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03/01/2023

Joseph Ratzinger était autrement plus lucide que ceux qu'on appelle aujourd'hui "les conservateurs"

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Selon l'essayiste et théologien laïc Grégory Solari, Benoît XVI – en renonçant à sa charge quand il ne s’est plus senti capable de l’assumer – a posé un acte profondément réformateur qui a inauguré l’Eglise du IIIe millénaire. Cet acte situe le véritable rôle historique de Joseph Ratzinger… Sous cet angle, citons aussi la prévision de l’avenir catholique selon le futur Benoît XVI (à la radio allemande en 1969) – parce qu’elle montre à quel point les passéistes se trompaient en le croyant “des leurs” :


<< De la crise actuelle émergera l’Eglise de demain : une Eglise qui aura beaucoup perdu. Elle sera de taille réduite et devra quasiment repartir de zéro. Elle ne sera plus à même de remplir tous les édifices construits durant sa période prospère. Le nombre de fidèles se réduisant, elle perdra nombre de ses privilèges. Contrairement à une période antérieure, l’Eglise sera perçue comme une société de personnes volontaires : on l’intègrera par choix. En tant que petite société, elle sera amenée à faire appel beaucoup plus souvent à l’initiative de ses membres.

De nouveaux ministères

Elle va sans aucun doute découvrir de nouvelles formes de ministère, et ordonnera à la prêtrise des chrétiens aptes pouvant exercer une profession. Dans de nombreuses petites congrégations ou groupes indépendants, la pastorale sera gérée de cette manière. Parallèlement, le ministère du prêtre à plein temps restera indispensable. Dans tous ces changements que l’on devine, l’essence de l’Eglise sera à la fois renouvelée et confirmée dans ce qui a toujours été son point d’ancrage : la foi en Dieu trinitaire, en Jésus-Christ Fils de Dieu fait homme, en l’Esprit-Saint présent jusqu’à la fin des temps. Dans la foi et la prière, elle considérera à nouveau les sacrements comme une ;louange à Dieu et non un thème d’ergotages liturgiques !

L’avenir d’une Eglise simplifiée et recentrée

L’Eglise sera plus spirituelle, ne gageant pas sur des mandats politiques, ne courtisant ni la droite ni la gauche. Cela sera difficile pour elle, car cette période d’ajustements et de clarification va lui coûter beaucoup d’énergie. Cela va la rendre pauvre et fera d’elle l’Eglise des doux. Le processus sera d’autant plus ardu qu’il faudra se débarrasser d’une étroitesse d’esprit sectaire et d’une affirmation de soi trop pompeuse. On peut raisonnablement penser que tout cela va prendre du temps. Le processus va être long et fastidieux… Mais quand les épreuves de cette période d’assainissement auront été surmontées, cette Eglise simplifiée et plus riche spirituellement en ressortira grandie et affermie. Les hommes évoluant dans un monde complètement planifié vont se retrouver extrêmement seuls. S’ils perdent totalement de vue Dieu, ils vont réellement ressentir l’horreur de leur pauvreté. Alors ils verront le petit troupeau des croyants avec un regard nouveau. Ils le verront comme un espoir de quelque chose qui leur est aussi destiné : une réponse qu’ils avaient toujours secrètement recherchée.

Pour moi, il est certain que l’Eglise va devoir affronter des périodes très difficiles. La véritable crise vient à peine de commencer. Il faudra s’attendre à de grands bouleversements. Mais je suis tout aussi certain de ce qui va rester à la in : une Eglise de la foi. IL est fort possible qu’elle n’ait plus le pouvoir qu’elle avait eu, mais elle va vivre un renouveau et devenir la maison des hommes, où ils trouveront la vie et l’espoir en la vie éternelle. >>

 

 

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Commentaires

> MERCI de nous donner à relire ces magnifiques textes du futur Benoît XVI !
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Écrit par : AlexS / | 03/01/2023

