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22/10/2022

Pierre Manent : un “catholique” peu chrétien

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Pierre Manent à une université d'été de la MPT : la dérive d'une certaine bourgeoisie.

Ce matin à France Culture, chez Alain Finkielkraut (qui l’invitait cette fois pour parler de Pascal), Pierre Manent reprochait au catholicisme d’aujourd’hui : a) de “se réduire à l’Evangile”, b) de se muer en “humanitarisme”, c) de se renier en accompagnant l’Europe dans sa déconstruction culturelle. Ces trois propos sont contraires à la vérité ; le premier des trois est contraire à la foi au Christ.  M. Manent avait déjà soutenu ces leitmotive chez Alain Finkielkraut le 16/01/2021, et c’était déjà pour attaquer le pape (bête noire d’une certaine bourgeoisie passéiste : Delsol, Brague & C°). Puisqu’il se répète, je reproduis ici la note que j’avais faite à la suite de l’émission de 2021 et qui répond aussi à celle de 2022 :


 

<< Conservateur des théorèmes de droite, le grand notable Pierre Manent montre une incompréhension de ce qu’implique la foi chrétienne – bien qu’il appartienne à l’Académie pontificale des sciences sociales, et que l’Académie française lui ait décerné le prix Lustiger en 2016 : les apologistes de “la civilisation chrétienne” ne sont pas toujours en phase avec l’Evangile.

L’émission2 portait donc sur Fratelli Tutti. M. Manent ne veut voir dans cette encyclique qu’une application aux migrants de la parabole du bon Samaritain (Luc 10,15-25), ce qui est une lecture faussée. Sur cette fausseté il bâtit six contresens : 1. le pape n’aurait rien compris à la parabole (qui, dit-il, n’aurait pas pour objet notre devoir d’être le prochain d’autrui) ; 2. influencé par “Rousseau”, le pape remplacerait la foi par la charité ; 3. ce remplacement serait de sa part le symptôme d’un abandon de “la centralité du Christ” ; 4. le pape réduirait ainsi l’Eglise à une ONG humanitaire ; 5.  il nierait la souveraineté des Etats devant les migrants, ainsi que le rôle du politique et le droit des nations à persévérer dans l’être ; 6. Rome trahirait donc sa fonction de pôle spirituel des “Européens”.

Je n’oserais soupçonner M. Manent de n’avoir pas lu l’encyclique. Fait-il des contresens exprès ?  Ce n’est pas impossible, puisque :

son interprétation du bon Samaritain contredit l’explication de cette parabole par Jésus lui-même dans saint Luc… (“Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même”).  Sur l’encyclique, les six contresens de M. Manent sont trop flagrants pour ne pas être des déformations polémiques :

nulle part le pape ne met la charité à la place de la foi ! (Soupçonner cela est typique de la mentalité des ultras, qui en accusaient déjà saint Jean XXIII et saint Paul VI) ;

comment le pape oublierait-il “la centralité du Christ” ? Il la présente comme l’âme de toute action sociale des catholiques :  §§ 277-278 et prière trinitaire de conclusion au § 287 ;

Transformer l’Eglise en ONG humanitaire” ? Le grief est aussi vieux que l’action sociale catholique : les libéraux en accusaient déjà saint Paul VI en 1966, et Mazarin reprochait quelque chose du même genre à saint Vincent de Paul en 1652. Cela dit, le pape ne prétend pas forcer les agnostiques ou les membres d’autres religions à reconnaître la centralité du Christ avant toute coopération sociale avec des chrétiens : il leur tend la main, et c’est la politique constante de l’Eglise depuis plus d’un demi-siècle.  M. Manent s’en indigne comme d’une innovation : ça donne la mesure de la pensée libérale conservatrice ;

M. Manent parle comme M. Zemmour quand il accuse le pape de nier aux Etats le droit d’avoir une politique envers les migrants. Cette accusation est fausse : Fratelli tutti dit le contraire, §§ 38 à 40 reproduits ci-dessous en note ;

acccuser le pape argentin de “passer sous silence le fait national”, c’est montrer une regrettable ignorance. Non seulement le pape en parle depuis longtemps (cf son livre La patrie est un don, la nation est un devoir, Parole et silence), mais sa “théologie du peuple” est une théologie du fait national et de sa juste voie pour persévérer dans l’être ! Cf. Juan-Carlos Scannone s.j., Le pape du peuple, Cerf). Pour rejeter cette théologie il faudrait adhérer à une conception ethniciste de la nation. M. Manent n’en est tout de même pas à ces vulgarités. Mettons donc son accusation au compte d’une méconnaissance, et c’est décevant : M. Manent jusqu’ici n’avait jamais eu l’air d’ignorer quoi que ce soit.

