ceux du Moyen Âge, peuvent descendre des hauteurs de leurs sphères lointaines et s'égarer et trébucher et paraître fous : nous les reconnaîtrons pour les fils de Dieu, parce qu'ils crieront encore la joie. Cette joie est plus mystique et absolue que l'optimisme moderne ; car ce n'est que de loin en loin, et trop rarement, que nous réalisons, comme une vision solennelle des cieux emplis d'un chœur de géants, notre premier devoir qui est de rendre gloire.

 

 

G. K. Chesterton, Chaucer, 1937.

 

 

 

 

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09/03/2014 | Lien permanent

”Faire face à la réalité de soi-même...”

...c'est le prix de la réconciliation :

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<<  L'idée maîtresse de ma vie, je ne dirais pas que c'est la doctrine que j'ai toujours enseignée, mais que c'est la doctrine que j'aurais toujours aimé enseigner. Cette idée, c'est d'accepter toutes choses avec gratitude, et non de les tenir pour dues. Ainsi, le sacrement de pénitence donne une vie nouvelle et réconcilie l'homme avec tout ce qui vit ; mais il ne le fait pas comme font les optimistes, les hédonistes et les païens qui prêchent le bonheur. Le don est fait moyennant un certain prix ; il est conditionné par une confession. En d'autres termes, le nom de ce prix est Vérité, qui peut être appelée aussi Réalité ; mais il consiste à faire face à la réalité de soi-même. Quand on ne l'applique qu'à autrui, le procédé ne s'appelle plus réalité, il s'appelle réalisme. >>

 

G. K. Chesterton, L'homme à la clé d'or, 1936

 

 

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13/03/2014 | Lien permanent

Charles Journet : 'Les sept paroles du Christ en croix' [1]

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Une synthèse de ce livre, par Serge Lellouche :

 

Charles Journet (1891-1975) fut un des grands théologiens contemplatifs du XXe siècle : auteur entre autres du magistral essai L'Eglise du Verbe incarné. Acteur et témoin privilégié du concile Vatican II, il fut nommé cardinal par Paul VI en 1965 ; haute fonction qui du reste ne l'empêcha pas de garder sa soutane de simple prêtre. La formulation dans la synthèse ci-dessous reprend telle quelle celle de l'auteur dans Les sept paroles du Christ en croix (Seuil 1952). Chaque «je» est celui de Charles Journet.  SL

 

 

 

Les paroles du Verbe : Ici-bas le silence est la condition des paroles vraies. Que valent les paroles qui n'enclosent pas de silence? Elles sont feuilles mortes.

Les sept paroles du Christ en Croix, achevées dans un grand cri, sont les toutes dernières paroles de sa vie passible. Le drame qu'elles contiennent se trouvait déjà annoncé dans les sept béatitudes du Sermon sur la Montagne, culminant dans la huitième, celle des persécutés pour la justice. Le mont du Calvaire est la réponse au mont des béatitudes.

Le Verbe pousse par degré vers la mort la nature humaine en laquelle il porte le poids de tout le mal de notre monde. Les sept paroles sont les étapes de son approche de la mort. Elles donnent une voix à la douleur finale du Christ. Elles nous entr'ouvrent ce mystère. Ce qui est drame effrayant, devient par elles un enseignement. Une lumière nous est livrée. C'est celle du Verbe, caché au cœur de la Croix sanglante, pour en faire jaillir ces sept Rayons.

 

La première parole : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ! » : Ce n'est pas sa douleur terrible qu'il exhale dans sa première parole. Ce qui le préoccupe, c'est de faire descendre sur terre le pardon de son Père. La première des sept paroles est rapportée dans saint Luc. Jésus, un peu avant d'être mis en croix, a fait entrevoir l'abîme de l'injustice des hommes. Si le pardon de Dieu vient (et il viendra merveilleusement à cause de Jésus), ce ne sera pas avant tout pour empêcher l'injustice du monde de fructifier en catastrophes, ce sera avant tout pour sauver, au sein même de ces catastrophes aveugles, la destinée suprême des âmes.

«Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font !» (Luc 23, 32-34). Père ! C'est le premier mot des sept paroles. Il dit «Père !», comme à la résurrection de Lazare. Ce n'est pas sa douleur qui l'occupe, c'est notre péché : d'abord la blessure, l'offense qu'il fait à Dieu, puis le ravage qu'il nous fait à nous-mêmes. Il demande avec son cœur d'homme que le Père pardonne : il faut, avec nos cœurs d'hommes, demander que le Père pardonne. Il faut continuer d'en appeler avec lui aux magnanimités d'en haut contre la haine, les folies, les crimes de la terre. Un royaume, longtemps attendu, paraît. C'est le royaume des pardons de l'Amour.

Il y a des moments où Jésus veut prier à part pour ses seuls disciples immédiats. A d'autres moments il étend sa prière jusqu'à tous les fidèles. Mais, par dessus ces prières spéciales, il y a en lui une prière permanente pour tous les hommes sans exception, c'est le monde entier qu'il vient chercher, qu'il voudrait sauver, pour qui il meurt. Maintenant, Jésus ne reproche même plus rien aux hommes. Il regarde au-dessus d'eux. Il voit leur destinée éternelle. C'est pour eux qu'il est en Croix.

