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11/03/2014

Charles Journet : 'Les sept paroles du Christ en croix' [2]

Fin de la synthèse (par Serge Lellouche) :

 


 

 

La cinquième parole : « J'ai soif » : Ici, le désert est sans bornes, il n'y a que le cri du supplice de la soif. Mais celui qui dit : J'ai soif ! Est le Verbe divin, et de nouveau, voici s'ouvrir devant nous le mystère de l'Incarnation et l'abîme du mystère de la foi : il faut croire en un Jésus accablé par la douleur, et en même temps dominant sa douleur.

On préparait parfois pour les condamnés un breuvage enivrant destiné à atténuer leurs effrayantes douleurs. Avant la crucifixion, on avait offert de cette boisson à Jésus. Mais y ayant trempé les lèvres, il l'avait refusée, voulant garder sa pleine conscience. Toutes les brûlures de ses membres se concentrent dans l'atroce flamme qui dévore ses entrailles. C'est alors qu'il supplie et dit : J'ai soif! Mais à la soif physique qui torture Jésus, s'ajoute la soif, plus déchirante encore, de son désir de sauver le monde. Il avait dit le jeudi saint à ses disciples : «J'ai désiré d'un grand désir de manger cette pâque avec vous avant de souffrir» (Luc 22, 15). Comment peut-il ainsi désirer la pâque où vont commencer son agonie et sa passion ? La réponse secrète, c'est que, depuis son entrée dans le monde, il est tourmenté et consumé d'un tel désir de compenser l'offense infinie faite à Dieu par le péché, et d'ouvrir aux hommes les sources du pardon promises par le prophète, que l'approche du supplice sanglant de la croix, par lequel toutes choses sur la terre et dans les cieux vont être réconciliées, lui apporte un mystérieux soulagement.

Ainsi Catherine de Sienne écrira : «C'est la faim et la soif de l'anxieux désir que Jésus avait de notre salut, qui lui faisait crier sur le bois de la très sainte Croix : J'ai soif ! Comme s'il disait j'ai soif et désir de votre salut, plus que ne peut vous le manifester ce supplice corporel de la soif. Car la soif du corps est limitée, mais la soif du saint désir est illimitée». Dès le moment de l'Incarnation, il a pris sur lui la croix du désir de faire la volonté de son Père et de sauver le monde. Comment la sainte de Sienne aurait-elle compris aussi intensément la soif de faire la volonté du Père et de sauver le monde qui déchirait Jésus en croix, si quelque chose de cette flamme n'avait passé en elle pour la dévorer ? Sa lettre XVI est adressée à un grand prélat. Avec l'impétuosité de son désir, elle y parle des amoureux de Dieu qui, voyant l'offense qui lui est faite dans le monde, et la damnation des créatures, en éprouvent une telle souffrance qu'ils en perdent le sentiment de leur propre vie. Ils ne fuient pas les souffrances, ils vont à elles. Ils se glorifient comme Paul dans les tribulations. O suivez-cet apôtre ! Ajoute-t-elle audacieusement. Ouvrez les yeux. Le loup infernal se jette sur les brebis qui paissent dans le jardin de la sainte Eglise. Personne n'ose les arracher de sa gueule. Les pasteurs dorment dans l'amour d'eux-mêmes, la cupidité, l'impureté. L'orgueil les enivre au point de ne plus voir que la grâce les a désertés. Ils s'aiment pour eux-mêmes, non pour Dieu. Ils laissent grandir le mal, ils feignent de ne pas le voir, ils se taisent.