La clé de tout cela tient dans une idée qui revenait dans les propos de M. Manent : François trahirait “les Européens”… Un pape catholique devrait-il être le druide de l’Europe, le gardien d’une sorte de shintô du Vieux Continent ? C’est évidemment l’idée que s’en font les zemmouriens ; on regrette que M. Manent semble ne pas s’en défendre, car c’est une sottise navrante.

Je ne peux qu’inviter chacun à relire Fratelli tutti crayon en main. Cette vaste et riche encyclique n’a rien à voir avec ce qu’en disent de durs petits esprits – et quelques grands esprits bizarrement soucieux de leur plaire. >>

 __________ 

  1. Dans sa préface étrangement grossière au livre de Frédéric Rouvillois La Clameur de la Terre (2016).
  2. La contradiction était portée par le philosophe Camille Riquier, de l’Institut catholique : seul des trois à situer Fratelli tutti avec exactitude. Mais qui, lui non plus, ne semblait pas connaître la pensée du pape sur le fait national…

 

 

Fratelli tutti,  §§ 38, 39, 40

<<  Beaucoup de personnes échappent à la guerre, aux persécutions, aux catastrophes naturelles. D’autres, à juste titre, « sont en quête d’opportunités pour [elles] et pour leur famille. [Elles] rêvent d’un avenir meilleur et désirent créer les conditions de sa réalisation ».

  1. Malheureusement, d’autres « sont [attirées] par la culture occidentale, nourrissant parfois des attentes irréalistes qui les exposent à de lourdes déceptions. Des trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes, exploitent la faiblesse des migrants qui, au long de leur parcours, se heurtent trop souvent à la violence, à la traite des êtres humains, aux abus psychologiques et même physiques, et à des souffrances indicibles ». Ceux qui émigrent « vivent une séparation avec leur environnement d’origine et connaissent souvent un déracinement culturel et religieux. La fracture concerne aussi les communautés locales, qui perdent leurs éléments les plus vigoureux et entreprenants, et les familles, en particulier quand un parent migre, ou les deux, laissant leurs enfants dans leur pays d’origine ». Par conséquent, il faut aussi « réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre ».
  2. Et pour comble, « dans certains pays d’arrivée, les phénomènes migratoires suscitent des alarmes et des peurs, souvent fomentées et exploitées à des fins politiques. Une mentalité xénophobe de fermeture et de repli sur soi se diffuse alors ». Les migrants ne sont pas jugés assez dignes pour participer à la vie sociale comme toute autre personne et l’on oublie qu’ils ont la même dignité intrinsèque que quiconque. C’est pourquoi ils doivent être « protagonistes de leur propre relèvement ». On ne dira jamais qu’ils ne sont pas des êtres humains, mais dans la pratique, par les décisions et la manière de les traiter, on montre qu’ils sont considérés comme des personnes ayant moins de valeur, moins d’importance, dotées de moins d’humanité. Il est inacceptable que les chrétiens partagent cette mentalité et ces attitudes, faisant parfois prévaloir certaines préférences politiques sur les convictions profondes de leur foi : la dignité inaliénable de chaque personne humaine indépendamment de son origine, de sa couleur ou de sa religion, et la loi suprême de l’amour fraternel.
  3. « Les migrations constitueront un élément fondamental de l’avenir du monde ». Mais, de nos jours, elles doivent compter avec la « perte du ‘‘sens de la responsabilité fraternelle’’, sur lequel est basé toute société civile ». L’Europe, par exemple, risque fort d’emprunter ce chemin. Cependant, « aidée par son grand patrimoine culturel et religieux, [elle] a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et de garantir l’assistance et l’accueil des migrants ». >>