Et il dit «Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font!». Ils savent et ils ne savent pas. Ils ne savent pas tout, c'est un titre au pardon. Mais leurs responsabilités sont inégales. Ainsi l'ignorance des hommes atténue le mal. Et les hommes sont moins puissants à se faire du mal, que Dieu à leur faire du bien. De l'ignorance des chefs, des archontes, saint Paul dira : «Mais nous annonçons une Sagesse de Dieu, pleine de mystère, qui est cachée, que Dieu a prédéterminée avant les siècles en vue de notre gloire, que nul des archontes de ce siècle n'a reconnue. Car s'ils l'avaient reconnue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de la gloire» (1 Cor. 2, 6-8). Saint Paul savait-il ce qu'il faisait quand il poursuivait les chrétiens? C'était par zèle de la Loi, telle qu'on la comprenait dans le judaïsme. L'apôtre comprend aussi que son aveuglement le condamnait et l'excusait à la fois : «Mais j'ai obtenu miséricorde, parce que j'agissais par ignorance, au temps de mon incrédulité» (1 Tim. 1, 12-14). Tel est l'entrecroisement des ignorances de l'homme et des pardons de Dieu. Nous savons et nous ne savons pas ce que nous faisons quand nous péchons. Nous savons que nous faisons mal, que nous brisons une pureté en nous, que nous trahissons une fidélité, une liberté, une grandeur. Mais nous ne savons pas le fond de ce mal, l'irréparable qu'il apporte avec lui, quelle liberté, quelle pureté, quelle grandeur il ravage en nous. Plus tard on voudra tant qu'une telle chose n'ait jamais eu lieu. Surtout, nous mesurons mal la blessure, l'affront, l'offense qu'il fait à Dieu.

Les théologiens distinguent dans le péché la faute, le ravage qu'il fait en nous, et l'offense qu'il fait à l'Amour : c'est sous le second aspect que le péché est un mal vraiment infini, que seule pouvait compenser la venue d'un Dieu fait homme. «Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font !». Ils ne savent ni l'offense qu'ils font à ton Amour, ni la profondeur de ton Amour.

La première parole du Christ en Croix est une parole d'immense miséricorde pour le monde. «Bienheureux les miséricordieux... ». Il y a des cœurs pleins de pardons. Ils ne semblent préoccupés que de pardonner. Ils s'ingénient à pardonner. Ils ont des trouvailles merveilleuses, des trouvailles divines pour pardonner. L'Esprit saint les remplit de ses lumières, de ses conseils, pour les rendre inventifs à donner et à pardonner. Ce sont les miséricordieux. Leurs actes sont si magnanimes, si purs, que les théologiens, conformément à l'Evangile, les appellent des béatitudes. Voilà les saints, les vrais disciples de Jésus.

 

La deuxième parole : « Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis » : Là où les yeux de la chair ne voient qu'une effrayante tragédie, les yeux de la foi contemplent un mystère grandiose. Ce crucifié sanglant est le Fils unique de Dieu. Et désormais le pardon du Père est prêt à se répandre.

La deuxième parole de Jésus se trouve, elle aussi, dans saint Luc. Elle concerne les deux malfaiteurs mis à mort, l'un à droite, l'autre à gauche de Jésus. Le sort de ces deux hommes qui montent avec Jésus vers le Calvaire est mystérieux. Toute vie qui approche de Jésus, pour le rejeter ou pour l'accepter, voit du coup son mystère se creuser. Le destin inégal de ces deux hommes représente les deux issues extrêmes de la souffrance. Elle peut délivrer les âmes, elle peut les révolter. Il y a des croix de blasphème et il y a des croix de paradis. Il y a trois hommes en croix : un qui donne le salut, un qui le reçoit, un qui le méprise. Trois paroles qui viennent des trois croix, laisseront voir les abîmes qui les séparent.

«L'un des malfaiteurs qui pendait à la croix le blasphémait, disant : «N'est-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !» Pourquoi se dire le Messie quand on est pareillement impuissant contre les hommes et leur système social, dit avec dépit le malfaiteur, envahi par la haine et la rage. Mais peut-être la révolte de cet homme venait-elle de plus loin. Peut-être était-elle plus tranquille, plus irrémédiable. C'est la vie entière qu'il avait défiée en devenant bandit. Dans les deux cas, il passe, sans la reconnaître, à côté d'une délivrance qui ne reviendra peut-être jamais. Est-il entré ainsi tout vivant dans la mort? Sa haine, son défi s'est-il éternisé ? Un éclair a-t-il pu, au tout dernier instant, peut-être après les sept paroles, peut-être après la mort de Jésus, déchirer sa nuit ?

Le second crucifié, plus qu'à tout, tient à la justice. Il l'a souvent violée dans les faits, il ne l'a jamais reniée dans son cœur. Parce qu'il oublie un instant de penser à sa torture par souci de la justice, voici qu'en réponse une nouvelle clarté intérieure l'illumine. Il devine, il comprend soudain, quelle profondeur, quelle pureté de justice il y a dans cet homme que l'on moque et brutalise. Son choix est fait. Il s'écrie : «Jésus, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume !».

«Je triomphe de joie, mes frères, mon cœur est rempli de ravissement en voyant la foi de ce saint voleur. Un mourant voit Jésus mourant, et il lui demande la vie : un crucifié voit Jésus crucifié, et il lui parle de son royaume ; ses yeux n'aperçoivent que des croix, et sa foi ne se représente qu'un trône» (Bossuet, Sermon pour l'Exaltation de la sainte Croix, 1659).