Sainte Thérèse de Lisieux sentait son ardeur de sauver le monde s'identifier avec celle de l'Eglise éternelle : «Je voudrais éclairer les âmes comme les prophètes, les docteurs. Je voudrais parcourir la terre, prêcher votre nom, et planter sur le sol infidèle votre croix glorieuse, ô mon Bien Aimé!» (Histoire d'une âme). Les saints, à la ressemblance du Christ, ont soif du salut du monde. La souffrance rédemptrice du Christ en croix, que nous pouvons bien décrire du dehors, ne découvre sa véhémence, ses terribles exigences, qu'à ceux qui, d'âge en âge, consentent à se perdre en elle sans plus rien réserver d'eux-mêmes. C'est le mystère de la corédemption qui leur ouvre les portes suprêmes du mystère de la rédemption.

Jésus découvrait d'un seul regard tout le déroulement concret de l'histoire du monde. Il connaissait chaque péché, chaque offense infinie à l'Amour. Nos infidélités d'aujourd'hui et de demain l'ont meurtri. Elles ont désolé son agonie. C'est pour elles que, sciemment, il est mort. L'agonie de Jésus est ainsi coextensive à toute la tragédie humaine. Toute la durée du temps, toutes nos fautes et omissions tiennent dans les profondeurs de l'unique instant de la passion rédemptrice. Or si Jésus a souffert pour des péchés qui sont encore à venir et qui se feront jusqu'à la fin du monde, alors, mais cette vue est effrayante, c'est moi qui, péchant demain, l'aurai mis en agonie il y a deux mille ans. C'est un des sens d'une autre pensée de Pascal : «Jésus sera en agonie jusqu'à la fin du monde : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là» (Pensées). Mais aussi, car cela est vrai, nos fidélités de demain l'auront consolée. Son cœur très saint, que ne cesse de blesser l'ingratitude du péché, nous avons maintenant à le consoler, et nous le pouvons, d'une manière très mystérieuse mais véritable.

A l'instant privilégié de sa passion, dominateur de tout l'écoulement du temps, Jésus ressent dans son cœur tout le drame que l'Eglise vivra jusqu'à la fin du monde. En ce sens, le drame de l'Eglise est comme une diffusion dans l'espace et le temps du drame de Jésus. La passion de Jésus est déjà, mais en sa source, la passion de l'Eglise ; la passion de l'Eglise est encore, mais en son épanchement, la passion de Jésus.

Jésus a eu soif de la gloire de Dieu et du salut du monde. Il aime tant ceux qui connaissent une pareille soif. Il leur promet des sources vives : «Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus soif à jamais ; car l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissante, en vue de la vie éternelle» (Jean 4, 10-15).

«Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice». C'est la béatitude du don de force. Ici-bas, c'est leur faim et leur soif des choses éternelles qui les rassasient. Ils n'ont plus de faim ni de soif pour les choses du temps. Comme Jésus, ils ont faim et soif de la parousie. Ils s'efforcent de hâter par leur désir l'avènement du jour de Dieu où les cieux enflammés se dissoudront ; car ils attendent «selon sa promesse, de nouveaux cieux et une terre nouvelle où la justice habitera» (2 Pierre 3, 12-13).

O Jésus est-il vrai que vous puissiez avoir soif de mon âme boueuse? Ces pauvres trop courts instants de prière que je trouve à vous donner chaque jour, est-il vrai que vous puissiez en avoir soif?

 

La sixième parole : « Tout est consommé! » : Les deux dernières paroles, qui précèdent immédiatement sa mort, où transparaît le dialogue secret et continu que Jésus entretient avec son Père, expriment de nouveau la maîtrise qu'il a de lui-même, et la sérénité divine qui habite son cœur. Jésus n'est pas venu pour accomplir les prophéties ; il est venu pour faire la volonté de son Père. Mais en faisant la volonté de son Père, il accomplit les prophéties. Il le sait. A la fin, quand l'oeuvre de son Père est achevée, toutes les prophéties sont réalisées, même celle qui annonçait que le juste serait abreuvé de vinaigre, il peut dire : Tout est consommé.

