03/10/2021
Le pape invite les évêques français à agir
Après la visite ad limina de trois évêques (Paris, Lyon, Clermont-Ferrand) au pape François, le compte-rendu laisse comprendre que le pape et le cardinal Ouellet les ont poussés à agir concrètement dans divers domaines :
Hebdo Paris Notre-Dame, 30/09 (sous la signature de Mgr Jachiet, encore évêque auxiliaire de Paris mais nommé évêque de Belfort :
<< ...Nous avons, en outre, discuté de la réception prochaine du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) commandé par les évêques de France en 2018, qui sera rendu le 5 octobre. Sujet que nous avons par ailleurs travaillé avec la commission pontificale pour la Protection des mineurs. Le pape nous a encouragés à ne rien vouloir cacher, signifiant que l’on ne pouvait rien faire pour mettre fin à ce drame si l’on ne regardait pas la vérité en face. En plus des initiatives de formation et de prévention que nous prenons, le pape nous a encouragés à aider le peuple chrétien à traverser ce scandale dans la foi. Il nous a suggéré de proposer des catéchèses sur la question du péché dans l’Église. Pour lui, l’enjeu se situe aussi dans la lutte entre le bien et le mal. [...] Au cours d'un échange, au ton direct, avec le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, nous avons été encouragés à exercer notre ministère pleinement, avec une véritable liberté d'initiatives. >>
Sachant que le cardinal Ouellet est accusé par les intégristes français d'être l'un des concepteurs du motu proprio Traditionis Custodes (limitant l'usage de l'ancienne forme du rite de la messe), et que les mêmes intégristes se félicitent du peu d'ardeur d'évêques français à appliquer ce motu proprio – dont l'application leur était confiée par le pape –, on comprend que l'échange "au ton direct" n'a pas dû être tout à fait étranger à ce problème. Notons que l'un des trois évêques de cette visite ad limina, l'archevêque de Paris Michel Aupetit, ne fait pas partie des réticents devant le motu proprio : il l'a appliqué (en partie) dès sa promulgation en réexaminant ce qui se passait dans les célébrations parisiennes selon le missel de 1962, ce qui l'a amené à en diviser le nombre par trois. Et à se faire aussitôt insulter par les sites ad hoc, soutenus à la flûte par Le Figaro et aux cymbales par Valeurs actuelles.
En soulignant que le drame des abus sexuels (spécialement lorsqu'ils sont pédophiles) relève d'une "lutte entre le bien et le mal", le pape François pour sa part rend impossible – de la part non d'évêques mais d'une fraction de leurs diocésains – l'usage du "qui-sommes-nous-pour-juger" et du "n'oublions-pas-la-miséricorde", leitmotive scandaleusement dévoyés quand ils servaient à excuser des profanateurs d'enfance. Le prêtre pédophile est un drame métaphysique : ses comportements sont des crachats à la face du Christ. Le dire haut et fort est la seule façon de faire admettre à l'opinion publique la sincérité de l'Eglise et sa volonté de réforme. J'en parlerai demain matin sur RCF, à 7h55.
19:34 Publié dans AVEC LE PAPE FRANÇOIS | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : catholiques, évêques, abus sexuels
Commentaires
AU CONGRÈS MISSION À TOULOUSE
> Ce week-end au Congrès Mission à Toulouse, ce sujet douloureux a été abordé de façon remarquable et en vérité lors d’une table ronde mettant en présence une victime d’abus sexuel, le vicaire général du diocèse et un expert judiciaire. Des paroles très fortes ont été prononcées, dessinant un chemin spirituel d’écoute, de compassion et d’assomption pour faire face à la nouvelle crise qui s’annonce et la surmonter.
D’une manière plus générale, ces trois jours incroyablement passés sous silence dans les médias ont montré l’image d’une Église vivante, unie, généreuse, fraternelle, imaginative dans laquelle toutes les sensibilités priaient ensemble et cherchaient ensemble comment annoncer le Christ. Pour tous les fidèles de base qui, comme moi, sont las des querelles politiques incompréhensibles au sein de l’Eglise, c’était une expérience revigorante. Quand les chapelles se parlent au lieu de se faire une guerre scandaleuse, cela produit des fruits surprenants.
