26/01/2022
Le livre "Les Fossoyeurs" : des Ehpad soumis, eux aussi, aux cruautés de la rentabilité financière ?
Ma chronique du mercredi matin 7h20 à Radio Présence (Toulouse Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :
<< Le sujet est pénible mais il faut en parler. C’est le scandale en France autour d’Orpéa, leader mondial des maisons de retraite et des cliniques (3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 1100 établissements dans 23 pays). Selon l’enquête du journaliste Victor Castanet, les personnes âgées dépendantes pensionnaires d’Orpéa vivraient dans de mauvaises conditions, alors que les tarifs d’Orpéa sont les plus chers de ce qui est devenu un marché comme les autres : le marché du troisième âge. D’après Castanet, dans les établissements Orpéa tous les repas et tous les soins, même les plus urgents, seraient rationnés... Il n’y aurait pas d’infirmières de nuit… Ni de matelas anti-escarres… Le personnel mettrait longtemps à répondre aux appels des malades... Tout serait insuffisant : les médicaments, le linge, la nourriture… Et pourquoi cette situation ? À cause des normes gestionnaires d’Orpéa : des normes draconiennes, fixées par la direction mondiale du groupe pour “optimiser la rentabilité”, comme on dit aujourd’hui.
Selon l’enquête de Castanet, l’objectif d’Orpéa ne serait pas de fournir aux pensionnaires des conditions de vie correspondant au tarif des chambres. Tout se passerait comme si l’objectif du groupe était exclusivement financier... Comme si les maisons de retraite ne devaient viser qu’à la rentabilité… Conséquence : selon Castanet, le personnel des établissements Orpéa, limité en effectifs, devrait lui-même limiter les prestations fournies aux pensionnaires, pour limiter le plus possible les coûts de fonctionnement. Résultat par exemple, d’après le livre : la fin de vie de la célèbre écrivaine Françoise Dorin, morte faute de soins après douze semaines dans un Orpéa, alors que sa famille payait la chambre 7000 euros par mois. Castanet donne des détails effrayants, révoltants sur le plan médical et sur le plan de la simple humanité. Au sujet d’Orpéa, le petit-fils de Françoise Dorin affirme : “Ce n’est pas un organisme de santé, c’est une entreprise à but lucratif !” D’ailleurs l’action Orpéa était recommandée par les sociétés de Bourse...
Mais en octobre dernier, le Parquet national financier perquisitionnait au siège d’Orpéa, à Puteaux dans les Hauts-de-Seine. Orpéa était soupçonné d’avoir racheté des maisons de retraite via des sociétés offshore. Les enquêteurs suspectaient aussi l’existence de rétrocommissions… Il était aussi question de protections politiques dont Orpéa aurait joui en haut lieu…
Les médias en parlent. Mais peu de commentateurs disent que l'enquête, si elle était avérée, montrerait ce que devient la société partout où le business prend le pouvoir.
Voilà pourtant un genre de questions qu’on devrait poser au cours de la campagne présidentielle. >>
11:18 Publié dans Economie- financegestion, Santé | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : orpea, ehpad
Commentaires
Cher "PP",
> il y a une petite méprise dans le texte : Castanet devient Castaner à un endroit...
Bien cordialement
Gérald
[ PP à Gérald - Voyez-y l'effet de la fascination que ce très éminent homme d'Etat exerce sur mon esprit ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Gérald | 26/01/2022
TÉMOIGNAGE
> Témoignage indirect remontant déjà à 2016.
J'ai croisé dans un atelier de formation syndicale une cadre d'une de ces maisons de retraites. Parmi ses responsabilité il y avait la gestion des achats alimentaires. Comme tous les cadres elle avait des objectifs annuels à atteindre dont dépendait en partie sa rémunération.
Un objectif récurrent depuis plusieurs années était de diminuer chaque année le coût du repas en valeur absolue (sans tenir compte de l'inflation).
Elle avait parfaitement conscience d'avoir pour objectif de maltraiter les pensionnaires et c'est d'ailleurs pour essayer de déserrer l'étau dans lequel elle était qu'elle venait de se syndiquer.
Le problème n'est pas de cette année.
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Écrit par : Nicolas / | 26/01/2022
EHPAD : SMALL IS BEAUTIFUL
> Je suis en plein dans cette problématique en ce moment.
Il est vrai que beaucoup d'EHPAD proposent des prestations et non plus des services et adoptent un vocabulaire technique agressif de plus en plus proche de celui des entreprises de vente de produits ou services divers.
