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13/03/2023

Les dix ans de pontificat du pape François

pape françois,catholicisme

"La papauté est l'organe régulateur du corps de l'Eglise universelle" (Claude Tresmontant). Mon éditorial de ce matin 7h57 à RCF :


 

Dixième anniversaire de l’élection du pape François. Souvenez-vous de ce soir du 13 mars 2013 : après l’acte révolutionnaire de Benoît XVI décidant de quitter ses fonctions, voici une deuxième révolution qui est l’apparition de l’élu argentin au balcon, en simple soutane sans aucun ornement, pour dire quelques mots eux aussi très simples :  “Frères et sœurs, bonsoir”. Et surtout : “Les cardinaux sont allés chercher le pape au bout du monde”. Tout est dans cette phrase ! François est en effet le premier pape non-européen depuis l’Antiquité, et il vient de l’hémisphère Sud où réside désormais l’avenir démographique du catholicisme… Il faut bien comprendre cela : c’est ce qui fait de cet homme le pape de la grande réorientation géographique, culturelle et spirituelle de l’Eglise.
François ne pense pas du tout qu’ajuster l’Eglise à sa mission du XXIe siècle veuille dire : modifier le contenu de la foi. Ce qu’il pense, il l’a dit dès 2013 aux journalistes dans l’avion du retour des JMJ de Rio : “Nous devons trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice de l’Eglise risque de perdre le parfum de l’Evangile et de s’écrouler comme un château de cartes”.
Aujourd’hui comme à toutes les époques, pour un pape, “ne pas perdre le parfum de l’Evangile” c’est ne pas céder aux dérives qui pourraient banaliser le catholicisme. Ces dérives aujourd’hui existent à droite et à gauche. À droite, la dérive serait de vouloir transformer l’Eglise en société de sauvetage d’on ne sait quelles valeurs “traditionnelles”… A gauche, la dérive serait d’aligner l’Eglise sur des idéologies "sociétales" à la mode. Et ces deux dérives n’existent que dans les pays riches de l’hémisphère Nord.
Comme disait un philosophe que j’ai connu et respecté, Claude Tresmontant, la papauté est “l’organe régulateur du corps universel de l’Eglise catholique”. C’est ainsi qu’on peut voir la tâche du pape François. Terriblement difficile aujourd’hui, cette tâche consiste à donner toute sa place à l’hémisphère Sud, qui religieusement se porte bien, mais sans perdre de vue le canton européen de l’hémisphère Nord, qui religieusement se porte mal. 
Pourquoi ce canton européen se porte-t-il mal du point de vue de l’âme ? Parce que le type de société de l’Europe occidentale ressemble, comme disait déjà Bernanos, à “une conspiration contre toute vie intérieure”… Oui, la tâche du pape est bien difficile.

 

 

 

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Commentaires

LES ÉVANGÉLIQUES

> On lit souvent que le catholicisme se porte mieux en Afrique et en Asie. C'est sans doute vrai si l'on compare certains pays au nôtre, mais il ne faut pas oublier un obstacle de taille sur le chemin de la mission en communion avec le siège de Rome : les évangéliques sont bel et bien "à la conquête du monde". Ici, à Taïwan, plusieurs collègues (locaux) baptisés catholiques enfants pratiquent aujourd'hui dans des églises évangéliques où ils ont demandé un "second baptême" : ces églises sont parfois éloignées du message évangélique, laissant entendre que l'opulence matérielle serait une bénédiction divine, etc. Beaucoup d'églises évangéliques ont épousé l'air du temps, se fondent dans l'individualisme et le capitalisme ambiants : autant d'attributs qui, combinés à des cultes-spectacles avec musique à la mode, achèvent d'attirer une jeunesse se préoccupant davantage de la forme que du fond. Il y a certes des exceptions, mais sur dix chrétiens, il y a à Taïwan huit évangéliques pour un catholique et un presbytérien. Le catholicisme attire moins que les évangéliques, c'est un fait. Ce défi, le catholicisme devra l'affronter dans toutes les parties du monde car les évangéliques sont présents dans tous les pays, soutenus par un abondant financement en dollars.
À noter que s'ils se montrent volontiers bienveillants à l'égard du capitalisme, les évangéliques sont souvent beaucoup plus circonspects vis-à-vis des réformes dites sociétales dont l'Occident se fait le fer de lance. Des ponts peuvent être lancés en la matière entre nos communautés, sans chercher l'animosité ou, pire, quelque guerre fratricide. De ce point de vue, les conclusions du chemin synodal allemand sont moins préoccupantes qu'on aurait pu le craindre, laissant le dernier mot à Rome. Il serait catastrophique pour l'Église catholique de céder aux sirènes du libéralisme en tournant le dos à la Parole de Dieu : il ne peut y avoir de bénédiction d'unions homosexuelles et encore moins de mariages pour tous célébrés devant monsieur le curé. Jetons un coup d'œil sur ce que vit aujourd'hui la communion anglicane : c'est précisément l'exemple qu'il ne faut pas suivre.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 14/03/2023

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