Tout est accompli, tout est consommé : cela signifie non seulement que les prophéties sont réalisées, mais encore qu'elles le sont d'une manière si haute, si plénière, si divine, qu'elle dépasse l'attente d'Israël lui-même. Ainsi, c'est Jésus et l'avènement de son royaume qui ont éclairé la prophétie messianique et révélé à nos yeux son dernier sens, jusque là couvert d'un voile. Avec Jésus, l'Ancien Testament devient un livre ouvert. En Jésus, tout devient chrétien : la création, le paradis terrestre, la chute, le déluge, les patriarches, Moïse et les prophètes, le Jourdain, la nouvelle Jérusalem, les fins dernières. L'épopée du salut d'un peuple devient l'épopée du salut du monde. «Car si vous aviez cru Moïse, vous me croiriez, parce que c'est de moi qu'il a écrit» (Jean 5, 46). «Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu'il verrai mon jour ; il l'a vu et s'est réjoui» (Jean 8, 56). Maintenant, Jésus contemple la longue suite des prophéties, dans l'ordre où elles sont apparues en vue d'orienter progressivement l'attente d'Israël vers ce point mystérieux du temps où toutes choses enfin, sur la terre et dans les cieux, seraient réconciliées et pacifiées par le sang de sa propre croix. C'est la sérénité souveraine de ce regard embrassant toute la suite des siècles, qui transparaît dans la sixième parole de Jésus, empreinte à la fois de tristesse et de majesté : Tout est consommé.

Dès le premier instant de l'Incarnation et de sa venue dans le temps, Jésus lit d'un seul regard, nulle part ailleurs que dans le dessein même du Père, toute la volonté du Père sur lui, tout le dessein divin qui l'envoie dans le monde pour sauver le monde par sa croix rédemptrice.

Jésus, sachant en pleine lucidité tout le dessein du Père sur lui, sa vie entière ne sera dès lors qu'un adorable mystère d'obéissance. Quand le Prince de ce monde travaille à le faire mourir, Jésus ne l'entrave pas ; car le monde sera sauvé dès qu'il comprendra que Jésus est mort en obéissant au Père avec amour : il faut «que le monde sache que j'aime le Père, et que j'agis selon le commandement que m'a donné le Père» (Jean 14, 31). Un peu plus loin, Jésus demande que les disciples obéissent, puisqu'il a obéi au Père. Plus tard l'apôtre glorifiera l'obéissance du Sauveur : «Ayez en vous les sentiments qui étaient en le Christ Jésus, qui, étant dans la forme de Dieu, ne s'est point attaché jalousement à son égalité avec Dieu, mais s'est anéanti lui-même en prenant la forme d'esclave, devenu semblable aux hommes ; et, ayant été trouvé comme un homme par ce qui paraissait de lui, il s'est humilié lui-même, en se faisant obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix» (Philip. 2, 5-11).

Ainsi donc, Tout est consommé signifie que le dessein même du Père de sauver le monde par l'obéissance de Jésus, est désormais accompli. En Jésus se concilient la liberté et l'infaillibilité de l'obéissance. Voilà un haut mystère. Jésus étant le Verbe fait chair, il est impossible qu'en lui le Verbe désobéisse au Père. Et néanmoins, ses actes d'obéissances, par exemple au précepte de mourir sur la Croix, sont souverainement libres. Le mystère de l'infaillibilité et de la liberté des obéissances de Jésus peut jeter une grande clarté sur la nature et la sainteté de l'obéissance chrétienne.

Le Christ qui est venu une première fois pour sauver le monde reviendra une seconde fois pour juger le monde. Ainsi, dès maintenant, tout est consommé, avec la tragédie de la croix. Et à la fin, lors de la seconde parousie, tout sera soumis, car tout ce que le sang rédempteur aura touché sera transformé pour la la vie de la gloire. L'intercession céleste du Christ n'est plus, comme sa mort en croix, un acte méritoire et rédempteur. C'est un acte supra-historique ininterrompu, par lequel il ratifie la supplication historique et rédemptrice de la croix. «Tout est consommé» sur la croix pour l'acquisition de la rédemption ; mais tout ne «sera soumis» qu'à la fin, quand s'achèvera la dispensation de la rédemption.

