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13/07/2024

Aveuglement général de la classe politique

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Pieter Bruegel l'Ancien, la Parabole des aveugles

Le retour du  parlementarisme n'enivre que les médias. Quant aux partis, aveugles aux vraies menaces de fond, ils ignorent tous le sujet le plus grave :


Dans la cacophonie de la politique française, on entend trois sortes de discours. Le premier est paraît-il le plus urgent, c’est le discours des combinaisons entre partis : spectacle “désastreux” selon M. Macron (qui l’a pourtant provoqué par caprice). Le deuxième discours est formé par les programmes des partis ou ce qui en tient lieu : celui-là aussi est assez futile, on sait ce que valent les promesses. Le troisième discours est de loin le plus révélateur – et il est plus ou moins partagé par tous les partis, parce que le label de modernité en dépend. C’est celui des “valeurs du XXIe siècle”. On entend ces “valeurs” dans les harangues de Mélenchon, dans les causeries de Glucksmann et dans la prétendance d'Olivier Faure, ectoplasme se sentant pousser des ailes. On entend aussi ces “valeurs”  dans le camp des ex-macronistes, et chez M. Macron personnellement. En tendant l‘oreille, on entend même un écho de ces valeurs chez d’autres, plus inattendus : ceux qui ne vont pas jusqu’à les professer s’abstiennent au moins de les critiquer... De gauche à droite leur règne est intégral.

Le premier à annoncer (joyeusement) les “valeurs du XXIe siècle” fut le professeur américain Fukuyama, en 1999. Voici son pronostic : jusqu’ici l’Histoire reposait sur la nature humaine. L’homme naissait, vivait, mourait. Dans l’intervalle il luttait pour se faire reconnaître de ses semblables, à travers le politique, la culture, etc : c’était la condition humaine, liée au fait de naître et de mourir… Mais à partir du XXIe siècle et grâce aux progrès inouï de la technologie, l’être humain sera “émancipé” (c’est le mot consacré*) de la condition humaine. On** nous promet une reproduction humaine “dégenrée” en laboratoire. On nous promet de reculer indéfiniment le moment de la mort. Et dans l’intervalle, on nous promet une biotechnologie et une chirurgie génétique qui permettront à l’individu de se remodeler à sa volonté... On nous pousse à nous absorber dans la fascination de nous-même, à quoi s’ajoute la diversion par l’industrie du divertissement. Bref : on pousse l’individu à n’avoir plus envie d’investir ses forces dans l’action pour construire la Cité, plus durable que l’individu.

“Ainsi finira l’Histoire”, écrivait il y a 25 ans le Pr Fukuyama. Il s’en félicitait. Pas nous. Car une Cité qui ne veut plus se fonder sur la nature humaine, est une Cité qui ne veut plus faire durer son peuple et qui se livre à l’éphémère. C’est une cité où l’être humain cesse de pouvoir lier le présent au passé et à l’avenir : prisonnier de l’instant, aucune valeur permanente ne compte plus à ses yeux. Et c’est exactement ce que la société de consommation attend de nous : que nous soyons malléables, disponibles, dociles à toutes ses suggestions.

Voilà ce qui est en train d'arriver. Beaucoup de sociologues le voient et le disent. Aucun parti politique ne le voit ni ne le dit. Constater cet aveuglement des “représentants du peuple” permet de regarder sans étonnement ni passion la foire d’empoigne qui s’installe au sommet de l’Etat. En 1957-1958 je n’avais que dix ans, mais je me souviens des tumultes des dernières années de la Quatrième ; ce cirque néfaste du parlementarisme est en train de se réinstaller.

Pour se changer les idées, on peut relire Laudato Si.

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* Dans ses discours, M. Macron assigne à la société le but “d’émanciper” l’individu... Sur le sens de l’existence humaine il pense donc comme le reste de la classe politique. C’est-à-dire comme le système économique.

** “On” : je veux dire évidemment le capitalisme consumériste, déterminant en dernière instance.

 

 

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Commentaires

LA FUITE DANS LA GUERRE

> Nous nous précipitons en effet vers la fin de l'histoire, vers un monde technologique déconnecté de la nature humaine. Le problème est qu'il est impossible, pratiquement et intellectuellement : il conduirait à la destruction de la planète et à une humanité devenue folle et malheureuse. Tout le monde commence à s'en rendre compte : un vent de suicide se lève. Il faudrait changer d'idée mais on ne le veut pas et j'ai peur que, pour ne pas céder à la panique, on se lance dans la guerre. Ce n'est jamais pour rien qu'un pays s'arme et c'est aujourd'hui une course planétaire.
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Écrit par : Albert / | 14/07/2024

