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17/09/2021

Les vraies leçons de la manoeuvre australo-américaine

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Choisissant de redevenir une annexe militaire de Washington, l’Australie dénonce brutalement un contrat de 56 milliards signé en 2016 avec les constructions navales de Cherbourg. Cette affaire servira-t-elle de leçon à la classe politique parisienne ?


 

Deux ministres français (Parly et Le Drian) croient voir dans l’attitude de Canberra un “manque de cohérence” ? Pas du tout. Le chef du gouvernement australien, Scott Morrison, appartient au parti libéral qui est celui de la vassalité totale et définitive envers les USA. Cette vassalité s’exprimait déjà, dans la zone Indo-Pacifique, par l’alliance stratégique Five Eyes (USA, Australie, Nouvelle-Zélande, Canada, Royaume-Uni) dont la France était exclue par nature. La vassalité australienne s’exprime désormais plus étroitement dans le programme Aukus (Australie, Royaume-Uni, Etats-Unis). Aukus embrigade militairement Canberra et Londres, avec contrôle direct du Pentagone sur les armements US livrés aux Australiens et aux Anglais. L’embrigadement a commencé avec l’Australie déchirant son contrat français et annonçant l’achat de sous-marins US à propulsion nucléaire, dont l’usage sera contrôlé par le Pentagone comme celui des armements sophistiqués qui suivront. Puis l’armée US se déploiera en Australie. Objectif : préparer la guerre contre la Chine... Et dans nos guerres, vient de déclarer M. Biden, l'Amérique compte sur ses vrais alliés : ceux qui parlent anglais et suivent sans discuter, par exemple lorsqu’il s’est agi d’envahir l’Irak ! 

La vindicte américaine

On voit ainsi ressurgir la vindicte américaine de 2003 contre les Français, “surrendering monkeys” puisqu’ils n’ont pas cru à la croisade contre Saddam Hussein… M. Biden est encore plus hostile à la France que ne l’était M. Trump, et cette hostilité navre nos politiciens ; ils croyaient en la connaturalité du parti démocrate US et de nos valeurs-de-la-République. Ils ne demandent qu'à y croire encore, envers et contre tout.

Ils croient aussi au mythe de l'Ami Américain. Nos ministres affirment que dans cette affaire de sous-marins “la France est humiliée et doublée par ses plus proches alliés en matière de défense”. C’est une erreur d’optique. “En matière de défense”, les USA et le Royaume-Uni ne sont nos alliés (plus exactement nos parrains)  que sur le plan technique, non sur le plan géopolitique. La divergence géopolitique était claire à l’époque gaullienne, quand la France avait sa vision propre et n’allait pas souvent dans le sens de Washington. C’est moins clair depuis trente ou quarante ans, la France officielle n’y voyant plus clair entre ses vestiges de vision gaullienne et son désir  de s’aligner sur les intérêts géopolitiques américains… Désir souvent douché : quand un dirigeant anglo-saxon parle de l’alliance censée nous unir, c’est souvent par dérision ; ainsi M. Morrison s’amusant à dire que notre alliance reste “vitale” pour l’Australie… juste après avoir rompu un contrat naval français de la façon la plus insultante. Ainsi également, et en pire, M. Biden n'évoquant la Première Guerre mondiale que pour parler de la fraternité d’armes des Américains avec leurs “vrais alliés” des tranchées : “Royaume-Uni, Australie”, sans préciser que ces tranchées étaient en France et qu’un million et demi de soldats français y étaient morts.

L’incohérence de Paris

Washington n’apprécie pas Paris ; ce fut presque toujours le cas (sauf avec Nixon), car la longue histoire de la francophobie US a commencé bien avant de Gaulle… Paris en revanche, depuis la présidence Giscard, croit aimer et comprendre Washington et se place ainsi dans une position ridicule : celle de l’amoureux importun. D’où l’incohérence et l’incomplétude de la politique internationale de M. Macron, aussi réductionniste que son discours sportif du 13 septembre. En sport il ne parle que de business : “cordée”, “pacte de performance”, “capital sportif-entrepreneur”... En géostratégie il ne rêve que de business, c’est-à-dire de ventes d’armes, mais sur les questions de fond il s'aligne sur Washington. C’est l’indépendance réduite à de la concurrence.