 

 

Commentaires

MANENT FUMEUX

> Je n'ai pas très bien compris la critique de Manent à propos de la parabole du Bon Samaritain. C'était la partie la plus forte de cette encyclique, selon moi. Cette parabole est centrale, dans la foi des chrétiens, et le pape, revenant dessus à cette occasion, de manière si magnifique, en faisait un sommet inaltérable. A travers cette herméneutique du pape, une vérité surnageait. Je ne crois pas du tout qu'il y avait là une sorte de "relativisme" littéraire, qui aurait permis à un Manent de tirer, disons, son épingle du jeu, au mépris d'une science certaine, comme pour, par exemple, le mythe de la Caverne, chez Platon.

Bégand


( PP à B. – Les intellectuels de droite ont du mal avec cette parabole. Il y a deux ans, Rémy Brague assurait qu'elle ne parlait pas de secours concret aux personnes, mais qu'il s'agissait d'une allégorie spirituelle de l'âme secourue par la grâce... Tout pour éviter le social. ]


FOUTOIR

> Nous avons eu Maurras ce "catholique de l'extérieur" qui ne croyait pas en Dieu. Nous aurions aujourd'hui Manent, ce "catholique de l'intérieur" qui mettrait sa foi au-dessus de la charité, allié objectif de Zemmour, ce judéo-chrétien de l'extérieur rejetant foi, espérance et charité ? Quel foutoir chez nos identitaires !

Denis

 

MISÈRE DE L'ESPRIT PARTISAN

> Le bricolage de M. Manent samedi matin me semble pour le moins hasardeux : si ses critiques de Fratelli tutti (et du pape) peuvent impressionner qui n'y connaît rien et est a priori bien disposé pour les entendre, il suffit d'avoir entendu ladite encyclique (et d'autres propos du pape antérieurs, notamment sur la notion d'"ONG") pour les savoir infondées. M. Manent s'expose assez imprudemment à une réfutation qu'il est facile de faire.
Voilà à quelle misère mène l'esprit partisan.

Sven Laval
 

LE PAPE ET LA FRANCE

> Tout cela est assez lamentable, c'est évident (d'autant plus navrant que ces positions semblent partagées par beaucoup de catholiques français). Encore une fois, on ne peut pas reprocher au pape François de ne pas être viscéralement attaché à la pérennité de la civilisation européenne, comme ont pu l'être ses deux prédécesseurs. Rappelons que pour François, l'Europe c'est l'exil en Allemagne...
Ceci dit, je continue à penser qu'une visite du saint-Père en France aurait pu lever beaucoup d'incompréhensions... Maintenant c'est trop tard, d'autant que François sait que le temps lui est compté et qu'il a d'autres priorités.

Feld


[ PP à F. 1 Alors prenez-vous en aux supercathos LMPT qui ont écrit plusieurs fois au pape après 2013, sur un ton arrogant, pour lui dicter ce qu'il devait dire aux Français... En lui donnant ainsi l'impression qu'ils feraient écran entre lui et le pays réel, ils l'ont amené à repousser son projet de voyage pastoral. Encore une illustration de la nature contre-productive de tout ce que fait l'ultradroite à force de se regarder le nombril. ]