«Et Jésus lui dit : En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi, dans le paradis !». Par sa confession, cet homme est instantanément justifié et béatifié. Il quittera le changement pour la plénitude, le supplice pour la béatitude. «On n'entre pas dans le Paradis demain, ni après-demain, ni dans dix ans, on y entre aujourd'hui». Si tu aimes Jésus dans le temps, tu seras aimé par Jésus dans l'éternité. Ô Jésus, qui donnez au brigand le paradis tout de suite, et qui, par un seul rayon tombé de votre croix sanglante, le purifiez si merveilleusement qu'il n'y aura pas pour lui de délai après la mort, pas de part pour l'expiation, et que son dernier soupir amènera l'instant de son entrée dans la vision béatifiante du Dieu trois fois saint. Désormais la puissance des pardons du ciel est manifestée à la terre. Il suffira, fût-ce au tout dernier moment, qu'un cœur invoque, l'ayant enfin comprise, cette infinie Bonté d'un Dieu «qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique», pour qu'il soit à l'instant lavé de toutes ses hontes. «Il nous a aimés, et il nous a déliés de nos péchés dans son sang» (Ap. 1,5).

L'amour que nous donnons quand nous sommes en croix ressemble un peu à l'amour rédempteur. C'est le plus pur de nos amours, celui que Jésus accueille avec le plus de joie, celui qui hâte le plus en nous la venue du paradis. Aujourd'hui la croix ; au delà, l'éternité du paradis. Il ne faut aller aux choses qu'en regardant au delà des choses : «J'estime, écrit saint Paul, que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera révélée en nous» (Rom. 8, 18).

Sainte Catherine de Sienne dit qu'il y a d'autres larmes encore que celles des yeux, les larmes du cœur ou du désir, qu'elle appelle des larmes de feu. Ce sont celles que pleure en nous l'Esprit saint pour le salut du monde. Ces larmes de feu sont celles qui embrasent le cœur du Sauveur quand, au soir du jeudi saint, il voit s'approcher l'heure bénie de sa passion qui sauvera le monde.

Bienheureux ceux qui pleurent : ils seront, ils sont déjà consolés.

 

La troisième parole : « Voici ta mère » : «Jésus donc, voyant sa Mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa Mère : Femme, voici ton fils. Ensuite il dit au disciple : Voici ta Mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la reçut dans son intimité» (Jean 19, 25-27). Au moment où les choses le quittent, où son Eglise commençante semble se dissiper sous l'orage, voici qu'en la personne du disciple idéal, il l'unit pour toujours à sa Mère, par la puissance d'une double et mystérieuse parole : «Voici ton fils. Voici ta Mère».

Il y avait eu un temps, long, où Jésus avait tenu volontairement sa Mère à l'écart des vicissitudes de sa vie publique. «Pourquoi me cherchiez-vous ?» lui dit-il au temple de Jérusalem. « Ne saviez-vous pas que c'est aux choses de mon Père que je dois être ?». Ce que la Mère de Jésus ne cesse d'apprendre, c'est que la volonté de Dieu est une volonté séparante, qui disjoint la Mère du Fils, comme elle disjoindra à l'agonie et sur la croix le Fils du Père, et qui provoque ici et là des pourquoi déchirants ; le pourquoi de la Mère à son

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10/03/2014 | Lien permanent

Charles Journet : 'Les sept paroles du Christ en croix' [2]

Fin de la synthèse (par Serge Lellouche) :

 

 

 

La cinquième parole : « J'ai soif » : Ici, le désert est sans bornes, il n'y a que le cri du supplice de la soif. Mais celui qui dit : J'ai soif ! Est le Verbe divin, et de nouveau, voici s'ouvrir devant nous le mystère de l'Incarnation et l'abîme du mystère de la foi : il faut croire en un Jésus accablé par la douleur, et en même temps dominant sa douleur.

On préparait parfois pour les condamnés un breuvage enivrant destiné à atténuer leurs effrayantes douleurs. Avant la crucifixion, on avait offert de cette boisson à Jésus. Mais y ayant trempé les lèvres, il l'avait refusée, voulant garder sa pleine conscience. Toutes les brûlures de ses membres se concentrent dans l'atroce flamme qui dévore ses entrailles. C'est alors qu'il supplie et dit : J'ai soif! Mais à la soif physique qui torture Jésus, s'ajoute la soif, plus déchirante encore, de son désir de sauver le monde. Il avait dit le jeudi saint à ses disciples : «J'ai désiré d'un grand désir de manger cette pâque avec vous avant de souffrir» (Luc 22, 15). Comment peut-il ainsi désirer la pâque où vont commencer son agonie et sa passion ? La réponse secrète, c'est que, depuis son entrée dans le monde, il est tourmenté et consumé d'un tel désir de compenser l'offense infinie faite à Dieu par le péché, et d'ouvrir aux hommes les sources du pardon promises par le prophète, que l'approche du supplice sanglant de la croix, par lequel toutes choses sur la terre et dans les cieux vont être réconciliées, lui apporte un mystérieux soulagement.

