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30/01/2023

La réforme Macron : une hypothèque sur l'avenir ?

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Avant la mobilisation syndicale unitaire de demain, mon éditorial de ce lundi matin à RCF (Radios chrétiennes de France) :


Demain 31 janvier, puissant mouvement social dans toute la France : grèves et cortèges de manifestants… Selon le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger, il s’agit “d’appuyer sur l’Assemblée nationale et sur le Sénat” pour les inciter à changer le projet de loi sur les retraites ; et de montrer dans la rue, à Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, que l’opinion publique rejette cette réforme.

Mais Laurent Berger ajoute cette précision importante : “A la CFDT, on pense qu’il faut d’abord garder l’opinion avec nous et que le niveau d’efficacité syndicale ne se mesure pas au niveau d’emmerdements concrets pour les citoyens.” C’est très bien vu. Pour l’instant la majorité des Français rejettent le projet de réforme des retraites et approuvent sa contestation unanime par le front des syndicats. Mais si cette contestation dérapait et rendait infernale la vie quotidienne de millions de gens, les syndicats perdraient l’appui de l’opinion. Le gouvernement compte là-dessus : si l’opinion se détournait du mouvement social, le front syndical se disloquerait ; la pression des électeurs sur les parlementaires se relâcherait ; les députés LR pourraient oublier leurs scrupules et apporter au bloc des députés macronistes le nombre de voix de droite nécessaire à l’adoption du projet... Mme Borne serait libérée du besoin de court-circuiter encore les députés en se servant du 49.3 : méthode de passage en force qui pourrait hypothéquer l’avenir en plongeant des millions de gens dans l’idée “qu’ils ne sont pas considérés”.

Même au cas où la réforme serait votée, l’avenir risquerait d’être hypothéqué. Une réforme faite contre le sentiment du peuple risque de passer pour une réforme sans le peuple. Voire contre lui. Le ressentiment social entraverait ensuite tout effort collectif pour faire face, par exemple, au changement climatique en réalisant la transition énergétique…Laurent Berger a raison de le dire : la démocratie ne consiste pas à donner un chèque en blanc au dirigeant qui a remporté une élection. Elle consiste à faire vivre le lien entre les élus et la société civile. C’est cela qui est en question dans la bataille actuelle.

 

 

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10:17 Publié dans Social | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : retraites

Commentaires

ILS S'EN FOUTENT

> La problématique est que depuis 40 ans, les gouvernements de droite comme de gauche ont très rarement (jamais ?) reculé devant des manifestant. Même lorsqu'ils sont des millions dans la rue. Cela tend à laisser penser qu'ils se foutent royalement ... de ce que pense le peuple. Et si en République, les citoyens n'ont plus les moyens d'exprimer pacifiquement leur désaccord, MAIS AUSSI d'être écouté et entendu (que le pouvoir en place recule sur ses projets et renégocie), alors la seule solution que les politiques laissent aux citoyens pour bloquer une loi qu'ils ne veulent pas, c'est la violence. Et là, c'est dangereux. Car la violence entraîne la violence, et au final le gouvernement qui sortira de la rue a fort peu de chance d'être démocratique. Notre histoire de France nous l'a bien montrée.
Combien de mouvements sociaux en 40 ans ? combien de prise en compte par les politiques ? combien de "vrai" concertation ?
A quand le désespoir face à l'hypocrisie politique ?
Cdt,
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Écrit par : Bergil / | 31/01/2023

LE MAL-ÉLU

> En l'occurrence, le dirigeant qui a remporté la présidentielle a obtenu le suffrage d'un petit cinquième du corps électoral. Pas assez pour appuyer une réforme aussi massivement rejetée. Une évolution du système des retraites est indispensable mais avec l'assentiment du peuple : pour ces grands sujets de société (retraites, euthanasie), on ne saurait se satisfaire d'une majorité ric-rac à l'Assemblée.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 01/02/2023

LE BIEN COMMUN

> Comme si Macron était capable d'écouter les demandes syndicales s'il n'y a pas de pression sur l'économie, et donc sur "la vie quotidienne". C'est sûr qu'une grève où tout le monde travaillerait avec un tee-shirt "en grève", comme au Japon, ou une manifestation où on tournerait en rond sur un trottoir pour ne pas gêner la circulation, ce serait nettement mieux pour la circulation et l'économie, mais serait-ce mieux pour le "bien commun" ? Le bien commun, c'est aussi voir plus loin que le bout de son nez. Vous faites comme si les syndicats étaient les seuls responsables de la situation, comme si le manque de dialogue ne venait pas, aussi, du gouvernement. Qu'il y ait la CFDT, la CFTC et le syndicat des cadres dans la rue devrait vous mettre la puce à l'oreille.

Maud


[ PP à Maud – Je comprends mal vos cinq dernières lignes. S'adressent-elles réellement à moi ? Je n'ai rien écrit qui justifierait ce "vous faites comme si". ]

réponse au commentaire

Écrit par : Maud / | 01/02/2023

FRATERNEL

> Si Macron ne pouvait s'appuyer que sur l'élection présidentielle, sa légitimité serait faible. Mais les législatives lui permettent de dominer l'assemblée, ne serait-ce que par le 49.3. Si les Français ne voulaient pas de la réforme des retraites, pourquoi ont-ils tant voté pour les macronistes et la droite ?
Quand on parle aux gens de la réforme, l'intérêt personnel domine dans leur discours. Comment sauver le système de solidarité fraternelle qu'était la retraite par répartition, système porté en grande partie par les chrétiens sociaux à la Libération, dans ces conditions ?
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Écrit par : Albert / | 02/02/2023

> Je précise, pour dissiper toute erreur, que je suis contre la réforme, qui ne vient que du désir du gouvernement de baisser les impôts et tous les prélèvements, alors qu'il serait au contraire temps de les augmenter pour financer la solidarité sociale et une vraie politique écologique.
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Écrit par : Albert / | 02/02/2023

Albert,

> la sur-représentation des macronistes ou des Républicains à l'assemblée, depuis le premier quinquennat, tient au mode de scrutin, pas aux votes. Même lorsque le président détenait la majorité absolue, c'était avec bien moins de 20% des voix. Ce qui pose d'ailleurs une vraie question politique, juridique et morale.
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Écrit par : Lucas Pommat / | 08/02/2023

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