À BÉGAND

> MM. Brague et Manent n'ont tout simplement pas lu et médité la parabole du Bon Samaritain. Ces gens devraient regarder le reportage de KTO tourné plus ou moins clandestinement au sein du camp de migrants de Lesbos : face à ces personnes qui ont fui la guerre, la misère, la faim, souvent au péril de leur vie, pour se retrouver enfermées dans un immense camp, amenées à faire leurs besoins dans des latrines dont l'état répugnant choque le téléspectateur au point qu'il détourne son regard devant cette vision la plus abjecte, comment un chrétien ne pourrait-il voir sur ces visages torturés par une vie d'épreuve le visage même du Christ ?
Comment ces éminents professeurs et le milieu qui les défend ne pourraient-ils pas relire leur vie et mesurer combien le degré de confort voire de luxe dans lequel ils vivent depuis toujours est quasiment une insulte aux yeux de millions de frères et de soeurs en Christ à l'égard desquels l'Évangile impose un regard bienveillant, une main tendue, un traitement digne de leur statut de frères issus d'un même Père ?
Même si la parabole du Bon Samaritain devait faire de leur part des échafaudages d'exégèse plus ou moins exacte, que répondent-ils devant le 'Qu'as-tu fait de ton frère' en Genèse 4 ou devant le 'toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites' en Matthieu 25 ?
L'obligation de soin est impérative et ne suppose en aucune manière que la personne aidée fasse ou non partie du même club : le modèle à suivre est celui de sainte Thérèse de Calcutta, qui secourait tous les lépreux qu'elle trouvait qu'ils fussent hindous, musulmans, athées ou chrétiens.
Voici pour le plus grave. Passons au comique : le point six, qui reproche au pape de ne plus être le porte-étendard de l'Europe chrétienne.
Cela me fait songer à l'image naguère retouchée par un nostalgique du pouvoir temporel faisant figurer Benoît XVI coiffé d'une tiare aux côtés de l'archevêque anglican Rowan Williams lors de la visite papale à Westminster. Pour ces gens, la forme prime le fond.
Lorsque je fréquentais la paroisse catholique desservant Harvard il y a quinze ans, un épisode similaire eut lieu. La communauté paroissiale était alors dotée d'une remarquable vigueur pastorale, soutenue par une chorale active et d'excellente qualité. Puis le curé fut remplacé par un ancien pasteur anglican, de tendance traditionaliste, devenu prêtre catholique : l'ouverture au monde et l'évangélisation lui importaient moins que la volonté de créer un environnement plus ou moins fantaisiste issu de l'image qu'il se faisait du catholicisme triomphant de la Contre-Réforme : l'une de ses premières initiatives fut de créer un blason paroissial avec armoiries pseudo-médiévales, de le faire graver et suspendre dans tout le presbytère ; rapidement, il remplaça l'intégralité des chants par des hymnes du XIXe siècle, etc., le tout dans un autoritarisme devant lequel les paroissiens se trouvèrent désemparés. La plupart quittèrent la paroisse, qui vers d'autres églises catholiques, qui chez les épiscopaliens. Ce curé fut vite remplacé mais le mal était fait : il avait troqué l'ouverture contre l'entre-soi.
Ce que M. Manent propose n'est rien d'autre qu'un retour à la papauté d'avant le 20 septembre 1870, lorsque les États pontificaux étaient l'une des puissances du concert des nations européennes. Or la fin du pouvoir spirituel fut précisément ce qui permet aujourd'hui au Saint-Père de ne plus parler qu'aux seuls Européens mais d'être le pasteur universel de l'Église-monde, ce que François a parfaitement compris en préférant se rendre en Centrafrique, en Birmanie, au Japon, en Albanie et bientôt en Irak avant de visiter la soi-disant "fille aînée de l'Église" (qu'elle n'a été que dans l'imaginaire de certains). Que ces gens relisent l'Évangile avec humilité et détachement, comme ils le feraient s'ils étaient un pêcheur des Seychelles ou un indien d'Amazonie : cela leur ferait sans doute le plus grand bien.

 Philippe de Visieux / | 18/01/2021

 

À SVEN LAVAL :

> Il y a quelques années, Alain Minc affirmait sur KTO (tout en revendiquant son athéisme) que l'Église aujourd'hui, "ce n'est plus qu'une ONG".
Qu'un athée puisse dire cela, je le comprends parfaitement : la nature mystique de l'Église Corps-du-Christ et du Christ Tête-de-l'Église lui échappe forcément.
Mais M. Manent est chrétien. Peut-être pourrait-il méditer l'exemple de Blaise Pascal qui, sur son lit de mort, incapable de communier, avait fait venir un pauvre auprès de lui et lui avait demandé de communier à sa place : il mettait en application 1 Corinthiens 12 ("Comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ") : selon Pascal, s'il ne pouvait communier physiquement, son acte de communion était néanmoins accompli par le biais d'un frère en Christ, en tant que membre d'un même corps qu'est l'Église. On est quand même bien loin d'une ONG...