Ainsi Catherine de Sienne écrira : «C'est la faim et la soif de l'anxieux désir que Jésus avait de notre salut, qui lui faisait crier sur le bois de la très sainte Croix : J'ai soif ! Comme s'il disait j'ai soif et désir de votre salut, plus que ne peut vous le manifester ce supplice corporel de la soif. Car la soif du corps est limitée, mais la soif du saint désir est illimitée». Dès le moment de l'Incarnation, il a pris sur lui la croix du désir de faire la volonté de son Père et de sauver le monde. Comment la sainte de Sienne aurait-elle compris aussi intensément la soif de faire la volonté du Père et de sauver le monde qui déchirait Jésus en croix, si quelque chose de cette flamme n'avait passé en elle pour la dévorer ? Sa lettre XVI est adressée à un grand prélat. Avec l'impétuosité de son désir, elle y parle des amoureux de Dieu qui, voyant l'offense qui lui est faite dans le monde, et la damnation des créatures, en éprouvent une telle souffrance qu'ils en perdent le sentiment de leur propre vie. Ils ne fuient pas les souffrances, ils vont à elles. Ils se glorifient comme Paul dans les tribulations. O suivez-cet apôtre ! Ajoute-t-elle audacieusement. Ouvrez les yeux. Le loup infernal se jette sur les brebis qui paissent dans le jardin de la sainte Eglise. Personne n'ose les arracher de sa gueule. Les pasteurs dorment dans l'amour d'eux-mêmes, la cupidité, l'impureté. L'orgueil les enivre au point de ne plus voir que la grâce les a désertés. Ils s'aiment pour eux-mêmes, non pour Dieu. Ils laissent grandir le mal, ils feignent de ne pas le voir, ils se taisent.

Sainte Thérèse de Lisieux sentait son ardeur de sauver le monde s'identifier avec celle de l'Eglise éternelle : «Je voudrais éclairer les âmes comme les prophètes, les docteurs. Je voudrais parcourir la terre, prêcher votre nom, et planter sur le sol infidèle votre croix glorieuse, ô mon Bien Aimé!» (Histoire d'une âme). Les saints, à la ressemblance du Christ, ont soif du salut du monde. La souffrance rédemptrice du Christ en croix, que nous pouvons bien décrire du dehors, ne découvre sa véhémence, ses terribles exigences, qu'à ceux qui, d'âge en âge, consentent à se perdre en elle sans plus rien réserver d'eux-mêmes. C'est le mystère de la corédemption qui leur ouvre les portes suprêmes du mystère de la rédemption.

Jésus découvrait d'un seul regard tout le déroulement concret de l'histoire du monde. Il connaissait chaque péché, chaque offense infinie à l'Amour. Nos infidélités d'aujourd'hui et de demain l'ont meurtri. Elles ont désolé son agonie. C'est pour elles que, sciemment, il est mort. L'agonie de Jésus est ainsi coextensive à toute la tragédie humaine. Toute la durée du temps, toutes nos fautes et omissions tiennent dans les profondeurs de l'unique instant de la passion rédemptrice. Or si Jésus a souffert pour des péchés qui sont encore à venir et qui se feront jusqu'à la fin du monde, alors, mais cette vue est effrayante, c'est moi qui, péchant demain, l'aurai mis en agonie il y a deux mille ans. C'est un des sens d'une autre pensée de Pascal : «Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là» (Pensées). Mais aussi, car cela est vrai, nos fidélités de demain l'auront consolée. Son cœur très saint, que ne cesse de blesser l'ingratitude du péché, nous avons maintenant à le consoler, et nous le pouvons, d'une manière très mystérieuse mais véritable.

A l'instant privilégié de sa passion, dominateur de tout l'écoulement du temps, Jésus ressent dans son cœur tout le drame que l'Eglise vivra jusqu'à la fin du monde. En ce sens, le drame de l'Eglise est comme une diffusion dans l'espace et le temps du drame de Jésus. La passion de Jésus est déjà, mais en sa source, la passion de l'Eglise ; la passion de l'Eglise est encore, mais en son épanchement, la passion de Jésus.

Jésus a eu soif de la gloire de Dieu et du salut du monde. Il aime tant ceux qui connaissent une pareille soif. Il leur promet des sources vives : «Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus soif à jamais ; car l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissante, en vue de la vie éternelle» (Jean 4, 10-15).

«Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice». C'est la béatitude du don de force. Ici-bas, c'est leur faim et leur soif des choses éternelles qui les rassasient. Ils n'ont plus de faim ni de soif pour les choses du temps. Comme Jésus, ils ont faim et soif de la parousie. Ils s'efforcent de hâter par leur désir l'avènement du jour de Dieu où les cieux enflammés se dissoudront ; car ils attendent «selon sa promesse, de nouveaux cieux et une terre nouvelle où la justice habitera» (2 Pierre 3, 12-13).

O Jésus est-il vrai que vous puissiez avoir soif de mon âme boueuse? Ces pauvres trop courts instants de prière que je trouve à vous donner chaque jour, est-il vrai que vous puissiez en avoir soif?

 

La sixième parole : « Tout est consommé! » : Les deux dernières paroles, qui précèdent immédiatement sa mort, où transparaît le dialogue secret et continu que Jésus entretient avec son Père, expriment de nouveau la maîtrise qu'il a de lui-même, et la sérénité divine qui habite son cœur. Jésus n'est pas venu pour accomplir les prophéties ; il est venu pour faire la volonté de son Père. Mais en faisant la volonté de son Père, il accomplit les prophéties. Il le sait. A la fin, quand l'oeuvre de son Père est achevée, toutes les prophéties sont réalisées, même celle qui annonçait que le juste serait abreuvé de vinaigre, il peut dire : Tout est consommé.