TOUT CELA RESTE À FAIRE

> Merci pour ce beau texte si actuel.
Il date de 1969, à l'époque de l'application des conclusions du concile Vatican II, quand on pensait pouvoir faire une vivante réforme de l'Église. Il est triste de se rendre compte plus d'un demi-siècle après que tout cela reste toujours à faire, malgré, encore récemment, les efforts de Benoît et de François.
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Écrit par : Albert / | 03/01/2023

DEUTÉRONOME

> Cher Patrice : c'est très "in" pour finir mais il vaudrait mieux le net mot de fin.
Pour les vœux il n'y a que la lettre du Deutéronome qui soit vraiment adaptée et encore plus après cette lecture ...
Bien cordialement à vous et toujours "nourri" en ouvrant votre blog.
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Écrit par : Gérald / | 03/01/2023

JUSTE AVANT

> Grande joie de me dire tout en relisant ce texte oublié "alors j'ai donc raison de penser ce que je pense ?!".
Au cas où certains penseraient que les pensées ci-dessus sont celles du "Ratzinger progressiste de sa jeunesse", voici ce qu'il dit aussi juste avant et qui reflètent l'herméneutique de la continuité et un soupçon de Laudato Si (2e paragraphe), Bernanos et St Ex (3e paragr) :
« Je pense, non, je suis sûr, que l'avenir de l’Église viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas de ceux qui s’accommodent sans réfléchir du temps qui passe, ou de ceux qui ne font que critiquer en partant du principe qu’eux-mêmes sont des jalons infaillibles. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices.
Formulons cela de manière plus positive : l'avenir de l’Église, encore une fois, sera comme toujours remodelé par des saints, c’est-à-dire par des hommes dont les esprits cherchent à aller au-delà des simples slogans à la mode, qui ont une vision plus large que les autres, du fait de leur vie qui englobe une réalité plus large. Il n’y a qu’une seule manière d’atteindre le véritable altruisme, celui qui rend l’homme libre : par la patience acquise en faisant tous les jours des petits gestes désintéressés. Par cette attitude quotidienne d’abnégation, qui suffit à révéler à un homme à quel point il est esclave de son ego, par cette attitude uniquement, les yeux de l’homme peuvent s’ouvrir lentement.
L’homme voit uniquement dans la mesure où il a vécu et souffert. Si de nos jours nous sommes à peine encore capables de prendre conscience de la présence de Dieu, c’est parce qu’il nous est tellement plus facile de nous évader de nous-mêmes, d’échapper à la profondeur de notre être par le biais des narcotiques, du plaisir etc. Ainsi, nos propres profondeurs intérieures nous restent fermées. S’il est vrai qu’un homme ne voit bien qu’avec le cœur, alors à quel point sommes-nous aveugles ?
Quel rapport tout cela a-t-il avec notre problématique ? Eh bien, cela signifie que les grands discours de ceux qui prônent une Église sans Dieu et sans foi ne sont que des bavardages vides de sens. Nous n’avons que faire d’une Église qui célèbre le culte de l’action dans des prières politiques. Tout ceci est complètement superflu. Cette Église ne tiendra pas. Ce qui restera, c’est l’Église du Christ, l’Église qui croit en un Dieu devenu Homme et qui nous promet la vie éternelle. Un prêtre qui n’est rien de plus qu’un travailleur social peut être remplacé par un psychologue ou un autre spécialiste. Un prêtre qui n’est pas un spécialiste, qui ne reste pas sur la touche à regarder le jeu et à distribuer des conseils, mais qui, au nom de Dieu, se met à la disposition des Hommes, est à leurs côtés dans leurs peines, dans leurs joies, dans leurs espoirs et dans leurs peurs, oui, ce genre de prêtres, nous en aurons besoin à l’avenir."

Et Ratzinger qui dit cela continue en disant que l'Église "va sans aucun doute découvrir de nouvelles formes de ministère" etc etc.
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Écrit par : E Levavasseur / | 04/01/2023

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