19/01/2022
Ne pas confondre idéologies et santé publique !
Affaire Djokovic, délires sur internet et dans la rue... Ma chronique à Radio Présence (Midi-Pyrénées) et Radio Fidélité Mayenne :
<< Un mot sur l’affaire Djokovic. Ce qu’on ne dit pas, c’est que dans son pays ce champion de tennis est lié au parti le plus extrême. Ce qui le conduit à plusieurs choses. Primo, adopter la thèse de son ami le Dr Nestorovic selon lequel les Serbes auraient un gène spécial qui les immuniserait contre le coronavirus ; secundo, mélanger le patriotisme serbe au refus des vaccins. Bien sûr les Serbes ont de sérieuses raisons d’en vouloir aux Etats-Unis et à leurs alliés. Mais de là à dire que le vaccin c’est la même chose que l’OTAN qui bombardait Belgrade, il y a une distance qui ne peut pas raisonnablement être franchie… Djokovic la franchit pourtant, d’un bond d’athlète, en se considérant, selon le vœu de son propre père, comme "le Spartacus des petites nations opprimées par l’Amérique et les mesures sanitaires".
On a le droit de penser que les Etats-Unis pèsent trop lourd sur le continent européen. Mais il est aberrant d’ajouter qu’on doit rejeter les vaccins parce que les laboratoires sont américains, et que le virus serait un mensonge commercial inventé par les laboratoires !
Mélanger le politique et le sanitaire est malsain. Le sanitaire concerne la santé publique, qui est le bien commun par excellence : tous devraient pouvoir en convenir au-delà des querelles de partis. Personne (ni les gouvernants ni les oppositions) ne devrait manipuler politiquement les questions de santé, dans quelque intérêt que ce soit.
Actuellement, en France, certains tiennent sur les vaccins le même genre de discours fantasmatiques que les amis de Djokovic : ce qui amène à des positions aussi peu réalistes que les siennes. D’autres se servent de l’urgence sanitaire pour perturber ou retarder la campagne présidentielle. Etc... Ainsi la lutte contre la pandémie n’est plus le domaine d’une union sacrée : elle devient un outil politique ou idéologique, et cela fausse la vision du problème. Cela influence aussi, fatalement, une partie de l’opinion publique, en semant la division là où devrait régner l’unité.
La santé ne devrait pas devenir un objet de polémiques : elle est un droit humain, nous rappelle le Compendium de la doctrine sociale catholique. Donc elle requiert de la part de tous, gouvernants et gouvernés, un sincère esprit de service.
Comme dit aussi le Compendium : “Le bien commun exige d'être servi pleinement, non pas selon des visions réductrices subordonnées aux avantages partisans que l'on peut en retirer, mais à partir d'une logique visant à prendre les responsabilités aussi largement que possible”. Tout le monde pourrait méditer ça. >>
17:04 Publié dans Santé | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : vaccins, covid
Commentaires
MALSAIN
> "Mélanger le politique et le sanitaire est malsain." Mais n'est-ce pas le but et l'utilité de la politique que de prendre des mesures sanitaires indispensables pour la communauté ? Tel est selon moi la doctrine du "Compendium", de même que de la dernière phrase du livre de Bergson, "Les Deux sources de la morale et de la religion", qui conclut sur la morale. Les Américains sont sur la même galère que nous : nos intérêts ne divergent pas, ils consistent en une sécurité globale de l'Occident -- selon moi ! Cordialement.
Bégand
[ PP à Bégand – Vous avez raison de le souligner, le mot "politique" a deux sens : 1. "opinions politiques partisanes" (des gouvernants ou des gouvernés) ; 2. action des gouvernants dans l'intérêt général... N'est malsain que le mélange du politique au sens 1 avec le sanitaire. Quand il s'agit du politique au sens 2, le mot "mélange" est d'ailleurs inapproprié.]
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Écrit par : Bégand / | 19/01/2022
LE MÉLANGE
> Vous avez tout à fait raison et c'est un confusion ou un mélange qui est fait sans cesse. Nous devrions prier le Saint Esprit pour qu'il aide chacun de nous à ne pas mélanger la PAROLE avec des balivernes.