Tout est accompli, tout est consommé : cela signifie non seulement que les prophéties sont réalisées, mais encore qu'elles le sont d'une manière si haute, si plénière, si divine, qu'elle dépasse l'attente d'Israël lui-même. Ainsi, c'est Jésus et l'avènement de son royaume qui ont éclairé la prophétie messianique et révélé à nos yeux son dernier sens, jusque là couvert d'un voile. Avec Jésus, l'Ancien Testament devient un livre ouvert. En Jésus, tout devient chrétien : la création, le paradis terrestre, la chute, le déluge, les patriarches, Moïse et les prophètes, le Jourdain, la nouvelle Jérusalem, les fins dernières. L'épopée du salut d'un peuple devient l'épopée du salut du monde. «Car si vous aviez cru Moïse, vous me croiriez, parce que c'est de moi qu'il a écrit» (Jean 5, 46). «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrai mon jour ; il l'a vu et s'est réjoui» (Jean 8, 56). Maintenant, Jésus contemple la longue suite des prophéties, dans l'ordre où elles sont apparues en vue d'orienter progressivement l'attente d'Israël vers ce point mystérieux du temps où toutes choses enfin, sur la terre et dans les cieux, seraient réconciliées et pacifiées par le sang de sa propre croix. C'est la sérénité souveraine de ce regard embrassant toute la suite des siècles, qui transparaît dans la sixième parole de Jésus, empreinte à la fois de tristesse et de majesté : Tout est consommé.

Dès le premier instant de l'Incarnation et de sa venue dans le temps, Jésus lit d'un seul regard, nulle part ailleurs que dans le dessein même du Père, toute la volonté du Père sur lui, tout le dessein divin qui l'envoie dans le monde pour sauver le monde par sa croix rédemptrice.

Jésus, sachant en pleine lucidité tout le dessein du Père sur lui, sa vie entière ne sera dès lors qu'un adorable mystère d'obéissance. Quand le Prince de ce monde travaille à le faire mourir, Jésus ne l'entrave pas ; car le monde sera sauvé dès qu'il comprendra que Jésus est mort en obéissant au Père avec amour : il faut «que le monde sache que j'aime le Père, et que j'agis selon le commandement que m'a donné le Père» (Jean 14, 31). Un peu plus loin, Jésus demande que les disciples obéissent, puisqu'il a obéi au Père. Plus tard l'apôtre glorifiera l'obéissance du Sauveur : «Ayez en vous les sentiments qui étaient en le Christ Jésus, qui, étant dans la forme de Dieu, ne s'est point attaché jalousement à son égalité avec Dieu, mais s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'esclave, devenu semblable aux hommes ; et, ayant été trouvé comme un homme par ce qui paraissait de lui, il s'est humilié lui-même, en se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix» (Philip. 2, 5-11).

Ainsi donc, Tout est consommé signifie que le dessein même du Père de sauver le monde par l'obéissance de Jésus, est désormais accompli. En Jésus se concilient la liberté et l'infaillibilité de l'obéissance. Voilà un haut mystère. Jésus étant le Verbe fait chair, il est impossible qu'en lui le Verbe désobéisse au Père. Et néanmoins, ses actes d'obéissances, par exemple au précepte de mourir sur la Croix, sont souverainement libres. Le mystère de l'infaillibilité et de la liberté des obéissances de Jésus peut jeter une grande clarté sur la nature et la sainteté de l'obéissance chrétienne.

Le Christ qui est venu une première fois pour sauver le monde reviendra une seconde fois pour juger le monde. Ainsi, dès maintenant, tout est consommé, avec la tragédie de la croix. Et à la fin, lors de la seconde parousie, tout sera soumis, car tout ce que le sang rédempteur aura touché sera transformé pour la la vie de la gloire. L'intercession céleste du Christ n'est plus, comme sa mort en croix, un acte méritoire et rédempteur. C'est un acte supra-historique ininterrompu, par lequel il ratifie la supplication historique et rédemptrice de la croix. «Tout est consommé» sur la croix pour l'acquisition de la rédemption ; mais tout ne «sera soumis» qu'à la fin, quand s'achèvera la dispensation de la rédemption.

Quelques jours avant sa mort, dans sa ressemblance profonde avec le Christ, saint Thérèse de Lisieux dira : «Je sens que ma mission va commencer : ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voix aux âmes. Si mes désirs sont exaucés, mon ciel se passera sur la terre jusqu'à la fin du monde. Oui, je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. Ce n'est pas impossible, puisqu'au sein même de la vision béatifique les

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11/03/2014 | Lien permanent

Vivre ”l'aurore de son commencement”

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par la confession :

 

<<  Quand un catholique revient de s'être confessé, il retourne vraiment, par définition, à cette aurore de son commencement ; il regarde le monde avec des yeux nouveaux, vers un Crystal Palace qui est vraiment un palais de cristal. Il croit que, dans le coin sombre du confessionnal, à la faveur de ce bref rituel, Dieu l'a véritablement recréé à son image. Il est alors tout autant une nouvelle expérience du Créateur qu'il pouvait l'être quand il avait cinq ans. Il se trouve tout baigné de lumière blanche, en ce très digne commencement d'une vie d'homme. L'accumulation des âges ne le terrifie plus. Tout grisonnant, voire tout goutteux, il n'a que cinq minutes d'âge. >>

 

G.K. Chesterton, L'homme à la clé d'or, 1936.

