14/06/2023
Violences absurdes et "malaise dans la civilisation"
Après le meurtre d'une infirmière le 22 mai
Agressions permanentes contre les maires, les soignants, les voisins : la décivilisation est en marche... Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :
Chaque jour les chaînes dites “d’information” nous infligent en boucle le spectacle toujours réalimenté des violences dans notre société… Violences absurdes, le plus souvent. Et de toutes les violences absurdes, les plus absurdes sont les violences contre les soignants ! Un rapport vient d’être remis au ministre de la Santé. Il constate qu’à l’hôpital plus de 30 000 agressions d’infirmiers et de médecins ont eu lieu en 2022. Car ce chiffre augmente chaque année... Que des patients agressent ceux qui les accueillent à l’hôpital relève du déraillement psychologique.
Or aujourd’hui la violence explose aussi dans toutes les autres circonstances de la vie quotidienne. Et ne fait qu’augmenter. Agressions contre les élus locaux, sous les prétextes les plus divers (pensons au maire qui s’est fait lyncher pour avoir tenté de calmer une soirée trop bruyante)… Agressions pour des querelles de voisinage (comme celle qui vient de se produire dans le Finistère et dans laquelle un coup de fusil a tué une petite fille)… Agressions et meurtres à la sortie des discothèques… Etc, etc.
"Ce genre de choses a toujours existé" ? Oui et non. Agresser monsieur le maire n’était pas dans les mœurs, jusqu’à la dernière décennie. Et surtout : laisser exploser la violence de chacun est l'un des effets pervers du climat, hyper-individualiste, installé et cultivé par la société occidentale. Pensons aux réseaux dits "sociaux", avec leurs milliers d’anonymes qui lancent des insultes et des menaces de mort à n’importe quel propos... Si l’on croit que “la démocratie c’est quand chacun fait ce qu’il veut” (disait une citoyenne interviewée à propos de je ne sais plus quoi), si aucune norme ne va plus de soi, si le moindre règlement municipal est ressenti comme une dictature insupportable, alors c’est la fin du fameux “vivre-ensemble“ et du célèbre “pacte social” dont nos dirigeants et nos commentateurs parlent à jet continu. Le fameux vivre-ensemble et le célèbre pacte social, notions assez floues en réalité, n’existent que comme produits d’une civilisation commune. Et le propre d’une civilisation est de surplomber et transcender les pulsions individuelles.
Or ce qui se passe aujourd’hui contredit l’idée même de civilisation. A la place des anciennes normes communes, rejetées maintenant comme tyranniques, nous vivons dans une atmosphère bizarre : un acharnement officiel à vouloir interdire (à coups de lois et de procès) certains vieux comportements, même dans des détails minuscules ; et, en même temps, une explosion de l’irrespect, de l’incivilité et de l’agressivité. Les transgressions n’étant plus perçues comme des transgressions, même par la France officielle, la violence se banalise et l’on en voit les résultats. On n’en sortira pas sans une réflexion courageuse sur ce malaise occidental.
11:00 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : violences
Commentaires
PIRE QUE LE MAL
> Les "trouvailles pédagogiques" des 50 dernières années nous ont fabriqué des adultes intolérants à la frustration, pour nous libérer de l'ancien modèle éducatif qui faisait des névrosés. Mais je crains, comme c'est l'habitude pour la "modernité libératrice", que le remède soit pire que le mal.
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Écrit par : B.H. / | 14/06/2023
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