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06/02/2023

Le ton très radical du pape François à Kinshasa a exprimé la liberté d'esprit du Saint-Siège

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...et le plein droit pour l'Eglise de faire évoluer sa position doctrinale sur l'idée de guerre ! Ma chronique de ce lundi matin à Radio Espérance (Auvergne Rhône-Alpes) :


On croit volontiers que les journaux sont hostiles à l’Eglise catholique. Ils le sont, oui, dans certains domaines. Mais pas dans d’autres. Dans le domaine des relations internationales, par exemple, des journaux d’analyse politique rendent hommage à l’action des papes et constatent sa popularité dans l’hémisphère Sud. C’est le cas à propos du voyage du pape François au Congo : nos quotidiens sont impressionnés par le formidable accueil fait au Souverain Pontife par la population, notamment à la messe géante célébrée le 1er février avec plus d’un million de fidèles à l’aéroport Ndolo, à l’est de la capitale Kinshasa. Nos quotidiens ont été impressionnés aussi par la vigueur avec laquelle le pape a semoncé les grandes multinationales qui exploitent les ressources du Congo : ce pays, dit-il, “largement pillé, qui ne parvient pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources”. A ces multinationales, François a lancé, je cite : “Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin !”

C’est le ton radical des analyses contenues par exemple dans l’encyclique Laudato Si. Mais on en trouvait déjà les prémisses dans les interventions de Benoît XVI et celles de Jean-Paul II, notamment l’encyclique Centesimus annus. De même, c’est Jean-Paul II qui a rompu le premier avec la théorie médiévale des ”guerres justes”, cette théorie étant de plus en plus souvent déviée pour justifier des guerres n’ayant rien de “juste”. Ainsi Jean-Paul II avait condamné les actions militaires de Washington contre l’Irak en 1991 et surtout en 2003. Ainsi aussi François, en 2013, a condamné l’intervention militaire de Paris et de Washington en Syrie. Ainsi encore (et c’est souligné même par le journal Le Monde diplomatique) le pape François a condamné en 2018 le retrait de l’accord sur le nucléaire iranien par le président Trump. Et il condamne l’usage, par les armées (notamment américaine), des robots tueurs et de l’intelligence artificielle.

Comme le dit le cardinal secrétaire d’Etat Parolin, “le pape ne veut pas être l’aumônier de l’Occident”. Il est hors de question que le Souverain Pontife joue auprès des pouvoirs occidentaux le rôle de vassal que le patriarche Kirill accepte de jouer auprès du Kremlin.  La mission des papes depuis saint Pierre est d’une autre nature et d’une autre envergure. Depuis plus de trente ans, ils mettent l’Eglise catholique dans une position de non-alignement conforme à sa vocation. Et Ubi Petrus, ibi Ecclesia.   

 

 

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Commentaires

LE PAPE ET LES "CATHOS" (?) DE L'HEXAGONE

> Oui, mille fois vrai : le pape n'est pas l'aumônier de l'Occident (lequel Occident étant peut-être amené à sortir "physiquement" de l'Histoire, dans l'hypothèse - hélas fort probable- d'un conflit nucléaire en Europe).
Ceci dit, notamment en tant que Français, on ne peut qu'être peiné de voir la papauté se désintéresser du sort de la chrétienté - enfin ce qu'il en reste ! - d'Europe. Au point de préciser que la venue du pape à Marseille le 23 septembre ne sera pas une "visite pastorale" ! Mon Dieu, le "petit reste" de France aurait tellement besoin des encouragements du souverain pontife !

Feld


[ MPP à Feld– Et si le pape François venait à Paris, le prétendu "petit reste" (mais de qui parle-t-on ?) détesterait les paroles évangéliques qu'il prononcerait ! Il suffit de faire un tour sur Facebook pour s'en rendre compte.
Que le "petit reste" sorte de ses idées fixes, qu'il consulte plutôt les enseignements du pape sur les responsabilités de témoignage et le ressourcement dans la prière ; et qu'il cesse de vouloir attirer ce pape, pasteur universel, dans l'étroit bourbier des nostalgies politico-sociétales où patauge la droite catho française. (Attitude qui explique la circonspection du pape devant le milieu catho hexagonal)...
Le "petit reste" retrouvera alors le moral, en même temps que le bon sens spirituel. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Feld / | 06/02/2023

CE QUE DIT LE PAPE

> Nous sommes fiers d'être chrétiens.
Ce que nous dit le saint Père est l'incarnation de l'évangile de Notre Seigneur.
Examinons notre vie.
______

Écrit par : Claude Delaunay / | 07/02/2023

à Feld :

> Je comprends votre déception, mais écoutons ce que François a précisé dans l'avion qui le ramenait du Soudan du Sud : le pape souhaite visiter les petits pays d'Europe plutôt que les grands, c'est-à-dire ceux qui ont eu l'honneur de recevoir plusieurs visites papales au cours des dernières décennies. C'est ainsi qu'il visita la Macédoine du Nord, la Bulgarie, Malte, Chypre, les pays baltes, etc. : ces Européens des périphéries sont également "l'Occident", ils sont également "la chrétienté", certes non francophone mais tout aussi européenne. François considère - avec raison - que Dieu l'appelle davantage à visiter l'Albanie, à écouter et consoler un peuple ravagé par des années de dictature athée, plutôt qu'à passer en revue la Garde républicaine avant de déguster des petits fours avec Macron à l'Elysée. Non que les chrétiens de France n'auraient pas besoin d'être nourris de la parole du pontife, bien au contraire, mais dans la mesure où ils l'ont été à de nombreuses reprises par le passé, la priorité va - charité oblige - à tous ces peuples un peu oubliés qui tapissent la carte de l'Europe et du monde. C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre le désir exprimé par François de se rendre en Mongolie sitôt achevée la visite à Marseille : ils sont mille, les catholiques mongols, et ils n'ont jamais reçu la visite d'un pape, c'est donc à leurs côtés que l'Esprit saint appelle le successeur de Pierre. Accompagnons-le par la prière.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 09/02/2023

LES CRISPÉS

> Hélas, vous avez malheureusement raison monsieur de Plunkett. La critique systématique des paroles de François manifeste la crispation nostalgique et politisée d’une partie des fidèles catholiques. Je suis frappée de constater dans ma paroisse par exemple une défiance de plus en plus répandue à l’égard du saint Père. Cette hostilité à peine voilée déborde le milieu traditionaliste. Les réseaux sociaux sont pour beaucoup dans cette contagion.
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Écrit par : Anne / | 10/02/2023

Les commentaires sont fermés.