 

 

 

 

 

 

 

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15/03/2014 | Lien permanent

Le clip sur le mariage forcé ?

...un symptôme (parmi d'autres) de l'irréalisme du milieu bobo :

 

Tapage autour du clip de quatre minutes contre les mariages forcés, diffusé sur le Net à l'occasion de la Journée de la femme : 14 millions de cris, de Liza Azuelos avec Julie Gayet. Ce film est sous-titré en anglais. En voici le thème : à Paris, Emma, 12 ans, est la fille d'un couple aisé. Elle rentre du collège. Sa mère (Julie Gayet) lui dit de se préparer pour une ''sortie surprise''. Elle lui met du rouge à lèvres, une belle robe blanche et une couronne de fleurs, sous les yeux du père (Alexandre Astier). C'est à la mairie qu'ils se rendent tous les trois : et, là, les deux parents remettent Emma à un septuagénaire au regard lubrique (Philippe Nahon). Sous les applaudissements d'un public tout aussi bourgeois, Mme la maire – tricolore en sautoir – déclare le vieux et l'enfant unis par les liens du mariage. Le clip s'achève sur le cri de la petite face à l'homme qui s'empare d'elle.

Les médias ont ovationné cette vidéo : ''court-métrage poignant qui touche en plein coeur '', affirme MetroNews...

Mais les spectateurs n'ont pas marché. À en juger par les messages, beaucoup ont reproché au clip de décrire ''autre chose que le monde réel''. Certains accusent l'auteur et ses soutiens médiatiques de faire partie d'une ''bobosphère en circuit fermé''. Leur argument : en France plusieurs dizaines de milliers de très jeunes filles sont mariées de force chaque année, chose effectivement atroce, mais ça se passe chez des immigrants récents et pauvres : et plus souvent ''au bled'' que dans l'Hexagone... D'où la perplexité des spectateurs devant le clip, qui met en scène des bourgeois parisiens.

Liza Azuelos explique ce qu'elle a voulu faire :'' Je ne suis pas là pour braquer la lumière sur une population et dire : regardez ce qu'ils font à leur femme... De plus, on a besoin de s'identifier pour être en empathie. C'est pourquoi j'ai choisi de tourner à Paris. Quand les gens vont voir ce film, ils vont ressentir quelque chose qu'ils ne pourraient pas ressentir si cela ne les concernait pas. C'est malheureux mais très humain. Mon métier en tant qu'artiste c'est d'interpeller les gens dans leur sensibilité."

Sans doute. La bonne intention de Mme Azuelos n'est pas en cause.

Ce qui l'est, c'est sa lucidité. Son clip est trop cérébral : une accumulation de fausses perspectives.

a) Le raisonnement sur ''l'empathie'' n'a aucun sens : à quoi sert-il de sensibiliser un public qui ne pratique pas ce qu'on dénonce, et qui ne peut rien pour l'empêcher ? Certains iront jusqu'à accuser Mme Azuelos d'avoir tourné quatre minutes de mauvais Buñuel pour se faire plaisir – et faire jouer Mme Gayet, idée très people.

b) Comme toutes les intentions au second degré, le clip de Mme Azuelos fait naufrage dans le premier degré... Beaucoup de spectateurs protestent que ''le mariage est impossible en France avant la majorité''.

c) Heureusement que le clip n'est pas destiné aux familles pratiquant le mariage forcé, qui sont d'immigration récente et connaissent mal la société d'accueil... Sinon elles en retireraient les impressions suivantes :

- la République française autorise les mariages forcés, puisque les maires les célèbrent et semblent les approuver ;

- la France avoue cela au monde entier, puisque le clip est sous-titré en anglais ;

- si des gens riches (modèle de réussite) pratiquent le mariage forcé de leurs fillettes, pourquoi empêcherait-on les pauvres d'en faire autant ?

- et comme Mme Gayet est notoirement la maîtresse du président de la République, quelques-uns pourraient imaginer que celui-ci approuve les mariages forcés...

''Mais c'est l'inverse de ce que j'ai voulu dire'', protestera Mme Azuelos ?  Quand on n'est pas capable de dire clairement et simplement de quoi on parle, mieux vaut se taire.

Quant aux médias  selon qui ce film (raté) ''touche au coeur'', ils devraient se demander : le coeur de qui. Ce serait un pas en avant dans leur compréhension de la crise de la presse.

