01/12/2021
Joséphine Baker au Panthéon : une leçon d'intégration
Une Américaine des Années folles devenue en 1940 plus française politiquement que bien des Français de 2021... Ma chronique à Radio Présence (Toulouse) et Radio Fidélité Mayenne :
<< Panthéonisée hier, Joséphine Baker est un personnage, non pas aux “identités multiples” (expression qui ne veut rien dire), mais aux multiples facettes, nullement contradictoires parce que chez Joséphine Baker il y a une valeur supérieure : une adhésion sincère, profonde, radicale, à la nation française.
L’Américaine Freda Josephine McDonald, dite Joséphine Baker, née à Saint-Louis (Missouri), s’est voulue française, sincèrement, totalement et passionnément. Voilà une Américaine, venue à Paris en 1925 avec une troupe américaine, qui tombe amoureuse de l’atmosphère française ! Joséphine Baker dit : “J’étouffais aux Etats-Unis. Je me suis sentie libérée à Paris”. Et cette espèce de libération personnelle la mène à devenir française, psychologiquement et même politiquement puisqu’elle est entrée dans le contre-espionnage français à la déclaration de guerre en 39 !
Elle devient donc française totalement, intégralement, au point d’y voir plus clair que la majorité des Français de souche quand elle se met au service de la France libre, dès le mois de novembre 40, pour remplir de véritables missions secrètes au Portugal et surtout au Moyen-Orient : missions qui ne sont pas sans risque et lui vaudront la croix de guerre, la Légion d’honneur et la médaille de la Résistance.
Joséphine Baker, dont le catafalque solennel est entré hier au Panthéon, est célébrée cette semaine dans les journaux pour toutes les facettes de sa personnalité, sauf la facette dont mes confrères n’ont visiblement pas trop envie de parler : l’amour concret de la France jusqu’à devenir Française, chose peu fréquente, il est vrai, de la part d’une Américaine : et chose qui peut sembler anachronique aujourd’hui à une partie des Français : ceux qui se laissent américaniser, culturellement pour les uns, par l’idéologie du business pour les autres, au point de ne plus imaginer que la France puisse avoir dans le monde un destin autre que la vassalité économique, politique et stratégique.
L’inféodation mentale à l’american way of life est étouffante pour l’esprit. C’est un problème, à l’heure où les Français ont à réfléchir sur leur avenir – qui exigerait peut-être de nous libérer de liens privés de sens depuis la fin de la guerre froide. Certes Joséphine Baker n’avait rien d’une tête politique : mais elle n’en n’avait pas besoin pour aimer, concrètement, un pays devenu le sien par libre choix et pour lequel elle s’est engagée. C’est à ça que je pensais hier en voyant la cérémonie du Panthéon à la télévision. >>
https://www.radiopresence.com/IMG/mp3/01122021_chroeco_ai...
11:59 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : josephine baker
Commentaires
AUCUNE LÉGITIMITÉ
> Quand Jean Moulin est entré au Panthéon, le président de la République d'alors aurait été parfaitement légitime pour faire son éloge funèbre, étant donné sa proximité historique. Pourtant c'est Malraux qui a été désigné et qui a écrit l'une des plus belles pages de l'histoire de France. Pour Joséphine Baker Macron n'avait aucune légitimité, ni politique, ni culturelle, ni nationale, mais il n'a pas hésité à se mettre en avant et à asséner un discours woke qui était l'éloge de lui-même plus que de Joséphine. C'est une grande douleur et une grande honte pour la France qu'il se soit permis de faire des discours sur le dos de grandes figures de la Résistance et de la culture...
______
Écrit par : Albert / | 01/12/2021
LES NOIRS U.S. ET LES FRANÇAIS
> Il est vrai que l'exemple de Joséphine Baker est révélateur d'une Amérique francophile, peu importante numériquement à l'exception des classes éduquées de la Nouvelle-Angleterre. Aujourd'hui, c'est plutôt le chemin inverse qui est médiatisé : la prix Nobel Esther Duflo fit le choix de devenir Américaine - à mes yeux regrettable - dans le cadre de ses fonctions d'enseignement au MIT.
Lorsque j'étudiais à Boston, j'avais noté une réelle convergence entre les Noirs des États du Sud et le Français que je suis. Une dame du Mississippi, particulièrement active au sein de la paroisse, m'avait confié un jour que je n'étais pas à ses yeux 'yankee', qui pour beaucoup de Noirs portent en eux le péché originel de l'esclavagisme et de la ségrégation raciale. Il n'y avait donc pas d'a priori négatif ou de rancœur immémoriale à mon égard ; à noter que cet a priori n'existait pas non plus à l'égard des nombreux Américains d'origine irlandaise présents dans la paroisse, dans la mesure où ils ne représentaient rien du passé esclavagiste des États-Unis.
Joséphine Baker accordait peut-être de l'importance à cette question égalitaire dans son amour pour notre pays. Certes, la France n'a pas été exemplaire dans ses colonies, c'est le moins qu'on puisse dire. Mais en métropole, les Noirs n'ont jamais été considérés comme semi-citoyens : Gaston Monnerville, ancien président du Sénat, aurait très bien pu accéder à l'Élysée sans que cela ne déchaîne les passions.
______
Écrit par : Philippe de Visieux / | 02/12/2021
> Effectivement un exemple d intégration...et aussi de courage !
______
Écrit par : RDG / | 13/12/2021
> Effectivement un exemple d intégration...et aussi de courage !
______
Écrit par : RDG / | 13/12/2021
Les commentaires sont fermés.