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07/10/2023

Le pape François appelle les catholiques à ne pas suivre les campagnes d’intox du lobby climato-négationniste

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L'exhortation apostolique Laudate Dominum est parue. C'est une fulgurance : réalisme chrétien, information scientifique rigoureuse, appel à comprendre la dimension christique de la responsabilité envers la création... Et sévérité envers les aveugles volontaires et les dirigeants dominés par les puissances financières :


« Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. Nul ne peut ignorer que nous avons assisté ces dernières années à des phénomènes extrêmes, à de fréquentes périodes de chaleur inhabituelle, à des sécheresses et à d’autres gémissements de la terre qui ne sont que quelques-unes des expressions tangibles d’une maladie silencieuse qui nous affecte tous. Il est vrai que toute catastrophe ne peut être attribuée d’emblée au changement climatique global. Il est cependant vérifiable que certains des changements climatiques provoqués par l’humanité augmentent considérablement la probabilité d’événements extrêmes de plus en plus fréquents et intenses… » C’est le début de la section 1 de l’exhortation apostolique Laudate Deum, publiée le 4 octobre. Le pape fait écho au tocsin des climatologues (seuls compétents dans ce domaine complexe) : « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une accélération inhabituelle du réchauffement, à une vitesse telle qu’il suffit d’une génération - et non des siècles ou des millénaires - pour le constater. L’élévation du niveau des mers et la fonte des glaciers peuvent être facilement perceptibles à une personne au cours de sa vie, et il est probable que dans quelques années de nombreuses populations devront déplacer leurs habitations à cause de ces événements… Pour ridiculiser ceux qui parlent de réchauffement global, il est fait référence au fait que, souvent, on constate aussi des froids extrêmes. On oublie que ces symptômes extraordinaires, avec d’autres, ne sont que des expressions alternatives de la même cause : le déséquilibre global provoqué par le réchauffement de la planète. Les sécheresses et les inondations, les lacs asséchés et les populations détruites par des raz-de-marée ou des inondations, ont en définitive la même origine… « Il n’est pas possible de dissimuler la coïncidence entre ces phénomènes climatiques mondiaux et la croissance accélérée des émissions de gaz à effet de serre, en particulier depuis le milieu du XXe siècle. Cette corrélation est défendue par une écrasante majorité de spécialistes du climat,.. »

Face aux négationnistes climatiques

Bien au fait des travaux scientifiques, le pape fait face aux négationnistes qui tordent (ou ignorent) les réalités : « Certains attribuent la responsabilité aux pauvres parce qu’ils ont beaucoup d’enfants, et ils cherchent même à résoudre le problème en mutilant les femmes des pays les moins développés. Comme toujours, il semblerait que ce soit la faute des pauvres. Mais la réalité est qu’un faible pourcentage des plus riches de la planète pollue plus que les 50% plus pauvres de la population mondiale, et que les émissions par habitant des pays les plus riches sont très supérieures à celles des pays les plus pauvres. »

Et le négationnisme (usiné dans des think tanks US soutenus par l’industrie pétrolière - NDPP) métastase aussi chez des catholiques, qui tournent ainsi le dos aux réalités et aux analyses du magistère. Que suivent alors ces catholiques, comme le reste des Occidentaux aveuglés ? Ils suivent  « le marketing et les fausses informations, mécanismes aux mains de ceux qui disposent de plus de ressources pour influencer l’opinion publique », constate le pape… « Je suis obligé d’apporter ces précisions, qui peuvent sembler évidentes, à cause de certaines opinions méprisantes et déraisonnables que je rencontre même au sein de l’Église catholique », précise-t-il, après avoir rappelé les faits qui établissent la réalité du dérèglement et la responsabilité de l’industrie globale.

Face à l'intox du "tout-technologique"

Ces faits reposent sur l’idéologie dominante : le « paradigme technocratique », « l’idée d’un être humain sans aucune limite, dont les capacités et les possibilités pourraient être étendues à l’infini grâce à la technologie. Le paradigme technocratique s’alimente ainsi lui-même de façon monstrueuse… » [ NDPP - D’où l’idée que « la technologie » résoudra le problème du climat et qu’il suffit d’attendre : erreur fatale, dénoncée par le climatologue Christophe Cassou du CNRS (Le Monde, 6/10) ]. Et le pousse-au-crime est « la logique du profit maximum au moindre coût, déguisée en rationalité, en progrès et en promesses illusoires » : elle « rend impossible tout souci sincère de la Maison commune et toute préoccupation pour la promotion des laissés-pour-compte de la société ».

Face aux "politiques" soumis à la finance

C’est aussi cette logique qui stérilise les conférences climatiques internationales et les « multiples négociations et accords », lesquels n’empêchent pas l’augmentation constante des émissions de gaz à effet de serre : « Nous courons le risque de rester enfermés dans la logique du colmatage, du bricolage, du raboutage au fil de fer, alors qu’un processus de détérioration que nous continuons à alimenter se déroule par-dessous », s’indigne le pape. Et ça ne changera que le jour où la conduite des nations passera aux mains de « stratèges capables de penser au bien commun et à l’avenir de leurs enfants, plutôt qu’aux intérêts circonstanciels de certains pays ou entreprises »… Mais un pareil changement politique ne sera possible qu’à travers un profond changement des mentalités collectives : « un changement culturel », selon l’expression du pape.