 

 

 

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Vers ”le renouveau de la vie”

Le vrai sens du Carême :

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Depuis les origines, le Carême a été vécu comme un temps de préparation immédiate au baptême, lequel était solennellement administré pendant la Vigile pascale. Le Carême entier était une marche vers cette grande rencontre avec le Christ, cette immersion dans le Christ, ce renouveau de la vie. Nous sommes déjà baptisé, mais le baptême n'est pas toujours à l'oeuvre dans notre vie quotidienne. C'est pourquoi le Carême est un catéchuménat renouvelé par lequel nous allons de nouveau vers notre baptême, pour le redécouvrir, pour le revivre en profondeur, pour devenir à nouveau réellement chrétiens. C'est donc une occasion pour ''re-devenir'' chrétiens, selon un processus constant de changement intérieur et de progrès dans la connaissance et l'amour du Christ. La conversion n'est jamais faite une fois pour toutes, mais elle est un processus, un chemin intérieur de toute la vie. Cet itinéraire de conversion évangélique ne peut pas se limiter à une période particulière de l'année ; elle est un chemin de chaque jour, qui doit embrasser la totalité de l'existence, chaque jour de notre vie. Se convertir, qu'est-ce donc en réalité ? C'est chercher Dieu, marcher avec Dieu, suivre les enseignements de son Fils Jésus-Christ...

 

Benoît XVI, audience générale du 21/02/07

 

 

 

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16/03/2014 | Lien permanent

”Les Eglises doivent s'engager sur le climat”, proclame Nicolas Hulot (émissaire de François Hollande)

écologie,pape françois

Il constate l'aboulie des Etats et lance un appel aux religions. Bien... Mais comment peut-il dire que l'Eglise jusqu'ici n'a pas parlé du changement climatique ? Il devrait mieux s'informer :

 

 

Toute la page 5 du Monde ! Cette opération médiatique, vraisemblablement élyséenne, ne passe pas inaperçue mais soulève quelques questions.

Pour en venir à lancer cet appel aux religions (et en priorité à l'Eglise catholique), Hulot commence par dire du mal des gouvernements : ce qui ne cadre guère avec sa mission officielle [1]... ''Il n'est plus possible de nous en remettre aux seuls responsables politiques internationaux. J'ai rencontré plusieurs d'entre eux en 2013 et chacun, à sa manière, a mis en avant des arguments très ''pertinents'' pour ne pas agir tout de suite, mais plus tard. A ce compte-là, tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis pour que la conférence de Paris de 2015, où doit être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec. Les conséquences en seraient désastreuses...''

Hulot se tourne donc vers les autorités religieuses : elles peuvent, dit-il, ''provoquer un sursaut de conscience face à la crise climatique actuelle''. Ce qu'il espère, c'est que ces autorités puissent ''rappeler à la raison'' les chefs d'Etat, qui tournent le dos aux problèmes d'environnement depuis la crise financière. Ce serait aussi, selon lui, l'occasion d'une''alliance entre ce que l'on peut appeler l'écologie scientifique humaine et la théologie en tant que réflexion métaphysique'', pour ''appréhender en profondeur la crise de civilisation que nous vivons''. C'est bien vu, bien exprimé, et je ne peux évidemment qu'approuver Hulot quand il imagine une venue du pape au Mont Saint-Michel, haut-lieu catholique qui est ''un trait d'union entre la mer, le ciel et la terre et qui incarne aussi un lien entre culture et nature.'' [2]

Mais je m'étonne que Hulot cathophile semble ne pas connaître l'action de l'Eglise catholique dans le domaine de l'écologie : et notamment du réchauffement climatique.

Je le cite : ''Il est fondamental que les Eglises, et l'Eglise catholique en particulier, clarifient la responsabilité de l'homme vis-à-vis de la 'Création', pour reprendre le langage des croyants. L'homme est-il là pour dominer la nature, comme l'affirment certains textes ? ''

Or cette histoire de ''domination'' n'est qu'une rengaine polémique, qui date du vieil article de Lynn White dans Science (1967) et repose sur un contresens. [3] 

Et les papes et les cardinaux depuis Jean-Paul II insistent avec force sur la responsabilité du modèle économique dans le saccage de la Création ! Dans son message du 1er janvier 1990, Jean-Paul II accuse ''le développement constant des industries, des concentrations urbaines et de la consommation d'énergie'' de ''nuire à l'atmosphère et à l'environnement'' : ''il en résulte, dit-il,  de multiples altérations météorologiques et atmosphériques dont les conséquences vont des atteintes à la santé à la possible submersion, dans l'avenir, des terres basses...''  Le 27 septembre 2008, le cardinal Martino, président d'un Conseil pontifical, consacre un long message au rôle du tourisme dans le réchauffement climatique. En 2009, pour le sommet de Copenhague, Benoît XVI évoque (le 26 août) ''la question urgente du réchauffement climatique'' ; le 7 décembre, la salle de presse du Vatican déclare que ''l'altération de l'atmosphère dépend en grande partie des comportements et décisions humains ''; à Copenhague lors de l'ouverture du sommet, le nonce de Benoît XVI réclame ''un accord contraignant'' et ''des mesures concrètes concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre''... Demande que Benoît XVI réitérera le 17 décembre, dans un discours à huit ambassadeurs, juste après le sabordage du sommet de Copenhague par une manoeuvre anglo-saoudienne. Le 20 décembre, le nonce de Benoît XVI à l'ONU déclarera ''urgent'' de ''transformer les systèmes mondiaux d'énergie, parce que les modalités actuelles causent de graves dommages à la santé humaine, au climat de la Terre et aux systèmes écologiques dont dépend toute vie ''.