Politiquement invertébré, mentalement américanisé, le macronisme est incapable* de mener un jeu de la France dans le monde. Sa vocation est d’être dupe. Quand se réunit (avril 2021) un sommet “indo-pacifique” entre la France, l’Inde et l’Australie, les dés sont déjà pipés : Washington a circonvenu Canberra et entrepris New Delhi pour les convaincre de tourner le dos à Paris. Le sait-on au Quai ? Non. Et à l’Elysée ? Non plus. On comprend pourquoi nos dirigeants seront pris de convulsions le 14 septembre quand soudain l’ami australien – one of tbe best, dirait M. Macron – a déchiré le contrat, allant jusqu’à ironiser sur son alliance “vitale” avec Paris.

 

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*  Soyons équitable : ce serait la même carence avec les atlantistes de la droite-centre, les monomanes de l’extrême droite et les américanisés du PS et d’EELV.

 

 

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18:33 Publié dans USA | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : sous-marins australie

Commentaires

TRANSFERTS

> Cocus à fond ! Pour signer le contrat des sous-marins nous avions consenti à l'Australie d'énormes transferts de technologie. Maintenant ils les ont. Trop tard pour les rapatrier à Cherbourg.
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Écrit par : Tubes 1 et 2 / | 17/09/2021

ABYSSAL

> Excellente analyse. Rien à ajouter ou à retrancher. L'écart entre les rêves des "élites" françaises et le réel est abyssal.
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Écrit par : BCM / | 17/09/2021

L'URGENCE DE QUITTER LA SUJÉTION U.S.

> Oui, le 'club' est anglophone et le restera : l'Europe continentale en est évidemment exclue, puisqu'elle n'est pas culturellement du même monde.
Cette décision aura peut-être une issue positive : celle de favoriser la création d'une Europe de la défense hors de la suzeraineté américaine.
Ce sera difficile car l'Oncle Sam dispose encore en Europe de beaucoup trop de bases, y compris très proches des frontières françaises, et surtout parce que nos plus proches voisins à l'Est sont résolument atlantistes. L'OTAN est peut-être en état de "mort cérébrale", mais elle continue d'exister, hélas. On voit aujourd'hui en quoi les trémolos dans la voix à l'annonce de la victoire de Biden l'europhile, qui nomma derechef un secrétaire d’État francophone, étaient candides.
La Grande-Bretagne est déjà une annexe militaire américaine : l'Australie le devient. Cela augure d'un futur plutôt sombre en Asie : l'Amérique déclinante cherche l'affrontement avec la Chine, comme si jouer à la guerre des étoiles était une fin en soi.
Les Chinois font des affaires partout dans le monde, souvent sans trop de scrupules, et c'est uniquement sur ce terrain qu'il faut les contrer. Ils ne déploient pas leurs navires, que je sache, au large de New York ou de Naples, pas davantage qu'ils nouent des alliances stratégiques avec les voisins immédiats de Washington. Depuis cinq mille ans, la Chine n'a jamais été expansionniste : l'un des rarissimes explorateurs chinois, Zheng He, qui ramena quelques girafes africaines à l'empereur il y a six cents ans, était musulman.
En cherchant à se maintenir comme gendarme du monde "quoi qu'il en coûte", l'Amérique va au devant d'une possible confrontation avec la Chine. Nous avons échappé à une guerre nucléaire avec l'URSS ; il n'est pas dit que le monde aura cette chance dans le cas d'un conflit sino-américain, avec ou sans intervention des valets britannique et australien.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/09/2021

