08/01/2025
Vers un post-catholicisme sous tutelle de l'Etat ?
Agnès Desmazières : comme en 1790
Le Monde 07/01/2025 : "Le Vatican est un État étranger et non démocratique, qui pratique la discrimination sexuelle. Doit-on confier le sort de citoyens français – prêtres et laïcs – à une telle institution ? Cela devrait tous nous interroger..." C'est un quasi-appel à une intrusion schismatique de l'Etat dans le catholicisme. Or son autrice enseigne au Centre Sèvres (jésuites) et discourt sur KTO :
"Le Vatican est un Etat étranger et non démocratique, qui pratique la discrimination sexuelle. Doit-on confier le sort de citoyens français – prêtres et laïcs – à une telle institution ? Cela devrait tous nous interroger." Cet appel à une rupture avec le Saint-Siège, voire à une nouvelle constitution civile du clergé comme en 1790, figure à la fin de l'interview-fleuve (toute une page du Monde du 7 janvier) de Mme Agnès Desmazières – qui est bien en cour dans le catholicisme institutionnel : maître de conférences et adjointe au directeur du premier cycle chez les jésuites du Centre Sèvres, "membre de l'équipe nationale du synode", invitée chez KTO, éditée chez Salvator, publiée chez Zenit... Mais Mme Desmazières fait partie du clan qui entend : 1. exploiter le scandale des prêtres abuseurs pour attaquer l'Eglise en elle-même, comme si les abus exprimaient sa nature profonde ; 2. pousser l'Etat à prendre en main les catholiques français et rompre leurs liens avec le Saint-Siège ! On sait ce qui sous-tend les main-mises étatiques sur le spirituel, et quels en sont les fruits.
Mme Desmazières semble faire partie de ceux qui se servent du drame des abus pour ébranler la structure du catholicisme et l'aligner sur l'intelligentsia du "sociétal". Quitte à utiliser la désinformation... Elle affirme ainsi au Monde qu'en fondant un tribunal canonique national pour juger les abus, les évêques français cherchent à maintenir une justice "parallèle" échappant aux lois de l'Etat. C'est faux : aujourd'hui l'Eglise de France signale systématiquement les cas d'abus au Parquet ; le nouveau tribunal canonique ne fera que compléter, sur le plan pastoral et sacramentel (privations de ministère ou suspenses a divinis), les décisions punitives de la justice officielle. On ne pourra plus incriminer l'absence ou la lenteur des sanctions canoniques ; en créant ce tribunal national rapide, la CEF répond donc à un voeu des victimes. Tout le monde le sait. Sauf Mme Desmazières qui ne veut pas le savoir. Pour cette enseignante de Sèvres et membre de l'équipe synodale, l'Eglise hiérarchique c'est "l'arbitraire du prince" : elle refuse donc sa confiance à un tribunal créé par la hiérarchie. Une posture aussi radicale n'a que deux explications possibles : ou bien Mme Desmazières pense qu'il est fallacieux de fonder un tribunal canonique spécial parce que la hiérarchie est malfaisante par nature ; ou bien cette dame pense que le Code pénal suffit et que les sanctions canoniques n'ont en soi aucun intérêt, même dans le cas parfaitement sacrilège de prêtres abuseurs. Dans les deux cas, le catholicisme de Mme Desmazières apparaît problématique. J'espère qu'elle sert des propos moins indigestes aux pieux lecteurs de Zenit et spectateurs de KTO.
17:22 Publié dans Eglises | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catholiques, abus
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