En décembre 2010, le Vatican se fait installer 2400 panneaux solaires pour ne plus émettre de gaz à effet de serre. Le même mois paraît le livre d'entretiens de Benoît XVI, dans lequel le réchauffement climatique est à nouveau cité comme exemple de responsabilité humaine négligée par les dirigeants séculiers... En 2011, le P. Lombardi (salle de presse) fait savoir que le Saint-Siège adopte le rapport de l'Académie pontificale des sciences sur l'urgence de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz :  ces conclusions, souligne-t-il, ''s'inscrivent dans le contexte des préoccupations liées au changement climatique, également pointées dans les récents documents du Magistère et par le Saint-Père.''  Etc !

Alors approuvons Hulot de se réjouir de l'engagement écologique du pape François [4], mais demandons-lui comment il peut écrire :''Après avoir étudié les textes religieux pour préparer ma visite au Vatican, j'ai réalisé que l'Eglise catholique n'évoquait pas le changement climatique... Il est donc important que l'Eglise précise clairement les choses.''

Quels ''textes religieux'' a-t-il ''étudiés'' ?

Ignore-t-il, en fait de textes, que l'action de l'Eglise dans ces domaines passe par les messages du pape et les discours officiels des nonces ?

Ou espère-t-il faire croire, à la prochaine initiative écologique de l'Eglise, que c'est lui – voire... Hollande – qui en a donné l'idée au pape ?

Parlant de la future encyclique de François sur l'écologie (2015), il déclare que c'est ''une avancée importante, surtout si la crise climatique est nommée en tant que telle''... Mais si François ''nomme la crise climatique'', ce sera la énième mention de cette crise (et de ses causes humaines) par le Magistère de l'Eglise.

Dans un encadré au bas de la page 5 du Monde, Stéphanie Le Bars mentionne tout de même plusieurs choses qui instruiront Hulot : notamment le passage écologique du discours de Paul VI à l'ONU en 1972, l'insistance écologique de Jean-Paul II et Benoît XVI, et l'engagement spectaculaire de leur successeur François dans ce domaine. (Mais ma consoeur fait une erreur à propos de la photo avec le t-shirt No al fracking : c'est le pape, et non ses invités argentins, qui tient ce vêtement militant ouvert devant lui, slogan bien en vue. Attitude révélatrice).

__________

[1] Hulot est ''envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète''. À ce titre, il a fait une visite exploratoire au Vatican avant l'audience papale de François Hollande.

[2] Sur ce symbolisme cosmique (donc écologique et chrétien), cf mon enquête Les romans du Mont Saint-Michel : ch. 1, Terre et mer, et ch. 2, Le roman de l'archange. (Le Rocher 2011). Le Mont ne symbolise pas '' l'identité française'', contrairement à ce que croient les ignares et les athées pieux !

[3] Incriminés à tort par White, les verbes hébreux du verset 28 de la Genèse ne disent pas ''dominer'' au sens de tyranniser mais de prendre en charge, et précisément de cultiver (''laavod''), matériellement et spirituellement, et de soigner (''lichmor'', qui implique la garde et la responsabilité).

[4] qui s'est fait photographier tenant à la main le t-shirt argentin de lutte contre le gaz de schiste...

 

 

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Chalon s/Saône et sa région : je vous donne rendez-vous le 12 février, 20h30

arton907-b9731.jpgConférence-débat : Chrétiens, et si on changeait le monde ?  Economie, éthique, justice sociale, environnement, écologie humaine - Les chrétiens à l'avant-garde... Salle Marcel Sembat, place Mathias.

 

communiqué

L'Association Familiale Catholique de Chalon-sur-Saône

vous invite à une conférence :

Chrétiens,

et si on changeait le monde ?

avec Patrice de Plunkett

le mercredi 12 février 2014

à 20h30

Salle Marcel Sembat, place Mathias à Chalon-sur-Saône
(parking public gratuit)

  • Comprendre les enjeux de notre époque : économie, éthique, justice sociale, responsabilité envers l'environnement

  • Bâtir ensemble le monde de demain dans un souci d'écologie humaine

  • Les chrétiens à l'avant-garde



Nous vous attendons nombreux !

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Thierry Le Paon : ”Hollande s'est pacsé avec Gattaz”

imagesF3NQPDW3.jpghqdefault254.jpgEt la CGT redit son désaccord avec la suppression des cotisations familiales :

 

Ce matin sur RMC et BFM-TV, le secrétaire général de la CGT a déclaré : "François Hollande s'est pacsé avec le président du Medef pour lâcher entre 30 et 50 milliards au patronat, soi-disant pour avoir une politique de l'emploi et faire baisser la courbe du chômage, alors que le Medef refuse de prendre des engagements." Le Paon souligne aussi que le pacte de Hollande supprime les cotisations familiales patronales (30 milliards d'euros), suppression exigée par Gattaz mais vouant les allocations familiales à dépérir – l'Elysée et Matignon ne mettant aucun zèle à trouver d'autres (et très hypothétiques) sources de financement.

Le seul autre syndicat à protester contre ce mauvais coup aux familles est la CFTC, par la voix de son secrétaire général adjoint en charge des questions économiques Joseph Thouvenel. Celui-ci a tonné contre la suppression des cotisations patronales, lors des discours de la Manif pour tous, dimanche dernier...

Voilà Le Paon objectivement d'accord avec ce propos de Thouvenel, même s'il en désapprouve le lieu et l'occasion. Et voilà une "coagulation des colères" qui déplairait à la droite... colérique.

 

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