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Écrit par : Claude Delaunay / | 20/01/2022
QUAND MÊME
> Reste quand même qu'il a eu le covid en décembre, donc qu'il est mieux immunisé qu'un vacciné. Je le constate chez moi : ma fille et mon mari, tous deux tridosés, ont actuellement le covid. J'y échappe pour le moment, mais une amie me disait récemment qu'à l'Ehpad, le taux de malades chez le personnel est effarant. Les résidents s'en sortent mieux, heureusement.
Bernadette
[ PP à Bernadette – Tous les vaccins ont des "ratés", parce qu'ils ne fonctionnent pas chez tout le monde. D'autre part, le variant Omicron, plus bénin que ses prédécesseurs, contourne mieux qu'eux la barrière vaccinale. Rien n'est simple en épidémiologie. Et dans le cas du HIV, depuis 40 ans aucun vaccin du tout n'a été trouvé... ]
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Écrit par : Bernadette / | 20/01/2022
LA C.E.F.
> PS. La CEF publie un petit document pour préparer les esprits à la campagne présidentielle. Je note, entre autres, la phrase suivante : "Il est de la responsabilité des politiques mais aussi de chaque citoyen de définir et de mettre en oeuvre des projets qui contribuent vraiment au bien commun et de promouvoir dans ce but le respect, l'écoute, le dialogue et le sens du compromis, en un mot les règles de la civilité."
Et en effet, les citoyens en ont marre de la raison cynique ; la CEF en appelle à une civilité qui a pour nom, également, la morale, avec le progrès éthique que cela implique.
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Écrit par : Bégand / | 20/01/2022
RAISONS AUSTRALIENNES
> C'est vrai, vous avez raison sur la dinguerie du grand tennisman. Toutefois, le fait qu'il ait été interdit de compétition pour absence de vaccination montre le degré de dinguerie généralisé que nous avons atteint. Un tel zèle pour un vaccin qui empêche les formes graves mais n'empêche pas la transmission du virus... J'espère qu'ils ont aussi vérifié son vaccin contre le tétanos, par la même occasion... Cette histoire montre quand même une certaine hystérie autour de la vaccination des personnes non susceptibles de formes graves.
Maud
[ PP à Maud - Non, la décision australienne ne relève pas de la dinguerie mais du raisonnement politique national. En effet l'Australie a demandé à ses citoyens un effort sanitaire infiniment plus exigeant, long et pénible qu'ici les demi-mesures macroniennes. La population australienne n'aurait donc pas supporté que le multiimillionnaire Djokovic soit exempté de la discipline sanitaire exigée de tout Australien. Voilà la raison de ce qui vient d'arriver, et qui ne me choque pas du tout...]
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Écrit par : Maud / | 20/01/2022
MACRONNERIES
> https://www.la-croix.com/Monde/Inscrire-lIVG-Charte-droits-lUE-volonte-Macron-difficile-traduire-2022-01-20-1201195914
Oui, il ne faut pas "confondre idéologies et santé publique"...
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 21/01/2022
L'UNION SACRÉE
> "la lutte contre la pandémie n’est plus le domaine d’une union sacrée".
Est-ce votre intuition qui situe ces mesures sanitaires dans le domaine du sacré ? Ou sinon pourriez-vous nous indiquer d'où vient cette analogie intéressante ?
Ce qui expliquerait effectivement leur légitimité pour être au dessus des autres droits.
Isabelle Meyer
[ PP à Isabelle Meyer – Cette "analogie intéressante" vient du message du président Poincaré aux deux Assemblées le 4 août 1914 : "Dans la guerre qui s'engage, la France aura pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l'éternelle puissance morale. Elle sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l'ennemi l'UNION SACRÉE et qui sont aujourd'hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l'agresseur et dans une même foi patriotique...”
Puisque le combat contre la pandémie est qualifié de guerre par les gouvernements dans le monde, et puisqu'une guerre de cette sorte appellerait la coopération unanime des forces politiques et sociales, la comparaison entre notre situation et l'appel du chef de l'Etat en août 14 ne m'a pas paru déplacée. D'autant que, oui, j'estime que l'urgence sanitaire place bel et bien les mesures en question "au-dessus des autres droits". Comme l'ont fait toutes les urgences épidémiques depuis des siècles : relisez par exemple 'Le hussard sur le toit'. Et même si l'extrême nervosité égotique du citoyen-consommateur en 2022 le rend sourd à tout appel à l'effort pour un bien commun, de quelque nature qu'il soit... ]
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Écrit par : Isabelle Meyer / | 28/01/2022
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