DEUX QUESTIONS DURES

> Deux questions me viennent à l'esprit :
- Comment se fait-il que la DGSE n'ait rien vu venir ? Moscou et Pékin ont dû être informés de l'opération il y a des semaines par leurs agents, et nous, nous apprenons un truc aussi énorme le jour même par voie de presse ! Sidérant.
- Comment se fait-il que Washington n'ait pas proposé à la France, dès le début, de s'associer à l'alliance tripartite ? La résiliation du contrat n'empêchait pas, en soi, une participation de la France au projet indo-pacifique US : nous avons trois territoires dans la région, alors que Londres n'en a qu'un - Pitcairn - minuscule et quasiment inhabité. Certes, Paris n'aurait eu aucun intérêt à s'associer aux Américains et devenir un laquais de plus, mais l'honneur aurait été sauf.
Un chaleureux rapprochement franco-russe me semblerait être une intéressante réponse à cet affront, avec à la clef reconnaissance de jure de l'annexion de la Crimée par Moscou. Reste à voir si nos gouvernants auront assez de c... pour ne pas s'en tenir à l'annulation d'un dîner de gala.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/09/2021

LES FRÉGATES RUSSES

> Je ne sais pas pourquoi nos gouvernants se scandalisent. La France a dénoncé le contrat de vente de frégates à la Russie quand les USA l'ont interdit, pourquoi l'Australie ne ferait-elle pas de même ?
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Écrit par : Bernadette / | 18/09/2021

QUITTER L'O.T.A.N. UNE FOIS POUR TOUTES

> Il faudrait quitter l’OTAN une bonne fois pour toutes !
Nous ne sommes plus dans un monde bipolaire et il faut développer une politique extérieure multilatérale.

MG


[ PP à MG – Entièrement d'accord. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Michel de Guibert / | 18/09/2021

Cher PdP,

> vous faites un peu aux Américains un procès d'intention. Plus objectivement, ils continuent à être notre allié, sous réserve désormais que nous montrions de la bonne volonté envers eux, c'est-à-dire que nous soyons utiles à quelque chose. Autrement, il risque de nous arriver ce qui s'est passé pour l'Afghanistan : les Américains vont jeter l'éponge, et nous laisser à notre triste sort, comme l'agneau de la fable. Les Américains n'ont pas envie de cela, évidemment. Eux aussi sont plus faibles qu'avant, par exemple que sous Nixon, ou que sous JFK, président catholique francophile, marié à une quasi-Française, la charmante Jackie. Le problème est ce qui va arriver dans 50 ou cent ans. Où en serons-nous ? Sans alliés, nous n'en mènerons pas large. Deviendrons-nous musulmans, comme l'a prédit Michel Houellebecq ? Ou chinois comme l'annonçait Jean Yanne dans un film des années 70 ? Je suis inquiet, à vrai dire. Mais la seule solution réside dans ce partenariat au sein de l'Otan avec la puissance américaine, synonyme de démocratie et de liberté -- cette liberté de culte qui me permet de pratiquer ma religion ouvertement, et même de suivre la messe en latin !

Bégand


[ PP à Bégand – Je ne partage votre sentiment sur aucun de ces points, mais ça n'empêche pas la fraternité ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : Bégand / | 18/09/2021

JOHNSON & C°

> https://www.lemonde.fr/international/article/2021/09/18/pourquoi-la-france-n-a-t-elle-pas-rappele-son-ambassadrice-a-londres-la-curieuse-exception-britannique_6095137_3210.html

Étonnant en effet : M. Johnson joue les vierges effarouchées alors qu'il fit tout pour que son pays participe à la nouvelle alliance. En bonne logique, l'ambassadrice française à Londres aurait elle aussi dû être rappelée.
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Écrit par : Philippe de Visieux / | 18/09/2021

@ PP

> Petite coquille :
"la vindicte américaine de 2013 contre les Français"
2003 pas 2013
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Écrit par : E Levavasseur / | 18/09/2021

A Tubes :