 Philippe de Visieux

 

À FELD :

> Je partage votre préoccupation : il semble que beaucoup de catholiques soient sur la ligne Manent. Le catholicisme social, le catholicisme populaire n'existent quasiment plus, en France en tout cas. Que reste-t-il ? Un catholicisme sociologiquement plutôt marqué à droite, vécu ça et là par une bourgeoisie plus ou moins marquée par un maurrassisme refoulé et dont ceux des enfants qui embrassent le sacerdoce se sentent plus à l'aise dans le traditionalisme.
Rien de condamnable dans tout cela, bien sûr, mais à condition que l'Église demeure plurielle dans la globalité de ses tendances ; or elle l'est de moins en moins. Les jeunes prêtres français que j'ai récemment eu à connaître étaient tous tradis revendiqués, dont les positions allaient de la vénération de Marion Maréchal à un antisémitisme feutré (ne surtout pas dire "se rendre en Israël" mais "aller en Terre Sainte") en passant par une détestation des jésuites (qualifiés de "gauchistes", y compris à l'égard des enseignements dispensés au centre Sèvres, à éviter à tout prix selon eux) voire une critique du "modernisme" dans un sermon entendu en 2019. Voilà pour les plus modérés. Ensuite, on trouve (j'en connais) des gens qui considèrent que le pape actuel détruit sciemment l'Église à petit feu et qui lui vouent une haine - hélas sincère - au-delà de tout entendement.
Le 13 mars 2013 au balcon de la basilique Saint-Pierre, je ne comprenais pas pourquoi le nouveau pontife avait demandé que la foule prie pour lui. Maintenant, je comprends.

 Philippe de Visieux / | 19/01/2021

 

LES TORDEURS DE ¨PARABOLES

> Comme le souligne Philippe de Visieux, tordre ainsi la parabole du Bon Samaritain est à tomber par terre, d'autant qu'elle est en quelque sorte doublée par celle du Jugement Dernier.
Voilà quelqu'un qui ne veut surtout pas être chrétien parce que être chrétien l'obligerait à revoir ses choix de vie. Donc il prétend qu'être chrétien est ce qu'il a décidé.

 Bernadette

 

À PHILIPPE DE VISIEUX :

> Tout à fait d'accord avec vous. Sur la notion d'"ONG", j'ai le souvenir d'une des premières paroles du pape François, mettant en garde contre l'éventuelle dérive de l'Eglise dans cette direction(1). Il est d'autant plus curieux de voir que quelques "supercatholiques" (ou esprits mus par un tropisme maurrassien ?) reprochent à ce pape ce contre quoi il n'a de cesse de mettre en garde depuis sept ans. (Quant aux athées, comme vous le dites, on ne peut exiger d'eux une compréhension de ce qu'est l'Eglise).
(1) ici par exemple :
https://www.lemonde.fr/europe/article/2013/03/14/le-pape-...

Sven Laval

 

@ PHILIPPE DE VISIEUX

> J'ai l'impression que pour beaucoup de catholiques français, le christianisme est moins une rencontre avec le Christ vivant que l'adhésion - souvent sincère et fervente- à un système de principes et de valeurs .. à une idéologie. Avec le risque que tout cela tourne à une sorte d'islam à vernis chrétien, totalement stérile. Et quand s'ajoute à cela un rejet épidermique de la personne du pape François ...
Je suis en train de me demander si, paradoxalement, l'islamisation de la France ne serait pas un... préalable à sa rechristianisation. Des personnes pour qui l'existence de Dieu est une évidence ne seraient-elles pas plus réceptives au message du Christ que les post-chrétiens "souchiens" ? Une évolution à l'échelle des siècles, bien sûr. Mais après tout pas plus improbable que celle ayant vu les descendants des chefs des terribles "hommes du Nord" devenir des grands du Royaume de France...