Bien sûr que la rentabilité a envahi ce marché qui a un pied dans l'immobilier et un autre dans la santé.
Là comme ailleurs, l'humain persiste, il y a des EHPAD associatifs et certains revendiquent même une inspiration chrétienne. Il faut les chercher, ils existent mais ils n'ont pas forcément les moyens de se faire connaître. Les deux ou trois géants qui tiennent le marché rassurent les familles en proposant de gros tarifs censés être synonymes de prestations de bonne qualité.
Une structure plus petite avec des valeurs humanistes et un projet aura plus tendance a retenir ses salariés qu'une énorme structure recherchant uniquement la rentabilité.
De là à voter Mélenchon comme le suggérait un participant ?
Est-il le seul contre les abus du libéralisme ?
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Écrit par : Alex P / | 26/01/2022
PÉCRESSE INQUIÉTANTE
> Il est une dame, en Grande-Bretagne, qui avait dit un jour qu'il n'y avait pas d'alternative à la loi du marché.
Et une autre, plus récemment et de ce côté-ci de la Manche, qui se dit "un tiers Thatcher, deux tiers Merkel". Pour ce seul premier tiers, je ne peux imaginer lui donner mon suffrage.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 27/01/2022
Philippe,
> les deux autres tiers ne valent pas beaucoup mieux. La situation sociale allemande est ce qu'on sait, pour un bénéfice économique largement surestimé.
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Écrit par : Lucas Pommat / | 28/01/2022
L'ETAT RESPONSABLE ?
> Et la responsabilité de l'Etat ?
L'Etat est responsable des personnes âgées, plus précisément les conseils départementaux et les ARS. Le Choix de l'Etat a été de donner à des structures privées lucratives telles que ORPEA cette mission de service public. Tout comme l'Etat a donné a concédé à Vinci les autoroutes...considérant que des organisations privées sauront mieux gérer. Nous voyons le résultat. Cette entreprise a fait du profit et a levé énormément d'argent pour construire des EHPAD que l'Etat indigent n'avait pas, soi-disant.
Tout sera dit à ce sujet mais l'Etat complice s'en sortira sans se remettre en cause. Y compris pour les questions de personnels puisque chez ORPEA comme dans n'importe quelle structures associatives ou congréganiste on ne trouve pas de personnel; mais comment motiver le personnel à travailler dans un secteur si décrédibilisé et dans lequel il est si difficile de donner du sens à son travail ?
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Écrit par : Walter / | 31/01/2022
à Lucas Pommat :
> Tout a commencé outre-Rhin avec l'agenda 2000 du très socialiste et actuel administrateur de sociétés pétrolières russes Gerhard Schröder. Aujourd'hui, les emplois précaires sont légion sans être évidemment comptabilisés dans les statistiques allemandes : en équivalent temps plein, le taux de chômage y est évidemment beaucoup plus élevé.
Bien d'accord avec vous pour ne voir ni en Thatcher ni en Merkel un quelconque modèle transposable en France. C'est pourtant celui qu'ont retenus les candidats Macron et Pécresse.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/02/2022
A Walter et aux autres contributeurs:
> Pouvez-vous dire "le gouvernement" au lieu de "l'Etat" ? Fonctionnaire, je suis une partie de l'Etat et je n'ai jamais participé a ce genre de décision. Et j'en ai un peu assez de voir les membres de l'Etat se faire accuser de tous les maux alors que nous n'avons aucun levier de décision entre nos mains. Ceux-qui prennent les décisions sont les responsables politiques, pas les fonctionnaires qui les appliquent. Cela permettrait aussi enfin d'humaniser ces décisions et de sortir de cette imagerie d'un monstre froid et anonyme nommé "l'Etat".
Merci d'avance.
VF
[ PP à VF – S'en prendre à "l'Etat" est un tic français de la bourgeoisie libérale. Ce tic, incrusté depuis plusieurs générations, est devenu dogme depuis les années 1990, alors que les gouvernements libéraux s'évertuaient à rétrograder l'Etat au rang de portier des multinationales. Cette ère de malfaisance fut l'âge d'or de la "pensée de droite", dont beaucouo à LR gardent la nostalgie.]
réponse au commentaire
Écrit par : VF / | 02/02/2022
HYPOCRITES
> Les mêmes politiques qui ne jurent que par l'entreprise privée et la rentabilité sont indignés alors que Orpea correspond exactement à ce qu'ils prônent. Cela se comprend : ils pensent que l'hypocrisie demande un minimum de finesse pour ne pas être démasquée trop facilement.
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Écrit par : Albert / | 03/02/2022
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