> bien sûr que non, on ne transfère pas des technologies comme on envoie un email, surtout à un pays qui n'a aucune capacité technique et industrielle dans ce domaine. Les Australiens n'ont rien.
Personnellement, je trouve qu'il y a du bon dans cette histoire. Après la déroute afghane humiliante des États-Unis, et la manière dont les "alliés" y ont été traités (y compris les Anglais, d'ailleurs), voici un nouvel exemple de ce que l'Amérique n'a ni l'envie ni du reste les aptitudes militaires de s'intéresser à l'Europe.
Leur arrogance vaguement xénophobe y apparaît une fois de plus inversement proportionnelle à leur génie géostratégique et à leurs talents militaires.
Il y faudra du temps, car certains ne rêvent que de vendre des voitures sans se préoccuper de géopolitique, mais la maladresse brutale des manœuvres américaines continue de contribuer à détacher l'Europe des USA bien plus sûrement que les discours de Macron sur la défense commune européenne et la mort cérébrale de l'OTAN (qui n'est effectivement plus qu'un cadavre). Je repense à ces politiciens allemands qui, il y a deux ou trois ans, ouvrant les yeux sur la réalité des rapports transatlantiques, écrivaient dans les journaux qu'il fallait se placer sous le parapluie nucléaire français : l'idée qu'il faut miser sur les US colle toujours au fond de la casserole comme du caramel cuit, mais les Américains frottent bêtement avec nous : ça finira bien par partir.
Quant à l'OTAN, il me semble que toutes les conditions sont réunies aujourd'hui pour en sortir tout en faisant porter le chapeau aux US. Un autre que Macron n'aurait pas hésité...
______

Écrit par : Paul Bunyan / | 18/09/2021

LA Z.E.E. FRANÇAISE

> L'éviction est d'autant plus flagrante que notre présence dans le Pacifique en matière d'eaux territoriales et de Zone Economique Exclusive est plus vaste que celles de l'Australie et du Royaume Uni.
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Écrit par : PF. Huet / | 19/09/2021

LE COMMERCE DES ARMES

> J'exprime peut-être bien une opinion naïvement irénique, mais je n'ai jamais apprécié que l'état dont je suis citoyen se fasse du gras avec le commerce d'armes. Donc cette rupture de contrat ne me rend pas malheureux. Je pense cependant aux salariés français qui à cause de cela perdent leur emploi.
Je pense aussi aux australiens qui s'appauvrissent de dizaines de milliards de dollars, alors que la vie est déjà très dure pour les pauvres dans ce pays.

Pierrot


[ PP à Pierrot – Vous avez bien entendu raison sur le fond. Mais cette considération n'empêche pas de s'indigner devant la fourberie des prétendus alliés de la France... Alliance qu'il conviendrait de quitter immédiatement. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierrot / | 19/09/2021

@ Philippe de Visieux

> Les services secrets étaient sûrement au courant (enfin j'espère pour eux), et les politiques aussi. Ce qui n’empêche nullement Macron et son gouvernement de pousser des cris de pucelle effarouchée devant les caméra, fierté et élection oblige. Aussi bien certains journalistes étaient au courant, comme pour les mœurs de Strauss Khan, mais gardaient pudiquement le silence, pour ne pas fâcher le prince. Je ne serais pas étonné que tout cela ne soit qu'une mascarade de bon aloi, devant les gogos électeurs.
Quand à "l'amitié des australiens pour la marine française", je me rappelle qu'en 1995, lors de mon service militaire, les militaires de l'armée nous disaient déjà que les australiens et les néo-zélandais ne rêvaient que de virer la France de Nouvelle Calédonie et des iles autour pour devenir les seuls rois de la région, la marine française étant la seule dans le coin à leur tenir tête, et aux autres. Et qu'en sous-main ils soutenaient les indépendantistes de tout bord, pour pouvoir ensuite les vassaliser.
Aujourd'hui, c'est eux qui pleurent pour devenir les vassaux des américains car ... ils ont peur de l'ogre chinois.
Quand aux américains, je comprend qu'ils veulent "protéger l’Australie et surtout la nouvelle Zélande, car si j'en crois les rumeurs qui disent que de nombreux milliardaires viennent construire de grandes villa en Nouvelle Zélande pour se planquer du changement climatique (et des guerres civiles), il doit y avoir du monde proche du pouvoir américain qui doit commencer à trembler à l'idée de voir débarquer les petits hommes jaunes sur leur belle ile perdue au milieu du pacifique !
Petits GI's vengeurs, venez nous sauver !
______,