La dimension spirituelle, âme de l'engagement

Les catholiques français qui auront la loyauté de lire Laudate Deum (au lieu de s’en tenir à la cloche fêlée du Figaro) trouveront au chapitre 6 le rappel pressant de ce que développe l’encyclique de 2015 Laudato Si’ : les fondements spirituels de la responsabilité envers la planète – c’est-à-dire la création tout entière. « Les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité seulement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude. Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse… »« Nous et tous les êtres de l’univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble. Cela n’est pas le produit de notre volonté, cela a une autre origine qui est à la racine de notre être, car Dieu nous a unis si étroitement au monde qui nous entoure, que la désertification du sol est comme une maladie pour chacun ; et nous pouvons nous lamenter sur l’extinction d’une espèce comme si elle était une mutilation. Ainsi, nous mettons fin à l’idée d’un être humain autonome, tout-puissant et illimité, et nous nous repensons pour nous comprendre d’une manière plus humble et plus riche. »

Voici la dernière phrase de l’exhortation : « “Louez Dieu” est le titre de cette lettre. Parce qu’un être humain qui prétend prendre la place de Dieu devient le pire danger pour lui-même... »

Le texte intégral de Laudate Deum est à lire sur vatican.va

  

vatican_logo.jpg

 Et nunc, reges, intelligite !
(psaume 2)

 

Commentaires

L'APPEL AU PEUPLE

> Ce qui est nouveau par rapport à Laudato si', c'est l'appel au peuple pour un "changement culturel". Reprenant l'idée de Gramsci, le pape pense possible une révolution pacifique par la base. Après la révolution culturelle individualiste du capitalisme productiviste, qui soumettait l'homme à l'argent tout en le rendant maître d'une nature réduite à une mine de ressources, seule une nouvelle révolution culturelle populaire d'écologie intégrale, transformant notre rapport à la nature et au profit, peut changer les choses.
______

Écrit par : Albert / | 10/10/2023

SUR 'LAUDATE DEUM'

> Bonjour Monsieur,
Je m'appelle Henri et j'ai 22 ans. Je suis en train de lire l'exhortation apostolique "Laudate Deum" et j'aurai quelques questions, si vous me le permettez, à vous poser. Mes questions pourraient se résumer en une seule finalement : comment, à mon échelle (jeune étudiant de 22 ans à Paris), je peux mettre en pratique les exhortations du pape ?
Pourrais-je vous écrire par mail ou par courrier postal, afin de préciser et développer davantage mes questions ?
Avec mes salutations respectueuses, cher Monsieur.
In Christo,
Henri Guyon

[ PP à HG - Si vous êtes sur Facebook vous pouvez me joindre par Messenger. Sinon je vous suggère de discuter ici même, ce qui intéressera les autres lecteurs du blog !
Très cordialement, udp
PP. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Henri Guyon / | 10/10/2023

LES INJONCTIONS DU SYSTÈME

> Je comprends que de jeunes étudiants pauvres comme Henri peuvent se demander quelle action efficace ils peuvent avoir en faveur de l'écologie. Ils ne peuvent guère changer leur consommation d'énergie ou de biens. Mais parler de "changement culturel" implique surtout de modifier nos manières de penser le monde en remettant en cause les injonctions du système dominant ainsi que tous les lieux communs qui sont rabâchés par les médias et qui s'imposent dans les conversations. Un jeune étudiant est très bien placé pour cette mission.
Pour le chrétien cela renvoie en définitive à l'idée de conversion. Mais cette idée n'est-elle pas justement particulièrement combattue par le monde actuel ? Il me semble qu'on a mis dans la tête des jeunes d'aujourd'hui l'idée inverse, qui est que leur liberté et leur accomplissement consiste à imposer aux autres ce qui leur semble être leurs goûts et leurs intérêts sans qu'ils aient besoin de se remettre en cause ou même simplement d'y réfléchir. Bernanos disait de notre civilisation des machines : "La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute."
______

Écrit par : Albert / | 13/10/2023

MENACES MORTELLES

> Ce qui me paraît le plus important dans ce texte, ce sont ses reflexions sur le paradigme technocratique et le multilatéralisme .
Par contre, sans être irrespectueux, je regrette, dans la préoccupation environnementale, la focalisation sur la question climatique qui n'est pourtant pas la seule menace mortelle, le "Grand Empoisonnement" chimique étant tragique pour la biodiversité et notre propre santé.
De plus, la question climatique est la plus susceptible de récupération affairiste. (cf: la promotion de cette stupidité qu'est la voiture électrique...)
En ce sens, l'encyclique est peu dérangeante!
Dommage.
PH

[ PP à PH – Exact quant à la nocivité des autres menaces. Mais la question climatique est tout aussi pressante. Chez moi un arbre (hêtre pourpre) est en train de mourir à cause du climat. Partout en France des arbres en meurent aussi... Et ce n'est qu'un exemple secondaire des ravages climatiques, qui deviendront vite un facteur de déstabilisation géopolitique : cf migrations humaines. ]

réponse au commentaire

Écrit par : P. Huet / | 14/10/2023

HÊTRE POURPRE

> Vous dites : "Chez moi un arbre (hêtre pourpre) est en train de mourir à cause du climat. "
Chez moi aussi :-( Pas un ! Deux !
Ils ont perdus leurs feuilles pendant tout l'été. Cela est vraisemblablement du au fait qu'en mars nous avons eu pratiquement sans discontinuer un vent d'est froid et desséchant pendant quasiment un mois. Pourtant je ne suis pas dans une région encore trop frappée par la sécheresse, notamment au niveau des nappes phréatiques. Nous verrons bien ce que cela donne au printemps prochain.
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Écrit par : Pierre O./ | 20/10/2023

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