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Écrit par : Benjamin / | 03/10/2021
ÇA VA ËTRE TRÈS DIFFICILE
> Votre éditorial résume très bien l'affaire. Ce qui ne passe pas, c'est que l'Eglise est responsable en premier lieu d'un magistère moral. Une institution lambda est volontiers faillible, pas l'Eglise de Jésus Christ qui est soutenue par l'Esprit Saint. Grosso modo, la pédophilie dans l'Eglise commence dans les années 50-60, au moment où le concile Vatican II se met en place et élimine tout ce qui pose problème (par exemple, l'antisémitisme chrétien). Tout ce qui a été construit patiemment depuis cette époque est remis en cause désormais. Les fidèles ne vont plus croire en l' "unam sanctam catholicam ecclesiam" du credo. La foi va vaciller, et les églises deviendront encore plus désertes. Il faut donc que le Vatican, le pape, les évêques, les prêtres prennent la mesure du séisme. Ce qui a été fait jusqu'à présent n'est pas suffisant,loin de là, même si cela montrait une repentance sincère. Il faut aller encore plus loin. Ce serait par exemple le moment d'accepter dans l'Eglise l'ordination des femmes, le mariage des prêtres, etc. Cette crise radicale doit être l'occasion d'un changement profond, qui fasse enfin entrer l'Eglise dans le XXIe siècle. On a donc envie de dire au pape François et aux évêques : au travail ! Personnellement, je me sens dévasté par les chiffres que donne le Rapport. Le croyant est mis dans une position impossible. Je suis trop vieux pour changer de religion, mais beaucoup vont y avoir recours. L'islam leur tend les bras. Ou le judaïsme, ou encore le bouddhisme (le taoïsme aussi, qui est une religion magnifique, à la source du bouddhisme, et qui a beaucoup de points communs avec le christianisme -- notamment la préservation du faible et de l'innocent... eh oui !). Donc, cela va être très difficile.
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Écrit par : Bégand / | 04/10/2021
@ Begand
L'éternelle ritournelle : il y a des abus sexuels dans l'Église, l'Église est ébranlée donc profitons-en !
Profitons de son affaiblissement moral pour y introduire NOS idées à nous, pour la transformer afin qu'elle NOUS ressemble, et parlons du mariage des prêtres, de l'ordination des femmes, et autres rengaines cent fois tranchées par les papes successifs.
Surtout gardons-nous d'écouter les explications que donnent les papes pour expliquer le sens dans lequel ils ont tranché, et dans la foulée drapons-nous dans la vertu et indignons-nous des intégristes qui ne tiennent compte ni du pape ni du magistère. Hou les vilains qui font la même chose que nous "mais-nous-c'est-pas-pareil".
Se servir de la souffrance et notamment de la souffrance des enfants pour faire passer ses idées, transformer l'Église dans le sens qui nous arrange, c'est ça qui nous dévasterait.
Les apôtres n'ont pas changé le message du Christ sous prétexte que Judas avait trahi. Ils n'ont pas changé de religion non plus, au contraire. Ils ont remplacé Judas et ont évangélisé, remplis de l'Esprit Saint que la trahison de Judas et leur lâcheté ne les a pas empêchés de recevoir, au contraire.
Car là où le péché abonde, la grâce surabonde.
Alors si l'Église est noire de péchés, tournons-nous davantage vers Dieu et non vers nos petites envies. Et l'Esprit-Saint nous éclairera sur les réformes à opérer.
Plutôt que de penser abandonner la foi parce que l'Église a comporté/comporte des criminels, approfondissez votre foi.
Le contraire serait se comporter comme un enfant qui abandonne sa mère sous prétexte qu'elle est malade à l'hôpital : "moi j'aime ma mère à condition qu'elle soit en bonne santé".
L'Église est l'instrument de conversion fondé par le Christ, donc toutes les réformes qu'elle s'applique à elle-même doivent tendre à cela.
Réformer l'Église pour qu'elle aille dans notre sens, manifeste un refus, conscient ou non, de conversion.
"Tes pensées sont celles des hommes"
Je n'ai aucun plaisir à vous dire tout cela mais vous semblez perdre complètement les pédales
Écrit par : E Levavasseur | 04/10/2021
@ Begand
> L'éternelle ritournelle : il y a des abus sexuels dans l'Église, l'Église est ébranlée donc profitons-en !
Profitons de son affaiblissement moral pour y introduire NOS idées à nous, pour la transformer afin qu'elle NOUS ressemble, et parlons du mariage des prêtres, de l'ordination des femmes, et autres rengaines cent fois tranchées par les papes successifs.
Surtout gardons-nous d'écouter les explications que donnent les papes pour expliquer le sens dans lequel ils ont tranché, et dans la foulée drapons-nous dans la vertu et indignons-nous des intégristes qui ne tiennent compte ni du pape ni du magistère. Hou les vilains qui font la même chose que nous "mais-nous-c'est-pas-pareil".
Se servir de la souffrance et notamment de la souffrance des enfants pour faire passer ses idées, transformer l'Église dans le sens qui nous arrange, c'est ça qui nous dévasterait.