Quelques jours avant sa mort, dans sa ressemblance profonde avec le Christ, saint Thérèse de Lisieux dira : «Je sens que ma mission va commencer : ma mission de faire aimer le bon Dieu comme je l'aime, de donner ma petite voix aux âmes. Si mes désirs sont exaucés, mon ciel se passera sur la terre jusqu'à la fin du monde. Oui, je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre. Ce n'est pas impossible, puisqu'au sein même de la vision béatifique les anges veillent sur nous. Non, je ne pourrai prendre aucun repos jusqu'à la fin du monde, et tant qu'il y aura des âmes à sauver, mais lorsque l'Ange aura dit : Le temps n'est plus ! Alors je me reposerai, je pourrai jouir, parce que le nombre des élus sera complet et que tous seront entrés dans la joie et le repos. Mon cœur tressaille de cette pensée» (Novissima verba). Elle prévoit, sans aucun doute, le retentissement qu'auront ses écrits. Mais elle pressent plus profondément que le repos du Christ et de ses élus, entre l'instant du Tout est consommé, et l'instant du Tout est soumis, est une incessante médiation et une continuelle sollicitude pour le salut de notre pauvre terre. Si le Christ lui-même dans les cieux continue, selon l'apôtre, d'intercéder pour nous, comment ses saints dans les cieux pourraient-ils ne pas intercéder avec lui?

Heureux mille fois le chrétien qui, à la mort, pourrait sans témérité redire tout bas dans son cœur les mots de Jésus au Père : «Pour moi, je t'ai glorifié sur la terre, ayant consommé l'oeuvre que tu m'as donné à faire» (Jean 17, 4).

 

La septième parole : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » : Au cœur de la Croix de Jésus brille une extraordinaire lumière, qui rayonne dans ses trois premières paroles, où il n'est soucieux que de bienfaisance ; qui semble se voiler sous les deux paroles que lui arrache la violence du supplice : à la croix, dit l'hymne liturgique, la déité se cache ; mais qui réapparaît dans la paix dominatrice et la majesté sereine des deux dernières paroles.

Le Verbe est descendu dans la souffrance, non pour l'écarter des hommes, mais demander, à ceux qui veulent entrer dans la Paix infinie, de traverser son large rideau de feu. Il a caché pour nous, dans une Croix devant laquelle nous tremblons, toute la Lumière du paradis. Du même coup, il a changé la souffrance humaine en souffrance chrétienne et délivré le monde du désespoir.

Tout de suite après avoir rapporté la promesse de Jésus au larron, c'est la deuxième parole, saint Luc va nous livrer la dernière : «Le soleil s'obscurcit et le voile du Temple se déchira par le milieu. Et, s'étant écrié d'une voix forte, Jésus dit : Père, je remets mon esprit entre tes mais. Et en disant cela, il expira» (Luc 23, 44-46). Il ne dit plus Mon Dieu, mon Dieu..., il dit maintenant Père, comme à la première parole. La sérénité des hautes régions de son âme semble se répandre sur les régions inférieures et sur ses puissances sensibles pour les apaiser.

C'est le moment où l'âme de Jésus doit quitter le régime de la vie terrestre, où l'océan de la souffrance humaine pouvait déferler contre elle, pour entrer dans le régime de la vie céleste, où elle sera tout entière envahie par la paix de la gloire. Normalement, pour Jésus, le passage de la terre au ciel devrait se faire par une pure transfiguration de son corps, sans la rupture effrayante de la mort. Mais il n'est venu sur terre que pour embrasser cette mort. Il remet son âme au Père, dont elle était sortie par création quand, après l'Annonciation, sa nature humaine avait été tout entière miraculeusement formée dans le sein de la Vierge. Ainsi, au moment d'entrer dans la mort, Jésus, qui est Dieu, remet à Dieu en dépôt son esprit, c'est à dire son âme, créée mais immortelle.

