09/04/2022
Fête des Rameaux : l'entrée dans la Passion
Quand les identitaires de l'époque se trompent sur Jésus...
Jésus ne vient pas en chef de militants... Il vient offrir à tous les êtres humains d'être des enfants du Père :
Commentant les lectures du dimanche des Rameaux et de la Passion, Hans Urs von Balthasar souligne l'aspect le plus déroutant aux yeux de l'homme instinctif (en nous) : Jésus face à la force injuste “ne se dérobe pas”. Il ne résiste pas. Il ne proteste pas. Il n'est pas venu en chef de parti. Il est venu pour faire de tous les hommes des enfants du Père. "En Jésus, en ce qu'il a dit, mais en même temps en ce qu'il a fait (et avant tout sa croix), et en fin de compte en ce qu'il est, Dieu se dit définitivement à nous, et, se disant, se donne, pour nous recréer dans une vie éternelle qui n'est pas seulement notre vie d'hommes enfin délivrés du péché et de la mort, mais sa vie divine à lui. C'est là ce que saint Paul avait désigné comme le grand mystère de la sagesse divine, c'est-à-dire de la réalisation en Jésus, et en Jésus crucifié, de son dessein sur nous : mystère de notre adoption rédemptrice..." (Louis Bouyer).
Cette idée doit nous inspirer quand nous nous voyons – ou quand nous nous croyons – la cible d'attaques injustes. Le réflexe et l'erreur seraient de réagir comme Pierre et d'autres, à Gethsémani, cédant à un réflexe d'activiste de parti : frapper l'attaquant. Jésus leur dit : "restez-en là" (Luc), ou "range ton épée" (Matthieu), ou "remets ton épée au fourreau" (Jean). Il nous le répète tous les jours, parce que tous les jours nous revient la tentation du vieil homme en nous : "défendre la religion" par des moyens qui la dénatureraient ; nous plaindre aigrement d'être mal traités, comme si le Christ ne nous avait pas prévenus : "bienheureux serez-vous si l'on vous maltraite à cause de moi." Si nous voulons le suivre, nous devons l'imiter en cas d'outrage : notre seule vocation, dit Bouyer, est de le faire connaître "en ce qu'il a dit, en ce qu'il a fait (avant tout sa croix) et en ce qu'il est".
Balthasar souligne que le témoignage de Jésus est de s'offrir "à tous les outrages des hommes" : "C'est, au milieu de l'histoire, son dessaisissement de lui-même jusqu'à la mort de la croix, qui fait de lui le seigneur de toute l'histoire. Ce qui est arrivé une fois dans l'histoire (car la Passion n'est pas un mythe : "sous Ponce Pilate" elle se tient sur le sol ferme de l'histoire) est cependant l'illustration de ce qui se produit du début jusqu'à la fin de la tragédie de l'humanité : Dieu est 'battu' et on 'crache sur lui' avec mépris, tandis qu'il s'abaisse jusqu'au plus bas, pour nous, afin de prendre sur lui nos ordures.." C’est parce qu’il n’avait pas encore compris cela que Pierre – sans doute déçu dans son attente d’un Messie de reconquête – a d’abord renié Jésus… Relire aujourd'hui l’Evangile fait comprendre qu’on renie le Christ quand on prétend mettre le christianisme au service d'une politique. Ou d'un milieu social. Et cette tentation ne cesse de ressurgir.
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16:40 Publié dans Présidentielle 2022 | Lien permanent | Tags : jésus-christ