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26/01/2024

Le malheur des paysans, c'est le modèle économique

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Des heures entières de débats radio-télé sur la colère paysanne... Mais presque rien sur  le modèle agro-industriel qui fait le malheur des paysans d'Europe. Tout le problème est pourtant là :


La colère paysanne dépasse de loin les revendications propres à la FNSEA, syndicat de l’agriculture productiviste-exportatrice, puisque les deux autres syndicats – la Confédération paysanne et la Coordination rurale – sont eux aussi engagés dans le mouvement de protestation qui déferle en ce moment. Or ces deux autres syndicats ne partagent pas les idées agro-industrielles de la FNSEA : ils ont une autre vision de l’avenir des campagnes françaises.

Et ils n’ont pas tort. Contrairement à ce que disent les leaders de la FNSEA, il n’y a pas d’incompatibilité entre une écologie bien conçue (disons : celle de l’encyclique Laudato Si’) et les intérêts de la profession agricole.

D’abord sur le plan général : à long terme, les paysans se ruinent en laissant l’agrochimie et le dérèglement climatique épuiser les sols cultivables.

Ensuite sur une série de points particuliers. Par exemple les importations de produits agro-alimentaires… L’ouverture aux quatre vents du marché européen est un dogme de la Commission de Bruxelles, qui ne cesse de signer des traités de libre-échange avec des pays producteurs aussi totalement agrochimiques que ceux d’Amérique latine, par exemple. Les syndicats paysans sont vent debout contre cette concurrence injuste. Or ce combat recoupe (que la FNSEA le veuille ou non) une partie des combats des défenseurs de l’environnement ! Par exemple : selon le rapport du Haut conseil pour le climat, la part des émissions liée aux importations de produits agricoles compte désormais pour près de la moitié de l’empreinte carbone alimentaire française. Les importations atteignent ainsi 40 à 50 % des légumes les plus consommés en France, et la part de fruits, poissons et crustacés importés est également élevée. Est-ce normal ?  “Par ailleurs, 20 % de la viande bovine et 30 à 40 % du porc ou de la volaille consommés en France sont importés”, souligne le rapport. Qui conclut : “En vingt ans, les importations de viandes et préparations de volailles ont été multipliées par plus de quatre, en grande partie pour l’industrie agro-alimentaire.”

C’est l’industrie agro-alimentaire qui formate aujourd’hui les habitudes de consommation de la population. D’où, à la fois, la montée constante des importations et les traités de libre-échange fabriqués par Bruxelles. Alors que la France, grand pays agricole, pourrait concevoir un autre modèle économique – et pourrait ainsi sortir des contradictions et incohérences actuelles, qui poussent au désespoir des milliers de paysans de l’Hexagone.   

 

 

 

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Commentaires

LA GRANDE BRADERIE

> Ce mouvement me rappelle celui des gilets jaunes en ce qu'il agrège des colères aux motifs divergents. De façon lapidaire et hâtive je perçois au moins deux pôles au sein des agriculteurs : tous d'accord pour contester la taxation alourdie du GNR, par exemple, ils ne le font pas pour les mêmes raisons.
Il y a les agriculteurs qui désirent aller vers plus de libéralisme donc moins de contraintes environnementales, notamment pour jouer le jeu de la sainte concurrence libre et non faussée dans un environnement économique mondial féroce. Les autres veulent juste qu'on rétablisse la justice dans les échanges en arrêtant l'importation de produits qui eux ne respectent aucune règle ou presque et concurrencent injustement leur production (dumping social et environnemental). Ou au moins en les taxant.
Ce soir Gabriel Attal a sorti le chéquier et les belles paroles qui font mouche le temps que ça se calme et que le front artificiellement uni se fissure enfin logiquement.
Sur le fond, les promesses solennelles et les "je vous ai compris" ne sont qu'un marché de dupes car le gouvernement français n'a aucun intérêt à ce qu'on remette en cause le modèle de libre échange agricole : ils ne voudront jamais que les prix s'apprécient, les patrons ont besoin de salariés qui se nourrissent pour peu cher (afin de ne pas être handicapés eux aussi dans le jeu de la concurrence mondiale), les minima sociaux non plus ne pourraient suivre cette hausse sans menacer l'orthodoxie budgétaire.
Et pourtant derrière certaines normes environnementales (présentées comme le Grand Satan par G.A. ce soir) il y a des attentes légitimes des citoyens : la protection de l'eau et de la biodiversité notamment qui sont des biens communs fussent-ils en zone rurale.
On touche une certaine incohérence à vouloir se doter de normes et de grands principes environnementaux ambitieux tout en restant dans un modèle d'échange qui pousse à la baisse des coûts et à la hausse de la productivité à n'importe quel prix donc à brader ces mêmes grands principes et ces mêmes normes environnementaux.
Après le Grand Débat, ce soir c'était la Grande Braderie.
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Écrit par : Damien / | 26/01/2024

LA CLEF EST DANS MICHÉA

> Parmi les crimes écocides, celui qu'on est en train de commettre contre l'agriculture est le plus absurde puisqu'il compromet directement notre survie. Pourtant, il est loin de soulever les torrents de protestation qu'il mérite. La gauche et les soi-disant "écologistes"sont trop "progressistes", soi-disant toujours, pour dénoncer vraiment le libre échange et la mondialisation capitaliste.
je relis 'Extension du domaine du capital' de Michéa car j'y trouve la clef de la tragédie actuelle. Alors qu'il est marxiste et athée, ses livres permettent implicitement de comprendre que l'Église catholique a été l'un des seuls vrais obstacles à la furie destructrice du libéralisme capitaliste.
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Écrit par : Albert / | 27/01/2024

LES SALADES DE NOUVELLE-ZÉLANDE

> Peut-on parler d'écologie quand on veut taxer le carburant des tracteurs alors que le kérosène des avions est détaxé ? Quand l'été passé, j'ai trouvé au magasin LIDL de Die des salades venues de Nouvelle-Zélande ? Quand les pommes venues du Chili sont vendues moins cher que les pommes locales, mais peut-être pas avec les mêmes garanties sanitaires ?
Il est urgent de remettre les choses à l'endroit mais nos dirigeants ont semble-t-il d'autres priorités.
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Écrit par : Bernadette / | 27/01/2024

L'AUTEL DU LIBRE-ÉCHANGE

> À entendre les réponses et les non-réponses des autorités, il est maintenant avéré que, à l'inverse de ce que font croire les discours, Paris et Bruxelles sont prêts à sacrifier l'agriculture européenne sur l'autel du libre échange, comme ils l'ont fait pour l'industrie. Ils resteront fidèles jusqu'au bout à l'un des Dix Commandements du libéralisme : "Il ne faut jamais essayer de faire chez soi la chose qui nous coûtera moins cher à acheter qu'à faire." On n'a jamais vu une idéologie si folle et si destructrice. On est en train de dépasser Hitler et Staline : avec la catastrophe écologique déjà commencée, c'est par milliards que se compteront les victimes.
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Écrit par : Albert / | 01/02/2024

LES PAYSANS

> Le problème c'est le revenu des agriculteurs. Avec une production qui coute plus cher à cause des normes.
Alors plutôt de faire en sorte que les agriculteurs soient correctement rémunérés par les industriels, supprimons les normes, la jachère....
Pendant ce temps là, Lactalis fait l'objet de perquisitions:
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/02/06/le-geant-du-lait-lactalis-perquisitionne-pour-des-soupcons-de-fraude-fiscale-massive_6215087_4355770.html
Mais personne ne râle !!!
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Écrit par : Pierre O. / | 21/02/2024

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