Écrit par : bergil / | 20/09/2021

LA RIDICULE ALLIANCE AVEC WASHINGTON

> "(Macron)ne rêve que de business, c’est-à-dire de ventes d’armes, mais sur les questions de fond il s'aligne sur Washington." Bien entendu et il est même un éminent représentant du business. Oui, Pierrot a absolument raison sur le fond: flamboyant commerce avec des engins de mort. Oui, "l'Amérique déclinante cherche l'affrontement avec la Chine"; alors, espérons que la France ne sera pas inféodée en l'occurrence à une ridicule alliance avec Washington.
Business, fondement du système et de plus avec des armes, guerre en perspective, face à cet esclavage nous ne pouvons que dire NON avec Jésus! Position "naïvement irénique"? Non, un combat nécessaire à l'horizon duquel il nous est donné de reconnaître le Royaume.
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Écrit par : Francesco / | 20/09/2021

NE PAS RÊVER

> Quelques réflexions personnelles sur cette affaire :
- je dois être mal informé mais je n'ai pas entendu de réaction de notre président. Le Drian OK, mais dans une affaire de ce genre, je pense qu'un De Gaulle aurait eu une forte parole...Mais bon. On doit apprendre la prudence dans les grandes écoles, ce qui est sage,
- s'aligner sur les USA pour faire la guerre à la Chine au cas où elle aurait des velléités d'envahir Taïwan : avec quel argument ? Rupture du droit international ? voir la Crimée. Solidarité dans l’OTAN ? faire la guerre à la Chine n'a rien à voir avec les objectifs de l'OTAN. Nos intérêts ? Est-ce qu'on va balancer des bombes sur la Chine pour vendre nos voitures. Et de toute façon, on vendra moins facilement des voitures à la Chine si on lui fait la guerre,
- la France est un petit pays et il serait temps qu'elle arrête de se prendre pour ce qu'elle n'est pas. Par exemple et cela ne date pas d’hier, lorsque les américains et les russes ont fait savoir aux anglais et aux français qu’il fallait qu’ils rentrent à la maison, ils ont arrêté leur « expédition de Suez » en 1956. On n’était plus à l’époque de « du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent »,
- il faut arriver à une souveraineté européenne incluant la Russie. Il me semble que c'est le parti de De Gaulle qui, en son temps, a bloqué la possibilité d'une Europe de défense ; mais bon, rien ne sert de ressasser le passé.
Bon, il ne faut pas rêver. Mais, en toute hypothèse, l'objectif que nous devons rechercher et, particulièrement si nous sommes chrétiens, c'est la Paix et non des volontés de puissance.
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Écrit par : olivier / | 20/09/2021

FRANCE EUROPE RUSSIE

> Pour un rapprochement avec la Russie, il faudrait que le président russe soit un peu plus "présentable", ou même seulement un peu plus adroit envers l'opinion publique qui, si elle importe peu en Russie, est importante dans les pays qui souhaiteraient un rapprochement avec la Russie mais ne peuvent le dire du fait de la nature de la méthode Poutine. Cela faciliterait un vrai rapprochement effectif et pas seulement pour la galerie ou l'amour-propre.

Cependant la Russie n'est pas plus une république bananière que les États-Unis
-où à chaque élection, on ne sait pas très bien qui est président,
-où la finance est autant reine et dicte autant la politique au gouvernement,
-où un violeur peut sortir libre du tribunal parce qu'il a fait "un arrangement financier",
-où les lobbies font la loi plus souvent que les élus
- où la police est tellement nulle que les citoyens ont le droit d'avoir une arme chez eux
-où il y a 40000 morts par armes à feu par an
-où n'importe quel justiciable, donc surtout ceux qui y ont le plus intérêt (trafiquants de drogue), peut financer la campagne électorale d'un magistrat.
Rapprochement avec la Russie oui. Mais pas pour une question d'amour-propre (puisque c'est comme ça je me rapproche de la Russie, na !) Mais pour une véritable politique multipolaire et sans illusions, fondée sur les réalités et non les sentiments.

Donc une politique à long terme qu'il faudra bien expliquer au Français si l'on ne veut pas que cette politique, après un premier mouvement, se délite rapidement sous l'influence de lobbies atlantistes.
Ce sera difficile à faire passer sur du long terme auprès des Français, avec un homme du passé comme Poutine dont les méthodes brutales de KGBiste donnent autant de grain à moudre aux atlantistes (qui ne trouvent rien à redire aux méthodes de ben Salmane en Arabie).

