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10/05/2023

Quand le Sénat sévit contre le lobby des pesticides

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Une décision sénatoriale enjoint au lobby industriel des pesticides de cesser de mentir sur "les emplois" qui seraient "détruits" par les interdictions de produits dangereux... Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :


Ce n’est pas tous les jours que le Sénat sévit envers un lobby économique. Décortiquons ce qui vient de se passer le 3 mai, quand Gérard Larcher a mis en demeure Phytéis, l’organisation des producteurs de pesticides, de respecter la loi et la déontologie : et plus précisément, de cesser de brandir de faux chiffres d’emplois pour empêcher le gouvernement d’interdire des pesticides nocifs pour la nature, les abeilles et la santé des gens.

Voici l’affaire. Le lobby industriel Phytéis voulait faire barrage au futur règlement européen sur les pesticides. En 2018-2019, il a commencé par la France en faisant pression, d’abord sur les services du Premier ministre Edouard Philippe, puis sur des sénateurs pour qu’ils déposent des amendements favorables aux intérêts des producteurs de pesticides. Argument principal de Phytéis : interdire quelque pesticide que ce soit, ce serait détruire 3700 emplois en France…

L’argument des emplois a atteint son but à Matignon et au Sénat : l’interdiction de pesticides a été écartée. Puis rétablie en 2022 après avis du Conseil constitutionnel. Ensuite il y a eu des soupçons. Le comité de déontologie du Sénat, saisi par quatre ONG, a alors enquêté… et découvert le bluff de Phytéis : l’impressionnante menace de “destruction de milliers d’ emplois“ ne reposait sur rien.  Les interdictions de produits n’ont aucun effet sur le niveau d’emploi dans les industries concernées !

Mais pour découvrir le pot-aux-roses, les enquêteurs du Sénat ont dû vaincre la mauvaise volonté de Phytéis, qui invoquait “le secret des affaires” pour refuser de répondre aux questions gênantes. Ce comportement, typique des industries mises en cause, est révélé au public dans les attendus de la décision du Sénat signée de Gérard Larcher.

On peut tirer deux leçons de cette affaire.  La première, c’est que dans les enquêtes préalables sur les produits, les pouvoirs publics (à Paris et à Bruxelles) doivent cesser de se fier aux éléments fournis par les services d’information des industries productrices. On ne compte plus les produits autorisés par les agences nationales et européennes sur la foi de dossiers concoctés par les lobbies eux-mêmes ; produits qu’ensuite il a fallu interdire parce qu’ils se révélaient dangereux.

La deuxième leçon, c’est qu’il faut cesser de croire aux divers chantages à l’emploi, brandis chaque fois qu’il est question de mesures de protection de la nature et de la santé. L’économie doit servir l’homme ; l’homme n’est pas là pour servir l’économie ! 

 

 

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11:59 Publié dans Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pesticides, écologie

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