Les apôtres n'ont pas changé le message du Christ sous prétexte que Judas avait trahi. Ils n'ont pas changé de religion non plus, au contraire. Ils ont remplacé Judas et ont évangélisé, remplis de l'Esprit Saint que la trahison de Judas et leur lâcheté ne les a pas empêchés de recevoir, au contraire.
Car là où le péché abonde, la grâce surabonde.
Alors si l'Église est noire de péchés, tournons-nous davantage vers Dieu et non vers nos petites envies. Et l'Esprit-Saint nous éclairera sur les réformes à opérer.
Plutôt que de penser abandonner la foi parce que l'Église a comporté/comporte des criminels, approfondissez votre foi.
Le contraire serait se comporter comme un enfant qui abandonne sa mère sous prétexte qu'elle est malade à l'hôpital : "moi j'aime ma mère à condition qu'elle soit en bonne santé".
L'Église est l'instrument de conversion fondé par le Christ, donc toutes les réformes qu'elle s'applique à elle-même doivent tendre à cela.
Réformer l'Église pour qu'elle aille dans notre sens, manifeste un refus, conscient ou non, de conversion.
"Tes pensées sont celles des hommes".
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Écrit par : E. Levavasseur / | 04/10/2021
à Bégand :
> Je partage votre dégoût, qui nous habitera sans doute tous à l'écoute de Jean-Marc Sauvé tout à l'heure. Gardons cependant toujours en tête le fait que l'Esprit guide l'Eglise : il est une dimension surnaturelle qui nous échappe, parfois dans le sens du péché, donc du Malin, comme nous le voyons à travers ces actes abjects, mais aussi toujours dans le sens de Dieu qui est présent par l'Esprit qui souffle sur chacun de nous. La lutte n'est pas celle du bien contre le mal à armes égales, mais celle de Dieu contre une myriade d'anges déchus : la victoire de Dieu est déjà acquise.
Ne cherchons pas à quitter l'Église, qui est depuis les origines composée de pécheurs : saint Pierre renia le Christ, donc Dieu, trois fois, saint Paul tua pas mal de chrétiens avant de connaître son chemin de Damas, sans parler du pape Alexandre VI Borgia qui organisa rien de moins qu'une partouze le 31 octobre 1501 à l'occasion des noces de sa propre fille Lucrèce.
Ne voyons pas dans le bouddhisme ou dans le taoïsme des alternatives à notre Foi : le Christ est la Voie, la Vérité et la Vie. Le bouddhisme est tout à fait respectable mais il nie l'existence d'un Créateur, ne voit par conséquent pas Dieu dans le visage du pauvre, etc. Quant au taoïsme, c'est un paganisme assez peu différent de l'ancienne religion gréco-romaine : on fait une offrande au dieu de la fertilité quand on veut un enfant, une autre au dieu de la fortune quand on veut gagner au loto, etc. Autant de donnant-donnant fort étrangers au judéo-christianisme : un fidèle taoïste ne peut admettre ni même comprendre le "non que je fasse ma volonté mais Ta volonté", le taoïsme niant lui aussi l'existence d'un Dieu créateur de toutes choses.
Restons avec le Christ : c'est la Voie la plus sure, et c'est la seule Voie.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 05/10/2021
Le rapport demandé par les évêques leur est destiné. Il se trouve que de nombreux journalistes en profitent pour attaquer l'église.
D'un point de vue juridique, il me semble qu'il y a des responsabilités individuelles mais pas de responsabilité collective. Par ailleurs il y a une juridiction française qui prévoit une prescription trentenaire. D'autres institutions ont été touchées par les abus sexuels sur mineurs dans le sport ou l'éducation. Elles ont peut être demandé des rapports sur leur passé, mais ils n'ont pas eu la publicité du rapport demandé par les évêques. Les chrétiens savent que l'Eglise n'est pas composée de parfaits mais de pécheurs.
LH
[ PP à LH – Autrement dit : "Circulez, il n'y a rien à voir" ? ]
réponse au commentaire
Écrit par : louis de hys / | 05/10/2021
à Louis de Hys :
> https://twitter.com/LN_Xavier/status/1445436794028367872?s=20
Pas de responsabilité collective ? Lisez cela, si vous ne voyez pas que le problème est systémique, c'est que vous y ajoutez une bonne dose de mauvaise foi.
Ainsi, en 2019 et 2020, des évêques en ont été à protéger l'institution au mépris des victimes. On se situe après la Lettre au Peuple de Dieu, mais on reprend les vieilles habitudes. Tout simplement honteux.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 06/10/2021
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