22/01/2024
Retour du spectre de la "bataille de l'école"
L'enseignement est dans une situation difficile, mais certains médias aimeraient voir ressurgir la bataille public-privé ! C'est ce qu'a provoqué la balourdise très incongrue de Mme Oudéa-Castéra :
Il y a tout de même une chose surprenante : c’est le rôle diviseur et désagrégateur joué par une partie des médias de masse dans les pays occidentaux. A quoi s’ajoute une propension très française à déterrer nos vieilles querelles : comme si nous ne devions nous souvenir de l’histoire du pays que sous cet aspect négatif. Exemple tout récent : la nouvelle ministre de l’Education nationale juge nécessaire (non sans balourdise) de déclarer que ses enfants sont scolarisés dans un établissement privé sous contrat. Et de dire qu’elle a fait ce choix à cause des non-remplacements de professeurs dans l’enseignement public… Évidemment les syndicats du public prennent mal cette déclaration ; d’autant plus que l’établissement privé en question a la réputation d’être élitiste, ce qui est mal perçu de nos jours... Et ça ne s’arrête pas là. Dans les vingt-quatre heures qui suivent, les médias parisiens accusent ce même établissement d’homophobie en invoquant un rapport administratif que personne n’a lu, évidemment, dans les salles de rédaction ! Même quand elle ne repose pas sur grand-chose, et c'est le cas, l’accusation d’homophobie est redoutable. Aussitôt la mairie de Paris suspend sa subvention à l’établissement.
Et ça continue : le lendemain, dans les radios du service public, des voix s’élèvent pour s’indigner que la République signe des contrats avec des écoles privées ! A ce rythme-là, va-t-on entendre demander le retour du projet Savary et de l’amendement Laignel de 1983, contre lesquels 1 500 000 Français étaient descendus dans la rue au nom de la "liberté scolaire en danger", le 24 juin 1984 ? Devant ce mouvement de masse, dès le mois de juillet suivant François Mitterrand retira le projet de loi. Y a-t-il vraiment aujourd’hui des gens qui souhaitent recommencer cette bataille stérile ? On hésite à le croire.
Malgré l’affection traditionnelle des Français envers l’école publique, tout le monde voit qu’aujourd’hui elle a de très gros problèmes. C’est une angoisse pour les professeurs et pour les parents. En attendant qu’un gouvernement ait l’énergie et la volonté nécessaires pour renflouer l'enseignement public, des dizaines de milliers de parents confient leurs enfants à un établissement privé. Si on leur demande pourquoi, ils donnent des raisons comparables à celles de Mme Oudéa-Castéra. C’est un fait objectif et nullement idéologique : une partie des grands médias feraient bien de s’en aviser, au lieu d’essayer de diaboliser l’enseignement privé – parce que diaboliser est leur ressort habituel dans tous les domaines.
10:26 Publié dans Education nationale | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : école
Commentaires
ENCORE UNE ILLUSION
> Manu Big Mac a choisi Gaby pour avoir enfin un PM plus jeune que lui... mais je regrette, comme enseignant, le départ d'Attal de l'EdNat : ce qu'il disait et voulait (apparemment) faire était, enfin, intéressant, et il écrivait bien (il s'entourait de bonnes plumes ?) dans ses messages au profs. C'était même parfois lyrique, voire grandiloquent, du genre "Vous prouvez chaque jour que la pédagogie peut contrer la sociologie" (cela reste à voir...). Mais après les années d'horreur de Blanquer et l'année de rien de Pap Ndiaye, ça faisait du bien. Encore une illusion dissipée : rien à attendre de ces gens-là.
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Écrit par : AlexS / | 22/01/2024
ANTAN
> Dans ce monde dont les évolutions échappent à notre intelligibilité, rendez-nous les débats d'antan, du temps "de la douceur des lampes à huile et de la splendeur de la marine à voile" comme disait de Gaulle.
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Écrit par : B.H. / | 23/01/2024
LITTRÉ
> Il me semble, mais je peux me tromper, que le mouvement de désapprobation fut provoqué par la référence aux heures non remplacées à l'école Littré, alors qu'après vérification, il n'en était rien. Cette accusation sans fondement n'avait pas lieu d'être : si la ministre ne l'avait pas formulée, ses propos n'auraient peut-être pas été aussi négativement commentés.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 23/01/2024
MATHÉMATIQUES,
> Une remarque sur l'enseignement des mathématiques, et un témoignage :
Les publications scientifiques actuelles sur l'enseignement des mathématiques indiquent que :
- pour être à l'aise en mathématique dans le secondaire, il faut être à l'aise avec les fractions
- et pour être à l'aise avec les fractions, il faut être à l'aise avec les tables de multiplications.
Ainsi, apprendre ses tables de multiplication par coeur serait la clé de voûte de tout l'édifice de l'apprentissage des mathématiques.
Notre témoignages :
Nos aînés ont traversé l'ensemble du cursus primaire dans le public, sans jamais à avoir à apprendre les tables de multiplication.
Nos plus jeunes sont dans une école privé hors contrat (sans commentaires...), où ils apprennent les tables de multiplication en CE1.
D'où la question suivante :
Est-ce concevoir des programmes scolaires de primaire, qui n'imposent à aucun moment aux élèves d'apprendre par coeur les tables de multiplication, n'est pas de la maltraitance volontaire ?
(j'en veux à ceux qui conçoivent les programmes ! Pas aux enseignants qui font déjà tout ce qu'il peuvent).
Idem pour l'apprentissage par coeur des conjugaison des verbes des différents groupes aux différents temps.
Bien cordialement,
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 24/01/2024
@Isabelle Meyer :
> Mes trois enfants, tous dans le public, ont tous appris par coeur les tables de multiplication à partir du CE1-CE2... (j'y suis encore avec le petit dernier, table de 7). Cela fait partie des programmes !
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Écrit par : AlexS / | 29/01/2024
à Isabelle Meyer,
> vous avez parfaitement raison sur la nécessité d'apprendre les tables de multiplication. Mais la "pédagogie" actuelle vous dira que c'est de la maltraitance que de vouloir obliger un enfant à mémoriser, que ce soit des tables de multiplication, des règles de grammaire ou de la poésie.
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Écrit par : Bernadette / | 01/02/2024
@Bernadette : i
> l faut arrêter de se raconter des mythes sur l'Éducation nationale, souvent colportés entre catholiques enclins au privé, sous ou hors contrat ?...
Tout n'est pas rose dans l'Ednat, mais je suis enseignant en lycée public, mes enfants sont tous dans le public depuis la maternelle, et bien entendu ils ont appris les tables de multiplication, les règles de grammaire, des poèmes, etc., etc. Les problèmes sont ailleurs, demandez aux enseignants : nombre d'heures de classe en baisse, multiplication des matières ou bidules inutiles (renseignez-vous sur l'obligation de Pix dès le collège), ravages cognitifs liés aux écrans omniprésents et humanivores, collège unique, horaires décalés des parents, familles séparées ou mères seules, etc. Le pédagogisme est relativement peu répandu, malgré ses airs de doxa publique. L'immense majorité des profs savent bien faire, et laisser braire (les ministres successifs, les inspecteurs, les "ingénieurs pédagogiques" en "sciences de l'éducation", cette non-discipline universitaire)...
J'ai par ailleurs été dans le privé comme collégien moi-même... Ce n'était pas rose non plus !
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Écrit par : AlexS / | 20/02/2024
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