LE MENSONGE DU "CENTRE" EUROLIBÉRAL

> Les valeurs de l'émancipation: c'est un discours que l'on retrouve essentiellement sur les sites maçonniques. On voit donc bien à quoi tout cela fait référence; à cette fausse liberté sans limite, un ordre social qui opprime dont il faut se libérer encore aujourd'hui, etc. Doit on y inclure le discours macronien sur le libéralisme économique émancipateur? Question. Chez lui je n'en sais rien mais chez d'autres cela ne me paraîtrait guère surprenant.
IL n'y a pas de majorité. Pas si sûr. On n'en voit bien une... anti-européenne: RN+NFP. A part des éléments chez EELV et au PS. Mais on croit bien voir ce qui a été nié par le vote du Congrès en 2005 lorsque les parlementaires ont ratifié la Constitution Européenne rejetée par référendum. Macron et LR vont tout faire pour y échapper, rajoutant ainsi un sou dans la machine ou plutôt un peu de pression dans la cocotte minute. Un commentateur sur je ne sais plus quelle chaine d'info a dit à peu près ceci: 70 à 80% des Français veulent économiquement le programme du NFP ( qui est impraticable voir le Diplo du mois de mai, entre autres), et veulent majoritairement sur le plan culturel ce que veut le RN ou la droite. La vérité. Aussitôt interrompu par Dominique Reynié qui pour moi n'a jamais fait preuve d'aucune impartialité. Le cercle de la Raison voulait que les Français veuillent être gouvernés au centre; sauf que ces derniers n'en n'ont jamais eu la moindre intention : ils n'ont jamais aimé l'utralibéralisme du centrisme autoproclamé humaniste. On a beaucoup menti depuis Bruxelles ces dernières décennies. Tous les mensonges finissent par se payer. On y est.
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Écrit par : ND / | 14/07/2024

RÉALISME

> Extraordinaire dessillement. Merci
Bon été.
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Écrit par : Lesbats / | 15/07/2024

ESPÉRANCE

> J'aurai une observation plus négative encore :
Le 20e siècle était l'avènement de l'homme qui se déifie et chasse Dieu de la société, l'homme qui veut se placer au-dessus de Dieu.
Le 21e siècle est encore plus cynique, c'est l'homme qui se prend d'admiration pour ce qu'il peut fabriquer et déifie ses "créations", et dans son aveuglement en vient à se placer en dessous de ses objets, et crée les conditions de sa perte.
((la phrase de Chirac "la maison brûle et nous regardons ailleurs" devient de + en + prophétique ! [et je suis loin d'être fan de Chirac] ! ))
Heureusement, il nous reste la petite fille espérance...
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Écrit par : franz / | 25/07/2024

LES MYSTÈRES MACRON

> Il me revient en mémoire que Serge Abad-Gallardo, ancien franc-maçon revenu à la fois catholique, affirme dans l’un de ses ouvrages qu’Emmanuel Macron est très probablement franc-maçon. Il estime par ailleurs de manière constante à environ 1/3 le nombre de parlementaires franc-maçons. Car au fond c’est aussi une des données du problème. Selon lui un candidat à la députation franc-maçon a 120 fois plus de chances d’être élu qu’un citoyen lambda. Ceci est parfaitement anormal. Tony Blair que je n’apprécie pas a toutefois fait passer un loi en devenant premier ministre du Royaume Uni: obliger tous les francs-maçons magistrats ou policiers à déclarer leur appartenance à ladite société secrète, au motif notamment qu’elle créait des doubles hiérarchies dans la magistrature et la police. On imagine difficilement que ceux-ci aient pu invoquer les dangers de l’occupation nazie pour s’en défendre. L’Eglise a amplement raison sur ce point : la franc-maçonnerie fausse les rapports sociaux.
Pour le reste on peut dire que M. Macron a élargi notre choix: nous avions naguère le choix entre la peste et le choléra (la gauche et la droite). Nous avons dorénavant le choix entre la peste, le choléra et le typhus ( le NFP, le RN, et le bloc droite-centristes).
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Écrit par : ND / | 25/07/2024

ET MAINTENANT

> Non à l'Eglise a-t-on dit au XVIe siècle (protestantisme),
Non au Christ a-t-on dit au XVIIIe siècle (déisme),
Non à Dieu a-t-on dit au XXe siècle (athéisme),
et maintenant ? Non à l'homme ?
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Écrit par : B.H. / | 25/07/2024

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