Feld

 

À SVEN LAVAL :

> https://www.youtube.com/watch?v=j9It8a9aoY8
Face aux Manent, Brague, Pitte et Delsol, il est des chrétiens qui évangélisent activement et donnent envie de suivre le Christ. Le P. Giraud donnait hier une longue conférence en ligne aux étudiants des grandes écoles du plateau de Saclay : tous ces élèves d'HEC, de Polytechnique, de l'ENS qui seront les décideurs de demain. À nouveau, un propos riche, précis, sincère et des questions de jeunes tout aussi percutantes.
Notre jésuite économiste n'a évidemment pas oublié le "malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile". Il évangélise comme nous devons le faire, par le témoignage, jamais par prosélytisme. Il n'aborde la question qu'à la suite de la question d'un étudiant qui l'interroge sur le lien entre son engagement et son sacerdoce. La réponse, reproduite ci-dessous, est brève mais pleine d'Espérance. Elle est un ferment d'évangélisation immensément plus fécond auprès de jeunes - dans leur majorité éloignés de la foi chrétienne - que toutes les rancoeurs débitées par nos académiciens nostalgiques d'un pape en chaise à porteurs. Si ces quelques paroles du jésuite ont pu éveiller l'intérêt de quelques-uns pour la figure du Christ, et de fil en aiguille ouvrir le coeur de la jeunesse à la Vérité, la démarche d'évangélisation aura été pleinement productive.

[1:23:00] "Il y a un certain nombre de ressources spirituelles qui peuvent aider, parmi lesquelles le christianisme. Le christianisme n'est pas le seul mais il en fait partie. [...] Moi, je ne suis pas bouddhiste mais je suis chrétien. Comme chrétien, je peux dire, je crois que [...] le christianisme est une grande ressource spirituelle pour mettre en partage nos ressources, les économiser, apprendre une sobriété heureuse et faire preuve de créativité institutionnelle. C'est là que la question théologique entre en scène."

Philippe de Visieux

 

À FELD :
>
La prédiction du P. Ratzinger en 1969 est en cela éclairante. L'Église passera par un stade du tout petit troupeau avant de croître à nouveau
nous assistons, en Europe en tout cas, à ce rapetissement. Ayons confiance en l'Esprit qui souffle sur l'Église depuis deux mille ans : l'Épouse du Christ connut les persécutions romaines, les invasions barbares, le Grand Schisme d'Occident, la déliquescence qui amena saint François à œuvrer à sa reconstruction, les papes de la Renaissance organisateurs d'orgies, le choc de la Réforme protestante, celui de la chute des États pontificaux, le concile Vatican II et le tumulte lefebvriste, les scandales pédophiles, le départ de pans entiers de baptisés, etc. Toujours, l'Église sut se relever. Pour qui a foi en la Résurrection, l'Église retrouvera sa vigueur, peut-être d'une manière différente et inattendue : ce renouveau est tout à fait certain.

 Philippe de Visieux / | 20/01/2021

 

@ PHILIPPE DE VISIEUX

> "Terre Sainte" est l'intitulé de nombreux pèlerinages et aussi de livres variés
Il n'est pas antisémite d'employer ces mots quand on va en un pèlerinage débordant les frontières reconnues internationalement. Cela évite d'entériner les annexions unilatérales passées (le vieux Jérusalem) et à venir (Territoires palestiniens).

: P. F. Huet / | 20/01/2021

 

@ FELD

> Je ne crois pas qu'un voyage en France aurait suffi à "écarter les malentendus". François est allé aux États-Unis en 2015 et son voyage fut considéré à l'époque comme un grand succès. Trois ans plus tard, une grande partie de l'Église américaine a lancé l'opération Vigano pour le forcer à démissionner. Ce "coup" ayant échoué, ces mêmes éléments viennent tout juste de passer deux mois à délégitimer le résultat (pourtant très clair) de l'élection présidentielle et à préparer le terrain à l'insurrection du 6 janvier (ou d'innombrables chrétiens étaient présents).

 François Sarrazin / | 21/01/2021

 

À P.F. HUET :

> Certes. Mais lorsque le prêtre en question reprend systématiquement son interlocuteur toutes les deux phrases parce qu'il a malencontreusement fait usage du terme "Israël", il y a problème. Le contexte dans lequel ce prêtre s'exprimait, trop long pour être ici exposé, laissait entendre que c'était l'existence même de l’État d'Israël qui était mise en cause, non les annexions de la guerre des Six-Jours effectivement illégitimes.

