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11/06/2023

Le "saint sacrement du corps et du sang du Christ" : Tresmontant sur Jean 6, 51-58

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La fête de ce dimanche pousse le croyant sérieux à ressourcer sa foi. Quand ils prennent part à l'eucharistie, combien de catholiques se demandent ce qu'ils y voient au juste ? Sur Jean 6, 51-58, commentaire érudit de Claude Tresmontant dans sa "rétroversion" de l'évangile (du grec à l'hébreu puis au français) :


<<  Le mot grec sarx, latin caro, que nous avons traduit par le français chair, recouvre et traduit l'hébreu basar, qui a en réalité deux sens [dans la Bible] : 1. dans une série de textes [bibliques], basar désigne l'être vivant tout entier... C'est en ce sens que l'a pris l'auteur de l'évangile.  2. Dans une autre série de textes, basar signifie ce que nous appelons la viande. Mais en ce cas, les traducteurs en grec (antique) de la Bible hébraïque ne traduisent pas l'hébreu basar par le mot sarx, mais par le grec kreas : la viande... [Au contraire, dans le cas de Jean 6, 51-18], le traducteur en grec a traduit basar par sarx parce qu'ici basar désigne l'homme tout entier : perfectus homo comme dira le pape Damase.

Lorsque le Seigneur explique qu'il donne sa basar pour la vie du olam ha-zeh, le monde de la durée présente, cela signifie qu'il se donne tout entier lui-même : qu"il donne l'être qu'il est, corps et âme. Cela ne signifie pas qu'il donne sa "chair" à manger au second sens du mot chair.  Cela signifie qu'il est, lui, la nourriture vivante pour l'humanité malade, inachevée... Le Seigneur est le pain intelligible offert à l'humanité pour la guérir et la conduire à sa finalité surnaturelle. Il ne s'agit donc pas d'anthropophagie, parce que les anthropophages ne mangent pas l'homme vivant tout entier, corps et âme : ils mangent  la chair morte, qui n'est plus chair que par homonymie. Si les auditeurs du Seigneur se sont disputés à propos de ces paroles (1), c'est que certains ont entendu basar au second sens, le sens de viande. Nombre de ces disciples eux aussi ont trouvé intolérable, insupportable, ce que venait de dire le rabbi.  Le Seigneur a corrigé lui-même cette interprétation. Et nous avons peut-être ici la cause et la raison pour laquelle le théologien éminent entre tous  qui a composé le quatrième évangile, n'a pas voulu rapporter les propres paroles du Seigneur lors du dernier repas : c'est qu'il avait observé que les disciples eux-mêmes comprenaient de travers cet enseignement du Seigneur. Il a donc peut-être estimé plus prudent de réserver cet enseignement à l'explication de bouche à oreille...  >>

 

Claude Tresmontant,  L'Evangile de Jean  (F.X. de Guibert 1984).

 

 

(1) Jean 6, 60, rétroversion grec-hébreu-français d'André Chouraqui :  "En l'entendant, beaucoup de ses adaptes disent : 'Cette parole est dure ! Qui peut l'entendre ?' ", etc.  (Iohanân - L'évangile selon Jean, JC Lattès  1993).

 

 

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19:25 Publié dans Evangiles | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jésus-christ

Commentaires

CE N'EST PAS UN PRIVILÈGE

> Lors de la communion nous mangeons la personne même du Christ, ce qui veut dire que nous acceptons de nous identifier collectivement à lui. Il s'agit d'un engagement très exigeant, qui nous condamne si nous ne transformons pas notre vie en conséquence. Mais les pratiquants y voient plutôt aujourd'hui un acte de consommation, un privilège du chrétien qui lui permet d'accaparer une part de la puissance et de la sainteté de Jésus. L'hostie devient un objet magique, un fétiche efficace pour les initiés. Je ne suis pas du tout pour restreindre l'accès à la communion mais pour qu'on n'y voie pas qu'une nourriture spirituelle mais surtout une obligation.
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Écrit par : Albert / | 12/06/2023

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