Ce que nous avons vendu à la Russie ce n'était pas des frégates (confusion avec Taïwan ?) mais des porte hélicoptère Mistral.
J'ai lu ailleurs "des vedettes vendues à la Russie" (confusion avec la vente à Israël dans les années 60 ?)
Ce n'est pas chipoter de rappeler cela car dans une discussion si vous vous trompez votre interlocuteur aura beau jeu de dire que votre erreur montre que vous ne connaissez pas le sujet alors que vous avez raison sur le fond.

Concernant la moralité du marché des armes :
Sur le principe, il n'est pas immoral de donner à un pays les moyens de se défendre.
Mais il est immoral de soutenir une guerre injuste par la fourniture d'armes ainsi que de fournir des armes d'une importance inadéquate (les F-35 à la Suisse menacée comme chacun le sait, d'une invasion par le Liechtenstein) surtout si, circonstance aggravante, le pays a des difficultés économiques et sociales ; et en fin de fournir ses moyens de coercition à une dictature ou à un Etat menaçant l'équilibre géopolitique.

Pour l'annulation de la vente à la Russie cela a conduit à rembourser les Russes donc à leur donner des moyens financiers alors qu'on prétendait les sanctionner : stupide et illogique.
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Écrit par : E Levavasseur / | 20/09/2021

ILLUSION AUSTRALIENNE

> Cit. : "[…] l’Australie […] annonçant l’achat de sous-marins US […] dont l’usage sera contrôlé par le Pentagone comme celui des armements sophistiqués qui suivront.".
En fait, les sous-marins du contrat déchiré, déjà, devaient être équipés de systèmes US, intégrés par ces mêmes Etasuniens.
Donc le contrôle US sur la sous-marinade australienne était déjà acté.
Reste que la mutation annoncée vers la propulsion nucléaire paraît largement disproportionnée avec les possibilités réelles de l'Australie, en matière de finances, de capacités opérationnelles et d'effectifs - au sens des capacités humaines, en nombres et en qualifications.
Les nations capables de mettre en œuvre des SNA (ou de les construire) sont très peu nombreuses. Et aucune ne compte moins de cinquante millions d'habitants.
Une flotte sous-marine - autonome - telle que l'ambitionne l'Australie ne sera pas opérationnelle avant trente ans.
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Écrit par : Fondudaviation / | 20/09/2021

@ Philippe de Visieux

> | 18/09/2021 : "Ils ne déploient pas leurs navires, que je sache, au large de New York ou de Naples".
Pas encore, en effet.
Mais ils s'approprient des espaces maritimes - autour de chez eux, pour l'instant - et exercent forte pression (euphémisme) - économique et diplomatique - pour étouffer toute velléité d'indépendance de Taipeh.
En attendant, ultérieurement, d'établir une suprématie planétaire, revanche du siècle d'humiliation subi, et prévention de tout risque d'un nouvel (hypothétique ?) assujettissement.
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Écrit par : Fondudaviation / | 21/09/2021

FAIBLESSE MANIFESTE

> J’ajouterai un point, il est étonnant que les communicants conseils de M. Macron ne voit même pas à quel point cet « apaisement » par un simple coup de fil est révélateur d’une faiblesse manifeste vis à vis des Etats-Unis. D’autant plus lorsque ce coup de fil magique n’intervient que quelques jours après la survenance du scandale. Cela laisse un sentiment de vassalité dont on ne comprend pas bien comment l’Elysée s’en satisfait dans le contexte d’élections proches et où ce thème est d’ailleurs l’un de ceux que les candidats regardent avec attention (cf débat Zemmour-Mélenchon hier).
Si cette « trahison » était aussi grave et profonde, au point de rappeler nos ambassadeurs, ce coup de téléphone ressemble à une gentille caresse amoureuse pour se réconcilier. Personnellement, si ma femme me trompe, il faudra plus qu’une caresse et du temps pour retrouver la « paix », et c’est ma femme, que j’aime plus que tout.
Bref, votre analyse est parfaitement juste et l’incompétence géostratégique de nos dirigeants est affligeante.
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Écrit par : Vincent Basta / | 24/09/2021

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