 Philippe de Visieux / | 21/01/2021

 

"LE BOND"

> Ne manquons pas ici le bond des derniers temps de création de la conscience de soi des existants. Ne rompons pas nos nouveaux liens suscités par la conscience de soi chez les existants. Nous croîtrons dans cet esprit.

 Clavier Jacques / | 05/02/2021

 

LA PARABOLE

> Ma compréhension de la Parabole du Bon Samaritain : Une religion sans amour et un amour sans religion.
Le prochain ce n’est pas celui qui dans la vie est proche de moi, comme l’entendait le docteur de la loi qui avait interpellé Jésus. Tel que Jésus s’exprime ici, le prochain c’est moi lorsque je sors de mon ego ; lorsque je me décentre de moi-même, lorsque j’abandonne mes obligations, mes convictions et mes préjugés, pour me déranger pour l’autre, pour m’engager au profit de l’autre, pour m’approcher de l’autre qui, en ce moment, n’a que moi pour se sortir de son impasse, de son angoisse, de sa douleur, de sa détresse et, peut-être aussi, pour se sentir aimé et sauvé.
Le prochain ce n’est pas l’autre, mais c’est moi, lorsque je m’approche de l’autre, parce j’ai entendu son cri et que j’ai été ému par ses larmes et touché par sa détresse. Le prochain, c’est mon amour que, dans le concret de la vie, je pose près de l’autre, afin qu’il puisse y puiser les énergies dont il a besoin pour continuer à vivre et à être heureux. https://nsae.fr/2021/01/25/une-religion-sans-amour-et-un-...

Clavier Jacques   >>

 

[ Fin de la reproduction de la note de blog du 16/01/2021 ]

 

 

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Commentaires

ILS RE-CRUCIFIERAIENT LE CHRIST

> J'avais faim et tu ne m'as pas nourri, j'étais malade et tu ne m'as pas soigné, j'étais en prison et tu ne m'as pas visité "... qui est le dangereux gauchiste woke qui a dit ça ???
"tu aimeras ton prochain comme toi même" quel affreux progressiste a prononcé cette bêtise ???
Si Jésus revenait aujourd'hui, tous ces néo-pharisiens crierait "crucifie-le".
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Écrit par : Tryphon Tournesol / | 22/10/2022

> Oui, le prochain, c'est celui dont je me fais proche.

Michel de Guibert
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Écrit par : Michel de Guibert / | 22/10/2022

LE PROCHAIN

> Votre analyse est intellectuellement intéressante...mais est elle bienveillante ? Est elle vraiment fondée sur l'amour du prochain ?

Raoul


[ PP à R. – Ai-je dit quelque chose qui vous en ferait douter ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Raoul / | 23/10/2022

LA CHARITÉ

> Le pape remplacerait la foi par la charité ? Mais l'une de va pas sans l'autre. Elles sont intimement liées. Et si le pape insiste un peu plus sur la charité, c'est qu'il semble qu'en ce moment ils sont nombreux ceux qui pensent en avoir fait assez en ayant la foi et en donnant un peu de leur superflu à la quête et à une oeuvre humanitaire ayant le vent en poupe.
Dans la parabole du Jugement Dernier, les hommes sont jugés à l'aune de la charité qu'ils ont eu envers ceux qui les entouraient, en donnant non pas seulement de leur argent mais de leur temps, de leur attention fraternelle. Dans la parabole du riche et de Lazare, Le riche n'a pas maltraité Lazare, il l'a tout simplement ignoré alors qu'il était à sa porte. Notons aussi qu'il n'est pas un horrible égoïste : il voudrait voir ses frères agir différemment de lui afin qu'ils soient sauvés.
"Ce que vous faites aux autres, c'est à moi que vous le faites." Si on croit (la foi), on ne peut se dispenser d'aimer (la charité). Celui qui prétend aimer Dieu et n'aime pas ses frères est un menteur, dit l'Apôtre. Le mot est fort, puisque Satan est le père du mensonge. On peut dire autrement : il s'illusionne lui-même.
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Écrit par : Bernadette / | 24/10/2022

► Courageux anonyme !

PP

Écrit par : à Nestor / | 23/11/2022

Les commentaires sont fermés.