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03/05/2023

Mélenchon et la "mauvaise République" : mais laquelle ?

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Le "à bas la Mauvaise République" de Mélenchon le 1er mai agite la basse-cour. Les commentateurs n'ont pas l'air de se demander de quoi il parle. Ni quelles responsabilités ont les derniers présidents dans la dégénérescence des institutions... Ma chronique à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :


Un tapage est déclenché dans le milieu politique et médiatique depuis que Jean-Luc Mélenchon a proclamé : “A bas la mauvaise République”.  C’est “quasiment un appel à la sédition”, affirme Gérald Darmanin… Or ce que Mélenchon a voulu dire n’est pas nouveau : ce qu'il veut renverser, c’est ce qu’il croit être la Cinquième République. Il en veut une Sixième qui ressemblerait à feue la Quatrième : un abaissement de l’exécutif au profit d’un parlementarisme absolu, où des majorités instables produiraient des gouvernements éphémères ; il y aurait encore moins de politique régalienne qu’aujourd’hui, et (par contrecoup inévitable) encore plus de carte blanche aux lobbies économiques et aux intérêts particuliers – dont le métier n’est pas de penser au bien commun. On est donc frappé par l’irréalisme du programme constitutionnel de Jean-Luc Mélenchon, qui semble raisonner hors sol et hors de notre époque, prolongeant en plein XXIe siècle une hostilité de jadis : celle du Mitterrand de 1964 avec son pamphlet contre la République gaullienne…

Or la réalité aujourd’hui est tout autre. Ce qui déraille sous nos yeux n’est pas la Cinquième République d'origine : c’est la version déformée qu’en ont fabriqué Jacques Chirac, en remplaçant le septennat par le quinquennat, puis Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron, en transformant le président de la République en homme à tout faire (plutôt à tout promettre), toujours en première ligne et finalement décevant tout le monde : et c’est le contraire de la Constitution de 1958-1962, qui faisait du président l’arbitre de la politique nationale dans la durée  et laissait le Premier ministre se colleter avec les tâches quotidiennes.

Aujourd’hui ce n’est plus vraiment la Cinquième : c’est une piteuse imitation partielle du système américain, réduit chez nous à une campagne électorale permanente, l’œil rivé sur la prochaine élection présidentielle – laquelle ne résoudra rien puisque personne n’ose affronter les questions de fond : géopolitiques, industrielles, agricoles, environnnementales ou démographiques ; questions toujours renvoyées à plus tard et s’aggravant au fil du temps…  Au lieu d’affronter ces questions on se réfugie dans les diversions, que ce soit la start-up nation ou la Sixième République. Il serait temps de revenir au réel.

 

 

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10:29 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mélenchon

Commentaires

IRRESPONSABLE

> Le problème de Mélenchon est son dérapage croissant vers l'irresponsabilité.
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Écrit par : Pyrénéen la vertu / | 03/05/2023

DISCUSSION

> D'accord avec votre billet.
Cependant, je vois aussi une autre raison à cet "hyper-présidentialité" : notre constitution de 1958 ne prévoyait pas, au début, l'élection au suffrage universel du Président de la République. Ainsi, le 21 décembre 1958, "le chef de l'État fut élu par un collège électoral de près de 82 000 grands électeurs, composé des parlementaires, des conseillers généraux et de représentants des conseils municipaux."
Le 28 octobre 1962, un référendum constitutionnel sur l'élection au suffrage universel direct du président de la République française se solde par une large victoire du « oui ».
Le Président de la République, me semble-t-il, est devenu, à ce moment, l'homme fort de l'exécutif dont tout le reste dépendait : députés et gouvernement. Il peut presque faire ce qu'il veut.
Chaban-Delmas, qui n'avait pas du bien lire la constitution, l'a appris à ses dépens.
Il n'y a pas de système parfait cependant...
______

Écrit par : Olivier le Pivain / | 10/05/2023

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