Mais voici un grand mystère. Au moment où il remet son esprit dans les mains du Père, il réside déjà dans le sein du Père : car seul le Père peut embrasser tout le Christ. D'où le mot de Jésus dans saint Jean : «Je suis en le Père, et le Père est en moi» (Jean, 14, 10).

Ayant réconcilié toutes choses en lui-même, voici maintenant qu'il se place lui-même dans les mains du Père. Jésus donne au Père le plus précieux, le plus grave des dépôts qui aient jamais été mis en de telles mains, son âme créée de Fils unique, lourdes des clartés du ciel et des douleurs de la terre, dont l'amour est assez vaste pour embrasser le nouvel univers de la rédemption et l'entraîner vers ses destinées.

Ceux que visite l'esprit d'intelligence pénètrent la profondeur des mystères divins. Ils se détachent de l'inauthentique. Ils ont le cœur pur. Les grands actes de pureté, dans les choses sensibles ou spirituelles, procèdent du don d'intelligence. Ce sont des béatitudes : «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur...» (Mt 5,8). Ils vivent dès ici-bas de la clarté des mystères du ciel. Il leur est facile, à la mort, de remettre leur âme à Dieu. Sa Justice, au lieu de les effrayer, les rassure. A la mort, ils verront tout de suite, sans souffrir les délais du purgatoire : «...Car ils verront Dieu» (Mt 5,8). Oui, la Justice divine n'est terrible qu'au péché ; elle est douce aux cœurs purs.

L'Esprit d'intelligence reposait sur Jésus. Il connaissait, comme homme, la pureté du Ciel à la fois par l'évidence de la vision béatifique et par l'inclination amoureuse du don d'intelligence. En remettant son esprit au Père, il l'enlevait aux contacts d'un monde impur pour le mettre au centre de la Jérusalem céleste, de la Ville sainte, où n'entrera rien de souillé, où la mort ne sera plus.

Suivant Luc, c'est en disant la septième parole que Jésus expire. A cet instant, tout commence pour le monde. La mort de Jésus marque la fin de la Loi Ancienne et le début de la Loi Nouvelle, c'est à dire du plus grand événement de l'histoire spirituelle des hommes depuis la fondation du monde.

Le Christ est mort, l'Eglise naît, le monde est sauvé. La lumière du Ciel, enclose dans la Croix, commence maintenant de s'épancher dans l'Eglise pour illuminer ses joies et ses douleurs, ses défaites et ses victoires. C'est le Christ qui la garde ainsi. Elle est son Epouse. La Croix, depuis qu'elle a été levée sur l'histoire, est devenue l'unique salut non seulement des personnes individuelles, qui sont immortelles, mais encore des civilisations, qui sont périssables.

L'humanité n'a-t-elle donc pas assez fait l'expérience du malheur? Faudra-t-il qu'elle soit encore submergée dans le sang et la folie? Faudra-t-il qu'elle touche le fond du désespoir pour lever de nouveau les yeux sur la Croix? Alors les renoncements chrétiens ne lui paraîtront plus injustifiés. Elle cherchera avant tout le Royaume de Dieu.

La Croix est plus un mystère de lumière qu'un mystère de souffrance. La souffrance n'est pas foncière, elle passera. La lumière est cachée dessous : par moments, elle traverse le voile de la douleur et irradie au dehors.

La lumière est foncière, elle durera toujours. Mais, en passant par la souffrance, elle se sera revêtue d'une étrange beauté, assumant en sa splendeur ce qu'il y a de dignité et de noblesse dans l'aventure de notre terre et nos destinées humaines. «Le fardeau léger de notre affliction du moment présent produit pour nous, d'une manière et pour une fin qui dépassent toute mesure, un poids éternel de gloire» (2 Cor. 4, 17-18).

 

 

Synthèse par Serge Lellouche - Fraternité des chrétiens indignés