10/10/2022
Comment le "bouclier tarifaire énergétique" a-t-il pu oublier les banques alimentaires ?
De la part du gouvernement, cet oubli est une lourde faute... Mon éditorial de 7h55 à RCF, Radios chrétiennes de France :
<< Le gouvernement va-t-il réparer le très fâcheux oubli qu’il a commis dans la liste des bénéficiaires du bouclier tarifaire sur l’énergie ? on y a mis les entreprises, les administrations, les collectivités territoriales et les centres d’hébergement : on a simplement oublié d’y joindre les banques alimentaires ! Alors qu’elles n’ont jamais été plus utiles, comme tout le secteur caritatif. Les banques alimentaires, ce sont 360 camions frigorifiques et 125 700 chambres froides. Ne pas les aider face à la flambée délirante des prix de l’électricité et du carburant, c’est condamner les camions à ne plus rouler, et les chambres froides à cesser de fonctionner : car la fédération associative des banques alimentaires ne peut pas assumer le poids écrasant des nouveaux prix de l’essence et de l’électricité. “Des banques alimentaires ne pourront pas payer ces factures”, constate leur directrice générale, Laurence Champier : elles seront donc forcées de diminuer leurs actions, voire de les suspendre, alors que le nombre des personnes secourues par elles a augmenté de 20 % depuis un an.
Comment les responsables du budget ont-ils pu négliger jusqu’à maintenant le rôle essentiel des banques alimentaires ? D’autant qu’ils avaient été prévenus : à l’Assemblée nationale, lors du débat en commission sur le projet de loi de finances, l’un des groupes parlementaires avait proposé que l’on étende à toutes les associations le bénéfice du bouclier tarifaire. Cet amendement était inspiré par le souci caritatif et la conscience des réalités actuelles. Mais aussi étrange et déplaisant que cela puisse paraître, l’amendement fut rejeté. Faut-il attribuer ce rejet à une logique technocratique ? à une application aveugle de la réduction des dépenses publiques ? ou à une inexplicable indifférence envers les pauvretés ? Je me garderai de choisir une hypothèse. Mais il faut reconnaître que les dirigeants politiques n’ont pas l’air très informés de l’état de l’opinion. Ni très avertis de la grande sympathie que les Français, tous milieux confondus, portent aux banques alimentaires... >>
08:22 Publié dans Caritatif | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : bouclier tarifaire
Commentaires
ILS NE COMPRENNENT RIEN AU MONDE ASSOCIATIF
> Quand ils ont entendu "étendre au milieu associatif", ils ont pensé : les clubs de foot ou les associations de peintre du dimanche n'ont qu'à monter leur cotisation ou fermer leur porte pendant l'hiver. Ils n'est jamais entré dans leur caboche que les banques alimentaires faisaient partie du secteur associatif. Ils les voient comme une émanation des collectivités territoriales je pense.
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Écrit par : Bernadette / | 10/10/2022
"BANQUE"
> Après réflexion, je pense qu'ils ne sont pas informés de l'opinion, mais également pas informés de pas mal d'autres choses.
Dans "banque alimentaire", ils ont entendu le mot "banque". Bon, c'est donc un bâtiment avec des bureaux où les employés remplissent des imprimés et des tableaux sur internet. Il suffit de baisser le chauffage et de n'allumer qu'une lampe sur deux. Et veiller à bien éteindre les ordinateurs le soir et lors de la pause du midi.
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Écrit par : Bernadette / | 10/10/2022
UN GROUPE D'ENTRAIDE MUTUEL
> En n'ayant jamais eu besoin de compter sur ces associations pour vivre.
Et le pire, c'est qu'il y aura un effet boule de neige en refusant ce bouclier aux BA : car elles ne se contentent pas d'alimenter des particuliers.
D'autres associations participent à la distribution de ces denrées et c'est le cas du Groupe d'Entraide Mutuel où je suis adhérente.
Mais c'e n'est pas tout : les BA permettent à de nombreuses associations de fonctionner dans le milieu social, médico-social, en étant en partenariat avec elles. En échange d'une cotisation, une association peut accéder aux denrées.
Maintenant, voici un exemple concret :
Mon GEM (ou Groupe d'Entraide Mutuelle) fonctionne autour d'un projet de restaurant social, restaurant qui accueille adhérents mais aussi personnes sans handicap, de l'extérieur.
Toutes ces personnes viennent pour passer un moment convivial avec une bonne cuisine, des plats copieux, y compris végétariens préparés par les adhérents, servis par des serveurs chaleureux qui surmontent leur handicap pour cela et un prix modique pour un menu complet, qui a été augmenté d'un euro du fait du prix de la vie...
Ce n'est pas tout : y sont organisées des soirées festives réunissant également adhérents et personnes de l'extérieur, autour d'un buffet et d'un spectacle, une fois tous les trois mois.
Cela a pour but de déstigmatiser les troubles de la santé mentale en offrant un espace où on peut se côtoyer, se parler. Voir que ces troubles sont seulement une facette de notre personne.
C'est un moyen de faire sortir des personnes souvent isolées en leur offrant une activité où s'épanouir.
C'est des activités permettant d'offrir à ses adhérents de la fierté, de l'estime de soi, de la joie, de les pousser à prendre plus de responsabilités, d'autonomie, ce qui est compliqué dans le secteur médical.
Lorsque le restaurant a dû fermer pendant deux ans suite au Covid, ce n'est pas seulement des recettes nous maintenant à l'équilibre que nous avons perdues : ce sont surtout des adhérents pour qui cette activité était le seul moyen de sortir pour autre chose que le médical. Nous avons réussi à rouvrir le restaurant avec beaucoup d'efforts de la part de tous et à en retrouver certains, mais pas tous.
Mais notre association dépend de la BA pour faire tourner le restaurant et ces moments festifs qui ramènent de la joie.
Nous faisons aussi partie de ces associations qui vont avoir besoin de chauffer, d'éclairer, de cuisiner pour ses adhérents.
Mais nous sommes déjà ignorés : nos salariés doivent se battre, et se mettre en grève pour revendiquer la prime Ségur accordée aux salariés des secteurs sociaux, médico-sociaux et médicaux. Cette prime a pour but de revaloriser l'attractivité de ces secteurs en baisse du fait des mauvaises conditions de travail.
Pendant le Covid, notre association est restée ouverte afin d'éviter que les personnes fragilisées souffrent de l'isolement et le tout, sans avoir eu de cas pendant les confinements en suivant toutes les précautions. Nos salariées étaient sur tous les fronts et notre coordinatrice a fini en burn out, arrêt de travail et démission.
Quand le conseil d'administration composé d'adhérents, possédant la fonction d'employeur, a décidé d'envoyer une lettre au ministère de la Santé pour demander l'octroie de la prime Ségur à nos salariés, notre marraine a déclaré que cela montrait les liens forts qui peuvent exister dans une société, si aidants et aidés s'unissent pour les droits de tous.
En attendant, nous espérons pouvoir continuer à faire fonctionner le GEM, à fréquenter la Banque Alimentaire chaque semaine, à espérer, que comme cette prime Ségur, il s'agit juste d'un "oubli" de nos dirigeants, peu habitués à la valeur humaine du secteur associatif à but non lucratif.
Pour que l'effet boule de neige n'entraine pas la chute de ceux qui sont utiles à soigner, à aider, à nourrir, à aimer.
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Écrit par : Anne-Laure Poublanc / | 11/10/2022
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